LE JARDIN SECRET DES HANSEN
La Collection Ordrupgaard

Article publié dans la Lettre n° 444
du 20 décembre 2017


 
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LE JARDIN SECRET DES HANSEN. La Collection Ordrupgaard. Ce « jardin » n’est pas si secret que cela puisque, déjà de leur vivant, Wilhelm Hansen (1868-1936) et son épouse Henny (1870-1951) ouvrent au public, un jour par semaine, la galerie d’art du manoir d’Ordrupgaard,  leur résidence privée, bâtie dans les années 1916-1918. Wilhelm Hansen fait fortune dans l’assurance et se passionne, avec sa femme, pour la peinture. Il collectionne tout d’abord des œuvres d’artistes danois puis, découvrant les impressionnistes français lors de ses nombreux séjours pour affaires à Paris, il se crée en deux ans, de 1916 à 1918, une collection impressionnante, unique en Europe du Nord, comprenant des œuvres de Manet, Monet, Renoir, Cézanne, Sisley, Gauguin, etc. choisies avec soin. Pour cela il se fait aider par le critique d’art et collectionneur français Théodore Duret, ami et ardent défenseur des impressionnistes. L’ambition de Wilhelm Hansen est d’avoir douze tableaux de chaque artiste. Un revers de fortune, en 1922, l’oblige à vendre la moitié de sa collection d’art français. Quelques années plus tard il peut reprendre ses acquisitions, dont de nombreux chefs-d’œuvre. Wilhelm Hansen voulait que sa collection revienne à l’État. Sa femme, à l’image de Nelly Jacquemart, y ajouta les bâtiments et le parc, pour qu’ils deviennent, en 1953, un musée de l’État. Celui-ci continue à s’enrichir et à s’agrandir, avec un édifice moderne inauguré en 2005.
La présente exposition, itinérante dans le monde entier, nous montre une quarantaine de toiles toutes remarquables. La co-commissaire Anne-Birgitte Fonsmark, à qui l’on devait déjà la splendide exposition consacrée à Vilhelm Hammershoi en 1998 au musée d’Orsay (Lettre 139), les a présentées selon un parcours par thèmes.
La visite commence avec des paysages de Corot (La Route, paysage de la Côte-d’Or, vers 1840-60 ; Jeune Italienne assise en vue d’un lac, vers 1850-55 ou encore Hamlet et le fossoyeur, vers 1870-75), de Monet (Le Pavé de Chailly dans la forêt de Fontainebleau, 1865 ; Marine, Le Havre, vers 1866 ; l’une des 42 variations du Pont de Waterloo à Londres, Temps gris, 1903 ; etc.) et de Sisley (Allée de châtaigniers à la Celle-Saint-Cloud, 1865).
Sous l’intitulé « Des choix très impressionnistes », elle se poursuit avec des toiles de Pissarro (dont Pruniers en fleur à Éragny, 1894) ; de Sisley (4 toiles dont L’Inondation. Bords de la Seine, Bougival, 1873 et Le Garage des bateaux-mouches, 1885) et de Guillaumin, moins connu mais l’un des piliers du groupe impressionniste (Quai de Bercy, Paris, 1885).
Viennent ensuite « Des natures mortes audacieuses » signées par Manet (La Corbeille de poires, 1882), Redon, avec une Nature morte (vers 1901) très colorée, Gauguin (Deux vases de fleurs, vers 1890-1891) et Matisse (Fleurs et fruits, 1909).
Avec « Degas : le regard d’un moderne », on passe devant deux tableaux du maître, qui sortent des sentiers battus : Cour d’une maison (Nouvelle-Orléans, esquisse) (1873) et Femme se coiffant (1894) et l’on entre dans l’impressionnante salle consacrée à « Courbet : La Nature en majesté ». À côté des tableaux du Maître d’Ornans (Le Change, épisode de chasse au chevreuil, Franche-Comté, 1866 ; Les Falaises d’Étretat, 1869 et deux autres) sont accrochés des toiles de Charles-François Daubigny, de son fils Karl Daubigny et de Jules Dupré, exagérément associés à l’École de Barbizon.
Après une halte devant une toile de Johannes Larsen, Été, soleil et vent, Kerteminde, 1899, qui représente les quelque 252 pièces de la collection d’art danois des Hansen, nous atteignons les deux dernières salles. Dans la première, « Visages de la modernité », on peut contempler des portraits peints par Renoir, Éva Gonzalès, l’unique élève de Manet, Berthe Morisot (Femme à l’éventail. Portrait de Madame Marie Hubbard, 1874, qui s’inspire de l’Olympia de Manet, dont elle était très proche), ainsi que des Baigneuses (vers 1895) de Cézanne et un joli tableau champêtre de Pissarro (Coin de jardin à Éragny (la maison de l’artiste), 1897).
La visite se termine en apothéose avec six toiles de Gauguin appartenant à ses différentes périodes, de sa participation à la VIIe Exposition impressionniste (La petite rêve, étude, 1881) à son séjour aux Marquises (Adam et Ève, 1902). Un enchantement qui s’ajoute au plaisir de parcourir une fois de plus ce magnifique hôtel. R.P. Musée Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 22 janvier 2018. Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.


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