Parcours en images de l'exposition

NAPOLÉON N'EST PLUS

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°531 du 29 septembre 2021





Fossé des Invalides et du musée de l'Armée


1 - Mourir

Scénographie
Mourir

La mort de Napoléon est légendaire. Le crépuscule du prisonnier enchaîné à son rocher inspire romanciers et poètes dans de nombreux pays. Parmi eux, lord Byron en Angleterre célèbre sa gloire déchue. L’Italien Giuseppe Manzoni le chante dans le poignant poème « ll Cinque Maggio ». En France, l’un de ses anciens adversaires, Chateaubriand, évoque ce dernier soupir comme le « plus puissant souffle de vie qui anima l'argile humaine ». Par ces plumes inspirées, la disparition du géant de son siècle n'est plus celle d’un simple mortel. C’est celle d’un héros. Les circonstances concrètes de sa mort sont moins poétiques mais méritent aussi d’être narrées. En mai 1821, Napoléon est prisonnier des Anglais à Sainte-Hélène depuis plus de cinq ans. Ses travaux pour écrire ses Mémoires et assurer sa postérité trompent difficilement l'ennui. Miné par l'inaction, la contrariété et par des douleurs abdominales qui s’intensifient, il s'affaiblit d'année en année, jusqu’à rester constamment alité dès la fin de l’année 1820.
Dans les derniers mois, sur son petit lit de campagne, ses souffrances sont terribles. De fièvres en vomissements, son état devient désespéré. En avril 1821, son entourage comprend qu’il est condamné. Les derniers assauts de la maladie sont impitoyables et l’agonie, très lente. Jusqu’au bout, à Longwood House, il reçoit les soins attentifs de sa cour et de ses serviteurs. Ceux qui assistent, impuissants, à sa disparition, témoigneront plus tard des moments douloureux passés auprès de lui.

 
Texte du panneau didactique.
 
Situation de Sainte-Hélène et sites napoléoniens de l'île (voir ci-dessous).
 
Carte de l'île de Sainte-Hélène avec l'emplacement des sites napoléoniens.

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement.

 
Jean-Baptiste Mauzaisse (1784-1844). Napoléon sur son lit de mort, Salon de 1843. Huile sur toile. Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau.
Scénographie
 
Jean-Baptiste Mauzaisse (1784-1844). Le Comte Marchand, premier valet de chambre de Napoléon, 1841. Huile sur toile. Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau.
 
Sully Lepaute. Pendule de table de Napoléon Ier à Sainte-Hélène, arrêtée à l’heure de sa mort. © Musée de la Légion d'honneur, Paris.
Charles de Steuben. Napoléon sur son lit de mort. © Napoleon museum Thurgau.
Chronologie (début)
Chronologie (fin)


2 - Le visage et le corps

Scénographie
Le visage et le corps

Une autopsie est pratiquée le 6 mai en début d’après-midi, dans le salon d’attente de Longwood House (ancienne salle de billard). Fait assez rare, à l'époque, l’opération a été demandée par Napoléon lui-même. Se croyant atteint d’une maladie héréditaire de l'estomac, il a voulu en informer son fils. De son côté, le gouverneur Lowe espère ainsi prouver que son prisonnier n'a pas succombé au climat de l’île et dégager sa responsabilité. En présence des membres de la Maison de l'Empereur, le docteur Antommarchi, assisté de six médecins britanniques, réalise une autopsie concentrée sur les viscères. Tous concluent à un ulcère de l'estomac : la captivité ne peut être rendue responsable de la mort.

Peu après son décès, l’entourage de Napoléon a souhaité prendre une empreinte de son visage, mais il n'y a pas de plâtre sur l’île. Le docteur Burton, chirurgien militaire, trouve une solution, qu’il ne peut employer que 48 heures après la mort. Les traits ont déjà beaucoup changé ! Aidé d’Antommarchi, il réalise un moule en plusieurs parties séparant visage et crâne. Les Français s'emparent discrètement de la partie centrale, la seule à être assez sèche. À leur arrivée à Londres, malgré Burton qui pense en détenir les droits, ils font tirer quelques exemplaires du masque, dont un pour Madame Mère. En 1833, Antommarchi lance une souscription pour le reproduire en nombre. Quoi qu'il en soit, la multiplication des pièces rend difficiles les identifications et le mystère du « premier masque », s’il existe encore, reste entier.
 
