LES HOLLANDAIS À PARIS, 1789-1914
Van Gogh, Van Dongen, Mondrian ...

Article publié dans la Lettre n° 451
du 28 mars 2018


 
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LES HOLLANDAIS A PARIS, 1789-1914. Van Gogh, Van Dongen, Mondrian… De 1789 à 1914, plus d’un millier d’artistes hollandais se rendent en France, attirés par la Ville-Lumière et le dynamisme de sa vie artistique. Certains n’y font que de brefs séjours, par exemple à l’occasion des expositions universelles, d’autres profitent des possibilités qui leurs sont offertes : enseignement, richesse des musées, marché de l’art en plein essor, opportunités de carrière. C’est ainsi que Gérard van Spaendonck (1746-1822), un spécialiste de la peinture de fleurs, premier peintre mis en exergue dans cette exposition, est nommé professeur de dessin botanique au jardin des Plantes et forme des artistes célèbres comme Pierre-Joseph Redouté et Jan Frans van Dael.
Van Spaendonck ouvre la voie à d’autres artistes néerlandais comme Ary Scheffer (1795-1858) qui devient l’un des artistes les plus en vue sous le règne de Louis-Philippe. Dans sa maison et son atelier de la rue Chaptal, devenus aujourd’hui le Musée de la Vie romantique, il reçoit nombre de personnalités du monde artistique, politique et littéraire, prêtant son atelier à de nombreux élèves. Il soutient également les jeunes peintres français de l’école de Barbizon.
Le parcours se poursuit, dans un ordre chronologique, avec trois artistes qui arrivent à partir du milieu du XIXe siècle. Il s’agit de Johan Barthold Jongkind (1819-1891), Jacob Maris (1837-1899) et Frederik Hendrick Kaemmerer (1839-1902). Tous trois fréquentent assidûment les cafés et se lient d’amitié avec les artistes français, tels Boudin ou Monet. Jongkind encourage ces derniers à tracer des voies nouvelles dans la peinture française. Lui-même, qui fréquente aussi Courbet et Baudelaire, se fait connaître des amateurs d’art en exposant dans les cafés et en se faisant recommander par ses amis. Jacob Maris vient en France pour visiter les lieux où peignent les peintres de Barbizon (Millet, Théodore Rousseau, Daubigny, Troyon…) dont les tableaux sont populaires aux Pays-Bas. Kaemmerer conclut un accord avec le marchand d’art Adolphe Goupil, ce qui lui permet d’accroître sa renommée. Goupil imagine d’autres techniques de vente et ouvre des succursales à Londres et New York. Il vend ainsi près de la moitié des toiles de Kaemmerer à des collectionneurs et marchands d’art américains.
A la fin du XIXe siècle et jusqu’au début du XXe siècle, l’attrait pour Paris est à son apogée. La capitale est un passage obligé pour tous les artistes internationaux. Les quatre artistes qui closent le parcours ne font pas exception. Même s’il ne reste que peu de temps à Paris, George Hendrik Breitner (1857-1923), qui avait sans doute vu l’exposition d’œuvres impressionnistes organisée à Amsterdam par le marchand d’art Paul Durand-Ruel, est fortement influencé par la peinture française moderne. Mais c’est surtout Degas et le thème de la danse qui l’inspire avant de se tourner vers une peinture plus personnelle, avec des nus dépourvus de tout académisme ou des paysages éloignés de la tradition hollandaise.
Van Gogh (1853-1890) qui vient à Paris avec le désir de faire des progrès et de vendre ses toiles ne reste que deux ans dans la capitale. Il découvre à la fois l’impressionnisme et le néo-impressionnisme et se fait un nom au sein de l’avant-garde. Toutefois il ne parviendra à vendre ses toiles qu’après avoir quitté Paris.
A l’inverse de Van Gogh, Kees van Dongen (1877-1968) connaît la réussite à Paris grâce à un réseau d’amis et critiques influents et à des expositions dans de grandes galeries où les amateurs admirent la modernité de son style et la vitalité de ses compositions.
Piet Mondrian (1872-1944) ne s’installe qu’en 1912 à Paris. Auparavant il était inspiré par son compatriote George Hendrik Breitner et par l’école de Barbizon avant de s’intéresser au cubisme, dont Cézanne était présenté comme le précurseur, puis à l’abstraction, où il élimine toute réalité visible.
À côté des œuvres de ces neuf peintres, les commissaires ont présenté des toiles d’autres peintres hollandais et surtout des toiles des artistes qui les ont inspirés. On a ainsi des tableaux de Géricault, David, Corot, Millet, Boudin, Monet, Cézanne, Signac, Braque, Picasso … permettant d’établir des correspondances et des comparaisons.
Comme d’habitude dans ce musée, la scénographie est admirable. Chaque salle est personnalisée en fonction de la vie et du style du peintre. Des panneaux présentent les artistes (biographie, contexte dans lequel ils évoluent) et les cartels des 115 œuvres sont très lisibles. Une totale réussite. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 13 mai 2018. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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