
Parcours en images et en vidéos de l'exposition
MATISSE ET MARGUERITE
Le regard d’un père
avec des visuels
mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue
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Titre de l'exposition |
De tous les visages peints par Henri Matisse, il en est un qui se distingue par une émotion particulière: celui de sa fille, Marguerite. L’artiste fit d’elle plus d’une centaine de portraits, depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte. Marguerite Matisse fut son modèle le plus fidèle, le seul à avoir habité son œuvre au cours de plusieurs décennies.
Le peintre trouva en sa fille une modèle empathique et intrépide, prête à l’accompagner dans ses expérimentations les plus audacieuses. Davantage que toute autre, elle permit au peintre de lâcher prise et de s’aventurer en territoires inconnus. «Ce tableau veut m’emmener ailleurs», lui dit-il un jour alors qu’elle posait pour lui, «t’y sens-tu prête ?» De cette profonde complicité naîtront des toiles parmi les plus belles et les plus radicales de Matisse, mais aussi de nombreux dessins, dont certains sont exposés pour la première fois en France.
Réunis, ces portraits témoignent de la force du lien qui unissait le père à sa fille. Matisse s’y devine en parent attentionné et délicat, empli d’affection pour son enfant à la santé fragile, puis d’admiration pour celle qui, à cinquante ans, s’engagea dans la Résistance au péril de sa vie. Ils permettent d’évoquer le destin méconnu de cette figure essentielle de l’entourage du peintre, et de découvrir, sous l’angle le plus personnel et intime, l’œuvre de l’un des plus grands artistes du XXe siècle.
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Texte du panneau didactique. |
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Citation.
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1 - « Cette petite fille-là ...»
1894-1905
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Fille d’Henri Matisse et de Caroline Joblaud, Marguerite voit le jour en 1894. Non marié, le couple s’était rencontré à Paris, Matisse ayant quitté son Nord natal pour venir étudier la peinture dans la capitale. Il n’a alors que vingt-quatre ans.
En 1897, le couple se sépare et Matisse reconnaît officiellement Marguerite, qui portera désormais son nom. L’année suivante, le peintre épouse Amélie Parayre, qui propose d’élever Marguerite comme sa propre enfant. Surnommée affectueusement « Margot », la petite fille nourrit un profond attachement pour sa mère adoptive et grandit aux côtés de ses frères Jean et Pierre. «Nous sommes comme les cinq doigts de la main», écrira-t-elle plus tard à propos de ce noyau familial très soudé.
Son enfance est marquée par la maladie: à l’âge de sept ans, suite à une diphtérie, elle subit une première trachéotomie, dont elle dissimulera longtemps la cicatrice sous des cols montants ou un ruban noir, attribut distinctif de ses portraits. Privée d’une scolarité normale en raison de sa santé fragile, elle devient une authentique «gosse d’atelier», témoin attentif du travail de Matisse. Les audaces chromatiques des tableaux de son père sont pour elle toutes naturelles: elle baigne quotidiennement dans cette intensité des couleurs qui fait scandale au Salon d’Automne de 1905, et qui prend le nom de «fauvisme».
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Texte du panneau didactique. |
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Henri Matisse (1869-1954). Intérieur à la fillette (La Lecture). Paris, quai Saint-Michel, automne-hiver 1905-1906.Huile sur toile, 72,7 x 59,7 cm. New York, The Museum of Modern Art. Crédit: Digital image, The Museum of Modern Art, New York / Scala, Florence.
Ce tableau dépeint Marguerite, alors âgée de onze ans, assise à un petit bureau dans l’étroit atelier du quai Saint-Michel. Le front appuyé sur la main, elle baisse le regard sur un livre. Cette posture concentrée et recueillie contraste avec la touche rapide et dynamique avec laquelle Matisse a peint cette toile. Les couleurs vives et irréalistes, caractéristiques du fauvisme, contaminent tout l’environnement, jusqu'à la chevelure à moitié verte de Marguerite. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite, 1901 ou 1906. Huile sur panneau. Collection particulière, San Francisco.
Marguerite apparaît ici comme une enfant pâle au regard grave. Ses grands yeux sombres contrastent avec les tons clairs qui recouvrent son visage tel un masque. Ce portrait silencieux et envoûtant a sans doute été peint peu de temps après la lourde opération de Marguerite. Matisse s'y dévoile en père éminemment sensible et touché par la fragilité, mais aussi la force, de sa petite fille malade. |
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Henri Matisse (1869-1954). Profil d'enfant (Marguerite). Paris, 1902-1903. Bronze. Collection particulière.
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2 - Collioure
1906-1907
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Scénographie |
À l’été 1906, Matisse, Amélie et leurs trois enfants s’installent à Collioure, modeste village de pêcheurs situé au bord de la Méditerranée. Le peintre réalise alors une première grande série d’œuvres d’après Marguerite. Âgée de douze ans, la petite fille s’affirme comme modèle privilégié de son père, apparaissant sur tous types de supports. Ses longs cheveux ornés d’un ruban rouge se déclinent ainsi dans plusieurs tableaux et dessins, mais aussi en gravure, sculpture et céramique.
Au sein de cet ensemble foisonnant, une œuvre se dégage et deviendra l’une des plus emblématiques de Matisse. Il s’agit de Marguerite lisant, que le peintre choisit d’exposer au Salon d’Automne dès le mois d’octobre 1906. La petite fille apparaît absorbée dans sa lecture, la tête appuyée sur le poing. Sa pose rappelle celle du tableau fauve réalisé quelques mois plus tôt à Paris, mais la facture de l’artiste a déjà évolué. La touche vive et fragmentée a laissé place à une approche plus calme, assagie. Une nouvelle force méditative se dégage de la toile, dont le cadrage serré accentue le sentiment d’intimité.
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Texte du panneau didactique. |
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Henri Matisse (1869-1954). Fillette debout, bras le long du corps. Collioure, 1906. Bronze. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Études pour Marguerite lisant. Collioure, été 1905. Encre noire sur papier. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Études pour Marguerite lisant. Collioure, été 1905. Encre noire sur papier. Collection particulière. |
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Henri Matisse (1869-1954). Étude pour Marguerite lisant. Collioure, été 1906. Huile sur panneau. Collection particulière, États-Unis.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite lisant. Collioure, été 1906. Huile sur toile, 64,5 x 80,3 cm. Musée de Grenoble. Legs Agutte-Sembat, 1923.