Texte du panneau didactique.
 
Luigi Calamatta. Napoleone, masque mortuaire de Napoléon, de profil. © BNF.
 
Masque mortuaire de Napoléon lauré. Bronze patiné et bronze doré. Collection Bruno Ledoux / NBC.
 
Masque mortuaire de Napoléon, 1834. Plâtre. Paris, Fondation Napoléon.
 
Bijoux-reliques évoquant le souvenir de Joseph, Charlotte et Napoléon-Louis Bonaparte, vers 1839-1840, modifié au XXe siècle. Or, cheveux, plâtre, cornaline, fil carton, papier. Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau.
 
Trousse de chirurgie du Dr Antommarchi, utilisée lors de l’autopsie de Napoléon. © Musée d’histoire de la médecine.


3 - Adieu

Scénographie
Adieu

Aussitôt après que le docteur Antommarchi a fermé les yeux de leur maître, les membres de la cour de Longwood organisent et mettent en scène les derniers rites. On procède à la toilette mortuaire. Puis Napoléon, tête nue et couvert d’un drap, est étendu sur un de ses lits de campagne. La veillée funèbre se vit d'abord entre français, lors d’une messe dite par l’abbé Vignali. Ce n’est que plus tard que, conformément au protocole, la dernière image de Napoléon peut s'offrir au reste du monde.
Le 6 mai au matin, le gouverneur Lowe accède, pour la première fois, à l'appartement privé. Il vient constater le décès et reconnaître le corps. Quelques officiers, dessinateurs amateurs, sont admis à prendre des croquis. Le 6 en fin d’après-midi et le 7 au matin, les portes de Longwood sont ouvertes. Sous l'autorité du capitaine anglais Crokat, deux valets gardent la dépouille, désormais vêtue de l’uniforme de colonel des chasseurs à cheval de la Garde et coiffée du «petit chapeau». Parmi les civils, seuls les notables de l’île peuvent pénétrer dans l'enceinte de la maison. On entre, par groupes de quatre à dix, pour un hommage de quelques minutes. Beaucoup prennent sa main et l'embrassent, laissant couler leurs larmes. Certains amènent leurs enfants. D’autres viennent plusieurs fois.
La prise du masque mortuaire a lieu le 7 après-midi, tandis que se préparent les funérailles. Le transport du corps en France n'est pas autorisé. L'Empereur sera inhumé sur l'île, dans ce val où poussent les géraniums, qu'il a lui-même désigné. Tout sera bientôt terminé...

 
Texte du panneau didactique.
 
Hypogée de Napoléon. D’après le dessin de René Vivie de Régie (1870-1950), vers 1942. Imprimé. Paris, musée de l’Armée.
 
Frederick Marryat. Napoléon sur son lit de mort. © NBC / collection Ledoux.
 
Derniers moments de Napoléon. Édité par Camus (Paris), vers 1830. Estampe à l’aquatinte. Paris, BnF.
Scénographie
 
Georges Rouget (1783-1869). Napoléon à ses derniers moments presse sur son cœur cette croix d’honneur qu’il a instituée, Salon de 1846. Huile sur toile. Collection particulière.
 
Habit de chasseur à cheval de la Garde Impériale ayant appartenu à Napoléon Ier. © Paris - Musée de l'Armée. Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette.
 
Horace Vernet. Napoléon sur son lit de mort, 5 mai 1821. © Musée de la Légion d'honneur, Paris.
 
Lit sur lequel est mort Napoléon Ier à Sainte-Hélène, dit « lit Murat ». © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette.


