Parcours en images et en vidéo de l'exposition

MIRÓ

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
d'autres glanés sur le Web
et nos propres prises de vue


Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre469 du 26 décembre 2018

 

Entrée du Grand Palais
« La couleur de mes rêves »
Repères chronologiques dans la vie de Joan Miró (1893-1983)

INTRODUCTION : « LA COULEUR DE MES REVES »

Sa terre natale, la Catalogne, lui offre l’inspiration, Paris son premier tremplin, Palma de Majorque le grand atelier dont il a tant rêvé. Entre tous ces lieux, Joan Miró crée une oeuvre dénuée de toute anecdote, de tout maniérisme, de toute complaisance à l’égard des modes. Pour y parvenir, il remet continuellement en question son langage pictural, quitte à briser l’élan qui le porte. S’il s’intéresse aux avant-gardes du XXe siècle, il n’adhère à aucune école, aucun groupe, se méfiant des chimères artistiques. Miró exprime, dès les années 1920, sa volonté d’« assassiner la peinture » et développe des pratiques novatrices. Son oeuvre se présente ainsi comme un espace de protestation et témoigne de ses luttes. Il n’a de cesse de mener avec
la matière un corps à corps pour affirmer la puissance du geste créateur. Avec cette énergie « primitive» qui le caractérise, il est l’un des rares artistes, avec Pablo Picasso, à avoir lancé un défi au surréalisme et à l’abstraction (qu’il a toujours considérée comme une impasse). Inventeur de formes, Miró traduit en termes puissants et poétiques la liberté dont il est si farouchement jaloux et redonne à la peinture tous ses pouvoirs.

 
Texte du panneau didactique
 
Anonyme. Joan Miró, 1913. Espagne, Palma de Majorque. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Successió Miró Archive.
1 - « Un fauve catalan » 1915-1917
Scénographie
I. « UN FAUVE CATALAN », 1915-1917 De 1912 à 1915, Miró suit des cours à l’Escola d’Art de Francesc Galí, à Barcelone une institution privée, ouverte aux idées de l’avant-garde européenne, où sont enseignés tous les arts : peinture, musique, poésie. Cet apprentissage décisif lui apprend l’importance de la vie intérieure, l’énergie que peut procurer la concentration mentale et la toute-puissance de l’imaginaire. Miró travaille avec acharnement, conduit par une« passion brûlante ». Ses premiers travaux sont ceux, selon sa propre expression, d’un « Fauve catalan » qui se cherche. Ses sujets sont essentiellement tirés des environs de Mont-roig, qu’il ne cesse d’arpenter et dont il a besoin pour nourrir son oeuvre. Il admire les fresques et les sculptures des églises romanes de sa terre natale et l’inventivité des artistes qui les ont conçues. Du fauvisme, Miró ne retient que la valeur expressive de la couleur qu’il met au service d’un lyrisme personnel exubérant. Sa touche, soumise à une impulsion violente, emplit toute la toile et parfois semble la déborder. Par la ligne, la couleur, mais aussi le fond, Miró cherche à exprimer une énergie vitale.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). La Rose, 1916, huile sur carton, 77 x 74 cm. Collection particulière.
 
Joan Miró (1893-1983). Nord-Sud, 1917, huile et inscription à la main sur toile, 62 x 70 cm. Collection particulière.
 
Joan Miró (1893-1983). Portrait de Vicens Nubiola (Homme à la pipe), 1917, huile sur toile, 104 x 113 cm. Allemagne, Essen, Museum Folkwang.
2 - Le cubisme, 1916-1919
Scénographie
II. LE CUBISME, 1916-1919 Avec le mouvement cubiste, Miró a entretenu une relation extrêmement complexe. À André Masson, il dit un jour : « Je briserai leur guitare ». Ses premières toiles de 1916-1919 révèlent qu’il en a assimilé certains principes. Miró connaît bien la doctrine cubiste défendue notamment dans la revue Nord-Sud de Pierre Reverdy qu’il lit dès la parution du premier numéro en 1917. Miró reprend le découpage des plans en facettes, le basculement des perspectives et la multiplication des points de vue. Ses toiles ont cependant peu en commun avec la peinture de Braque et de Picasso de 1910-1912, ou encore avec les oeuvres présentées au Salon d’automne et au Salon des indépendants par Fernand Léger, Juan Gris, Albert Gleizes… Par leur structure et leur inspiration, les oeuvres de Miró doivent davantage à Cézanne et combinent une grande variété de sources : l’art catalan, le fauvisme, le futurisme italien. À la galerie Dalmau de Barcelone, Miró rencontre en outre des artistes expatriés comme Robert et Sonia Delaunay, Francis Picabia et prend connaissance de leurs oeuvres cubistes.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). Nu debout, 1918, huile sur toile ; 152,4 x 120,3 cm. États-Unis, Saint-Louis. The Saint Louis Art Museum Friends Fund, 1965. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Saint Louis Art Museum, Saint Louis.
 
Joan Miró (1893-1983). Autoportrait, 1919, huile sur toile ; 73 x 60 cm. France, Paris, Musée national Picasso-Paris, donation héritiers Picasso 1973/1978. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Rmn-Grand Palais (musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau.
 