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Auteur inconnu. Henri Matisse, Amélie Matisse et Marguerite Matisse dans l’atelier de Collioure, 1907. Photographie Archives Henri Matisse. Crédit: Archives Henri Matisse.
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Henri Matisse (1869-1954). Tête de fillette (Marguerite). Collioure, 1906. Bronze, 16 x 17 x 15 cm. Paris, musée d’Orsay. Donation de Madame Jean Matisse à l’État français pour dépôt au musée Matisse, Nice, 1978. Crédit: Photo © François Fernandez.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite à la rose, vers 1907. Faïence stannifère à décor de grand feu polychrome, cuite dans l'atelier d'André Metthey (1871-1920). Musée de Grenoble. Don de Lucien Vollard in memoriam Ambroise Vollard en 1940.
Autour de 1907, Matisse réalise plusieurs pièces en céramique dans l'atelier d'André Metthey, à Asnières. Pour cette assiette, il crée une image de Marguerite adaptée au support et à ses contraintes techniques. Il résume en quelques traits les yeux, le nez, la bouche, le menton, la chevelure détachée ou encore la dentelle du col montant. Le nœud rouge qui retenait les mèches de Marguerite se mue en fleur décorative. |
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Henri Matisse (1869-1954). Margot. Collioure, été 1906. Huile sur toile, 81 x 65 cm. Kunsthaus Zürich, 1925. © Kunsthaus Museum.
Dans ce tableau, Marguerite se trouve affublée d’un grand chapeau qui lui donne l’allure, factice, d’une dame. La robe rouge à pois blancs de Marguerite lisant se trouve ici peinte en bleue, comme si Matisse avait voulu l'accorder avec les teintes de l'arrière-plan. Simplement divisé par une ligne d'horizon, le fond évoque les étendues de la mer et du ciel. Le teint pâle du visage de Marguerite, moitié ombre, moitié lumière, semble se refléter sous le bord de son chapeau.
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Scénographie |
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Henri Matisse (1869-1954). Portrait de Marguerite. Collioure, été 1906. Encre noire sur papier. Collection Carol Ann Cowan.
Ce portrait très fouillé est l’un des plus émouvants de Marguerite. Tous les détails de ce visage tant aimé sont là - la fossette au menton, la bouche qui sourit rarement, le nez droit, et surtout les grands et profonds yeux sombres. Sa gravité témoigne d’une histoire déjà longue et traversée d'épreuves. Les yeux un peu rêveurs soutiennent le regard scrutateur de son père, en même temps qu'ils lui échappent. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite en trois poses. Collioure, vers 1906-1907. Encre noire sur papier. San Francisco Museum of Modern Art. Legs Elise S. Haas, 1991.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite. Collioure, vers 1906-1907. Encre noire sur papier, 35 x 26,5 cm. Collection particulière, Wayland, Massachusetts. Crédit : Christie's Images / Bridgeman Images.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite écrivant. Collioure, vers 1906-1907. Encre noire sur papier. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Portrait de Marguerite. Collioure, hiver 1906-1907 ou printemps 1907. Huile sur toile. Collection particulière. En dépôt au musée Matisse, département du Nord, Le Cateau-Cambrésis.
Ce portrait pourrait paraître inachevé: le vêtement de Marguerite de même que le fond sont en grande partie laissés vierges. En apposant sa signature en bas à gauche, Matisse indique pourtant qu'il s’agit bien là d’un état définitif. La composition a trouvé son équilibre, et sera accrochée au mur de l’atelier de Collioure photographié en 1907.
Si elle conserve son col montant et le ruban rouge dans ses cheveux, Marguerite paraît ici bien plus âgée que ses douze ans. Caractéristiques du fauvisme, des roses et des verts irréalistes marquent sa carnation sans toutefois égayer son visage fermé et austère. Ce portrait possède la gravité et la puissance d'interrogation d’une enfant mûrie avant l'heure.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite cousant, vers 1906. Huile et fusain sur toile. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite, vers 1906-1907. Encre noire sur papier. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). La Toilette, vers 1905 -1906. Encre noire sur papier. Baltimore Museum of Art. Don de Pierre-Noël Matisse en mémoire de sa tante Marguerite Matisse-Duthuit, 2013.
Reconnaissable à son ruban noir porté autour du cou. Marguerite apparaît ici dans son rôle d’assistante d'atelier. Comme la plupart des peintres, Matisse dessinait et peignait le nu d’après des modèles. Ce dessin représente Marguerite en train d’aider l’une de ces femmes, juchée sur une chaise qui tient lieu de piédestal: elle lui tend une serviette, debout devant le bain qui a servi à sa toilette. La proximité spatiale des deux figures placées en miroir témoigne de la grande familiarité de Marguerite avec les modèles de son père, comme avec le rituel de la séance de pose. |
3 - Marguerite, modèle d'avant-garde
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Scénographie |
Marguerite offre à son père un visage changeant, parfois rebelle. Très vite, la sage écolière aux yeux baissés se mue en fière adolescente au regard intense. Ces deux portraits marquent le passage de la petite à la jeune fille: les cheveux de Marguerite y sont désormais attachés, tandis que sa posture annonce une personnalité à la fois volontaire et retenue.
Une nouvelle approche se fait jour chez Matisse, marquée par une simplification des formes et des rapports de couleurs. Dans son portrait surtitré «Marguerite», la fille du peintre se détache sur un fond uni et abstrait, telle une icône. Ses pommettes rosies se retrouvent dans le magistral portrait de 1910 où elle pose avec un chat noir: la jeune fille plante son regard dans celui de son père, tandis que de vives teintes printanières rehaussent son visage éclatant.
Loin de se laisser passivement peindre ou dessiner, Marguerite tend à Matisse une sorte de miroir. L’artiste s’y reconnaît, tout comme il s’y heurte à une altérité irréductible et fascinante, scrutant le visage de sa fille avec la même exigence inquiète qu’il s’applique à lui-même.
