Parcours en images du

MUSÉE SOULAGES
Rodez

Toutes les photographies ont été prises par Spectacles Sélection

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°523 du 28 avril 2021

 


 

Musée Soulages - Rodez (vue extérieure)
1 - Un musée inhabituel

Né de donations successives de Pierre et Colette Soulages à la communauté d’agglomération du Grand Rodez en 2005 et 2012, le musée Soulages a été construit dans le jardin du Foirail (2010-2014). Au-delà de la dimension monographique, il était important pour Pierre Soulages de mettre « l’accent sur la manière dont naissent les œuvres».
Le musée met en lien les œuvres, les outils et les techniques expérimentées par l'artiste.
Peinture sur toile et sur papier, eau-forte, verre inventé pour les vitraux de Conques... La collection présentée s'étend de 1946 à 2012.

Une architecture dédiée

Le musée Soulages a été conçu par Ramon Vilalta, Carme Pigem, Rafael Aranda et Gilles Trégouêt regroupés sous le nom RCR arquitectes (Olot - Espagne), associés au cabinet Roques et Passelac (Narbonne). Chacun de ses espaces a été pensé pour accueillir un  des aspects particuliers de la collection. Les passages réguliers de l’ombre à la lumière et les élévations rythmées entrent en résonnance avec l'œuvre de l'artiste.
Sensibles au lieu et au paysage, les architectes ont choisi des matériaux simples : le béton, le verre et surtout, l'acier Corten dont la palette chromatique rappelle les premières peinture sur papier de Soulages, les brous de noix, ainsi que les plaques de cuivre qui ont  servi de matrice aux eaux-fortes.

 
Texte du panneau didactique.
 
Musée Soulages - Rodez (vue depuis le jardin du Foirail).
1 - Un musée inhabituel

Pierre Soulages dans son atelier

Pierre Soulages, brièvement

1919 / Naissance le 24 décembre à Rodez, 4 rue Combarel. Père artisan.
1939 / Admis à l’école des beaux-arts de Paris, il décide de ne pas y entrer et regagne Rodez.
1942 / Ecole des beaux-arts à Montpellier.
Il épouse Colette Llaurens. Rencontre le romancier Joseph Delteil.
1946 / Le couple s'installe à Courbevoie. Soulages consacre tout son temps à la peinture. Premiers brous de noix.
1947 / Salon des surindépendants. Il y rencontre Francis Picabia. Soulages fréquente les peintres Gérard Schneider, Hans Hartung, Jean-Michel Atlan et le critique Michel Ragon.
Atelier rue Schoelcher, Paris.
1949 / Première exposition personnelle à la galerie Lydia Conti, à Paris. Expositions collectives à New York, Londres, São Paulo et Copenhague.
Il conçoit les décors de la pièce de théâtre Héloïse et Abélard pour Roger Vailland.
1951 / L'État achète a l'artiste la toile Peinture 146 x 114 cm, 1950.
1952 / Il exécute des eaux-fortes et des aquatintes à l’atelier Lacourière.
1954 / Première exposition personnelle à New York, organisée par le galeriste Samuel Kootz.
1956 / Première exposition personnelle à la Galerie de France, à Paris.
1957 / À New York, Soulages rencontre Mark Rothko, Willem De Kooning, Robert Motherwell et Franz Kline.
1959-1960 / Construction de la maison de Sète, face à la Méditerranée.
Atelier rue Galande, Paris.


 

1967 / Exposition Soulages au musée national d’art moderne à Paris, premier musée français à lui consacrer une rétrospective
1974 / Atelier rue Saint-Victor, Paris.
29 mai 1976 / Remise du prix Rembrandt à Rodez.
1979 / Soulages crée le noir-lumière qu’il appellera dès 1990 Outrenoir.
1987-1994 / Commande publique. Soulages réalise les 104 vitraux de l’abbatiale Sainte-Foy de Conques.
1994 / Le linguiste Pierre Encrevé publie le premier tome du catalogue raisonné des peintures de Pierre Soulages (t. II 1995, t. III 1998)
2001 / Premier peintre vivant à Exposer au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.
13 septembre 2005 / Donation de Pierre et Colette Soulages au Grand Rodez pour le futur musée Soulages :
21 peintures sur toiles, 100 peintures sur papier (gouaches, brous de noix, encre de chine), l’ensemble de l’œuvre gravé, 3 bronzes, 2 peintures incluses dans le verre, la totalité des travaux préparatoires des vitraux de Conques, les plaques de cuivre, matrices des eaux-fortes, un important fonds documentaire (photos, archives, ouvrages et films).
2009 / Rétrospective au Centre Pompidou, plus d’une centaine d'œuvres de 1946 à 2009.
2012 / Seconde donation de Pierre et Colette Soulages pour le musée Soulages :
14 peintures sur toile de 1946 à 1986.
30 mai 2014 / Inauguration du musée Soulages (RCR arquitectes, Roques e Passelac architectes associés).
Exposition d’ouverture : Outrenoir en Europe. Musées et fondations.