Joan Miró (1893-1983). Mont-roig, l’église et le village, 1919, huile sur toile, 73 x 60 cm. Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró, en prêt d’une collection particulière.
3 - Les peintures détaillistes, 1918-1922
Scénographie
III. LES PEINTURES DÉTAILLISTES, 1918-1922

Recherchant avec ferveur cet « absolu de la nature, » Miró entend livrer sa « vision extatique » du microcosme que forme la ferme familiale de Mont-roig. Il s’éloigne du fauvisme pour privilégier une écriture plus fine capable de révéler les éléments les plus infimes en leur donnant vie (insectes, fleurs, brindilles). À ses yeux, un brin d’herbe a autant d’importance qu’une montagne. Il peint les objets du quotidien les plus humbles et les animaux en les détaillant minutieusement. Son travail sur le réel, digne d’un miniaturiste, reflète son intérêt pour les enluminures persanes vues à la galerie Dalmau. Sa résistance au provincialisme étriqué le pousse à s’isoler de la scène barcelonaise. Il lui faut fuir en gagnant Paris. Son premier séjour dans la capitale française en 1920 est un coup de poing : « Décidément, plus jamais Barcelone. Paris et la campagne et cela jusqu’à ma mort », écrit-il à son ami Enric Cristófol Ricart le 18 juillet 1920.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). Le Cheval, la pipe et la fleur rouge, 1920, huile sur toile, 82,5 x 75 cm. États-Unis, Philadelphie, Philadelphia Museum of Art, don de M. et Mme C. Earle Miller, 1986.
 
Joan Miró (1893-1983). La Maison du palmier, 1918, huile sur toile ; 65 x 73 cm. Espagne, Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, 1998. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía / Photographic Archives Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía.
 
Joan Miró (1893-1983). La Ferme, 1921-1922, huile sur toile ; 123,8 x 141,3 cm. États-Unis, Washington National Gallery of Art, don de Mary Hemingway, 1987. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo National Gallery of Art, Washington.
4 - Amis, poètes et écrivains
Scénographie
IV. AMIS, POÈTES ET ÉCRIVAINS

En 1921, Miró habite à l’hôtel Namur, 39 rue Delambre (Paris 14e) et travaille dans un atelier situé au 45 rue Blomet qu’il sous-loue à Pablo Gargallo. Il a pour voisin André Masson, avec qui il se lie d’amitié. Grâceà ce dernier, il fait la connaissance de poètes et d’écrivains, qui tous entendent créer un nouveau langage poétique : Michel Leiris, Roland Tual, Georges Limbour, Armand Salacrou, Georges Bataille, Robert Desnos, Tristan Tzara, Antonin Artaud, Raymond Queneau, Max Jacob. Miró partage leurs défis et tisse avec cette communauté effervescente des liens d’amitié forts. En 1925, Louis Aragon, Paul Eluard et Pierre Naville rendent visite à Miró pour voir ses dernières peintures. Aragon alerte André Breton qui lui rendra visite à son tour. Avec Pablo Picasso, son compatriote, Miró entretiendra une longue amitié, nourrie d’un profond respect pour leur oeuvre respective.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). Le Carnaval d’Arlequin, 1924-1925, huile sur toile ; 66 x 93 cm. États-Unis, Buffalo. Collection Albright-Knox Art Gallery Room of Contemporary Art Fund, 1940. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Albrigth-Knox Art Gallery, Buffalo / Brenda Bieger and Tom Loonan.
 
Joan Miró (1893-1983). La Ferme, 1921-1922, huile sur toile ; 123,8 x 141,3 cm. États-Unis, Washington National Gallery of Art, don de Mary Hemingway, 1987. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo National Gallery of Art, Washington.
 
Joan Miró (1893-1983). Tête de Paysan catalan, 1925, huile et crayon sur toile ; 92 x 73 cm. Royaume-Uni, Londres Tate, acquis conjointement avec la Scottish National Gallery of Modern Art avec le soutien de l’Art Fund, des Amis de la Tate Gallery et du Knapping Fund 1999. © Successió Miró / Adagp, Paris, 2018. Photo Successió Miró Archive.
Scénographie
 
Joan Miró (1893-1983). Peinture (Femme, journal, chien), 1925, huile sur toile, 92 x 73 cm. Collection particulière.
 
Pablo Picasso et Joan Miró, Vallauris, 1948. Archive Successió Miró. © Successió Picasso 2018.
5 - Le surréalisme, 1925-1927
Scénographie
V. LE SURRÉALISME, 1925-1927

En 1923, Miró vit et travaille à Paris au 45, rue Blomet, dans un atelier qu’il ne quittera chaque été que pour se rendre à Mont-roig. Très vite, il partage les préoccupations de ses amis poètes et écrivains et en comprend les nouveaux enjeux. Il plonge littéralement dans un univers poétique qui le libère des carcans de la tradition. La réalité visible n’est plus son modèle. Les éléments du réel se métamorphosent désormais en un système de signes. L’imaginaire se déploie pour se substituer à la représentation du réel. En 1924 paraît Le Manifeste du surréalisme d’André Breton. Si la poétique surréaliste joue un rôle essentiel, Miró ne se laissera jamais conduire par des idées littéraires. Il reste avant tout un peintre même s’il cherche à abolir la limite entre écriture et peinture. Sur des fonds monochromes comme extraits du ciel ou de la terre, bleus ou ocres, s’inscrivent des signes qui renvoient au potentiel poétique des objets.
 