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Texte du panneau didactique. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite au chat noir. Issy-les-Moulineaux, début 1910. Huile sur toile, 94 x 64 cm. Paris, Centre Pompidou. Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle. Don de Madame Barbara Duthuit en mémoire de Claude Duthuit, 2013. Crédit: © Centre Pompidou, MNAM-CCI. Dist. GrandPalaisRmn / Georges Meguerditchian.
Sitôt achevé, Matisse choisit de présenter ce portrait dans plusieurs grandes expositions internationales. Marguerite au Chat noir est ainsi montré à la Berliner Secession de 1910, à la Second Post-Impressionist Exhibition Organisée à Londres en 1912, et enfin aux trois étapes américaines du fameux Armory Show de 1913 (New York, Chicago et Boston). S'il devient ainsi une sorte d’icône de l’art moderne, le tableau n'y est jamais à vendre: Matisse le conservera jusqu’à sa mort. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite. Collioure, hiver 1906-1907 ou printemps 1907. Huile sur toile, 65,1 x 54 cm. Musée national Picasso-Paris. Donation Picasso, 1978. Collection personnelle Pablo Picasso. Crédit: Grand palais RMN (musée national Picasso-Paris) / René-Gabriel Ojeda.
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4 - Portraits de guerre
1914-1916
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Scénographie avec une photographie d'auteur inconnu. Marguerite, vers 1915.
Archives Henri Matisse. Crédit: Archives Henri Matisse. |
À la fin de l’année 1912, Marguerite part pour la Corse avec son frère Pierre; elle espère reprendre ses études auprès de sa tante Berthe Parayre, qui dirige l’école normale d’institutrices à Ajaccio. L’expérience s’avérera difficile: en avril 1914, Marguerite renonce à son ambition de passer le brevet et retourne vivre avec ses parents. Ces derniers résident alors entre l’atelier du quai Saint-Michel, à Paris, et la vaste maison bourgeoise qu’ils ont achetée à Issy-les-Moulineaux.
De nouveau présente quotidiennement auprès de son père, Marguerite pose pour une série de portraits qui culmine dans un tableau très géométrisé, dur et déroutant: Tête blanche et rose. En ces années sombres, marquées par le début de la Première Guerre mondiale, Matisse développe une nouvelle manière de peindre, radicale et sans concession. Marguerite le soutient dans cette aventure, prêtant son visage à de multiples expérimentations en peinture, dessin, gravure et sculpture |
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Texte du panneau didactique. |
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Henri Matisse (1869-1954). Tête blanche et rose. Paris, quai Saint-Michel, été 1914 - début 1915. Huile sur toile, 75 x 47 cm. Paris, Centre Pompidou. Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle. Achat en 1976. Crédit: Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. GrandPalaisRmn / Philippe Migeat.
Ce tableau témoigne de l'intérêt que Matisse porte alors pour les procédés de fragmentation et de géométrisation mis en œuvre par les cubistes. Le peintre découpe la figure de Marguerite en rayures parallèles qui semblent prolonger celles de son vêtement. Son nez devient un rectangle noir, tandis qu’une bande blanche suggère un éclat de lumière sur son visage. Au centre, le pendentif ornant le ruban noir a survécu à l'imposition de cette grille orthogonale poussant la toile vers l’abstraction. Les marchands de Matisse ne parviendront pas à vendre cette toile «difficile». Ils la retourneront au peintre, qui la conservera jusqu'à sa mort. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite au ruban de velours noir. Issy-les-Moulineaux, 1916. Huile sur bois. New York, The Metropolitan Museum of Art. The Pierre and Maria-Gaetana Matisse Collection, 2002.
Dans ce format minuscule, Matisse peint le visage si expressif de sa fille avec une efficacité et une vigueur remarquables. Ce portrait au cadrage très serré prolonge le dialogue que l'artiste entretient alors avec la peinture d'Édouard Manet. À cette époque, Marguerite doit subir des traitements douloureux chaque mois pour soigner sa gorge; son visage marqué porte sans doute ici l'empreinte de ces souffrances répétées. Matisse tenait beaucoup à ce petit tableau, et l’emporta avec lui à Nice lorsqu'il s'y installa. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite, vers 1915-1916. Encre noire sur papier. Collection particulière.
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La classe de Marguerite à Ajaccio en 1913. Marguerite est la deuxième en partant de la gauche au deuxième rang. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Fruits et Marguerite, études, vers 1915-1916. Encre noire sur papier. Collection particulière.
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Scénographie |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite au chapeau de cuir. Paris, quai Saint-Michel, 1914. Huile sur toile. Le Cateau-Cambrésis, département du Nord, musée Matisse. Legs de Marie Matisse, 2002.
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Henri Matisse (1869-1954). Petite Margot, 1914. Eau-forte. Collection particulière.
Pendant la Grande Guerre, Matisse achète une presse et se lance dans la création de petits portraits gravés. Quatre d'entre eux représentent Marguerite, reconnaissable à son ruban orné d’un pendentif. Elle apparaît ici vêtue du Kimono à poissons bleus - exposé plus loin – que sa belle-mère, Amélie, avait déjà porté dans des tableaux de la période fauve. |
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Henri Matisse (1869-1954). Le chapeau de roses. Paris, quai Saint-Michel, vers 1915. Huile sur toile. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Tête de Marguerite. Issy-les-Moulineaux, 1915. Bronze. Paris, musée d'Orsay. Donation Madame Jean Matisse à l'État français pour dépôt au musée Matisse, Nice, 1978.
Marguerite a posé pour ce portrait sculpté qu'elle n’aimait guère. Son nez droit pointe à l’avant de sa tête amincie et élancée, surmontée d’une imposante masse de cheveux. Matisse a laissé les traces de modelage ostensiblement apparentes, nous laissant au plus près de ses séances de travail en tête à tête avec sa fille. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite, vers 1915-1916. Encre noire sur papier. Collection particulière, France.