Texte du panneau didactique.


PIERRE SOULAGES, LE LOUVRE. ETC. (exposition été 2020)

Pierre Soulages, né en 1919
Trois études
Deux études d’après les Bergers d’Arcadie de Nicolas Poussin
Une étude d’après le moulage du Lion de Milon de Crotone de Pierre Puget

1941-1942
Fusain sur papier
École des Beaux-Arts de Montpellier

En 1938, âgé de 18 ans. Pierre Soulages se rend à Paris et suit les cours de l'atelier de René Jaudon, sculpteur, pour devenir professeur de dessin. Ses connaissances en histoire de l'art sont limitées à celles acquises au lycée Foch de Rodez où il a reçu le 1er prix dans cette catégorie en 1936. Son professeur, impressionné par son travail, lui conseille de préparer le concours d'entrée à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Bien qu'admis dans la prestigieuse école parisienne, il refuse de s'y inscrire et n'en suivra jamais les cours.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, mobilisé puis démobilisé, il s'installe à Montpellier en zone libre, pour préparer le professorat de dessin dès 1941. Pierre Soulages fait un bref passage à l'école des Beaux-Arts de Montpellier d'où proviennent ces académies, exercices qui prennent parfois la forme de copies d'œuvres classiques ou de dessins sur modèle vivant. Deux de ces dessins au fusain sont une étude d'après un modèle vivant, un homme nu : le premier dans une position assise ; le second dans une posture classique retrouvée dans Les Bergers d'Arcadie de Nicolas Poussin, puis dans le tableau d'Ingres, Œdipe et l'énigme du Sphinx. Le troisième exercice est un dessin d'après un moulage du célèbre groupe en marbre de Milon de Crotone, réalisé entre 1671 et 1682 par le sculpteur Pierre Puget. La statue représente le moment où le lion plante ses griffes et ses crocs dans la jambe de l'athlète grec. L'école des Beaux-Arts de Montpellier est alors située dans le même bâtiment que le musée Fabre. L'artiste en fréquente régulièrement les salles en compagnie de sa future femme Colette. « Le premier musée où j'ai commencé à regarder vraiment de près les tableaux, c'est le musée Fabre à Montpellier. IL y a là des couleurs qui m'ont fortement impressionné. Courbet, des portraits surtout, L'Homme à la pipe et L’Autoportrait au col rayé (..), je me souviens de Zurbaran, Véronèse. J'allais le voir le plus souvent possible. »

Colette et Pierre défendent Picasso ardemment alors que leurs collègues de loge et d'atelier se sont assoupis depuis longtemps dans un art académique. Si on regarde attentivement l'étude d'après Milon de Crotone, on notera le passage habile de l'ombre à la lumière, la manière de dématérialiser le volume. Habile passage vers ce qui ne s'appelle pas encore de l'art abstrait. Ingres a dit que « le dessin est la probité de l'art ». Concernant cette étude du jeune Soulages, on est ici dans une autre dimension.

 
Peinture 73 x 54 cm, 20 avril 1951. Huile sur toile. Dépôt collection particulière.
 
Peinture 157 x 200 cm, 21 août 1963. Huile sur toile. Dépôt du FNAC.


2 - Premières peintures

Scénographie
2 – Premières peintures

En 1946, Pierre et Colette Soulages s’installent à Courbevoie dans un minuscule appartement-atelier. Dès l’année suivante, Soulages expose à Paris au salon des Surindépendants. Il y est remarqué publiquement par le peintre Francis Picabia qui reprendra à son compte une phrase de Pissarro : « Avec l'âge que vous avez et ce que vous faites, vous n'allez pas tarder à avoir beaucoup d'ennemis ! ». Michel Ragon, critique d'art, note déjà pour sa part « les tonalités sombres, les rythmes robustes » de ses peintures.
Hans Hartung, Gérard Schneider et Jean-Michel Atlan figurent parmi les amis de Soulages : ils exposent parfois avec lui. Pourtant, Soulages n'appartient à aucun groupe d'artistes. La peinture traditionnelle, à la technique et aux instruments convenus, le rebute.
Il achète en 1947 ses premières brosses de peintre en bâtiment, plus proches de la peinture qu'il a envie de produire. Dès le départ, la peinture de Pierre Soulages ne propose ni représentation, ni message.