Texte du panneau didactique
 

Joan Miró (1893-1983). Peinture-poème (« Photo : ceci est la couleur de mes rêves »), 1925, huile et inscription à la main sur toile ; 97 x 130 cm. États-Unis, New York, The Metropolitan Museum of Art. The Pierre and Maria-Gaetana Matisse Collection, 2002 (2002.456.5). © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo The Metropolitan Museum of Art, dist. Rmn-Grand Palais / image of the MMA.

 
Joan Miró (1893-1983). Main à la poursuite d’un oiseau, 1926, huile sur toile, 92 x 73 cm. Collection particulière.
 
Joan Miró (1893-1983). L’Addition, août-septembre 1925, huile sur toile encollée, 195 x 129,2 cm. France, Paris. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, achat en 1983.
6 - Les paysages imaginaires, 1927
Scénographie
VI. LES PAYSAGES IMAGINAIRES, 1927

Durant les étés 1926 et 1927 à Mont-roig, Miró travaille à deux séries de Paysages imaginaires. Sept toiles sont exécutées au cours de chaque été. On assiste au retour de la ligne d’horizon partageant le paysage en deux zones mais surtout au retour des aplats de couleurs vives saturées (bleus outremer lumineux, jaunes et oranges puissants, carmins et verts intenses). La ligne de Miró fait naître dans l’allégresse des êtres, des animaux, des insectes. Diurnes ou nocturnes, ces paysages emprunts de drôlerie et de truculence racontent la vie d’un monde cosmique. Dans cet univers, tout est métamorphose naturelle et hors échelle. Grâceà Pierre Loeb, les quatorze grandes toiles des étés 1926 et 1927 seront exposées en 1928 à la prestigieuse galerie Georges Bernheim, rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). Paysage (Le Lièvre), 1927, huile sur toile ; 129,6 x 194,6 cm. États-Unis, New York. The Solomon R. Guggenheim Museum, 1957. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo The Solomon R. Guggenheim Foundation / Art Resource, NY, dist. Rmn-Grand Palais / The Solomon R. Guggenheim Foundation / Art Resource, NY.
 
Joan Miró (1893-1983). Intérieur hollandais (III), 1928, huile sur toile ; 130 x 97 cm. États-Unis, New York. The Metropolitan Museum of Art, legs de Florene M. Schoenborn, 1995. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo The Metropolitan Museum of Art, dist. Rmn-Grand Palais / Malcom Varon.
 
Joan Miró (1893-1983). Intérieur hollandais (I), 1928, huile sur toile, 91,8 x 73 cm. États-Unis, New York, The Museum of Modern Art. Mrs. Simon Guggenheim Fund, 1945. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Successió Miró Archive.
Scénographie avec, de gauche à droite, de Joan Miró (1893-1983) :
- Peinture, 1927, huile sur toile, 61 x 50 cm. Monaco, Nanmad Collection.
- Peinture (La Sirène), 1927, huile sur toile, 61 x 50 cm. Monaco, Nanmad Collection.
- Peinture, 1927, huile sur toile, 61 x 50 cm. Monaco, Nanmad Collection.
 
Joan Miró (1893-1983). L’Objet du couchant, été 1935 - mars 1936, assemblage : tronc de caroubier peint, ressort de sommier, brûleur à gaz, chaîne, manille et ficelles, 68 x 44 x 26 cm. France, Paris. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, achat en 1975.
 
Joan Miró (1893-1983). Peinture, 1927, huile sur toile, 129 x 97 cm. France, Paris. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, dation 1994, ancienne collection Jean et Geneviève Masurel, en dépôt depuis 2010 au LaM, Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, Villeneuve d’Ascq.
Lise Hirtz et Joan Miró. Il était une petite pie. Sept chansons et trois chansons pour Hyacinthe, 1928. Huit dessins en couleur par Joan Miró, In-4° in 26 feuillets ; livret en feuilles avec cartonnage toilé gris de l’éditeur, premier plat illustré en noir et vert, attaches en toile de bise noire ; textes et illustrations en noir, coloré au pochoir par le Maître coloriste Saudé. Chaque copie est signée à l’encre noire. Couverture + 17 pages : 28 x 22,5 cm chaque. Paris, Éditions Jeanne Bucher, 1928, exemplaire n° 239/300. Avec l’aimable autorisation de Jeanne Bucher, Jaeger, Paris.
Voir détail ci-dessous.

 
Lise Hirtz et Joan Miró. Il était une petite pie (voir ci-dessus).
7 - La montée des fascismes
Scénographie
VII. LA MONTÉE DES FASCISMES

En écho aux crises financières, sociales et politiques qui secouent les années 1930, le grotesque et l’inquiétant s’imposent dans l’oeuvre de Miró. En 1935, un an avant la guerre d’Espagne, le drame s’annonce dans un cycle dit des « peintures sauvages », peuplées de figures aux faciès grimaçants. Le désarroi de Miró està son comble lorsque l’été 1936 la guerre civile éclate. Contraint de s’exiler à Paris avec sa famille, il retourne travailler à l’académie de la Grande Chaumière. Il dessine des figures dont les puissantes distorsions trahissent son humeur acerbe. Sous le feu des forces franquistes puis des forces allemandes qui bombardent la ville de Guernica le 26 avril 1937, Miró ressent le besoin de s’appuyer sur le réel. Il peint des natures mortes très réalistes aux couleurs incandescentes et des paysages nocturnes qui reflètent son angoisse face aux bouleversements du monde.
 