4 - Testament

Scénographie
Testament

Sentant ses forces l’abandonner, Napoléon rédige son testament dans les derniers jours d'avril. Malgré la souffrance, il consacre beaucoup de temps et d'efforts à l'écriture de ses dernières volontés, avec l’aide du comte de Montholon.
Au-delà des aspects matériels, son ultime message est politique. Une dernière fois, il accable ses adversaires, «l’oligarchie anglaise» surtout, et ceux qu'il accuse de l'avoir trahi. Il lègue les reliques de sa gloire à son fils, ancien roi de Rome devenu duc de Reichstadt. Au reste de sa famille, il transmet, assez volontairement, des souvenirs personnels de faible valeur marchande. Il distribue l'essentiel de son argent - plusieurs millions de francs - entre ses compagnons d’exil : Montholon reçoit la plus grosse part. Hors de ce cercle, quelques dizaines de légataires reçoivent des sommes conséquentes, en signe de gratitude pour des faits parfois anciens.
Mais l’ancien empereur a surestimé sa fortune. Aussi, l'exécution de son testament est-elle particulièrement compliquée. Il faut attendre l’arrivée au pouvoir de son neveu, Napoléon III, pour clore le sujet, près de quarante ans après sa rédaction.
Souvent, les objets listés sont bien identifiés, comme l'exceptionnelle boîte destinée à lady Holland. Pour d’autres, les sources disponibles rendent parfois leur identification plus nébuleuse. Les pièces présentées ici illustrent cet aspect particulier de la part « matérielle » du testament, constituée de pièces luxueuses, hautement symboliques, mais souvent infimes au regard de sa vie passée.

 
Texte du panneau didactique.
 
Jean-Paul Laurens (1838-1921). La Mort du duc d’Enghien, Salon de 1872. Huile sur toile. Alençon, musée des Beaux-Arts et de la Dentelle.
 
Panneau didactique.
 
Legs de Napoléon à son fils (état B). Nécessaire d’hygiène dentaire de Napoléon Ier. Instrumnets : Pierre-François Grangeret (1770-1832). Coffret attribué à Martin Guillaume Biennais (1764-1843). Amboine, loupe, acajou, or ciselé, laiton doré, cristal et velours. Paris, Fondation Napoléon.
 
Ecritoire de Napoléon Ier à Sainte-Hélène. © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette.
 
Martin Guillaume Biennais. Tabatière ovale ornée des médailles de Démétrius Ier Poliorcète et Antiochus III le Grand. © RMN-Grand Palais, Château de Fontainebleau / Jean-Pierre Lagiewski.
Testament olographe de Napoléon et codicilles, 1821. Plume et encre sur papier. Paris, Archives nationales.
 
Testament de Napoléon Ier. © Archives nationales (France).
 
Testament de Napoléon Ier. Archives nationales (France).
 
Panneau didactique.
 
Édouard Henri Théophile Pingret (1785-1869). Portrait de Charles Tristan de Montholon-Sémonville (1783-1853), vers 1840. Pastel sur papier. Paris, musée de l’Armée.
 
Louis Gauffier (1762-1801). Portrait de lady Webster, future lady Holland, 1794. Huile sur toile. Montpellier Agglomération, musée Fabre.
 
De gauche à droite :
- Legs de Napoléon à son fils (état A). Martin Guillaume Biennais (1764-1843). Insigne de grand aigle de la Légion d’honneur ayant appartenu à Napoléon, fin du Premier Empire. Or, émail et soie.
Collection particulière.
- Legs de Napoléon à son fils (état A). Martin Guillaume Biennais (1764-1843). Collier de grand-maître de la Légion d’honneur de Napoléon Ier, entre 1805 et 1808. Or et émail.
Paris, musée de l’Armée.
- Insigne de grand aigle de la Légion d’honneur remis par Joseph Bonaparte au roi Louis-Philippe en 1840. Premier Empire. Or, émail et soie.
Paris, musée de l’Armée.
 
Vitrine avec différentes armes (poignard, dague de vénerie, glaive, 2 paires de pistolet, sabres).
 
Legs de Napoléon à son fils (état A). Assiettes à dessert du service particulier de l’Empereur. Manufacture impériale de porcelaine de Sèvres, 1808-1810. Paris, Fondation Napoléon.