La reconnaissance

En 1948, Soulages expose trois peintures au IIIe salon des Réalités Nouvelles. Leur construction, un fond clair barré de grands traits sombres, fait surgir la lumière. Repéré par Ottomar Domnick, défenseur de l'art abstrait en Allemagne, il est alors invité à prendre part à « Grosse Ausstellung Franzôsischer abstrakter Malerei », une exposition itinérante dans sept villes allemandes.
Soulages y présente cinq peintures sur toile et sept brous de noix, dont l'un, traité en négatif, servira d'affiche pour l'exposition. Dès lors, ses œuvres, très différentes de celles colorées de ses contemporains, seront exposées en Europe et aux États-Unis.

 
Texte du panneau didactique.
 
Peinture 130 x 97 cm, 20 décembre 1948. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Peinture 81 x 100 cm, 1946. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Peinture 97 x 130 cm, 1947. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Peinture 72,5 x 60 cm, 1947. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Peinture 146 x 97 cm, février 1948. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Peinture 130 x 195 cm, 14 avril 1949. Huile sur toile. Dépôt du peintre.
 
Peinture 130 x 162 cm, 5 avril 1957. Huile sur toile. Dépôt collection particulière.
Quelques publications consacrées à Pierre Soulages.
 
Peinture 200 x 150 cm, 14 avril 1950. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Peinture 162 x 97 cm, 14 mars 1952. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Peinture 162 x 114 cm, 27 août 1958. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
 
Peinture 202 x 159 cm, 5 juillet 1966. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
 
Peinture 202 x 148 cm, 30 novembre 1967. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Peinture 162 x 114 cm, 3 mai 1974. Huile sur toile. Dépôt collection particulière.


3 - Brous de noix

Scénographie
3 - Brous de noix

Pierre Soulages s'installe à Paris en 1946. Il travaille alors simultanément sur toile et sur papier. Les œuvres sur papier de Soulages ont une existence propre, souvent dissociée de la peinture sur toile.

En 1947, apparaissent les premiers brous de noix. Soulages applique cette matière, traditionnellement utilisée par les artisans pour teindre le bois, à l’aide de pinceaux de peintres en bâtiment. Fluide, le brou de noix offre à l'artiste des propriétés plastiques inédites : intensité et chaleur des noirs, transparences…

Des signes sans signification

Les brous de noix ne constituent pas la transcription d’un geste ou d'une émotion. Semblables à des signes, ils ne portent pourtant aucune signification et ne représentent pas. Au contact du brou, le blanc du papier fait vibrer la lumière. Il établit avec celui-ci un rapport intime, nous invitant ainsi à une lecture globale de l’œuvre.

Outre les brous de noix, cette salle présente des œuvres sur papier postérieures, des gouaches et des encres. Pierre Soulages y déploie sa science de l’économie en croisant quelques vigoureux coups de brosse. Avec ces différentes matières, Pierre Soulages se livre à des expérimentations plastiques complémentaires.

 
Texte du panneau didactique.
 
Brou de noix sur papier 76 x 56 cm, 1946. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
 

Brou de noix et huile sur papier 74 x 47,5 cm, 1947. Donation Pierre et Colette Soulages.

Un tronc oblique est barré de traces de pinceau droites ou curvilignes. Une couche de brou plus épais accentue la noirceur et l'effet de croisement des lignes, tandis que quelques passages du pinceau laissent une touche incomplète, « pointilliste ».
Ce brou retient quelque chose d’organique ou de végétal, comme le soulignent les « surgeons » à gauche de la composition. L'artiste occupe tout l’espace, l'emprise arachnéenne de la matière stimulant le blanc originel du papier. Cette peinture sur papier sera la base d’une lithographie interprétée en 1960 par Fernand Mourlot pour l'affiche de l'exposition Antagonismes du Musée des arts décoratifs.

