Parcours en images de l'exposition

INCURSIONS SAUVAGES

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°552 du 20 juillet 2022



 

Nota : le commentaire de certaines œuvres est extrait du dépliant remis à l'entrée

 
Sur les pavés des trottoirs des rues voisines...
 
Sur les pavés des trottoirs des rues voisines...
 
Le Musée de la Chasse et de la Nature.
 
Scaf. Sauf qui peut !, 2022. Peinture acrylique.

Tel un premier de cordée, cet écureuil roux hisse ses compères pour les faire entrer par la fenêtre du Musée dans une pièce qu'il semble avoir colonisée, tel un nid de fortune. Naguère ennemies, ces trois espèces (nota : l'artiste avait aussi prévu de dessiner un rat) liminaires s'entraident désormais pour survivre dans la ville. Dans un effet de trompe-l'œil hyperréaliste, Scaf crée l'illusion tout en jouant avec les échelles et les proportions.


 
Affiche de l'exposition
 
Scaf. Biche, Ô ma biche, 2022. Peinture acrylique. Photo David Bordes.

De la biche farouche qui arpente désormais nos rues, il est souvent difficile de saisir la silhouette, tant elle s'enfuit au premier bruit venu. Par le truchement de cette anamorphose, Scaf nous en offre ici une image fugace qui nécessite de s'arrêter au juste point. Au moindre mouvement, elle disparaît comme son sujet.

Bordalo II. Faucon crécerelle, 2022. Plastique recyclé, rehauts à la bombe aérosol, 4 x 2,5 m. Photo David Bordes.

Symbolique autant qu’esthétique, l'œuvre de Bordalo II nous alerte sur la pollution du plastique à l'échelle planétaire, qui contamine toute la faune. Ce faucon, hier rescapé du DDT, se voit aujourd’hui menacé par un ennemi plus sournois car invisible, réduit en particules. Débris, résidus, emballages, 100% plastique, forment les mets qu’il a ingérés, au point d'en être génétiquement modifié.

 

Urbi et orbi, lorsque l'homme dépasse les frontières de la cité pour étendre son emprise sur le monde, le règne animal en est profondément perturbé. En construisant la ville, l'homme a défini son propre territoire et il y règne presque sans partage. À l’extérieur de ce périmètre, la campagne constitue alors un monde plus sauvage, ou vivent une gent animale partiellement domestiquée, mais aussi toute une faune indomptée. Las ! Depuis que l'homme exploite la nature à outrance, nul endroit n'est épargné par sa prégnance: il creuse et déboise, bétonne et cultive, et toute la faune s’en trouve bouleversée. Désormais, nombre d’animaux sauvages ont trouvé le chemin des villes pour étendre leur territoire de chasse, voire d’habitat. De façon provisoire ?

De ces « Incursions sauvages », l’art urbain nous propose une lecture poétique et écologique. En effet, si les street artistes s'emparent encore aujourd’hui du bestiaire comme source d’inspiration de leur travail, dans la continuité de leurs aînés, c’est précisément pour pointer les dysfonctionnements de nos sociétés contemporaines. C’est aussi pour réenchanter la ville, en réintroduisant la nature dans un univers devenu trop minéral et artificiel. Concernés par les questions environnementales relatives à la sauvegarde de l’espèce animale comme à sa problématique cohabitation avec l’homme, les artistes abordent, dans cette exposition, l’arrivée impromptue, telle quelle s'est récemment produite, d’un bestiaire sylvestre dans la ville - cerfs, sangliers ou blaireaux...

Au-delà du propos environnemental, il s’agit également d'une métaphore de l’art urbain, d’une nature « sauvage », qui entre au Musée, d’un art engagé qui se veut lanceur d'alerte. À l’origine en crew, c’est-à-dire en équipes, les artistes du graffiti se sont d’abord exprimés aux marges de la cité, dans les friches industrielles, les tunnels et bordures de voies rapides. Autant de lieux non destinés à recevoir de l’art et dès lors investis sauvagement. Depuis, nombre de villes ont accueilli ces artistes, leur offrant murs et pignons sur rue pour des œuvres toujours plus monumentales et légales. Aujourd’hui, une nouvelle étape est franchie, puisque c’est au sein du Musée qu'ils sont invités, le temps d’une exposition. À l'instar de cet art qui prend ses aises dans l'institution, la gent animale échappée des bois saura-t-elle trouver, dans la cité, une place respectée ?
Bordalo II. Faucon crécerelle, 2022. Plastique recyclé, rehauts à la bombe aérosol, 4 x 2,5 m. Photo David Bordes.
 
Texte du panneau didactique.

Salle d'exposition temporaire avec les œuvres de Jussi TwoSeven, WAR! et
Sébastien Jouan (Urbanozoo !, 2022. Installation sonore en ambisonie)
WAR! Ruée sauvage, 2022. Peinture acrylique, 15 x 3,90 m. Photo David Bordes.

Cette faune sauvage et d'élevage s’est échappée d’un zoo qui a pour nom « nature ». La légende de WAR! « Nous ne faisons que passer », sonne comme une étrange prémonition... Peur de déranger ou memento mori ? Mais qui restera après eux, après nous ? Ce déluge animalier est en quête d'un refuge mais les héritiers de Noé, apprentis sorciers, n’ont plus d’arche à proposer. Ils ont failli et cette ruée sauvage est venue le leur signifier : le temps de Sapiens est aussi compté.

WAR! Ruée sauvage (détail), 2022. Peinture acrylique.
WAR! Ruée sauvage (détail), 2022. Peinture acrylique.
 