5 - Fantôme

Scénographie
Fantôme

Parti de Londres au début de juillet 1821, la nouvelle de la mort de Napoléon ne fait pas grand bruit en Europe. Le monde a changé. Au Royaume-Uni, les journaux s’intéressent au couronnement de Georges IV ; en France, ils évoquent surtout les atteintes du gouvernement à la liberté de la presse. Tout se passe presque comme si Napoléon était mort en 1815, à son départ pour l’exil. La tristesse et le deuil ne sont pas absents, mais ils se font discrets. Les éditeurs d’estampes contournent la censure en publiant des images aux titres vagues ou absents, pétries de références subtiles. Les journalistes, même les anciens ennemis, adoptent un ton de neutralité respectueuse. Le nom de Napoléon n’est pas oublié, mais semble appartenir à un temps révolu. Une fois passées les craintes de voir le peuple se soulever en apprenant la nouvelle, l’histoire de Napoléon peut à nouveau se raconter. Portée par les récits et les souvenirs des derniers fidèles de la cour de Longwood, cette mort ouvre un nouveau chapitre de sa légende.
L’écho de Napoléon est d’autant plus lointain en Europe que pendant vingt ans, son corps repose à 7000 km de là. Située près de la route reliant Jamestown à Longwood House, Sane Valley (rebaptisée plus tard vallée du Géranium) a été élue par l’Empereur pour sa fraîcheur et sa tranquillité. Les représentations de l’époque reposent surtout sur l’imagination. De 1821 à 1840, le site prend une dimension symbolique, affranchie de la réalité géographique. La tombe devient le doux lieu d’une mémoire nostalgique et intime, aux accents presque religieux.

 
Texte du panneau didactique.
 
Reliquaire de Vivant Denon, contenant des fragments liés à Sainte-Hélène. © Collections Musée Bertrand de la Ville de Châteauroux.
 
François Edme Ricois. Tombeau de Napoléon à Sainte Hélène dans la vallée du Géranium. © Jean Harixçalde, Ville d'Ajaccio.
 
Atelier ou artiste dit « Chinois de Sainte-Hélène ». Vue de la tombe de Napoléon au cœur de Sane Valley. D’un cahier de six dessins, coffret postérieur ; soie, carton et gouache sur papier de riz. Collection particulière.
 
Nicolas Martial Gautier de Rougemont (1794-1868). Premier directeur des Domaines nationaux de Sainte-Hélène. Lettres et souvenirs de Sainte-Hélène avec immortelles séchées, 1858. Papier et fleurs séchées. Paris, Fondation Napoléon.
 
Pierre Langlume (1790-1830). Magnanimité du roi, 1821. Lithographie. Éditée par Antoine Barru Blaisot (1794-1876). Paris, BnF.
 
Jacques Hippolyte Van der Burch (1786-1854), Jean Victor Adam (1801-1866). Vue prise à Sainte-Hélène. L’Ombre de Napoléon visitant son tombeau. Imprimé par Charles Nicolas Lemercier (1797-1854), 1831. Lithographie. Paris, BnF.
 
Tableau brodé anonyme présentant une vue allégorique de la tombe de Napoléon Ier à Sainte-Hélène. © RMN-Grand Palais, musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau / Gérard Blot.
 
Anonyme. Repas de corps. Époque mémorable de 1821, vers 1821. Lithographie. Château de Fontainebleau en alternance avec BnF.
 
De Rossi d’après Horace Vernet (1789-1863). Napoléon sortant de son tombeau, 1869. Micromosaïque d’émaux. © Musée de l'Armée. Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.


6 - Retour

Scénographie
Retour

Dès 1821, des pétitions sont soumises au gouvernement pour demander le retour en France du corps de Napoléon. Après l'arrivée au pouvoir du roi Louis-Philippe, en 1830, le courant bonapartiste se renforce au sein de l’opposition. Les demandes s’intensifient. En 1840, Adolphe Thiers, historien et président du Conseil des ministres, œuvre pour les faire aboutir; le roi y répond favorablement. Tous deux y voient l'opportunité d’apaiser les bonapartistes et de stabiliser le régime, qui recevrait ainsi l’héritage du Premier Empire. Le reste n'est que formalités : le gouvernement britannique accepte la restitution du corps et les Chambres dotent le projet d'un million de franc.
Politique, diplomatique, l'expédition est aussi conçue comme un événement historique. Placée sous l'autorité du diplomate Philippe de Rohan-Chabot, la « mission de Sainte-Hélène » doit rapporter les « cendres » de l'Empereur, terme consacré par la pudeur pour désigner ses restes mortels. Plusieurs membres de la cour de Longwood y prennent part: le grand-maréchal Bertrand et son fils, le général Gourgaud, le fils du comte de Las Cases ... Ils embarquent à Toulon le 7 juillet 1840, sur la frégate la Belle-Poule, commandée par un des fils du roi, le prince de Joinville. Cinq anciens domestiques, dont Marchand et Saint-Denis, sont aussi du voyage à bord de la corvette la Favorite. Afin de laisser le temps, en France, de préparer les cérémonies, la mission ne se presse pas  pour arriver sur l’île. Elle débarque à Sainte-Hélène seulement trois mois plus tard, le 8 octobre.

