MARC RIBOUD,
histoires possibles

Article publié dans la Lettre n°518 du 17 février 2021



 
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MARC RIBOUD, histoires possibles. Le Musée national des Arts asiatiques - Guimet rend un vibrant hommage au photographe Marc Riboud (1923-2016) à travers une sélection d’environ 200 photographies prises entre 1942 et 2006. Après une première dation de ses meilleures photos au Musée national d’Art moderne, l’intégralité de son œuvre, soit plus de 50 000 photographies (négatifs, diapositives, épreuves sur papier), entre en 2016 dans les collections du musée, rejoignant les donations de son frère Jean et de sa belle-sœur Krishna Riboud (Lettre n°320).
Pour ses 14 ans, son père offre à Marc, garçon timide, un Vest Pocket Kodak, que l’on voit ici, en lui disant : « Si tu ne sais pas parler, tu sauras peut-être regarder. » En parcourant l’exposition on voit que Marc Riboud savait regarder ! S’il se considère plus comme un photographe que comme un journaliste, il rejoint néanmoins, en 1953, l’agence Magnum, fondée par Robert Capa et Henri Cartier-Bresson qui lui conseillent de faire des reportages à l’étranger. Il quittera l’agence en 1979, tout en conservant des liens amicaux.
Le parcours de l’exposition, chronologique, nous montre des photographies qu’il a prises dans les nombreux pays qu’il a visités, sur tous les continents, même s’il a privilégié l’Asie et tout particulièrement la Chine.
Parmi ses toutes premières photos, au milieu de ces vues de la France d’après-guerre : bidonville, appel de l’abbé Pierre, promeneuses élégantes avenue de l’Opéra,  on remarque surtout Le Peintre de la Tour Eiffel (1953) qui fit le tour du monde et lui ouvrit les portes de l’agence Magnum. Robert Capa l’envoie alors faire un long séjour en Angleterre en 1954, pour parachever sa formation, « voir les filles et apprendre l’anglais ». De ce séjour, il rapporte des images de dockers en grève, de cités ouvrières, d’un match à Wembley, de passants flânant dans les parcs, etc. et une photo de Winston Churchill au congrès du Parti conservateur (1954).
L’année suivante, il s’aventure vers l’Orient. Il avait déjà visité la Yougoslavie en 1953, ramenant de magnifiques photos dont ce Plongeur devant les remparts de Dubrovnik, au cadrage époustouflant. Cette fois, il commence par la Turquie, photographiant les habitants d’Istanbul, de Bursa ou encore une tortue qui s’aventure sur la route de Van. Avec sa vieille Land Rover, il entre ensuite en Iran, puis en Afghanistan, allant jusqu’au site de Bamiyan avec ses Bouddhas géants. Puis il arrive au Pakistan en franchissant la passe de Khyber, habitée alors par des tribus rivales, des fabricants d’armes artisanales et des contrebandiers, et enfin en Inde. Après la visite de Chandigarh et de ses constructions géométriques de Le Corbusier, il passe un an à Calcutta, où il côtoie Satyajit Ray et Ravi Shankar, et d’où il se rend au Népal pour photographier le couronnement du roi. Il obtient enfin un visa pour la Chine où il arrive en 1957, au moment de la campagne dite des « Cent Fleurs ». Son reportage nous livre un témoignage précieux sur ce pays en pleine évolution. Cartier-Bresson lui écrit : « Tâche de faire prolonger ton visa en Chine, rien de bon n’a été fait sur la Chine ». Marc Riboud clôt ce premier périple en Orient par l’Indonésie et le Japon où il arrive en 1958. Dans ce dernier pays, il est frappé par cet équilibre que les japonais essaient de maintenir entre la tradition et l’occidentalisation. Il y conçoit son premier livre : Women of Japan (1959). Au bout de quatre mois il est obligé de rentrer, car la vie coûte cher et ses reportages ne couvrent pas ses frais.
Le parcours se prolonge avec ses reportages en Alaska, puis dans des pays africains au moment où ils obtiennent leur indépendance. Parmi ceux-ci, l’Algérie occupe une place prépondérante, en 1962.
Vient ensuite un dossier sur sa photo la plus célèbre, prise à Washington le 21 octobre 1967, La Jeune Fille à la fleur. Elle montre une jeune fille offrant paradoxalement une fleur aux soldats qui gardent le Pentagone lors d’une manifestation contre la guerre du Vietnam !
Viennent ensuite ses reportages au Vietnam (1968-1969 et 1976) où l’on voit les terribles ravages de la guerre entre le Nord, où il se trouve, et le Sud ; au Cambodge (1968 et 1990), avant et après la tragédie des Khmères rouges de Pol Pot ; au Bangladesh (1971) lors des massacres des hindous par les forces pakistanaises et enfin en Chine, de 1965 à 2006. Marc Riboud a fait de nombreux voyages en Chine. Son nom est souvent associé à ce pays qu’il a parcouru en tous sens et à toutes les époques, témoignant avec ses images de son évolution. Le parcours se termine sur des vues des monts Huang Shan qu’il photographie à la manière d’un peintre chinois. Une exposition passionnante. R.P. Musée national des Arts asiatiques - Guimet 16e. Jusqu’au 3 mai 2021. Lien : www.guimet.fr.


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