Texte du panneau didactique
 

Joan Miró (1893-1983). Peinture-poème (« Une étoile caresse le sein d’une négresse »), 1938, huile et inscription à la main sur toile ; 130 x 195 cm. Royaume-Uni, Londres Tate, acquisition 1983. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Successió Miró Archive.

 
Joan Miró (1893-1983). Peinture (Oiseaux et insectes), 1938, huile sur toile ; 114 x 88 cm. Autriche, Vienne. The Albertina Museum. The Batliner Collection. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo The Albertina Museum, Vienne – The Batliner Collection.
 
Joan Miró (1893-1983). Peinture (« Escargot, femme, fleur, étoile »), 1934, huile sur toile ; 195 x 172 cm. Espagne, Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, 1992. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía / Photographic Archives Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía.
 
Joan Miró (1893-1983). Femme, 1934, pastel sur papier velours ; 106 x 71 cm. Collection particulière. © Successió Miró / Adagp, Paris, 2018. Photo collection particulière / Peter Schälchli, Zürich.
 
Joan Miró (1893-1983). Peinture, 1930, huile, fusain et plâtre sur toile, 230 x 150 cm. Suisse, Riehen/Bâle, Fondation Beyeler. Beyeler Collection.
8 - Les peintures sur masonite, 1936
Scénographie
VIII. LES PEINTURES SUR MASONITE, 1936

Au moment où la guerre civile éclate en Espagne en juillet 1936, Miró, qui est à Mont-roig, commenceà peindre durant l’été vingt-sept peintures d’un format identique (78 x 108 cm) sur masonite (Isorel), qu’il achèvera en octobre. D’une « grande puissance d’expression » et d’une « grande force de matière », celles-ci sont réalisées avec les blancs plâtreux de la caséine en taches, le Ripolin noir, et des matières pulvérulentes qui semblent carbonisées (goudron, bitume, gravier). Des couleurs pures disposées parcimonieusement mais puissamment viennent se détacher du jeu dominant des noirs et des blancs. Des êtres élémentaires, des signes bruts, des formes organiques isolées, tous échappés de l’inconscient du peintre, s’inscrivent sur la masonite laissée brute, qui apparait en fond. Ces peintures exemplaires, qui sont des « exorcismes,
violents, instinctifs » aux événements, ne connaîtront aucun prolongement. Elles sont pour Miró les seules réponses possibles face à l’épouvante.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). Groupe de personnages, 1938, huile sur toile, 73 x 92 cm. Collection particulière.
 
Joan Miró (1893-1983). Peinture, été 1936, huile sur masonite, 108 x 78 cm. Collection particulière.
 
Joan Miró (1893-1983). Sans titre (Femme en révolte), 1938, gouache, pastel et fusain sur papier, 64,2 x 50 cm. Collection particulière.
9 - Les constellations, 1939-1941
Scénographie
IX. LES CONSTELLATIONS, 1939-1941

À l’été 1939, Miró s’installe avec sa famille au Clos des Sansonnets à Varengeville-sur-mer, où résident déjà Georges Braque, Raymond Queneau, Georges Duthuit, Pierre Loeb, Paul Nelson, Herbert Read. En dépit des événements tragiques qui secouent l’Europe, Miró trouve dans ce petit village de la côte normande le calme de la vie qu’il a connu autrefois à Mont-roig. Dans un état de concentration intense, il commenceà travailler à la série des Constellations qu’il continuera à Palma de Majorque et achèvera à Mont-roig en septembre 1941. Ces vingt-trois gouaches sur papier, toutes du même format (38 x 46 cm), sont pour lui l’occasion d’expérimenter des textures en partie pour pallier les pénuries en matériaux provoquées par la guerre. La réussite de ces petits formats réside dans la fusion parfaite entre la matière et l’écriture des signes colorés. Miró élabore une nouvelle langue idéographique de pictogrammes, qui sera déterminante pour toute l’oeuvre à venir. Exposées en 1945 à la galerie Pierre Matisse à New York, les Constellations sont accueillies avec enthousiasme par le public américain.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). L’Étoile matinale, 16 mars 1940, gouache, huile et pastel sur papier, 38 x 46 cm. Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró, don de Pilar Juncosa de Miró.
 
Joan Miró (1893-1983). L’Oiseau migrateur, 26 mai 1941, gouache et huile sur papier ;  46 x 38 cm. Collection particulière. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Image courtesy Acquavella Galleries.
 