 
Brou de noix sur papier 74 x 47,6 cm, 1947. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
- Brou de noix sur papier 63,2 x 50 cm, 1949. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
- Brou de noix sur papier 65,5 x 50,2 cm, 1949. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
- Brou de noix sur papier 63 x 50 cm, 1949. Dépôt du peintre.
- Encre sur papier 65,7 x 50,6 cm, 1949. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
- Encre sur papier 66 x 49,7 cm, vers 1949. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
- Encre sur papier 65,6 x 50,5 cm, vers 1949
. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.


4 - L'estampe

Scénographie
4 - L'estampe

Si l'estampe permet de reproduire une œuvre à l'identique, elle est, pour Pierre Soulages, une nouvelle opportunité d'exploration des techniques et des possibilités de la matière.
Dès 1951, Pierre Soulages pousse la porte de l’atelier de Roger Lacourière, imprimeur des plus grands. Il y expérimente la technique de l’eau-forte. C’est par la découverte de la technique de l’eau-forte que Pierre Soulages installe sa réputation de graveur. « J’ai fait de la gravure parce que, avec la gravure, quelque chose apparaissait qui ne pouvait apparaître avec la peinture ».
Plus tard, Pierre Soulages pratique aussi la lithographie et la sérigraphie, autres procédés d'impression.
Soulages laisse libre cours à son inventivité. Comme pour ses peintures, il a besoin de sortir de cadre et de dépasser la technique. Sa production n’est pas régulière mais correspond à des temps différents, des périodes.
Eaux-fortes, lithographies, sérigraphies... au total, 123 estampes sont créées entre 1950 et 1970.

Les trois bronzes également présentés dans cette salle sont des agrandissements des matrices des eaux-fortes. Longuement polie, leur surface oppose les parties sombres et celles lissées aux reflets changeants.

 
Texte du panneau didactique.
 
Eau-forte XI, 1957. Épreuve 100/100. Dépôt collection particulière. 100 épreuves numérotées et signées sur vélin d’Arches. Lacourière, Paris, imprimeur.  Berggruen, Paris, éditeur.
Scénographie
L'eau-forte

La technique de l’eau-forte répond à un processus en deux temps : tout d’abord, la gravure d’une matrice en métal, puis l'impression de l'image gravée sur du papier.

La matrice utilisée par Pierre Soulages est en cuivre. Dans le premier temps, il l'enduit d'une fine couche de vernis. Il y creuse ensuite des sillons à l’aide d’une pointe sèche et d'un burin.
Une fois ce travail de gravure réalisé, Pierre Soulages plonge la plaque dans un bain d’acide : l’eau-forte.
L'eau-forte continue le travail du graveur. Les parties où le métal est gravé - donc non protégé - sont attaquées par l'acide. Soulages s’acharne souvent à laisser l’acide ronger le cuivre. Parfois même, la plaque de métal est percée. Les contours ne forment plus un rectangle : ils sont déchiquetés, découpés.

Et le papier prend vie

Pierre Soulages vient ensuite encrer la matrice. Les endroits les plus creusés accueillent davantage d’encre. L'artiste pose une feuille de papier sur la matrice et met le tout sous presse.
C’est le moment de l'impression. Les parties de la matrice qui ont reçu plus d’encre font alors apparaître des noirs plus profonds sur la feuille de papier. A contrario, les trous faits sur la plaque laissent, sur le papier non écrasé, des blancs intenses. Un dialogue s’installe.
Le papier, en relief, devient partie intégrante de l’œuvre ; il n’est plus seulement support.

 
Texte du panneau didactique.
 
Eau-forte XIX, 1970. Épreuve d’artiste. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005. 100 épreuves numérotées et signées sur vélin d’Arches. Lacourière-Frélaut, Paris, imprimeur et éditeur.
 
Eau-forte XVI, 1961. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005. 100 épreuves numérotées et signées sur vélin d’Arches. Lacourière, Paris, imprimeur et éditeur.
 
Matrice pour Eau-forte XVI, 1961. Cuivre. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
 
Eau-forte XXIV, 1973. Epreuve d’artiste. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005. 100 épreuves numérotées et signées sur vélin de Rives. Lacourière-Frélaut, Paris, imprimeur. Christian Labbaye, Montbéliard, éditeur.
 
Matrice pour Eau-forte XXIV, 1973. Cuivre. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
 
Eau-forte XXX, 1974. Épreuve 98/100. Dépôt collection particulière. 100 épreuves numérotées et signées sur vélin d’Arches. Lacourière-Frélaut, Paris, éditeur. Galerie de France, Paris, imprimeur.
 