 
Texte du panneau didactique.
 
Alphonse-Nicolas Crepinet. Vitrine reliquaire des souvenirs de Napoléon Ier sous le dôme des Invalides. © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l’Armée.
 
Dernier Pèlerinage au tombeau de Napoléon. Gravé par Jean Victor Adam (1801-1866). D’après un dessin d’Alphonse Chedeville (1801-1874), 1840. Lithographie. Paris, musée de l’Armée.
 
Victor Jean Vincent Adam. Ouverture du cercueil de Napoléon, 16 octobre 1840. Imprimé par Lemercier, Bernard et Cie (Paris), 1841. Paris, musée de l’Armée. © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l’Armée.
François Trichot. Tableau allégorique du retour des Cendres de Napoléon, le 15 décembre 1840. © Lombard/Arcanes.
 
Maquette de la frégate La Belle Poule, frégate de 1er rang. © Musée national de la Marine / A.Fux.
 
Victor Jean Vincent Adam. Le char funèbre de Napoléon, 15 décembre 1840. © Paris - Musée de l'Armée. Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l’Armée.
Jacques Guiaud (1811-1876). Retour des Cendres de Napoléon : le cortège débouche sur la place de la Concorde, le 15 décembre 1840, 1841. Huile sur toile. Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.
 
Entrée des cendres de Napoléon à Paris le 15 décembre 1840. Gravé par Adolphe Jean baptiste Bayot (1810-1871) d’après un dessin d’Eugène Charles François Guérard (1821-1866). Lithographie. Paris, musée de l’Armée.
 
Alphonse Bichebois (1801-1850) et Lehnert. Arrivée du corps de Napoléon dans la cour des Invalides, vers 1840. Lithographie, série Funérailles de Napoléon, planche n°11. Paris, musée de l’Armée.


7 - Invalides

Jean-Baptiste Debret. La première distribution de la légion d'honneur dans l'église des Invalides, 14 juillet 1804.
© RMN-Grand Palais, musée de la Légion d’honneur / Agence Bullo.
Invalides

À l'Hôtel des Invalides, la figure de Napoléon éclipse parfois celle de son illustre fondateur, Louis XIV. De son vivant, l'Empereur a imposé sa propre vision à l'institution. En 1800, le transfert des restes de Turenne transforme l’église en panthéon militaire. En 1804, c'est là qu'a lieu la première remise des croix de la Légion d'honneur. En 1807, il y dépose l'épée de Frédéric Il et les trophées de ses campagnes en Prusse et en Pologne.
Après sa mort, les vétérans des guerres de l’Empire y entretiennent sa mémoire.
Bien que son testament parle des « bords de la Seine », Napoléon n’a pas explicitement désigné le Dôme comme possible sépulture pour sa personne. Il a même envisagé d’autres lieux comme la basilique de Saint-Denis, restaurée sous son règne, ou la terre de Corse, dans la tradition familiale. En 1840, d’autres emplacements symboliques ont été évoqués : la Madeleine, le Panthéon, la colonne Vendôme...
Le choix des Invalides repose d’une part sur la célèbre phrase de son testament et, d'autre part, sur un compromis politique. Napoléon n'appartient pas à la dynastie qui fait revenir son corps en France. Sa sépulture ne doit pas favoriser les rassemblements des opposants bonapartistes. Aux Invalides, il est seul, glorifié comme une figure à part de l’histoire nationale, dans une dimension avant tout militaire.
À la chute de Louis-Philippe (1848), les gouvernements suivants, pour des raisons diverses, hésitent à poursuivre le projet. Le chantier est achevé en 1853, mais le corps ne prend définitivement place dans le sarcophage conçu par l'architecte Visconti qu’en 1861.

 
Texte du panneau didactique.
 