Joan Miró (1893-1983). Femmes au bord du lac à la surface irisée par le passage d’un cygne, 14 mai 1941, gouache et huile sur papier, 46 x 38 cm. Collection particulière.
10 - Le pavillon de la République espagnole, 1937
Scénographie avec, au centre, Aidez l’Espagne, 1937, pochoir en couleur sur vélin, d’Arches signé par Joan Miró en 1981
(60 copies H.C.), 31,5 x 24,5 cm.
France, Paris. Éditions Cahiers d’Art.
X. LE PAVILLON DE LA RÉPUBLIQUE ESPAGNOLE, 1937

Le 26 avril 1937, les Allemands bombardent la ville de Guernica. En vue de collecter des fonds pour aider l’Espagne républicaine, Christian Zervos demande à Miró de réaliser un timbre, Aidez l’Espagne, qui sera agrandi par la suite en une affiche au tirage limité. Le même mois, le gouvernement espagnol commande à Miró une décoration destinée au pavillon de la République espagnole conçu par Josep Lluís Sert et Luis Lacasa pour l’Exposition universelle qui se tient à Paris du 25 mai au 25 novembre 1937. Il réalise un grand panneau mural de sept mètres représentant un paysan espagnol en révolte, El Segador [Le Faucheur], qui fait face à la toile monumentale de Picasso, Guernica. Le sculpteur Julio González fait le choix de présenter La Montserrat (1936-1937), Alberto Sánchez Pérez réalise une sculpture de douze mètres qui porte l’inscription « Le peuple espagnol suit son chemin, il mène à une étoile » et Alexandre Calder, seul artiste non espagnol, présente la Fontaine de mercure. L’ensemble de ces oeuvres, ouvertement politiques, symbolise la résistance au fascisme franquiste.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). Vue du pavillon de la République espagnole dessiné par l’architecte Josep Lluis Sert et Luis Lacasa pour l’Exposition universelle à Paris en 1937.
 
Joan Miró (1893-1983). Femme devant le soleil, 5 août 1942, fusain, encre et aquarelle sur papier ; 110 x 79 cm. Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró en prêt d’une collection particulière. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Successió Miró Archive.
 
Joan Miró (1893-1983). Personnage, oiseau, étoile, 26 janvier 1943, aquarelle, pastel et crayon sur papier, 65 x 50 cm. Espagne, Madrid, collections Fundación Mapfre, en dépôt temporaire.
 
Anonyme. Joan Miró en train de peindre Le Faucheur, Pavillon Espagnol, Exposition Universelle, Paris, 1937. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Successió Miró Archive.
 
Joan Miró (1893-1983). Sans titre, 1938, gouache sur papier, 48 x 63,5 cm. Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró en prêt d’une collection particulière.
11 - La céramique
Scénographie
XI. LA CÉRAMIQUE

Sans doute est-ce dans le travail de la céramique que le génie de Miró trouve son expression la plus pleine. Pressentant dans cet art de grandes possibilités, il fait appel, en novembre 1942, à son vieil ami Josep Llorens i Artigas, rencontré en 1917 à Barcelone. Cette technique va mobiliser toutes les facettes de son talent. Avec Artigas, toujours soucieux de faciliter la réalisation des ambitions les moins conventionnelles de son ami, il apprend à modeler la terre, à la presser contre une matrice pour obtenir une empreinte, ou encore à la travailler au tour pour façonner un volume creux. Il enduit ensuite la surface de ses pièces de couleurs et agrémente la texture de signes. L’étape suivante concerne le feu lui-même, dont les effets imprévisibles constituent pour Miró « des surprises excitantes ». Aux vases, aux plats et aux nombreuses plaques rectangulaires réalisées entre 1944 et 1946 succèdera en 1953 l’exceptionnelle série des Terres de grand feu cuites dans les fours qu’Artigas a installés dans le village de Gallifà. Contrairement à Pablo Picasso qui réalise des multiples de ses céramiques, Miró ne réalise que des pièces uniques.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró et Josep Llorens Artigas. Tête d’Ubu, 1971-1972, terre cuite, 88 x 70 x 90 cm. France, Le Cateau-Cambresis, Musée départemental Matisse, donation de Mme Alice Tériade, 2000.
 
Joan Miró (1893-1983). Maquette de l’Arc à la Fondation Maeght VIII, 1963, céramique ; 53 x 57 x 22 cm. France, Saint-Paul. Fondation Marguerite et Aimé Maeght. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Claude Germain - Archives Fondation Maeght.
 
Joan Miró et Josep Llorens Artigas. OEuf de mammouth, 1956, céramique, H. 62 cm, diam. 42 cm. France, Saint-Paul, Fondation Marguerite et Aimé Maeght.
Scénographie
 
Joan Miró (1893-1983). De l’assassinat de la peinture à la céramique (calligraphie pour une édition spéciale des Cahiers d’Art consacrée à Picasso, vol. 23, 1948), 1948, encre de Chine sur papier vélin (8 pages), 32,2 x 25,2 ; 32,2 x 25,3 ; 32,5 x 25,1 ; 32,5 x 25,3 ; 32,5 x 50,5 ; 32,5 x 50,5 ; 32,2 x 25,8 ; 32,2 x 25,3 cm. France,Vézelay. Musée Zervos. Pages 1 et 8.
Scénographie
Vitrine avec, de Joan Miró et Josep Llorens Artigas, de gauche à droite, puis en haut :
- Femme,
1945, céramique réfractaire, 25 x 32 x 30 cm.
Collection particulière.
- Grand vase, 1956, grès, H. 60 cm, diam. 23 cm. Collection particulière.
- Grand vase, 1956, grès, H. 60 cm, diam. 25 cm. Collection particulière.
- Plat personnage coloré, 1956, grès peint, diam. 37 cm. Collection particulière. Voir ci-dessous.
 