Eau-forte XXXIV, 1978. Épreuve d’artiste. Accompagne Élégies de Carthage dans Les Élégies majeures de Léopold Sédar Senghor. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005. 200 épreuves signées et numérotées de 1 à 200 sur vélin d’Arches. 40 épreuves signées et numérotées de I à XL sur vélin d’Arches. Alain Lambilliotte, Paris, imprimeur. Éditions du Regard, Genève, éditeur.
 
Eau-forte XXVIII, 1974. Epreuve d’artiste. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005. 75 épreuves numérotées et signées sur vélin d’Arches accompagnant les exemplaires de tête du catalogue « Soulages, Eaux-fortes, lithographies ». Lacourière-Frélaut, Paris, imprimeur. Yves Rivière, Paris, éditeur.
 
Eau-forte XXXIX, 1994. Épreuve d’artiste. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005. 100 épreuves numérotées et signées sur vélin d’Arches. Accompagne les exemplaires de tête de « Soulages. L’œuvre complet. Peinture I : 1946-1959 ». Moret, Paris, imprimeur. Le Seuil, Paris, éditeur.
Scénographie
Lithographie

Pierre Soulages s’adonne pleinement à la lithographie dès 1956, arrêtant parfois même de peindre.

Cette technique consiste à venir dessiner avec un crayon gras sur une pierre calcaire.

La pierre est traitée avec un acide qui la rend poreuse. Les parties couvertes au crayon restent imperméables. Ensuite lavée, la pierre se gorge d’eau dans ses parties poreuses ; le dessin au crayon reste quant à lui bien sec. De ce fait, lorsque l’artiste roule de l’encre sur la pierre, l’encre va seulement adhérer aux parties dessinées alors que les parties humides vont la repousser. Comme pour l’eau-forte, une feuille de papier est posée sur la pierre avant de passer sous la presse.

Là encore, Pierre Soulages intervient sur le processus traditionnel de reproduction à l'identique en retravaillant la matrice après plusieurs tirages. En ajoutant des formes ou des couleurs, il crée des épreuves originales. Une fois de plus, Soulages contourne l’attendu pour ouvrir une nouvelle voie plastique.

 
Texte du panneau didactique.
 
Lithographie n°2, 1957. 66 x 50,5 cm – 57 x 42,5 cm. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Lithographie n°18, 1968. 50 x 37,5 cm – 50 x 25,5 cm. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Lithographie n°27, 1969. 79 x 56 cm – 63 x 56 cm. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Lithographie n°34, 1974. 67,5 x 50,5 cm – 60 x 40 cm. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Lithographie n° 37, 1974. 78 x 60 cm – 60 x 51,5 cm. Donation Pierre et Colette Soulages.
Scénographie
Sérigraphie

La sérigraphie, autre technique de production d'une estampe, ne nécessite pas l’usage d’une presse ; elle se fait à plat grâce à un matériel simple et facilement transportable.
Avant de se coucher sur le papier, l’encre d’impression passe au travers d’un tissu à trame fine tendu sur un châssis. Préalablement à l'étape de l'encrage, l'artiste imperméabilise certaines parties de l'écran interposé entre l'encre et le papier. Ces caches empêchent l'encre de passer là où le papier doit rester vierge. La sérigraphie peut ainsi s’apparenter au principe du pochoir.

Animé par un désir constant de découverte, Pierre Soulages s’applique à transformer la technique traditionnelle de la sérigraphie. Parfois, il laisse sécher l'encre sur l'écran : ailleurs, il y mêle de la limaille de fer. Les inégalités de séchage ou de matière entraînent des effets inattendus à l’impression.

Avec la sérigraphie, Soulages crée plutôt des œuvres de circonstance qui serviront notamment à faire des affiches d'événements culturels, des couvertures ou des planches dans des ouvrages précieux. Il aime la qualité du rendu des couleurs qui est spécifique à ce procédé et qui s’apparente quelque peu à une photographie. Par ailleurs, la sérigraphie permet une grande liberté graphique, comme on peut l’observer dans l'affiche réalisée pour les Jeux Olympiques de Munich de 1972.

 
Texte du panneau didactique.
 
Sérigraphie n°8, 1978. 58 x 46,5 cm – 45 x 34,5 cm. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Sérigraphie n°15, 1981. Épreuve 27/45. Dépôt collection particulière. 200 épreuves et 45 épreuves d’artiste numérotées et signées sur vélin. Michel Caza, Cergy, imprimeur. Circle Fine Art, Chicago, éditeur.
 