Dans ces portraits calligraphiés sur de longues et étroites feuilles de papier, Matisse déploie plusieurs variations expressives autour du visage de Marguerite. Le peintre synthétise ses traits à l’aide de simples lignes laissées ouvertes, résumant ses mèches de cheveux en quelques gestes et donnant une importance décisive au blanc du papier, ainsi qu’au positionnement du visage sur la feuille. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite, vers 1915-1916. Encre noire sur papier. Collection particulière.
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5 - Mademoiselle Matisse, entre Nice et Paris
1918-1919
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Scénographie |
Début 1918, Matisse prolonge un séjour à Nice, trouvant un nouveau départ dans la lumière de la Méditerranée. Il vit alors dans une chambre d’hôtel, puis dans un petit appartement face à la mer. Marguerite lui rend visite quelques jours en février puis en avril. Elle pose là, sur le balcon, emmitouflée dans un spectaculaire manteau à carreaux noirs et blancs signé Paul Poiret. Les minces barreaux de la balustrade laissent apparaître un paysage réduit à l’essentiel, tandis que l’air et la lumière de la mer circulent librement autour d’elle.
De retour à Paris à l’automne, Matisse entreprend une autre série de portraits de sa fille, cette fois assise en intérieur devant un fond neutre. Une tonalité plus mélancolique imprègne ces tableaux aux couleurs sombres. Seule fantaisie, Marguerite arbore chaque fois un chapeau différent, qui témoigne de son intérêt pour la mode – elle tentera d’y faire carrière – comme de celui de son père pour le rendu des matières et des motifs décoratifs.
À l’été 1919, Marguerite pose pour une toile monumentale dans le jardin d’Issy-les-Moulineaux. Une page s’apprête à se tourner, alors qu’elle se voit, pour la première fois, doublée d’un autre modèle féminin.
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Texte du panneau didactique. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite au balcon. Nice, quai des États-Unis, printemps 1918. Huile sur panneau de bois. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Étude pour Mademoiselle Matisse en manteau écossais. Nice, quai des États-Unis, printemps 1918. Crayon graphite sur papier. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Mademoiselle Matisse en manteau écossais. Nice, quai des États-Unis, printemps 1918. Huile sur toile, 73,7 x 55 cm. Collection particulière, New York. Crédit: Christie’s Image Limited 2024.
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Scénographie |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite au chapeau bleu. Issy-les-Moulineaux, automne 1918. Huile sur toile. New York, The Metropolitan Museum of Art. The Pierre and Maria-Gaetana Matisse Collection, 2002.
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Henri Matisse (1869-1954). Portrait de Marguerite. Issy-les-Moulineaux, 1918. Huile sur bois, 46 x 37,8 cm. West Palm Beach, Floride, Norton Museum of Art. Don de Jean et Martin Goodman, de Palm Beach, Floride, 1986. Crédit: Norton Museum of Art.
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Henri Matisse (1869-1954). Le Thé. Issy-les-Moulineaux, été 1919. Huile sur toile, 140,3 x 211,3 cm.
Los Angeles County Museum of Art. Legs de David L. Loew en mémoire de son père, Marcus Loew, 1974. Crédit: Museum Associated / LACMA.
Marguerite pose ici face au jeune modèle professionnel Antoinette Arnoud. À leurs pieds, la chienne Lili se gratte les puces. Ce détail trivial suscita la réticence des contemporains de Matisse, qui s'avouèrent tout aussi incrédules face au traitement du visage de Marguerite. Alors que tout dans ce tableau respire simplicité et légèreté, son visage déformé concentre une tension qui rompt avec le ton dominant de la toile. Ses traits géométrisés renvoient aux expérimentations radicales de Tête blanche et rose (1915), tandis que le chat à peine visible sur ses genoux rappelle la majestueuse Marguerite au chat noir de 1910.
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Henri Matisse (1869-1954). La Toque de Goura. Issy-les-Moulineaux, automne 1918. Huile sur toile. Hartford, Connecticut, Wadsworth Atheneum Museum of Art. The Ella Gallup Sumner and Mary Catlin Sumner Collection Fund, 1969.
Assise dans le fauteuil rose déjà présent dans d’autres tableaux - notamment ceux réalisés avec le modèle italien Laurette -, Marguerite apparaît comme une jeune femme élégante à la pose et à la tenue soigneusement étudiées. Le ruban noir qu’elle porte autour du cou pourrait ici passer pour un accessoire de pure coquetterie. Les plumes d'oiseau piquées dans sa toque dessinent quatre arabesques qui relient la figure au fond dans un mouvement tournoyant. |
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Henri Matisse (1869-1954). Portrait de Mademoiselle Matisse. Nice, quai des États-Unis, printemps 1918. Huile sur toile, 72 x 52,5 cm. Kurashiki, Ohara Art Foundation, Ohara Museum of Art. Achat auprès de l’artiste par Magosaburo Ohara (par l’intermédiaire de Torajimo Kojima) en 1920. Crédit: Ohara Art Foundation, Kurashiki, Japon.
Dans cette toile, Matisse a éliminé nombre de détails - les carreaux du manteau, le livre distraitement ouvert, les barreaux du balcon ou encore les plans superposés du quai, de la mer et du ciel. Un noir de nuit enveloppe la figure de Marguerite, dont le bas du visage s’illumine pourtant d’un rayon de soleil. Matisse et Amélie accrocheront ce portrait au-dessus de leur lit dans l'appartement du quai Saint-Michel, à Paris. En 1920, Marguerite elle-même convaincra son père de s’en séparer, pour qu'il rejoigne un musée japonais: «Je te demande d’y réfléchir mais de ne pas te laisser arrêter à une question de sentiments, par exemple de ne pas vouloir le vendre parce que c'est mon portrait. [..] Tu pourras retravailler avec moi et il est plus important que tu sois bien représenté dans un musée.» |
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Scénographie |
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Henri Matisse (1869-1954). Petit portrait de Marguerite à la toque de fourrure. Issy-les-Moulineaux, printemps 1918. Huile sur carton entoilé. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Double portrait de Marguerite sur fond vert, vers 1918-1919. Huile sur panneau de bois. Collection particulière.
