HOKUSAI

Article publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre n° 376
du 29 décembre 2014

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HOKUSAI. Cette exposition retrace la vie et l'œuvre abondante de cet artiste de très modeste origine, donc sans identité, qui avait adopté à un moment de sa carrière celui d'Hokusai, le « Fou de peinture », l'un des plus de cinquante-cinq noms qu'il utilisa, les abandonnant ensuite à ses élèves ! Ses œuvres, découvertes en Occident à la fin des années 1850, firent connaître l'art japonais, provoquant un profond choc culturel. On se souvient de l'admiration de Van Gogh pour cet art, bien expliqué dans l'exposition de la Pinacothèque de Paris, « Van Gogh. Rêves de Japon » (Lettre 349). Il n'était pas le seul. C'est la découverte d'un volume des Manga (dessins divers) de Hokusai qui provoqua cet engouement. En effet, devenu célèbre dans tout le Japon, sollicité par des disciples de plus en plus nombreux, Hokusai publie à partir de 1810 des manuels à l'usage des artistes et des artisans. Publié en quinze carnets, les Hokusai Manga constituent une prouesse dans le genre, rassemblant plus de 3.900 dessins, sortes d'encyclopédies de la vie quotidienne du Japon de l'époque Edo. Une salle entière est dédiée à ces Manga.
Le parcours suit la chronologie de la longue carrière d'Hokusai (1760-1849), mort à l'âge de 89 ans, après avoir consacré toute sa vie à son art. Néanmoins il avait souhaité vivre plus de cent-dix ans afin de « parvenir à son plein accomplissement artistique », comme il l'écrit dans la postface des Cent vues du mont Fuji, une des plus célèbres séries qu'il a peintes. Si Hokusai commence vraisemblablement sa carrière vers l'âge de quinze ans, c'est à partir de 1779 que l'on connaît celle-ci. Cette année-là il se lance dans une carrière de dessinateur, comme son maître, un portraitiste très connu d'acteurs de kabuki, prenant le nom de Katsukawa Shunro. Durant ces années de formation il produit un très grand nombre d'estampes commerciales et illustre divers types de livres imprimés.
A partir de 1794, il adopte le nom de Sori et réalise des peintures plus élaborées, telles que des gravures et des calendriers luxueux. Sans changer de style, il s'installe en 1798 comme artiste indépendant, prenant alors le nom d'Hokusai, qu'il abandonne en 1805 pour celui de Katsushika Hokusai, utilisant ainsi le nom de la région agricole où il est né. Durant cinq ans (1805-1810) il révèle son talent d'illustrateur de livre de lecture. Ses estampes témoignent alors d'un esprit et d'un humour caractéristiques de son art.
A partir de 1810, Hokusai, qui prend le nom de Taito, se consacre essentiellement à la réalisation des manuels de peinture dont nous avons parlé ci-dessus tout en produisant encore des estampes et des peintures importantes, parmi lesquelles des vues aériennes de sites célèbres.
C'est à partir de 1820, sous le nom de Iitsu qu'il se consacre à ces fameuses « estampes du monde flottant » (ukiyo-e) auxquelles une exposition avait été consacrée en 2005 au Grand Palais (« Images du monde flottant », Lettre 233), dont il est le maître incontesté. Il réalise ces grandes séries qui feront sa célébrité. La plus connue est les Trente-six vues du mont Fuji parmi lesquelles se trouve La Grande Vague de Kanagawa (1830-1831), sans doute l'estampe la plus fameuse d'Hokusai. En 1834 il utilise la signature de Gakyo Rojin Manji (« Manji, le Viel Homme fou de peinture ») et, s'éloignant du monde de l'estampe, se consacre presque exclusivement à la peinture, illustrant surtout le monde animal et végétal ou des sujets religieux.
Une belle exposition présentant une profusion d'œuvres, à la « démesure » de leur auteur, et cela en deux vagues successives afin de les préserver d'une trop longue exposition à la lumière. Grand Palais 8e. Jusqu'au 18 janvier 2015. Lien : www.rmn.fr.


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