LA NAISSANCE DU MUSEE
LES ROMANOV, TSARS COLLECTIONNEURS
LES ESTERHAZY, PRINCES COLLECTIONNEURS
Article
publié dans la Lettre n° 325
le
11 avril 2011
LA NAISSANCE DU MUSEE. La Pinacothèque
de Paris s’agrandit et offre aux visiteurs 3000 m2 supplémentaires.
A cette occasion, Marc Restellini, son directeur, dévoile sa collection
permanente et présente deux expositions autour du thème de la naissance
d’un musée.
Le terme de musée ne plaît sans doute pas à Marc Restellini car
il y voit la mort des œuvres qui y sont présentées et qui ont perdu
la magie et l’aura qu’on leur trouvait lorsqu’elles étaient chez
les collectionneurs. C’est pourquoi, délaissant les présentations
classiques par époques, artistes, catégories, etc., il nous présente
la centaine d’œuvres prêtées pour des durées de un à quinze ans
par des collectionneurs ou institutions publiques, d’une manière
tout à fait différente, mélangeant les époques, les artistes, les
pays pour nous montrer comment les artistes représentent tel ou
tel sujet. La Pinacothèque montre ainsi que « Tintoret, Van Dyck,
Reynolds ou Bonnard représentent le notable de la même manière,
qu’il soit français au XIXe siècle, italien au XVIe, flamand au
XVIIe ou anglais au XVIIIe ; que Van Gogh peint l’intériorité comme
Peter de Hooch ou Delvaux ; que Léger pense et compose sa nature
morte comme Heda peignait une vanité ; que Bruegel, Daumier ou Teniers
voyaient la fête populaire de la même manière ; que les paysages
de Hobbema ou Courbet sont construits de la même façon et que le
primitivisme et la mise au centre du corps peuvent se retrouver
depuis Rembrandt jusqu’à Duchamp ». C’est original et cela nous
permet de voir des œuvres rarement ou jamais présentées. En revanche,
une présentation de ce genre est-elle possible lorsque l’on a plusieurs
milliers de tableaux comme dans les deux collections présentées
à cette occasion ?
La première est celle des ROMANOV, TSARS COLLECTIONNEURS,
commencée à partir de la fin du XVIIe siècle par Pierre le Grand
et poursuivie par ses successeurs, Catherine II, Alexandre Ier et
Nicolas Ier. Cette collection, qui comptait déjà plus de 4000 tableaux
sous Catherine II, a été rendue possible grâce aux nombreux intermédiaires,
tels que des ambassadeurs éclairés, des marchands, des intellectuels
comme Diderot, etc., dont disposaient les tsars, et aux achats de
collections prestigieuses comme celle du banquier Pierre Crozat
ou du comte Baudouin par Catherine II ou de Coesvelt par Alexandre
Ier.
Beaucoup des œuvres ainsi acquises comptent parmi les grands chefs
d’œuvre de la peinture. Celles qui nous sont présentées, par ordre
chronologique d’acquisition, sont signées Rembrandt (David et
Jonathan, 1642), Jan Steen (Le Contrat de mariage, 1850),
Domenico Fetti (Portrait d’acteur, 1620) ; Nicolas Lancret
(Concert au parc, 1738), Chardin (Nature morte, Les Attributs
des Arts, 1766), Greuze (Portrait de jeune homme au chapeau,
1750), Francisco Ribalta (Crucifixion, 1582), Velasquez (Portrait
de don Gaspar de Guzman, comte-duc d’Olivares, 1638), Bugiardini
(Madone à l’enfant, saint Joseph et Jean-Baptiste, 1520)
ou encore Titien (Christ Tout-puissant, 1560) pour ne citer
qu’une partie des quelque cent tableaux provenant du musée de l’Ermitage
de Saint-Pétersbourg.
La seconde est celle des ESTERHAZY, PRINCES COLLECTIONNEURS,
dont la collection, l’une des plus réputées d’Europe au XIXe siècle,
forme aujourd’hui une partie de la collection de peintures du musée
des Beaux-arts de Budapest. Elle a été commencée au XVIIe siècle
par le grand palatin Paul, poursuivie par Nicolas Ier, puis Nicolas
II qui lui donne une empreinte universelle et enfin complétée par
Paul Antoine qui acquiert de nombreux tableaux de l’école espagnole.
En 1870, à la recherche d’argent, les Esterházy la vendent à l’Etat
hongrois. La présentation d’une cinquantaine de chefs-d’œuvre ayant
appartenu à cette famille de grands aristocrates hongrois est faite
par écoles, comme l’avait organisée Nicolas II. Ces toiles sont
signées Raphaël (La Madone Esterházy, 1508), Tintoret (Les
Pèlerins d’Emmaüs, 1542), Bellotto (La Piazza della Signoria
à Florence, 1742), Strozzi (Annonciation, 1640), Murillo
(Sainte Famille avec le petit saint Jean-Baptiste, 1670),
Le Lorrain (Une villa dans la campagne romaine, 1647), Frans
Hals (Portrait d’homme, 1650), David Teniers le jeune (Le
Chirurgien, 1636), Jan Steen (Famille de chats, 1675)
ou encore Lucas Cranach l’Ancien (Lamentation sur le Christ mort,
1515-1520).
Trois expositions sur un même thème, les trois très intéressantes,
même si nous avons un faible pour la collection des Esterházy. Pinacothèque
de Paris 8e. Jusqu’au 29 mai 2011 (sauf pour la collection permanente
!). Pour
voir notre sélection de visuels des Romanov, cliquez ici.
Pour
voir notre sélection de visuels des Esterhazy, cliquez la.
Lien : www.pinacotheque.com.
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