OCÉANIE

Article publié dans la Lettre n° 477
du 17 avril 2019


 
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OCÉANIE. Après la Royal Academy of Arts de Londres, cette exposition riche de près de deux cents objets anciens comme contemporains est présentée aujourd’hui à Paris. Elle décrit les cultures et les peuples insulaires de ce continent aux vingt-cinq mille îles qui recouvre un tiers de la surface du globe. Elle commémore aussi le deux-cent-cinquantième anniversaire du premier des trois voyages (1768-1779) du capitaine James Cook, explorateur et cartographe, qui marquent la connaissance européenne du Pacifique.
Le parcours de l’exposition, très compréhensible grâce à des panneaux didactiques explicites, est divisé en neuf sections. Il commence par un préambule avec la carte de la région, expliquant comment, grâce à la glaciation, des hommes partis d’Asie sont arrivés il y a 40 000 ans dans la Nouvelle-Guinée actuelle. Entre 8 000 et 4 000 avant J.-C. une nouvelle vague de peuplement s’est amorcée en Asie du Sud-Est et les peuples de langues austronésiennes s’en sont allés en pirogue à la conquête du Pacifique. Vers 1300, toutes les îles étaient atteintes, de la Nouvelle-Guinée à l’île de Pâques, d’Hawaï à la Nouvelle-Zélande.
La première section nous montre le savoir-faire de ces habitants pour naviguer sur de petites pirogues ornées de figures protectrices, en s’aidant du vol des oiseaux et de cartes. Les deux pirogues exposées ici et bien sûr cette « pirogue des âmes » sont de véritables œuvres d’art, comme la plupart des objets de cette exposition.
Vient ensuite une section, « Ancrage et communauté », qui nous explique comment ces peuples s’adaptent aux territoires où ils s’installent et permettent à chacun de trouver la place qui lui revient, dans un paysage peuplé d’êtres de toutes sortes avec lesquels il est amené à entrer en relation.
Dans la salle suivante « Dieux et ancêtres » nous voyons un grand nombre de sculptures, représentations d’êtres transcendants, qualifiés d’ancêtres, de héros légendaires ou de divinités. Elles avaient pour but d’attirer les forces nécessaires à la prospérité de la communauté ou de certains individus. La richesse iconographique de ces sculptures, comme le Dieu A’a (fin du 16e ou 17e siècle) est impressionnante.
La vie des sociétés d’Océanie est ponctuée d’événements cérémoniels qui participent à la cohésion sociale et ont une fonction identitaire essentielle. C’est l’occasion d’arborer des costumes splendides, des masques, de montrer ces ornements pérennes que sont les tatouages et les scarifications, tout cela au son d’instruments de musique et avec des senteurs diverses. De nombreux objets, tels cette coiffe gigantesque ou ce grand bouclier, évoquent ces rituels.
En Océanie, les transactions ont une importance majeure. Elles marquent les principales étapes de la vie, naissance, initiation, mariage, décès et créent une obligation de retour, parfois sur plusieurs générations. Dans ces occasions on offre des objets de valeur, réalisés avec des matières difficiles à obtenir, synonymes d’influence et de prestige, comme ce plastron des Îles de la Société ou ces étoffes des Îles Cook.
À la suite de Cook, les peuples d’Océanie reçoivent la visite des puissances occidentales qui ont pour projet de transformer les îles et leurs habitants, leur imposant leur mode de vie et leurs religions. Cette mission « civilisatrice » s’accompagne de nombreux drames et violences : introduction de maladies, abus sexuels, expropriations, travaux forcés. Pour y échapper, beaucoup embrassent le changement. On en voit des témoignages étonnants, crucifix, représentation d’église, etc. dans la section « Rencontres ».
Après une vidéo sur quatre canaux de l’artiste néo-zélandaise Lisa Reihana, In pursuit of venus [infected], faisant référence à ces rencontres non désirées, nous arrivons dans la dernière section « Mémoires et défis contemporains ». Là, à côté d’objets anciens tels ce reliquaire en forme de crocodile, cette sculpture Malangan représentant un poisson, ou cet autel avec dix figurines provenant de l’île de Waigeo, nous avons des œuvres contemporaines. Avec celles-ci, les artistes dénoncent la persistance de certains modes de pensée coloniaux et la globalisation économique alors que les îles et les modes de vie du Pacifique sont menacés par l’élévation du niveau des eaux causée par le réchauffement climatique. Une magnifique exposition qui nous interpelle sur nos responsabilités envers ces peuples. R.P. Musée du quai Branly - Jacques  Chirac 7e. Jusqu’au 7 juillet 2019. Lien : www.quaibranly.fr.


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