Joan Miró et Josep Llorens Artigas. Plat personnage coloré, 1956, grès peint, diam. 37 cm. Collection particulière.
 
Joan Miró et Josep Llorens Artigas. La Déesse, 1956, Grès, 32,5 x 27,5 x 25 cm. Collection particulière.
 

 

Albert Solé
Joan Miró, Le Feu intérieur

 

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12 - Les années d'après-guerre, 1947-1954
Scénographie
XII. LES ANNÉES D’APRÈS GUERRE, 1947-1954

Dès la fin des hostilités, Miró renoue avec ses amis et ses marchands, s’informe des nouveaux courants artistiques, et de tout ce qui se passe dans le monde. En 1947, il effectue un séjour de huit mois à New York qui produit sur lui une forte impression. Après des années de solitude, il tisse de nouveaux liens, retrouve son vieil ami Alexandre Calder. Par l’entremise de Pierre Matisse, il reçoit la commande d’une grande peinture murale pour la salle de restaurant du Terrace Plaza Hotel à Cincinatti. De retour de ce séjour, Miró s’emploie dans ses oeuvres à une nouvelle économie de moyens : des tracés noirs épais s’affirment sur la surface de la toile avec spontanéité. La vision de Miró est réduite à un langage codifié, immédiatement reconnaissable reposant sur des points et des cercles pour les yeux, des arcs et des croix pour les astres, des signes verticaux et horizontaux pour les sexes et les oiseaux. Les années d’après-guerre sont aussi pour Miró l’occasion de travailler avec Josep Llorens i Artigas, passé maître dans l’art du feu, de prolonger son travail de sculpteur et de développer son oeuvre lithographique.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). Femmes et oiseau dans la nuit, 5 mai 1947, huile sur toile, 73 x 92 cm. États-Unis, New York, Calder Foundation. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Calder Foundation, New York / Art Resource, NY.
 
Joan Miró (1893-1983). Autoportrait, 1937-1960, huile et crayon sur toile, 146 x 97 cm. Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró en prêt d’une collection particulière.

Pendant les derniers mois de 1937 et le début de l’année suivante, Miró réalise son autoportrait. D’un entrelacs complexe de lignes souples et fluides émergent dans une parfaite exactitude la morphologie de la tête, les yeux, le nez, les oreilles. En 1960, il fait exécuter une copie de cet autoportrait par un dessinateur de l’atelier de l’architecte Paul Nelson. Miró s’acharne à transcender son image par l’ajout d’un épais trait noir et de cinq taches de couleur. Par cet étrange dialogue entre les deux autoportraits aux styles radicalement différents, le peintre engage un dialogue profond entre passé et présent.
 
Joan Miró (1893-1983). Femme et oiseau dans la nuit, 26 janvier 1945, huile sur toile, 146 x 114 cm. Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró en prêt d’une collection particulière. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Successió Miró Archive.
 
Joan Miró (1893-1983). Peinture, 1953, huile sur toile, 195 x 130 cm. Monaco, Nanmad Collection.
 
Joan Miró (1893-1983). Peinture, 1953, huile sur toile, 195 x 97 cm. Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró en prêt d’une collection particulière.
13 - Sculptures
Scénographie avec, au premier plan, Monsieur et Madame, 1969, bronze peint. Fondation Maeght
XIII. SCULPTURES

En 1966, Miró commence une série de sculptures conçues dans un esprit poétique, humoristique ou subversif. Toutes procèdent de la même démarche : une récolte d’objets insignifiants, hors d’usage, inspirant de possibles métamorphoses. À l’atelier, Miró combine ses trouvailles au gré de sa fantaisie jusqu’à ce qu’il trouve l’équilibre idéal : une caisse et une fourche (Femme et oiseau, 1967) ; un mannequin de couture et un robinet (Jeune Femme s’évadant, 1968) ; un petit pain, une calebasse et un tronc de palmier (Personnage et oiseau, 1968) ; un bonnet de mule, un oiseau en terre, un morceau de bois troué, une planche à repasser et une carapace de tortue (La Caresse d’un oiseau, 1967). À partir de ces assemblages, il réalise des tirages en bronze. Ce matériau noble lisse l’aspect hétéroclite de ces compositions, même si chacun des éléments reste identifiable. Peut-être inspiré par les sculptures de son vieil ami Calder, rencontré à Paris en 1928, Miró recouvre de Ripolin aux couleurs pures les surfaces de certains de ses assemblages. Les aplats de couleurs viennent distinguer ce que le bronze avait dans un premier temps unifié. Ces sculptures cocasses tournent en dérision la technique traditionnelle du bronze.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). L’Oiseau se niche sur les doigts en fleurs, 1969, bronze (cire fondue). Findicio paralleda, Barcelona, 81 x 46 x 25 cm. France, Saint-Paul, Fondation Marguerite et Aimé Maeght.
 
Joan Miró (1893-1983). Jeune fille s’évadant, 1967, bronze peint (fonte au sable) ; Susse Fondeur, Arcueil, Paris, 168 x 38 x 59 cm. Collection particulière, © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Successió Miró Archive.
 