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6 - Étretat
1920
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Scénographie |
Au printemps 1920, Marguerite subit une ultime opération chirurgicale, qui la délivre enfin de son ruban noir. Son père l’emmène alors à Étretat, en Normandie, avec un double objectif. Pour elle, l’aider à reprendre des forces dans le climat tonique et iodé des bords de la Manche. Pour lui, travailler des motifs nouveaux, sous les cieux changeants déjà peints par Gustave Courbet et Claude Monet, entre autres.
Assise sur la plage, Marguerite apparaît comme une minuscule silhouette emmitouflée dans son manteau à carreaux noirs et blancs, protégée par une immense arcade rocheuse. Son visage s’affiche quant à lui dans des œuvres réalisées en intérieur, devant le papier peint à motifs de sa chambre d’hôtel. Encore convalescente, Marguerite semble souvent épuisée, les cheveux dénoués comme lorsqu’elle était enfant. Un tableau la représente endormie, les yeux clos et la gorge enfin libérée – une image délicate et précieuse qui témoigne d’une tendresse rarement exprimée par Matisse en peinture, et réservée à sa fille. Souvenirs de ce séjour normand passé en tête-à-tête, ces œuvres marquent également le retour à la vie de la jeune femme.
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Texte du panneau didactique. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite, 1920. Crayon graphite sur page de carnet. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Fillette blouse fleurie, 1920. Eau-forte. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Mlle M. M. (frontispice de Cinquante dessins), 1920. Eau-forte. Collection particulière.
En septembre 1920, Matisse publie à compte d'auteur un album intitulé Cinquante dessins. Si l'ouvrage reproduit des études virtuoses d'après Antoinette Arnoud, l'illustration de couverture, elle, présente ce portrait de Marguerite gravé pour l'occasion. La fille du peintre a supervisé le tirage de l'album chez le graveur-imprimeur Victor Jacquemin. Pendant des années, elle veillera sur l'impression des gravures et livres illustrés de son père avec une minutie et une exigence sans faille. |
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Scénographie |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite endormie. Étretat, été 1920. Huile sur toile, 46 x 65,5 cm. Collection particulière. Crédit: Collection particulière / © Martin Parsekian.
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Henri Matisse (1869-1954). Étretat, la voile rouge, été 1920. Huile sur toile marouflée sur panneau. Collection famille Kirkland.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite au peignoir, études. Étretat, été 1920. Encre sur papier. The Pierre and Tana Matisse Foundation Collection, New York.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite au peignoir. Étretat, été 1920. Encre sur papier. Collection particulière.
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7 - Avec Henriette Darricarrère, Nice
1921-1922
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Scénographie |
À l’automne 1920, Matisse s’installe à Nice, où il passera désormais la majeure partie de l’année. En janvier 1921, Marguerite le rejoint pour quelques mois à l’hôtel de la Méditerranée. Elle le retrouve à nouveau en septembre, cette fois dans l’appartement loué par le peintre place Charles-Félix.
Quelque chose a basculé: dans les tableaux de son père, Marguerite ne figure plus seule mais accompagnée d’Henriette Darricarrère, une jeune modèle professionnelle. Ces toiles ne sont plus à proprement parler des portraits: vu de plus loin, son visage y est à peine précisé, parfois même détourné. La jeune femme se trouve ramenée à un simple rôle de figurante. Débarrassée de son ruban, elle se reconnaît principalement à sa chevelure, plus claire que celle d’Henriette. Complices, les deux jeunes femmes apparaissent souvent déguisées, dans des décors riches en étoffes et en couleurs.
En 1923, Marguerite épouse l’écrivain et critique d’art Georges Duthuit. Elle disparaît des tableaux de son père et devient son agente à Paris, jouant un rôle primordial dans sa carrière. Confidente et critique exigeante de son travail, elle n’hésite pas à le bousculer: «Il me semble que papa a usé la lumière de Nice, écrit-elle. Je ne veux pas dire que je n’aime pas ces toiles – non – mais je crois qu’une certaine sorte d’émotion profonde se réalise plus facilement si on n’est pas noyé de lumière.»
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Texte du panneau didactique. |
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Henri Matisse (1869-1954). La Terrasse. Nice, hôtel de la Méditerranée, fin janvier - mi-avril 1921. Huile sur toile. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). La Fête des fleurs. Nice, hôtel de la Méditerranée, février 1921. Huile sur toile. Kunstmuseum Bern. Legs Georges F. Keller, 1981.
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Henri Matisse (1869-1954). La fête des fleurs. Nice, hôtel de la Méditerranée, 1922. Huile sur toile, 65,7 x 93 cm. Baltimore Museum of Art. The Cone Collection, constituée par le Dr Claribel Cone et miss Etta Cone de Baltimore, Maryland.
Depuis le balcon de l’hôtel de la Méditerranée, à l'occasion du carnaval de février 1922, Marguerite et Henriette assistent à la Bataille de fleurs, grande parade de chars fleuris instaurée à la Belle Époque. Marguerite pose assise, Henriette debout derrière elle. Chaudement vêtues, les jeunes élégantes dominent la promenade des Anglais, qui court jusqu’à l’ancien palais-casino de la Jetée-Promenade. Munies d'un panier de fleurs, elles contemplent l'animation de la rue sans pour autant se mêler à la foule. |
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Henri Matisse (1869-1954). Le Boudoir. Nice, hôtel de la Méditerranée, fin janvier - mi-avril 1921. Huile sur toile. Paris, musée de l'Orangerie. Collection Walter-Guillaume.
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Henri Matisse (1869-1954). Deux femmes dans un paysage. Nice, fin janvier - mi-avril 1921. Huile sur toile. New Haven, Connecticut, Yale University Art Gallery. Legs Edith Malvina K. Wetmore, 1966.
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Henri Matisse (1869-1954). La Conversation sous les oliviers. Nice, 1921. Huile sur toile. Collection Carmen Thyssen.
Drapées dans de longs châles à franges, Marguerite et Henriette apparaissent ici déguisées en Espagnoles, une fleur rouge piquée dans leurs cheveux relevés en chignon. Comme en témoignent plusieurs photographies (notamment celle présentée à l'entrée de l'exposition), Matisse a peint ce tableau en plein air, probablement dans le quartier de Rimiez surplombant la ville: la mer bleue apparaît au loin, à l'horizon de la toile. |
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Henriette Darricarrère. Séance de pose à Nice pour le tableau Conversation sous les oliviers (Marguerite et Henri Matisse), 1921. Photographie Archives Henri Matisse. Crédit: Archives Henri Matisse.