Sébastien Jouan, Urbanozoo !, 2022.
Installation sonore en ambisonie (4mn).

Faisant écho aux œuvres de WAR ! et Jussi TwoSeven, le plasticien sonore Sébastien Jouan recrée un monde de sons évoquant un déluge des temps modernes où les voix humaines sont bientôt submergées par les cris des animaux, puis d’une vague fatale. Seuls subsisteront quelques animaux après ce cataclysme.



 

Les artistes Sébastien Jouan (Urbanozoo!, installation sonore), WAR! (Ruée sauvage) et Jussi TwoSeven (Bird of Prey). Photo David Bordes.
 
Texte du dépliant et signature, sur le mur, de Jussi TwoSeven.
Jussi TwoSeven. Bird of Prey (Accipiter gentilis), 2022. Pochoir et peinture acrylique, 12 x 3,90 m. Photo David Bordes.

Dans une composition digne d’une capture chronophotographique, Jussi TwoSeven saisit le vol de ce rapace à l'instant imminent de la prise d’une proie. Il décompose ici son mouvement en cinq instantanés dont l'intensité s'estompe au fur et à mesure de la progression de l’épervier. De par sa nature sérielle, la technique du pochoir permet la répétition du motif de l'oiseau, dans un simulacre d'animation.

Jussi TwoSeven. Bird of Prey (Accipiter gentilis) (détail), 2022. Pochoir et peinture acrylique.

Une des salles d'exposition permanente du Musée de la Chasse et de la Nature.
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé.

En solitaire ou en famille, loup, renard et sangliers longent subrepticement les murs, se faufilent entre les chambranles de portes, grimpent les escaliers. Envahissante, la faune sylvestre de Nadège Dauvergne reste toutefois tranquille, en goguette ou rejouant quelque saynète. Ainsi la laie promène-t-elle ses marcassins, quand le renard s'apprête à une prise de bec avec le corbeau et que le loup attend son heure...

 
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehaut de crayons de couleur sur papier collé.
 
Nadège Dauvergne. Le Sanglier des villes, 2022. Techniques mixtes sur plaques de PVC, 2 x 3,50 m.
 
Nadège Dauvergne
Le Sanglier des villes

Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé, 2022

Nadège Dauvergne sait déplacer les murs.  Entretenant la confusion d’un dedans-dehors, elle introduit l'atmosphère de la rue en invitant ses crépis tachés, tagués, craquelés. Le sanglier naturalisé du Musée s'en trouve prisonnier, battant désormais le pavé plutôt que les sentiers.
Musée de la Chasse et de la Nature. Ours blanc.
 
Texte du panneau didactique.
 
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé. Photo David Bordes.
 
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé. Photo David Bordes.
 
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé.
 
Nadège Dauvergne. Le cerf des villes, 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé (au sol), 1,70 x 2,10 m. Photo David Bordes.

C'est ici le cerf naturalisé du Musée qui est mis sur le carreau. Nadège Dauvergne a reconstitué en trompe-l'œil un trottoir avec ses bandes podotactiles et ses mégots. Par ce simple déplacement du sol, elle recrée le contexte urbain dans lequel évolue désormais l’animal dont on pourrait entendre résonner le bruit des sabots.

 
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé.
 
Une des vitrines du Musée de la Chasse et de la Nature.
 
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé. Photo David Bordes.
 
Nadège Dauvergne. Le Blaireau des villes, 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé, 0,80 x 1,20 m.

Une des salles d'exposition permanente du Musée de la Chasse et de la Nature.
 
Nadège Dauvergne. La Chouette effraie des villes, 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé.
 
Nadège Dauvergne. La Chouette effraie des villes, 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé. Photo David Bordes.
 
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé.
 
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé.
 
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé.
 
Nadège Dauvergne. Exodus, ils arrivent ... (détail), 2022. Peinture acrylique avec rehauts de crayons de couleur sur papier collé.

Une des salles d'exposition permanente du Musée de la Chasse et de la Nature.
 

Ruben Carrasco. Le Retour de la faune, 2022. Peinture acrylique au pinceau, 2 x 1,50 m.

Surgissant de la paroi par quelques coups de pinceaux clairs qui lui confèrent l'aspect d’un fantôme, ce renard nous fait face. Monumental, il brandit dans sa gueule le doudou d’un bébé en forme de lapin. Nulle menace dans son aspect, il avance à pas lent pour rapporter son jouet au nouveau-né qui l'avait égaré. Ruben Carrasco convoque ici un monde où hommes et bêtes vivraient en parfaite harmonie.

 
Ruben Carrasco : portrait et signature.

Andrea Ravo Mattoni. Les Amours des centaures d'après Rubens, 2022. Bombe aérosol, 3,30 x 5 m. Photo David Bordes.
Andrea Ravo Mattoni
Les Amours des centaures, d'après Rubens

Bombe aérosol, 2022

Et si la solution résidait dans la fusion ? Mi-homme, mi-bête, le centaure est l'archétype de la bestialité mais fait parfois preuve de sagesse tel Chiron, le précepteur d'Héraclès. C'est cette ambivalence, entre tendresse et sauvagerie, qu'exprime Rubens dans cette joute amoureuse et que restitue Andrea Ravo Mattoni, substituant le spray au pinceau. En domestiquant l'outil du graffiti à la copie d’une peinture classique, l'artiste urbain tempère l’ardeur du graffeur et canalise les pulsions du spray.
 
Texte du panneau didactique.
 
Andrea Ravo Mattoni devant son œuvre qu'il peut enfin voir avec du recul car il avait travaillé derrière une toile protégeant les œuvres permanentes de la salle !