MADAGASCAR
Arts de la Grande Île

Article publié dans la Lettre n° 464
du 17 octobre 2018


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MADAGASCAR. Arts de la Grande Île. Avec près de 360 pièces, cette exposition, la première de cette importance depuis 1946 consacrée aux arts de Madagascar, aborde le sujet sous l’angle de l’histoire de l’art. Les objets ont été sélectionnés par Aurélien Gaborit, commissaire de cette exposition, pour leur intérêt historique, esthétique et ethnologique, depuis les époques anciennes jusqu’à ce jour. Trois grandes sections nous permettent de découvrir l’art, l’histoire et la culture malgaches.
La première section, « Madagascar dans l’espace et dans le temps », nous apprend que l’île, un peu plus grande que la France, découverte en 1500 par les européens, est peuplée depuis 4000 ans. Des populations austronésiennes, en provenance d’Asie du Sud-Est, s’installent entre le 5ème et le 8ème siècle, apportant le riz, l’igname et le cocotier. Plus tard, de nouvelles vagues d’immigration proviendront d’Afrique de l’Est et des Comores, suivies par des marchands arabo-musulmans. C’est dire si cette île, exceptionnelle par ses paysages variés, sa faune unique au monde, ses ressources naturelles importantes, est au cœur d’un réseau d’échanges internationaux et d’influences de toutes sortes. Organisée en Royaumes jusqu’à l’instauration du pouvoir colonial, Madagascar développe un art original, et pour cela mal compris jusqu’à une époque récente, valorisant les propriétaires de ces objets d’art et célébrant le culte des ancêtres. Avec la colonisation et la création d’une école des Beaux-Arts, les artistes locaux s’initient à la peinture et adoptent, en sculpture, des thèmes occidentaux, sans toutefois délaisser leurs traditions.
« Le monde des vivants », la deuxième section, nous explique tout d’abord comment est construit un village ou une maison. En particulier, c’est l’astrologue et le géomancien qui décident de leur orientation. Les maisons ne comportent qu’une seule pièce dont chaque angle obéit à un usage précis. Il y a peu de meubles, à part les lits, dont certains possèdent des bois magnifiquement sculptés, mais beaucoup d’objets de rangement et de cuisine. Les malgaches fabriquent toutes sortes de boîtes, de corbeilles, d’étuis, de coffres, de pots, en terre, en pierre, en fibres végétales. L’art de la vannerie, extrêmement développé et varié, produit des objets étonnants et complexes. Une vitrine nous montre des chapeaux et des coiffes dont les plus récents s’inspirent des couvre-chefs européens. Nous pouvons également voir un tambour et surtout une cithare valiha, instrument d’origine très ancienne, résultat d’un savoir-faire minutieux, devenue un véritable symbole identitaire.
La dernière section « Le rapport entre les mondes invisibles et parallèles, et le monde des morts » est la plus originale. Après une introduction sur les croyances traditionnelles, nous voyons en premier lieu des objets de sacrifices rituels et un ensemble de cuillères aux manches sculptés tout à fait surprenants. Dans la salle suivante sont présentés de nombreux exemples de textile, appelés lamba, allant du châle jusqu’au linceul, pour les plus beaux. Vient ensuite une salle où sont exposés de nombreux objets ayant un pouvoir de protection pour ceux qui les possèdent. Certains sont conservés dans le coin nord-est de la maison, le coin sacré. D’autres sont portés par l’individu. Les amulettes ody protègent l’individu, tandis que les talismans sampy protègent la communauté. Le nombre, la variété et la complexité de ces amulettes sont considérables.
La dernière salle, « Réussir sa mort », est tout à fait spectaculaire. Elle nous montre un grand nombre de sculptures qui ornaient des tombeaux, véritables constructions jouant un rôle fondamental dans l’hommage rendu aux ancêtres, tout en exposant un signe ostentatoire de prestige et de richesse de la famille du défunt. Certaines cultures de Madagascar ont développé un art de la sculpture très raffiné avec la réalisation de grands poteaux funéraires. Une vingtaine de ceux-ci sont présents dans cette exposition dont quelques-uns, contemporains, s’inspirent de la vie quotidienne.
Une vidéo nous montre les ruines d’un ancien cimetière. On est surpris par ces sculptures, ayant pour but d’évoquer la régénération et une nouvelle vie, car certaines sont dignes de Khajuraho !
Une exposition enrichissante et bénéficiant d’une très belle scénographie. R.P. Musée du quai Branly - Jacques Chirac 7e. Jusqu’au 1er janvier 2019. Lien : www.quaibranly.fr.


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