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Henri Matisse (1869-1954). L'Attente. Nice, place Charles-Félix, septembre 1921. Huile sur toile, 61 x 50 cm. Nagoya, Aichi Prefectural Museum of Art. Don de Chubu Electric Power, 1988. Crédit: © Aichi Prefectural Museum of Art. All rights reserved.
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Henri Matisse (1869-1954). Le Paravent mauresque. Nice, place Charles-Félix, septembre 1921. Huile sur toile, 91,9 x 74,3 cm. Philadelphia Museum of Art. Legs Lisa Norris Elkins, 1950. Crédit: Philadelphia Museum of Art.
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Henri Matisse (1869-1954). Divertissement. Nice, hôtel de la Méditerranée, fin janvier - mi-avril 1921. Huile sur toile. Baltimore Museum of Art. The Cone Collection, constituée par Dr Claribel Cone et Miss Etta Cone de Baltimore, Maryland.
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Henri Matisse (1869-1954). La Leçon de musique. Nice, hôtel de la Méditerranée, fin janvier - mi-avril 1921. Huile sur toile. Baltimore Museum of Art. The Cone Collection, constituée par Dr Claribel Cone et Miss Etta Cone de Baltimore, Maryland.
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Henri Matisse (1869-1954). Deux figures étendues dans la campagne, ombrelle verte. Nice, fin janvier - mi-avril 1921. Huile sur toile. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite. Nice, 1921. Encre noire sur papier, 35,5 x 26,6 cm. Collection particulière. Crédit: Collection particulière / © Martin Parsekian.
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De haut en bas et de gauche à droite :
- Henri Matisse (1869-1954). Deux femmes en voiture. Nice, 1921. Encre sur papier. The Pierre and Tana Matisse Foundation Collection, New York.
- Henri Matisse (1869-1954). Étude pour Les Musiciennes. Nice, fin janvier- mi-avril 1921. Crayon graphite sur papier. Collection particulière.
- Henri Matisse (1869-1954). Figures dans un intérieur. Nice, fin janvier- mi-avril 1921. Encre sur papier. The Pierre and Tana Matisse Foundation Collection, New York.
- Henri Matisse (1869-1954). Figures dans un intérieur. Nice, fin janvier- mi-avril 1921. Encre sur papier. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite. Nice, vers 1922-1923. Encre sur papier. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite au collier. Nice, vers 1922-1923. Encre sur papier. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite, étude. Italie, été 1924. Crayon graphite sur pages de carnet. Collection particulière.
Cartel. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite, étude. Italie, été 1924. Crayon graphite sur pages de carnet. Collection particulière, France.
Matisse remplit ces carnets de dessins à l’occasion d’un voyage en Italie entrepris à l’été 1924 avec Amélie, Marguerite et Georges Duthuit. Le jeune couple vient alors de se marier; sur l’un de ses portraits, Marguerite exhibe l'alliance qui orne désormais sa main gauche. Ces esquisses figurent parmi les derniers portraits de Marguerite dessinés par son père, avant une interruption de vingt ans. |
8 - Marguerite au travail
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Scénographie |
Ancienne «gosse d’atelier», Marguerite, devenue adulte, s’essaie elle-même à la peinture. Celle qui a grandi dans la peinture de Matisse peint alors des natures mortes, des paysages ou encore des autoportraits saisissants d’intensité. À plusieurs reprises, elle expose ses tableaux aux côtés de ceux de son père et autres contemporains. En 1926, tandis qu’elle participe à une «Exposition d’un groupe de femmes peintres françaises», un critique salue son œuvre «aux directives fortes et personnelles qui lui permettent de supporter avec succès le plus lourd des héritages».
Mais Marguerite paraît manquer de confiance. Renonçant à la peinture, elle se passionne pour la couture, ambitionnant de travailler dans la mode. En 1935, elle présente une collection d’une vingtaine de modèles en Angleterre. Si les premiers retours sont encourageants, ses efforts en ce domaine resteront sans suite.
La gestion des affaires paternelles l’accapare. Redoutablement précise et exigeante, elle supervise le tirage des gravures et ouvrages illustrés de Matisse, et devient «l’œil de son père», ayant seule sa confiance. Elle accroche des expositions Matisse à Berlin comme à Londres et, plus tard, aura la charge du catalogue raisonné de son œuvre, tâche laissée inachevée.
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Texte du panneau didactique. |
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Henri Matisse (1869-1954). Madame Raynal, vers 1914. Fusain sur papier. Collection particulière.
Comme le signale la dédicace en bas à droite, ce grand dessin au fusain fut offert par Matisse à sa fille plus de dix ans après avoir été achevé. II s'agit d’un portrait de Germaine Raynal, musicienne compositrice, par ailleurs épouse du critique d’art Maurice Raynal. Celle-ci posa pour Matisse à plusieurs reprises, apparaissant également dans une toile (Femme au tabouret) et quelques gravures. |
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Marguerite Matisse. Autoportrait, vers 1915-1916. Huile sur toile. Collection particulière.
«J'ai commencé à peindre en 1914, enfermée par la guerre à la campagne», raconte Marguerite. Un atelier est aménagé pour elle à l'étage de la maison d'Issy-les-Moulineaux. C’est là qu’elle réalise ce saisissant autoportrait, scrutant son propre visage sans aucune complaisance. On y reconnaît le ruban à pendentif qui apparaît dans les portraits de Matisse de la même époque. Le tableau Amélie au jardin présente quant à lui le motif de la table en marbre rose qui figurera également dans les toiles de Matisse, notamment dans Le Thé. Les œuvres de Marguerite dialoguent ainsi avec celles de son père, tout en conservant leur originalité. |
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Marguerite Matisse. Autoportrait, vers 1915-1916. Huile sur toile. Collection particulière.
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Kimono en coton. Collection particulière.
