MIRO SCULPTEUR

Article publié dans la Lettre n° 328
du 13 juin 2011


MIRO SCULPTEUR. C’est la première grande exposition de sculptures (101, plus 22 céramiques et une vingtaine d’œuvres diverses) de Miró, depuis celle de 1974 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris. C’est donc un véritable évènement, d’autant plus que cet artiste catalan est plutôt connu pour ses peintures et ses bas-reliefs monumentaux que pour ses sculptures, alors qu’il pratiqua l’une et l’autre à l’instar de son ami Picasso.
La quasi-totalité des œuvres exposées provient de la fondation Maeght qui en possède plus de 2000 dont celles qui ornent son fameux Labyrinthe, conçu par Miró et trois autres artistes catalans (l’architecte Josep-Luis Sert et Artigas père et fils, pour les céramiques). On connaît le lien étroit qui unissait Miró et Aimé Maeght. C’est donc tout naturellement la petite-fille de ce dernier qui est le commissaire de cette exposition.
Celle-ci s’ouvre par des sculptures diverses, la plupart de grandes dimensions comme la Porte III, haute de 2,33 mètres (1974). Leurs noms sont évocateurs : Femme cloche (1950), L’Oiseau lunaire (1968), Femme (1970), Tête de femme et oiseau (1972). Miró les réalise en partie avec des objets abandonnés qu’il ramène de ses promenades, vieilles chaussures, chaises d’enfant, roue de charrette, embauchoir. Il dispose tous ces objets au sol dans son vaste atelier, les choisit et les assemble. Ensuite il en fait faire un bronze qu’il patine lui-même, le laissant le plus souvent naturel et rugueux bien qu’il aime les formes lisses. Certains de ces bronzes sont peints de ces couleurs vives qu’il affectionne pour ses peintures comme la malicieuse Jeune fille s’évadant (1968).
Une salle est consacrée à la céramique, un art grâce auquel Miró réalisa plus de 400 œuvres. Il le pratiqua, de 1941 à 1970, avec son ami d’enfance Josep Llorens Artigas, qui avait travaillé avec Dufy, puis avec le fils de celui-ci, Joan Gardy-Artigas. A côté de vases « traditionnels » ou d’objets « minimalistes » (galets, œufs), Miró et Artigas signent des « anti-plats » surchargés d’objets et de concrétions, dignes de Bernard Palissy.
Au premier étage sont exposées des sculptures plus petites, toujours en bronze, présentées par thèmes mais presque toujours en relation avec la femme. Nous avons ainsi les « Déesses-mères » où la femme, l’oiseau, la lune et les constellations constituent une source infinie d’inspiration. De même avec les « Femmes-oiseaux » , où l’oiseau, incarnation de l’envol en toute liberté, est l’une des principales sources d’inspiration de Miró. Plus étonnantes sont ses «Têtes de paysans », énigmatiques comme les statues de l’Ile de Pâques, aux formes cubiques, gravées et scarifiées comme des masques africains, qui peuvent évoquer la figure mythique du paysan catalan, auquel Miró reste attaché depuis les années 1920. Comme on le voit, c’est une exposition importante et variée qui vous révèlera bien des surprises au milieu des souvenirs de Maillol, autre artiste peintre et sculpteur, qu’abrite le musée qui lui est consacré. Musée Maillol 7e. Jusqu’au 31 juillet 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.museemaillol.com.


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