LES MACCHIAIOLI 1850-1874.
Des impressionnistes italiens ?

Article publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre n° 356
du 17 juin 2013


LES MACCHIAIOLI 1850-1874. Des impressionnistes italiens ? Nul doute qu'«impressionniste» est un mot qui attire le public et, dans le cas présent, à part une rupture avec la peinture académique de l'époque, il n'y a aucune similitude avec les impressionnistes «français». Cela étant, le travail de ces artistes «rebelles» est tout à fait intéressant. Ils jettent un regard neuf sur la campagne florentine, leur principal lieu de résidence, peignant les paysans ou les petits bourgeois dans leur vie quotidienne. De même ils s'engagent, au péril de leur vie, dans les combats militaires, au côté des français, contre les autrichiens pour l'indépendance et l'unité de l'Italie, le Risorgimento.
Mais pourquoi ce nom intraduisible en français ? Il vient de leur technique de peinture que l'un d'entre eux, Adriano Cecioni explique ainsi : dans un tableau «les figures mesuraient rarement plus de quinze centimètres, c'est-à-dire la dimension que prend la réalité observée à une certaine distance, lorsque les éléments de la scène qui ont produit une impression se voient par masses et non de façon détaillée, ce qui fait qu'une figure vue au-dessus d'un mur blanc […] était considérée comme une tache sombre au-dessus d'une tache claire …». Lorsqu'en 1862 un critique qualifia, péjorativement, cette nouvelle génération d'artistes de Macchiaioli (faiseurs de tâches), ceux-ci s'emparèrent de ce mot pour lui donner une valeur artistique positive.
La présente exposition, composée de près de quatre-vingt-dix peintures, se déploie en six sections principales, plus une introduction où l'on voit un tableau de Degas, Diego Martelli (1879), qui fit le portrait de l'un de ces artistes lors de son passage à Florence, et quelques documents.
Dans la première section, «Vers une nouvelle peinture», nous voyons l'un des premiers tableaux qui utilise cette nouvelle technique appliquée à un sujet de la vie moderne, Promenade au Muro Torto, d'Antonio Puccinelli (1852). Vient ensuite «La conquête du plein air» où l'on rend bien compte comment ces artistes procèdent, utilisant de petits formats, souvent en bois et allongés, comme les paysages qu'ils représentent. Les Macchiaioli s'intéressent aussi à la vie dans ces campagnes. C'est le thème de la troisième section «Un regard sur la réalité», où les charrettes rouges tirées par des bœufs blancs, d'Odoardo Borrani et Giovanni Fattori, se prêtent bien au contraste entre les couleurs. Si, à part quelques exceptions, les tableaux précédents étaient de petits formats, dans la section «L'engagement pour l'Unité de l'Italie» nous avons des tableaux de plus grandes tailles pour faire le Portrait de Giuseppe Garibaldi (Silvestro Lega, 1861) ou Garibaldi à Palerme (Giovanni Fattori, 1860) ou des scènes dramatiques comme l'Artillerie toscane à Montechiaro saluée par les Français blessés à Solferino, de Telemaco Signorini (1859-1860) ou le Soldat démonté de Fattori (1880).
Après quelques tableaux du peintre provençal Paul Guigou (1834-1871), dont la peinture présente des similitudes avec celle des Macchiaioli, mais dont la présence dans cette exposition est néanmoins surprenante, nous arrivons à la dernière section «La peinture de l'intimité». Y sont présentés des portraits et des scènes de genre, construites comme les tableaux du Quattrocento. Parmi celles-ci on remarque tout particulièrement La Pergola, de Silvestro Lega (1868) et, en contrepoint, La salle des agitées, de Telemaco Signorini (1865) dont le naturalisme cru se retrouvera dans les romans de Zola.
Ces représentations de batailles et d'intérieurs bourgeois serviront de modèles à des cinéastes italiens pour des films dont l'action se situe à cette époque. C'est le cas de Senso (1954), dont on peut voir un extrait, et de Le Guépard (1963), tous les deux de Luchino Visconti. En conclusion, c'est une exposition découverte qui nous montre que la peinture italienne n'était ni figée, ni uniquement académique, mais en plein renouveau. Musée de l'Orangerie 1er. Jusqu'au 22 juillet 2013. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.musee-orangerie.fr.


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