Ce kimono à motifs de poissons bleus apparaît dès 1904 dans les toiles fauves de Matisse, et reste l’un des vêtements les plus emblématiques de son univers pictural. Il est avant tout porté par Amélie, modèle principal de son mari dans ces années décisives. En 1915, Marguerite le revêt à son tour pour une petite gravure. Véritable accessoire de peintre, ce kimono passe ainsi d’un modèle à l’autre - et de mère en fille - en fonction des desseins artistiques de Matisse. |
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Henri Matisse (1869-1954). Margot en kimono, 1915. Eau-forte. Collection particulière.
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Robe en organza réalisée par Marguerite Duthuit-Matisse, vers 1935. Collection particulière.
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Photographies professionnelles des créations de Marguerite Duthuit-Matisse, Paris, 1935. Paris, vers 1935. Collection particulière.
Ces photographies professionnelles témoignent des tentatives de Marguerite pour travailler dans le milieu de la couture. Elle a conçu les quatre ensembles portés par le mannequin, dont la robe en organza rose également exposée. |
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Marguerite Matisse. Amélie dans le jardin, vers 1915-1916. Huile sur toile. Collection particulière.
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Marguerite Matisse. Nice, 1925. Huile sur toile marouflée sur panneau.
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Marguerite Matisse. Nature morte à la bouteille, vers 1925. Huile sur toile marouflée sur panneau. Baltimore Museum of Art. The Cone Collection, constituée par Dr Claribel Cone et Miss Etta Cone de Baltimore, Maryland.
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Pierre Matisse. Marguerite endormie, 1921. Huile sur bois. Collection particulière.
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Jean Matisse. Portrait de Marguerite, vers 1922. Huile sur toile. Collection particulière, France.
Alors que Matisse s’installe à Nice et que ses trois enfants vivent ensemble dans l'atelier du quai Saint-Michel, à Paris, Marguerite pose pour ses deux jeunes frères. Alors âgés d’une vingtaine d'années, Jean et Pierre envisagent eux aussi d'embrasser une carrière de peintres. Par la suite, Jean s’orientera vers la sculpture, tandis que Pierre deviendra marchand d'art aux États-Unis. |
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Transition, n°5, 1949. Revue bimestrielle éditée par Georges Duthuit. Couverture conçue par Henri Matisse et imprimée par Bellenand, Paris. Collection particulière.
Maquette de couverture, essais de couleurs annotés par Henri Matisse et bons à tirer signés par Marguerite Duthuit-Matisse pour le numéro 5 de la revue Transition, 1949. Bibliothèque Kandinsky, Donation Barbara Duthuit, 2015. Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle. Centre Pompidou, Paris.
Après la guerre, Marguerite soutient son époux dans divers projets éditoriaux. Elle participe notamment à la reprise de la revue Transition, publiée en anglais et dont Georges Duthuit dirige six numéros de 1948 à 1950. Elle assume la responsabilité commerciale du projet et, en 1949, commande à son père une couverture pour un numéro spécial consacré aux arts. |
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Henri de Montherlant. Pasiphaé. Chant de Minos. Ouvrage illustré avec 148 gravures originales d'Henri Matisse imprimées par Fequet et Baudier, Paris. Éditeur: Martin Fabiani, Paris, 1944. Collection particulière.
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Pierre à Feu. Textes de Louis Aragon, Paul Eluard, Roger Caillois, Tibor Tardos, René Char, René Lacôte, réunis et mis en page par Jacques Kober. Gravures d'Henri Matisse. Editeur: Maeght, Paris, 1947. Collection particulière.
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Lithographies rares, 1954. Catalogue d'exposition à la galerie Berggruen, Paris, avec une introduction de Marguerite Duthuit-Matisse. Couverture réalisée d'après une maquette en gouache découpée imprimée par les Ateliers Mourlot, Paris.
Quelques mois avant le décès de son père, Marguerite rédige une introduction à l'ultime exposition de Matisse à la galerie Berggruen. Modestement signé de ses seules initiales, son unique texte connu sur l’œuvre de son père révèle en creux le rôle crucial joué par Marguerite, veillant scrupuleusement à ce que «toutes les intentions du peintre soient sauvegardées» lors de l'impression des planches. Sa connaissance intime du travail de Matisse lui permit de publier le catalogue raisonné de son œuvre gravé.
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Poèmes de Charles d'Orléans. Ouvrage illustré avec 54 lithographies d'Henri Matisse imprimées par Mourlot Frères, Paris. Éditeur: Tériade, Paris, 1950. Collection particulière.
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Florilège des Amours de Ronsard. Ouvrage illustré avec 128 lithographies originales d'Henri Matisse imprimées par Mourlot Frères, Paris. Editeur: Albert Skira, Paris, 1948. Collection particulière.
Dès 1931, Matisse conçoit des illustrations destinées à accompagner des textes de Stéphane Mallarmé, Pierre de Ronsard, ou encore Charles d'Orléans. Marguerite est chargée par son père de veiller au tirage de ces ouvrages illustrés chez les imprimeurs. Un pan entier de la création de Matisse passe ainsi entre ses mains. Le peintre a toute confiance en la «vigilance» de sa fille, «sa conscience et son bon jugement». Elle devient l’œil de son père, redoutable et redouté. «II n'y a qu’un être plus difficile que moi avec les imprimeurs, c'est la fille de Matisse !», dira Georges Rouault. Les livres présentés ici sont une sélection des exemplaires offerts et dédicacés par Matisse à sa fille. |
9 - Le Visage du retour
1945
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Scénographie |
Après une interruption de vingt ans, Matisse dessine à nouveau le visage de sa fille, en 1945, quelques mois avant que ne s’achève la Seconde Guerre mondiale. Les circonstances sont dramatiques: âgée de cinquante ans, Marguerite vient de survivre à de terribles épreuves et d’échapper de justesse à la déportation en tant que prisonnière politique.
Engagée dans la Résistance au péril de sa vie, elle est devenue agent de liaison pour les Francs-tireurs et partisans (FTP) en janvier 1944, estimant qu’«on ne peut ni ne doit se désintéresser de l’époque dans laquelle on vit – de ceux qui souffrent, qui meurent». Dénoncée, elle est arrêtée et torturée par la Gestapo, avant d’être incarcérée à Rennes, puis déportée en direction de l’Allemagne à la veille de la libération de la ville par les Alliés. Par miracle, elle est libérée à Belfort, avant le passage de la frontière, le 26 août.
