MARY CASSATT. Une impressionniste à Paris. Mary Cassatt (1844-1926) est une artiste américaine issue d’une riche famille d’origine française. Elle vécut plus de soixante ans en France à partir de 1865. En 1868, elle fait son entrée au Salon avec La Joueuse de Mandoline. En 1877, ses envois au Salon sont rejetés. Degas, qui deviendra son ami et fera son Portrait (vers 1877-1878), l’invite alors à rejoindre le groupe des impressionnistes. L’année suivante, c’est son spectaculaire tableau Petite Fille dans un fauteuil bleu, considéré comme trop radical, qui est refusé pour le pavillon américain de l’Exposition universel. En 1879, Cassatt expose pour la première fois avec les impressionnistes et le fera jusqu’à la huitième et dernière exposition du groupe en 1886. En 1881, elle débute une longue association avec Paul Durand-Ruel. Celui-ci présente deux tableaux de Cassatt à la première grande exposition d’œuvres impressionnistes à New York en 1886. En 1891, il met à sa disposition une galerie à proximité de la troisième exposition des Peintres-Graveurs, dont elle avait été exclue, tout comme Pissarro, cette troisième édition, contrairement aux deux précédentes, étant réservée aux artistes de nationalité française. En 1893, Durand-Ruel dédie à Cassatt une exposition majeure à Paris, qui lui permet d’être reconnue en France en tant que « peintre des Madones modernes ». Enfin, en 1895, il organise à New York la première exposition monographique de Cassatt aux États-Unis. Cassatt deviendra très populaire dans son pays de naissance où elle sera accueillie comme une célébrité à son arrivée à New York en 1908. Durand-Ruel et Vollard multiplient les expositions de ses œuvres à Paris, New York, Pittsburgh et Washington. Après sa mort, en 1926, sept expositions commémoratives ont lieu à Paris et aux États-Unis.
Si l’œuvre de Mary Cassatt est toujours très populaire aux États-Unis, elle est quelque peu oubliée en France alors que sa renommée y était immense de son vivant. La présente exposition nous permet de comprendre l’engouement de ses contemporains pour son travail, tant pour les peintures et dessins que pour les gravures, où elle excellait.
Le parcours suit un ordre à la fois chronologique et thématique. Il commence avec « Les débuts d’une impressionniste (1868-1879) » où l’on voit ses premiers tableaux, dont ceux mentionnés ci-dessus, et les gravures qu’elle fit avec Degas et Pissarro pour un projet de journal qui ne vit jamais le jour.
La section suivante (1880-1888) présente ses toiles « d’une famille américaine ». Suivant la méthode impressionniste consistant à peindre la vie quotidienne, Cassatt choisit de représenter les membres de sa famille, son frère Alexander, sa femme et ses enfants, et sa sœur Lydia, modèle principal de ses scènes impressionnistes féminines.
Dans la troisième section (1888-1900), nous voyons les premiers tableaux de Mère à l’Enfant, un thème que l’on associe aujourd’hui étroitement à son art. La pose de ses personnages, par exemple la mère de trois-quart tandis que son enfant regarde vers le spectateur (Mère et enfant : Robe verte, vers 1894) est très originale.
Vient ensuite une section où les commissaires, dont le Dr Nancy Mowll Mathews, spécialiste de Cassatt reconnue dans le monde entier, nous montrent « Le processus créatif de Mary Cassatt (années 1890) ». Celle-ci savait s’approprier ce qu’elle découvrait dans les musées, expositions, ateliers d’artistes. Ses gravures en couleur évoquent avec bonheur les estampes japonaises qui avaient bénéficié d’une grande exposition en 1890 à l’École des beaux-arts.
Les dernières sections sont consacrées à la « Modernité (1892-1915) ». Dans la première de ces salles, nous voyons Jeunes femmes cueillant des fruits (1892), un sujet repris dans sa fresque monumentale, La Femme moderne, réalisée pour la première exposition universelle américaine qui allait se tenir à Chicago (1893). Dans les suivantes, nous avons plusieurs portraits d’enfants, surtout des fillettes avec de grands chapeaux, par exemple Portrait de Mademoiselle Louise-Aurore Villeboeuf (1901) et Portrait de Mademoiselle Anne-Marie Durant-Ruel (1908) et bien sûr de magnifiques « Madone modernes ». Parmi ces dernières, citons Bébé dans un costume bleu, regardant par-dessus l’épaule de sa mère (vers 1883-1885), Femme assise avec un enfant dans les bras (1889-1890) et Mère à l’enfant (le miroir ovale) (1899). Une exposition que l’on n’oubliera pas. R.P. Musée Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 23 juillet 2018. Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.