Sérigraphie n°18, 1988. 89 x 68,5 cm – 74,5 x 54 cm. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Bronze I, 1975. 116 x 86 cm. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Bronze II, 1976. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
PIERRE SOULAGES, LE JAPON, ETC

Faire un vase de Sèvres

Pierre Soulages. Vase de Sèvres, 2000
Porcelaine / Noir de petit feu et or
Hauteur 66 cm, diamètre 34,5 cm
Musée Soulages, Rodez - epcc
Donation Pierre et Colette Soulages, juillet 2020

La Manufacture de Sèvres est organisée en ateliers par corps de métiers spécialisés. Les modeleurs façonnent, mais aussi créent des formes qui gardent leur nom. Pierre Soulages apporta des modifications au modèle conçu par Maurice Gensoli, qui mobilisèrent la contribution des spécialistes. La forme fut coulée en introduisant une terre à porcelaine délayée dans un moule en plâtre. Les stries inégales ont été obtenues par tournage en appliquant sur l’argile crue, un peigne en métal conçu par le tourneur Jean-Pierre Blanzat. Le vase fut cuit, une première fois, c’est-à-dire dégourdi, à 960°C. On obtint ainsi un biscuit en porcelaine blanche. L’extérieur du vase n’a pas été émaillé pour conserver l’aspect mat du biscuit. Seul l’intérieur est émaillé, faisant ressortir l’éclat de l'or et la lumière.
Après émaillage, le vase subit une cuisson à 1260 °C. C’est alors que François Combot réalisa la délicate opération de découpage de l’orifice à l’aide d’une meule à pointe de diamant, les bords étant ensuite biseautés. Les couleurs, ont été posées, en dégradé, sur le vase renversé, à l’aide d’un pinceau, par la décoratrice Mireille Cousin. L’émail noir mat a été créé par Antoine d’Albis, chimiste et chef de laboratoire, spécialement et exclusivement pour cette œuvre avec 20% de kaolin supplémentaire pour renforcer l’intensité. La base a été peinte d’une couleur claire sur le vase remis à l’endroit puis la pièce fut cuite à 840 °C. Le fileur doreur, Raynald Doucet, posa, à l’intérieur du vase et du couvercle, l’or 24 carats fixé par une nouvelle cuisson. Après le polissage ou brunissage, la panse et le pied sont assemblés et le couvercle ajusté.

En 2000, 4 vases sortirent de Sèvres, l’un qui est l’exemplaire d’artiste, au musée Soulages, l’un pour le tournoi de sumo, l’un pour le Palais de l'Elysée, l’autre pour le musée national de céramique de Sèvres.
B.B.

Vase de Sèvres, 2000. Porcelaine / Noir de petit feu et or. Hauteur 66 cm, diamètre 34,5 cm. Donation Pierre et Colette Soulages, juillet 2020.
 
Texte du panneau didactique.


5 - Peintures sur papier

Scénographie
5 - Peintures sur papier

Pierre Soulages peint sur papier et ce, depuis 1946. II affirme ne pas dessiner. Il refuse d'ailleurs l'association communément répandue du papier au dessin et de la toile à la peinture.
Soulages réalise la plus grande partie de son œuvre sur papier entre 1946 et 1979, année de naissance de l’Outrenoir. Dans son travail sur papier, on distingue plusieurs mediums : l'encre, la gouache, le brou de noix… et plusieurs approches : la recherche de contrastes et de transparences, l’application en bandes, le travail de texture. Dans les premières années 50, la production sur papier met en évidence une structure liée, synthétique, qui se détache sur un fond clair. Puis, la forme perd de sa brutalité. Elle est associée à une composition sous-jacente à base de lavis superposés. Les papiers gagnent en dimension et se présentent parfois en format carré.

Entre 1979 et 1997, les peintures sur papier de Soulages sont rares : on n’en dénombre qu'une trentaine. Il faut attendre 1997 pour retrouver une production plus foisonnante et imprégnée de sa recherche sur l’Outrenoir. Fond et forme se confondent dans les œuvres les plus récentes, où les traces noires occupent le papier ; d’autres où la  verticalité des lignes noires déchiquetées fait ressortir la blancheur du support. La fin des années 90 marque aussi le retour du brou de noix. Les « signes » de la fin des années 40 ont totalement disparu. De larges bandes de brou de noix sont étalées sur le blanc du papier. La matière, parfois raclée, joue avec les transparences.

 
Texte du panneau didactique.
 