Replié à Vence et gravement affaibli, Matisse ignorait tout des activités clandestines de sa fille. Après des mois de silence, père et fille se retrouvent finalement en janvier 1945. Bouleversé par son récit, Matisse dessine deux portraits de sa fille. Avec les lithographies réalisées quelques mois plus tard, c’est la toute dernière fois que Marguerite apparaît dans l’œuvre de son père.
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Texte du panneau didactique. |
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite. Vence, janvier 1945. Fusain sur papier, 48 x 37 cm. Collection particulière. Crédit: Collection particulière / © Jean-Louis Losi.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite. Vence, 22 janvier 1945. Fusain sur papier. Collection particulière.
À Vence, pendant deux semaines, père et fille se retrouvent face à face chaque après-midi, dans la posture qui leur est si familière. Tandis que Marguerite raconte ce qu'elle a enduré, Matisse dessine sa fille, qu’il trouve «tellement changée - transformée - détendue, épanouie, rajeunie». Le premier portrait est une image tremblante et émouvante d'où émerge le visage fantomatique de Marguerite. Le second est un fusain synthétique, épuré et lumineux, où se condense la flamme de la résistante, animée d’un léger sourire. |
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Henri Matisse (1869-1954). Portrait de Georges Duthuit. Nice, août 1924. Crayon sur papier. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite I. Paris, 1945. Lithographie. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite II. Paris, 1945. Lithographie. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite V. Paris, 1945. Lithographie. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite VI. Paris, 1945. Lithographie. Collection particulière.
À l'été 1945, Marguerite pose à nouveau pour son père à Paris. En résulte une série de lithographies où elle dira ne pas se reconnaître. L'une de ces lithographies s'intitule Visage du retour, exprimant par là l'émotion d’un père retrouvant sa fille après tant d'épreuves. Marguerite I et II seront quant à elles vendues par Matisse au profit des FTP, et montrées dans l'exposition Art et résistance présentée en 1946 au Musée national d'art moderne. |
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Henri Matisse (1869-1954). Claude, études. Marseille, 21-23 août 1940.
Crayon graphite sur pages de carnet. Collection particulière.
En 1931 est né Claude, fils unique de Marguerite. En 1940, alors que les Allemands occupent la France, Marguerite décide de l'envoyer aux États-Unis, pour le protéger. Ces dessins ont été esquissés par Matisse lors d’une rencontre fortuite à Marseille, tandis que se préparait le départ imminent de ce fils et petit-fils tant aimé. Matisse les offrira ensuite à Marguerite: «Je me rends compte du sacrifice que tu fais avec tant de courage, espérons que cette guerre ne sera pas aussi longue qu'on le dit, et que tu pourras bientôt reprendre ce cher petit que tu savais si bien guider.»
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Henri Matisse (1869-1954). Portrait de Claude, octobre 1945. Fusain sur papier. Collection particulière.
Matisse dessine ces deux portraits de Claude, le fils unique de Marguerite, à son retour d'exil des États-Unis. Envoyé à New York pour le protéger de la guerre, le jeune garçon y avait retrouvé son père, Georges Duthuit, ainsi que la famille de son oncle Pierre Matisse. Les nouvelles d'Amérique furent rares et attendues avec inquiétude pendant toute la durée du conflit. Entre-temps, cinq années ont passé, et le petit garçon des carnets de 1940 s'est mué en jeune adolescent. |
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Henri Matisse (1869-1954). Portrait de Claude, octobre 1945. Fusain sur papier. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Visage du retour. Paris, 1945. Lithographie. Collection particulière.
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Henri Matisse (1869-1954). Marguerite, vers 1924. Fusain sur papier. Collection particulière.
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Carte postale envoyée par Marguerite à Henri Matisse le 10 octobre 1944. Collection particulière.
Alors qu'elle vient d'échapper à la déportation, Marguerite envoie cette carte à son père pour le rassurer sur son sort. Dans un langage codé, elle évoque son arrestation à Rennes, les tortures de la Gestapo, son incarcération, le train de Langeais qui l'emmenait vers les camps de concentration allemands, le miracle de sa libération à Belfort et son passage en Suisse. « [Quel] soulagement m'apporte ta carte de Dole, lui répond Matisse. Comme, malgré toutes les suppositions, j'ai toujours cru que tu reviendrais, je veux croire aussi que, comme tu le dis dans ta carte, tu vas bien.»
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Dossier d’homologation de grade FFI de Marguerite Duthuit-Matisse, 1946-1951. Service historique de la Défense, Vincennes. Dossier GR 16P403966.
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Scénographie avec une photographie de Henri Matisse (1869-1954) :
Marguerite Matisse dans l'appartement de Matisse au Régina. Nice, vers 1953. |
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Scénographie |
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Affiche pour l'exposition Henri Matisse: Aquarelles, dessins à la galerie Jacques Dubourg, 1962. Lithographie. Galerie 125, Argancy.
Cette lithographie imprimée après la mort du peintre a été réalisée à partir d’un projet d'affiche conçu par Matisse vers 1915-1916. Peinte à l’aquarelle, la maquette originale présente un portrait de Marguerite entouré d’une bordure de fleurs bleues et rouges, comme si le visage de la fille du peintre fleurissait à l'unisson de ces motifs décoratifs. |
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Affiche commandée à Matisse par l'Office du tourisme de Nice en 1949. Lithographie originale tirée par Mourlot Frères, Paris. Collection particulière.
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Affiche pour l'exposition collective Les Peintres témoins de leur temps au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, 1952. Lithographie originale tirée par Mourlot Frères. Paris. Collection particulière.
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Affiche pour l’exposition Henri Matisse à la Galerie des Ponchettes, Nice 1950. Lithographie originale imprimée par L'Action Publicitaire et éditée par les Musées de Nice. Collection particulière.
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Vidéo « Marguerite »
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Entrée de l'Espace famille |
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Cartel didactique.
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« Portraits dessinés »
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Vue d'ensemble |
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Puzzle « La danse »
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« À vos crayons »
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