OSCAR WILDE
L’impertinent absolu

Article publié dans la Lettre n° 401
du 31 octobre 2016


 
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OSCAR WILDE. L’impertinent absolu. C’est toujours surprenant d’avoir une exposition consacrée à un écrivain dans un musée des Beaux-Arts mais Oscar Wilde fut, un temps, critique d’art et ses œuvres ont donné lieu à de nombreuses illustrations peintes ou graphiques. Alors pourquoi pas ?
Le parcours adopte un ordre chronologique depuis les années de formation (1854-1881) à Dublin, lieu de naissance d’Oscar Wilde, puis Oxford et enfin Londres, jusqu’à son procès, la prison et l’exil à Paris (1895-1900). Son père, chirurgien à Dublin, publie des ouvrages sur le folklore et l’histoire de l’Irlande, tandis que sa mère publie des poèmes engagés dans des journaux nationalistes sous le nom de Speranza. Comme on le voit, Oscar Wilde n’a pas rompu avec sa famille !
En 1877 il publie le compte rendu de l’exposition inaugurale de la Grosvenor Gallery. C’est l’occasion pour les commissaires, dont le petit-fils de l’écrivain, de présenter quelques-uns des tableaux dont Wilde fit la critique, avec ses commentaires. C’est intéressant de voir les opinions souvent tranchées du jeune critique envers ces peintres. Il n’hésite pas à comparer L’Amour et la Mort de George Frederic Watts à Dieu séparant la lumière des ténèbres de Michel-Ange, tandis qu’il trouve que James Tissot « met un âpre dédain du scrupule à peindre d’une façon dépourvue d’intérêt des objets dépourvus d’intérêt » !
En 1880 il acquiert une notoriété importante en tant que poète et esthète. Il en profite pour se rendre aux Etats-Unis en 1882, tant par goût de l’aventure que par nécessité financière, donnant des conférences devant des auditoires variés, se présentant toujours sous l’apparence d’un esthète. De cette période nous avons quelques-uns de ses plus beaux portraits, réalisés par un grand photographe, Napoléon Sarony, et des images publicitaires utilisant son portrait à son insu !
De retour en Europe, sans problème financier, il fait un séjour à Paris où il rencontre de nombreux écrivains parmi lesquels on compte Victor Hugo et Paul Verlaine. Il rentre à Londres et épouse en 1884 Constance Lloyd, une jeune anglaise à moitié irlandaise, dont il aura deux garçons. Il écrit beaucoup : des pièces de théâtre (Véra ou les Nihilistes), des drames romantiques, des essais, des contes (Le Prince heureux) et devient le rédacteur en chef d’une revue qu’il fait rebaptiser The Woman’s World. Il est désormais une figure en vue de la haute société londonienne.
De 1890 à 1895 il écrit ses œuvres les plus célèbres. C’est d’abord son unique roman, Le Portrait de Dorian Gray (1891), maintes fois adapté au cinéma et au théâtre. Viennent ensuite des pièces de théâtre : L’Eventail de lady Windermere (1892), Une femme sans importance (1893), Un mari idéal (1895) et surtout L’Importance d’être constant (1895), sa pièce la plus jouée, satire des mœurs de la société victorienne.
Une salle est consacrée à sa pièce de théâtre Salomé, écrite en français alors qu’il était à Paris en 1891 et qu’il destinait à Sarah Bernhardt. La pièce sera interdite par la censure à Londres et ne sera créée à Paris par Lugné-Poe qu’en 1896. Un jeune artiste, Aubrey Beardsley, illustre brillamment ce texte pour son édition anglaise en 1894.
Les dernières années de Wilde sont dramatiques. Lord Queensberry, le père d’Alfred Douglas, son amant, l’injurie. Wilde porte plainte puis se désiste. Mais Lord Queensberry le fait alors poursuivre pour « actes obscènes », tant pour sa relation avec Douglas que pour son œuvre. Wilde est condamné à deux ans de travaux forcés. Robert Badinter, dont on voit une interview, a écrit une pièce de théâtre, C.3.3.  (Lettre 108) sur ce procès.
A l’issue de sa peine, en 1897, il quitte l’Angleterre pour la France où il meurt en 1900, des suites d’une méningite, dans un grand dénuement. Il est enterré au cimetière de Bagneux. Son corps sera transféré en 1909 au Père-Lachaise où Jacob Epstein lui édifie un monument en forme de sphinx qui compte parmi les plus intéressants de ce cimetière.
C’est sur la photo de sa tombe que se termine cette remarquable exposition, qui nous raconte de manière fidèle et complète la vie de ce grand écrivain et cela dans une magnifique scénographie de Philippe Pumain. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 15 janvier 2017. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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