Joan Miró (1893-1983). Femme et oiseau, 1967, bronze peint (coulé au sable). Susse Fondeur, Arcueil, Paris, 257 x 83 x 55 cm. France, Saint-Paul. Fondation Marguerite et Aimé Maeght. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Claude Germain - Archives Fondation Maeght.
 
Joan Miró (1893-1983). Femme, 1969, bronze (cire fondue). Fonderie T. Clementi, Meudon, Paris, 104 x 57,5 x 25,5 cm. France, Saint-Paul, Fondation Marguerite et Aimé Maeght.
 
Joan Miró (1893-1983). Femme assise et enfant, 1967, bronze peint (cire fondue). Fonderie T. Clementi, Meudon, Paris, 121 x 43 x 47 cm. France, Saint-Paul, Fondation Marguerite et Aimé Maeght.
14 - Le grand atelier de Majorque
Joan Miró (1893-1983). Peinture (Pour Emil Fernández Miró), 1963, huile et acrylique sur toile, 75 x 280 cm.
Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró en prêt d’une collection particulière.
XIV. LE GRAND ATELIER DE MAJORQUE

En 1956, Miró s’installe dans la villa qu’il a achetée à Son Abrines dans la banlieue de Palma de Majorque et demande à son ami l’architecte Josep Lluis Sert de construire en contrebas de sa maison d’habitation le grand atelier dont il a toujours rêvé. Dans ce nouvel espace, Miró a pour la première fois la possibilité de déballer les caisses dans lesquelles étaient conservées les oeuvres qu’il n’avait pas revues depuis son départ de Paris avant la guerre. Ce retour sur le passé l’amène à faire son autocritique. Miró détruit un certain nombre de toiles, en retravaille certaines. Il s’engage dans de nouvelles directions. Tous les éléments de son langage plastique sont convoqués, toutes les techniques sont abordées sans aucune hiérarchie de valeur.
Il les interroge chacune avec un égal respect. Les conditions sont maintenant réunies pour, comme Miró le souhaitait depuis 1934, « dépasser la peinture de chevalet » et mettre son art à la portée de tous.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). Le Vol de l’oiseau par le clair de lune, 30 octobre 1967, huile sur toile, 130 x 260 cm. Monaco, Nanmad Collection.
15 - Bleu I, Bleu II, Bleu III, 1961
Scénographie
XV. BLEU I, BLEU II, BLEU III, 1961

Bleu I, Bleu II et Bleu III sont les premières oeuvres monumentales créées en 1961 dans le grand atelier de Palma de Majorque. Dès février 1960, Miró commence à réfléchir à une série de tableaux bleus pour lesquels il aspire à un grand dépouillement, mais qui lui demande une grande tension intérieure. Il dessine de minuscules esquisses griffonnées à l’encre et au crayon qu’il punaise sur les montants des châssis des toiles encore vierges disposées contre les murs de l’atelier. Presque dix mois s’écoulent avant l’ébauche au fusain sur la toile et le passage à l’acte de peindre. Datées au verso, les trois toiles sont achevées le 4 mars 1961, soit trois mois à peine après la dernière série d’esquisses. La source de ces trois peintures magistrales se trouve dans des toiles de 1925 très épurées au fond très travaillé. Les trois Bleus sont ainsi une synthèse de toutes les expériences menées par Miró, « l’aboutissement », comme il le dit lui-même, « de tout ce qu’[il] a essayé de faire ».
 
Texte du panneau didactique
 
Anonyme. Joan Miró retouchant Bleu II, Galerie Maeght, Paris 1961. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Successió Miró Archive.
 
Scénographie avec Bleu I et Bleu II.
 
Joan Miró (1893-1983). Bleu II, 4 mars 1961, huile sur toile ; 270 x 355 cm. France, Paris. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, don de la Menil Foundation en mémoire de Jean de Menil, 1984. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. Rmn-Grand Palais / Philippe Migeat.
 
Joan Miró (1893-1983). Oiseau Lunaire, 1966, Bronze. Susse Fondeur, Arcueil, Paris, tirage 1/1, 130 x 115 x 85 cm. Collection particulière. Fondation Marguerite et Aimé Maeght.
 
Joan Miró (1893-1983). Bleu III, 1961, huile sur toile, 268 x 349 cm. France, Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, achat en 1988.
16 - L'Œuvre ultime
Scénographie avec, à droite, de Joan Miró (1893-1983) : Personnage dans un paysage, 1976.
Lavis d’encre de Chine et fusain sur toile trouée et brûlée, 107 x 200,5 cm.
France, Saint-Paul, Fondation Marguerite et Aimé Maeght.
XVI. L’OEUVRE ULTIME

Dans la dernière partie de sa vie, Miró multiplie les défis et fait preuve d’une grande pugnacité physique et mentale. L’humour, l’esprit de jeu et de provocation l’animent plus que jamais. Animé d’une fièvre créatrice, Miró joue sur tous les registres, repousse les limites de ce qu’il a découvert et déjà exploré, tout en s’aventurant sur de nouveaux chemins. À l’épure azurée ou blanche de ses grands triptyques, il oppose l’intrusion du feu qui vient détruire ses Toiles brûlées. Son élan créateur le pousse à affronter avec toujours plus de liberté la matière, l’espace de la toile et à imposer l’immense pouvoir de ses signes graphiques. Miró se livre sans retenue dans une peinture qui exige l’engagement du corps entier. Il trempe ses doigts dans la couleur, peint avec ses poings, marche sur sa toile. Retrouvant une puissance toute primitive, Miró renouvelle l’enchantement et le choc des nombreuses découvertes qui ont prévalu à toutes les périodes de son oeuvre.
 