Charles Garnier. Vue de la statue de Napoléon Ier située dans le Dôme des Invalides. © Paris - Musée de l'Armée. Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
 
Carlo Marochetti (1805-1867). Projet pour la statue équestre du monument imaginé en l’honneur de Napoléon par Louis Tullius Visconti, 1844. Bronze doré. Paris Fondation Dosne – Bibliothèque Thiers.
 
Philippe Cannissié. Projet pour le tombeau de l’Empereur, 1841. © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
 
Jean-Baptiste Arnout (1788-1865). Mausolée de l’empereur Napoléon dans la chapelle Saint-Jérôme, sous le Dôme, 1840-1841. Lithographie. Paris, BnF.
 
Amédée de Noé, dit Cham (1818-1879). Le Monument de l’Empereur. « Ah ! ça ! tas de paresseux, vous déciderez-vous enfin à me terminer mon tombeau ! ». Lithographie parue dans Le Charivari, 15 mars 1850. Paris, BnF.
 
Le Dôme des Invalides avant la création du tombeau de Napoléon. Philippe Velu – Atelier Nakara, maquettes et décors, 1997. Maquette en écorché, au 1/100e. Paris, musée de l’Armée.
 
Épée dite « de Frédéric II ». © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.


8 - Monumental

Edward Matthew Ward (1816-1879). La Reine Victoria et Napoléon III devant le tombeau de Napoléon Ier, 1855.
Huile sur toile.
Musée national du château de Compiègne.
Monumental

Sous le Second Empire (1852-1870), le tombeau du Dôme incarne les ambitions politiques et dynastiques de Napoléon III. En 1855, la visite de la reine Victoria consacre la réconciliation des anciens ennemis français et britanniques. Du roi de Bavière au grand-duc Constantin de Russie, l’Europe rend hommage à celui qui avait pu être un ennemi, ou un fondateur.
Après 1870, malgré la chute de l’Empire et la défaite contre l'Allemagne, le tombeau conserve son pouvoir d’attraction. Le tsar Nicolas Il vient en personne en 1896 ; le roi de Siam, en 1897. En 1902, le représentant du négus d’Éthiopie s’exclame : « Si cette visite pouvait me donner une étincelle du génie et du courage de cet homme ! ».
L'Empereur joue un rôle tutélaire pour les armées françaises, mais le monument porte une inspiration plus vaste. Pour Maurice Barrès, en 1897, « au bout de toutes les transformations de la légende [...], alors même que la parole de Napoléon ne durera plus, [...] quand son code, ses principes de guerre, son système autoritaire auront perdu leur vitalité, une vertu de lui émanera encore. On le voit bien, [...] son contact encore a la puissance de grandir les âmes. »
Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, c’est au tombeau que les combattants viennent puiser courage et inspiration. C’est vers lui aussi que se tourne, aux heures sombres de la Seconde Guerre mondiale, le général de Gaulle, chef de la France libre. Aujourd’hui encore, le tombeau de Napoléon attire les visiteurs du monde entier.
Et vous, qu'allez-vous y chercher ?

 
Texte du panneau didactique.
 
Alfred Louis Brunet Debaines. Plan de la « crypte » du tombeau de Napoléon Ier. © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l’Armée.
 
Boîte contenant les clefs du cercueil de Napoléon Ier, 1840. © Paris - Musée de l'Armée. Dist. RMN Grand Palais / Émilie Cambier.
 
Radiographie de la boîte contenant les clefs du tombeau de Napoléon. © Service d’imagerie du Dr Mazetier, Clinique du Louvre.
 
Henri Gervex (1852-1929). Le Salut du poilu, vers 1915-1918. Pastel sur toile. Paris, musée de l’Armée.
 
Paul Louis Lavalley. Visite des troupes sénégalaises au tombeau de Napoléon Ier. © Paris - Musée de l'Armée. Dist. RMN-Grand Palais / Émilie Cambier.
 
La Méduse, Nokimono. Persistance, 2021. Installation interactive réalisée dans le cadre de l’exposition.
Figure aux multiples facettes, qu’il fascine ou qu’il repousse, Napoléon garde aujourd’hui encore une emprise sur l’imaginaire et les représentations de chacun d’entre nous. Vivant, il avait conquis la terre. Mort, il conquiert la mémoire et le temps.