Gouache sur papier 65 x 50 cm, 1973. Papier marouflé sur toile. Dépôt collection particulière.

 
Gouache sur papier 75,1 x 54,6 cm, 1973. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.

Elle est construite comme un quadrillage, comme une toile
vichy : un fond de lavis bleu, est soigneusement couvert de bandes noires, sombres, verticales et horizontales, ces dernières étant allégées par enlèvement de la matière. Par transparence le bleu sous-jacent, des dégradés de gris, apparaissent comme du reste une unique petite fenêtre de blanc lumineux en haut à gauche en éclairant la composition. Celle-ci presque flottante, se gardant d’une symétrie littérale et pesante, ramène aux peintures sur toile de l’avant Outrenoir. Elles demeurent rares, car Soulages avant 1979 se consacre presque exclusivement aux peintures sur papier. De tels calepinages occupant largement l’espace rectangulaire, verticaux, au brou ou à la gouache sont toutefois remarquables et caractéristiques.
 
Acrylique et collage sur papier, 95,6 x 71,7 cm 1999. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.

En 1999, Soulages peint une grande feuille de format vertical à l’acrylique noire : des traces irrégulières de pinceau, laissant des plages blanches, sont doublées dans le sens de la largeur par le collage de bandes également noires, rigoureusement droites. Se construit comme un modeste chaos corrigé par l’horizontalité découpée au droit, produisant des rais de lumière dont les bords sont crénelés ou rectilignes. Sous ces bandes débordent quelques souvenirs de formes irrégulières, de taches. Ce papier s'accorde avec de grands Outrenoir où la matière épaisse du noir se trouve arrachée pour faire sortir des plans blancs de la préparation.
 
Acrylique et collage sur papier 103,3 x 72,2 cm, 1999 ou 2000. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
 
Peinture 222 x 222 cm, 6 mars 2000. Acrylique sur toile. Diptyque (diptyque 1 élément de 137 x 222 cm et 1 élément de 85 x 222 cm, superposés). Dépôt collection particulière.
Scénographie
 
Gouache et mine de plomb sur papier 57 x 75,7 cm, vers 1999-2000. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
 

Gouache et mine de plomb sur papier, 50 x 61,5 cm, vers 1999-2000. Donation Pierre et Colette Soulages en 2005.

Que dire de Gouache et mine de plomb sur papier, 50 x 61,5 cm, 1999-2000 ? Le peintre a couvert de gouache noire l'entière surface du papier dont les côtés sont déchirés, maladroitement verticaux, marquant une frontière physique. Des traits de mine de plomb obliques, ténus, en barrent le champ, lignes brillantes comme sur une surface Outrenoir. Sont-elles des incisions comme avec une pointe d'argent ? Quelle est la profondeur du trait ? La délicatesse d’un tel papier prouve s'il en était besoin l'état de veille artistique permanent de Pierre Soulages.

Scénographie
 
Brou de noix 102 x 74,5 cm, 1998. Papier marouflé sur toile. Dépôt collection particulière.
 
Peinture 130 x 81 cm, 30 novembre 2010. Acrylique sur toile. Dépôt collection particulière.


6 - Peintures sur toile

Scénographie
6 - Peintures sur toile

Le nouvel atelier de Soulages, rue Galande, lui permet de travailler de plus grands formats. Les toiles sont posées contre le mur ou à même le sol. Les pinceaux, les couteaux et les brosses larges du peintre en bâtiment, remplacent le matériel traditionnel. Il utilise aussi des outils de sa fabrication.

Le déploiement de l’œuvre

À partir de 1959, l’arrachage de matière obtenu par des outils plus larges fait naître un nouveau rapport à la couleur et à la lumière ; Roger Vailland regardant Soulages peindre en 1961 souligne son corps à corps avec la toile sur laquelle il ajoute et retire de la peinture : « J'ai l’impression d’un paysage au matin qui se découvre tout à coup quand un souffle de vent fait lever la brume ».
Le travail de la lumière est toujours là, par contraste ou par transparence.

La matière se déploie à présent sur un axe horizontal. En 1966, Pierre Soulages décide, pour une exposition au musée de Houston (États-Unis), de fixer ses toiles par des câbles entre sol et plafond. Certaines sont déjà constituées de plusieurs panneaux ; la voie est ouverte vers les polyptyques.
Les œuvres investissent l’espace... et invitent déjà le regardeur à se déplacer pour les découvrir.
Des taches et des coulures se répandent sur la toile. L'emploi de l’acrylique, dans les années 70, accentue cette tendance. La matière est fluide et joue par contraste avec le blanc de la toile.

