JEAN COTELLE 1646-1708
Des jardins et des dieux

Article publié dans la Lettre n° 460
du 1er août 2018


 
Pour voir le parcours en images et en vidéos de l'exposition, cliquez ici.

JEAN COTELLE 1646-1708. Des jardins et des dieux. Cet artiste est surtout connu par la « Galerie des Cotelle » du Grand Trianon. Pourtant il a œuvré dans bien d’autres domaines, que la présente exposition tente d’explorer, malgré une difficulté majeure, la disparition d’un grand nombre de ses œuvres. Après un séjour de plus de cinq ans en Italie, il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en qualité de peintre miniaturiste. Il réalise ainsi des miniatures pour les Campagnes de Louis XIV de 1675 et de 1676. En 1687 il reçoit la commande royale de vingt et un tableaux et de vingt gouaches pour la galerie de Trianon. Etienne Allegrain et Jean-Baptiste Martin se voit confier le reste de la commande, à savoir trois tableaux, portant à vingt-quatre le nombre de tableaux ornant la galerie.
Le parcours de l’exposition commence par nous rappeler que la diffusion de gravures et de peintures représentant les jardins de Versailles célébrait la puissance de Louis XIV. Ensuite nous pénétrons dans la grande galerie, longue de près de 53 mètres, baignée de lumière grâce à ses 16 grandes baies donnant sur les jardins. Pour l’occasion, Béatrice Sarrazin, commissaire de cette exposition, a ajouté des sculptures en plomb provenant du décor de certains bosquets disparus du jardin de Versailles, comme ceux du Labyrinthe, du Marais, du Théâtre d’Eau ou des Dômes.
Les toiles de Cotelle se caractérisent par leur format vertical et surtout par des personnages tirés de la mythologie et des fables, disposés en deux registres, terrestre et céleste, prenant modèle sur les paysages bucoliques du peintre bolonais l’Albane. Cotelle avait pu voir ses tableaux non seulement en Italie mais aussi dans la collection de Louis XIV, qui en possédait trente et un. Les descriptions précises des jardins nous permettent de savoir à quoi ils ressemblaient à l’époque de Louis XIV, surtout pour les bosquets ayant disparu. La présence de personnages mythologiques est une véritable curiosité, jamais reprise par la suite. Du reste les deux autres artistes œuvrant pour cette galerie se sont contentés de faire des vues plongeantes des jardins, avec des courtisans dans les allées, comme c’était l’usage. Le roi était certainement d’accord sur ces choix.
A la fin de la galerie, nous voyons les quatorze gouaches de Cotelle qui nous sont parvenues et qui représentent des vues en réduction des mêmes jardins de Versailles.
La suite du parcours nous montre tout d’abord, dans une première salle, comment Cotelle a été inspiré par l’Italie et en particulier par l’Albane, dont on voit trois tableaux. Le plafond de cette salle est orné d’une copie rétro-éclairée du plafond du château de la Damette, à Irigny, peint par Cotelle et représentant Mars et Vénus servis par les Grâces (vers 1694-1695). Des gravures sont là pour nous rappeler que Cotelle travailla également, pour Philippe d’Orléans, à la décoration du château de Saint-Cloud, détruit en 1870.
La salle suivante est consacrée à la restauration des peintures de la « Galerie des Cotelle ». Celle-ci a été rendue possible grâce au mécénat et a mobilisé 25 restaurateurs de 2013 à 2018. Une vidéo et des panneaux didactiques nous exposent les méthodes employées.
Les trois sujets suivants sont consacrés à des aspects moins connus des travaux de Cotelle. En premier lieu, avec « La diffusion des modèles », on trouve des dessins pour des gravures, des décorations d’objets, voire même des éventails. Une grande toile, Les Noces de Cana (1682) nous montre que Cotelle s’était essayé aussi aux « sujets religieux », ce qui lui permettait de défendre sa qualité de peintre d’histoire à l’Académie. Enfin, Cotelle était aussi « Au service du pouvoir » comme on l'a vu avec la galerie du Trianon et le château de Saint-Cloud mais aussi, entre autres, avec le marquis de Louvois et les échevins de Marseille.
On sort de l’exposition par les jardins dont la décoration a été conçue, le temps de l’exposition, par Coralie Beaune, responsable des jardins de Trianon. Celle-ci s’est inspirée des tableaux de Jean Cotelle pour retrouver les couleurs de l’époque avec un ensemble de fleurs de couleur bleue, blanche et rose du plus bel effet. Une exposition qui nous fait découvrir un peintre méconnu. R.P. Château de Versailles, 78. Jusqu’au 16 septembre 2018. Lien : www.chateauversailles.fr.


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