Texte du panneau didactique
 
Joan Miró (1893-1983). Personnages et oiseaux en fête pour la nuit qui approche, 1968, huile sur toile, 96 x 130 cm. Collection particulière.
Scénographie avec, au centre, de Joan Miró (1893-1983) : L'Oiseau solaire, 1966, bronze. Palma de Majorque, collection Successió Miró.
 
Joan Miró (1893-1983). Femme devant la lune II, 15 avril 1974, acrylique sur toile, 269,5 x 174 cm. Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró.
 
Joan Miró (1893-1983). Femme devant le soleil I, 15 avril 1974, acrylique sur toile, 258,5 x 194 cm. Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró.
 
Joan Miró (1893-1983). Femme, oiseau, étoile (Hommage à Pablo Picasso, 15 février 1966), 15 février 1966 - 8 avril 1973, huile sur toile ; 245 x 170 cm. Espagne, Madrid. Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, 1988. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía / Photographic Archives Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía.
 
Joan Miró (1893-1983). Silence, 17 mai 1968, huile sur toile, 173,4 x 242,9 cm. France, Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, dation en 1982.
Scénographie avec le triptyque L’Espoir du condamné à mort (voir ci-dessous).
 
L’Espoir du condamné à mort I, 9 février 1974. Acrylique sur toile. Espagne, Barcelone. Fundació Joan Miró.
 
Joan Miró (1893-1983). L’Espoir du condamné à mort II, 9 février 1974, acrylique sur toile ; 267 x 351 cm. Espagne, Barcelone. Fundació Joan Miró. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Fundació Joan Miró, Barcelone / Jaume Blassi.

En 1974, l’exécution par le régime franquiste de l’étudiant anarchiste catalan Puig Antich est à l’origine du dernier triptyque de Miró. Sur des fonds blancs troublés par des giclures, des coulées, une ligne noireépaisse, qui évoque le profil d’un visage, se déploie sans jamais se refermer. De toile en toile, son évolution est remarquable de simplicité. Celle-ci se réduit à la mesure de la vie et de l’espoir du condamné. La tache colorée passe du rouge sang au bleu et au jaune, de l’extérieur à l’intérieur de la ligne. Dans le dernier volet du triptyque, une grande coulée de peinture blanche apparaît au niveau de la tête, réduite à une simple ligne recourbée d’où émerge une tache jaune lumineuse. Lors de sa rétrospective en 1978, au Museo Español de Arte Contemporáneo, Miró, qui contemple la triple scène, déclare : « Ce triptyque détermine un espace religieux, de méditation, de solitude, de silence. C’est une chapelle, aux deux sens du mot. […] Je l’ai terminé, sans le savoir, le jour même où ils ont garrotté ce pauvre jeune nationaliste catalan. »

 
 
L’Espoir du condamné à mort III, 9 février 1974. Acrylique sur toile. Espagne, Barcelone. Fundació Joan Miró.
Scénographie
 

Joan Miró (1893-1983). Peinture, vers 1973, huile et craie sur toile ; 270 x 355 cm. Espagne, Palma de Majorque. Fundació Pilar i Joan Miró a Mallorca. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Arxiu Fotogràfic de la Fundació Pilar i Joan Miró a Mallorca / photo Joan Ramon & David Bonet.

 
Joan Miró (1893-1983). Toile brûlée II, 1973, acrylique sur toile coupée et brûlée ; 130 x 195 cm. Espagne, Barcelone. Fundació Joan Miró en prêt d’une collection particulière. © Successió Miró / Adagp, Paris 2018. Photo Successió Miró Archive.
 
Joan Miró (1893-1983). Oiseau solaire, 1966, bronze (coulé au sable). Susse Fondeur, Arcueil, Paris, 120 x 180 x 102 cm. Espagne, Palma de Majorque, collection Successió Miró en dépôt à la Fundació Pilar i Joan Miró a Mallorca.
 
Joan Miró (1893-1983). Femmes, oiseaux, 2 août1973, acrylique, crayon et cire sur bâche non étirée, 302 x 257 cm. Espagne, Barcelone, Fundació Joan Miró, don de Pilar Juncosa de Miró.
 
Joan Miró (1893-1983). Les oiseaux de proie foncent sur nos ombres, 1970, huile sur peau (vache), 250 x 200 cm. Collection particulière.
 
Joan Miró (1893-1983). Peinture, vers 1973, huile et craie sur toile, 270 x 355 cm. Espagne, palame de Majorque, Fundació Pilar i Joan Miró a Mallorca.

« Les gens comprendront de mieux en mieux que j’ouvrais des portes sur un autre avenir,
contre toutes les idées fausses, tous les fanatismes. »


Joan Miró, dans Ceci est la couleur de mes rêves, entretiens avec Georges Raillard, Paris, Seuil, 1977, p. 168.