 
Texte du panneau didactique.
 
Peinture 195 x 130 cm, 8 décembre 1956. Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages.
 
Peinture 162 x 262 cm, 8 septembre 1971. Peinture acrylo-vinylique sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
 
Peinture 130 x 162 cm, 8 juillet 1970. Huile sur toile. Dépôt collection particulière.
Scénographie
 
Peinture 202 x 327 cm, 17 janvier 1970. Huile sur toile. Prêt de l’artiste.
 
Peinture 159 x 202 cm, 28 novembre 1970. Huile sur toile. Dépôt du peintre.
 
Peinture 202 x 375 cm, 3 juin 1967. Huile sur toile, 3 panneaux de 202 x 125 cm. Donation Pierre et Colette Soulages, 2012.
 
Peinture, 14 avril 1956, 195 x 365 cm. Huile sur toile. Dépôt du MNAM.


7 - Outrenoir

Peinture 324 x 362 cm, 1986. Polyptyque I (4 éléments de 81 x 362 cm, superposés). Huile sur toile. Donation Pierre et Colette Soulages, 2005.
7 – Outrenoir

Dans son atelier, une nuit de janvier 1979, Soulages est confronté à un doute, à une incompréhension devant ce qu’il peint … et devant sa propre obstination à « patauger dans une espèce de marécage noirâtre depuis des heures ». Il décide d’aller se reposer. À son retour dans l'atelier, Pierre Soulages découvre ce qu'il ne pressentait pas : sur la surface intégralement noire du tableau, la lumière joue par reflets et anime toute la matière peinte. Elle accentue les traces, passages, enlèvements et morsures des outils. Les plages multiples basculent du clair au sombre lorsqu'on se déplace devant la toile. L'action de la lumière fait définitivement échapper à la monochromie du noir unique. C’est le noir-lumière, un lien indéfectible, pour lequel Soulages invente le néologisme Outrenoir qui signifie au-delà du noir, un nouveau champ mental.

Espace-temps
L'Outrenoir s'accompagne de l’agrandissement des dimensions de la toile. Pierre Soulages a de plus en plus recours aux polyptyques.
La brosse laisse des stries volontaires qui dynamisent la surface de la toile. Ailleurs, la lame de l’outil laisse de larges aplats lisses Les espaces de la toile sont ainsi traités de manière très différenciée.
Le déplacement du regardeur devant la toile donne vie aux sillons et aux reliefs.
Toile, lumière, regardeur : l’œuvre, aux reflets changeants, S’anime dans ce triple rapport.

 
Texte du panneau didactique.
 
Peinture 130 x 92 cm, 9 janvier 1989. Huile sur toile. Dépôt collection particulière.
 
Peinture 136 x 136 cm, 24 décembre 1990. Huile sur toile. Dépôt collection particulière.
 
Peinture 324 x 362 cm, 9 août 2004. 4 panneaux de 81 x 362 cm. Huile sur toile. Dépôt du peintre.
Peinture 162 x 724 cm, novembre 1996. 4 panneaux. Huile sur toile. Dépôt du peintre.
 
Peinture 222 x 148 cm, 15 décembre 2004. Acrylique sur toile. Dépôt collection particulière.
 
Peinture 202 x 125 cm. 12 janvier 2015. Acrylique sur toile. Dépôt collection particulière.
 
Peinture 81 x 130 cm, 18 novembre 2010. Acrylique sur toile. Dépôt collection particulière.
 
Peinture 117 x 165 cm, 18 novembre 2014. Acrylique sur toile. Dépôt collection privée.


8 - Vitraux pour l’abbatiale Sainte-Foy de Conques

Scénographie

Vitraux pour l’abbatiale Sainte-Foy de Conques

Étude pour l’abbatiale Sainte-Foy de Conques, 1988 (achat par commande en 1987).
Collage de bandes adhésives noires sur mélaminé, encadrement en kraft.
Dépôt du Centre national des Arts plastiques - Ministère de la Culture et de la Communication.

Vitraux pour l’abbatiale Sainte-Foy de Conques

Étude pour l’abbatiale Sainte-Foy de Conques, 1988 (achat par commande en 1987).
Collage de bandes adhésives noires sur mélaminé, encadrement en kraft.
Dépôt du Centre national des Arts plastiques - Ministère de la Culture et de la Communication.