Parcours en images et en vidéos de l'exposition

HASSAN KHAN
BLIND AMBITION

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°543 du 16 mars 2022




Le parcours suivant présente les œuvres dans l'ordre adopté par Hassan Khan lors de la présentation à la presse

Titre de l'exposition
Plan de l'exposition (les numéros renvoient aux œuvres exposées)
 
1 - Piggie Piggie Longhands Growl Growl, 2019.
Mousse, tissu molletonné avec impression numérique, yeux en acier inoxydable. 250 x 250 x 250 cm (exposé à l'extérieur de l'exposition, dans le hall du centre Pompidou).

Cette œuvre fait partie d'une série récente de sculptures légèrement plus grandes que la taille humaine, que Khan réalise avec des matériaux moelleux rappelant le monde de l'enfance.
Le cochon compte parmi les animaux qui inspirent une empathie immédiate dans les contes popularisés par le cinéma d'animation. Mais l'animal revêt ici une difformité inquiétante. Ses bras malingres sortent d'une tête géante aux dents de prédateur et aux yeux noirs sans pupilles. Le grotesque provient chez Khan d'une esthétique des contrastes qui vise moins à dénoncer qu'à rendre sensibles les ambivalences du monde contemporain.

 
2 - The Infinite Hip-Hop Song (wall version), 2019.
Générateur algorithmique de hip-hop, contenu lyrique et musical original écrit et produit par l'artiste, voix enregistrées, texte mural et logo peint, système de son. Dimensions variables.

L'élément central de cette œuvre est un générateur algorithmique qui puise en temps réel, dans une base de données, des contenus lyriques et musicaux. Khan a écrit dix chansons et plusieurs centaines de beats, lignes de basse et mélodies, tous combinables. Il a ensuite travaillé en studio avec onze rappeurs et rappeuses, chacun et chacune interprétant diverses variations des chansons. L'algorithme génère à l'infini une piste de hip-hop sans boucle. D'une virtuosité sèche, cette musique automatisée contraste avec la parole contestataire et le haut degré d'improvisation que ce genre musical urbain a introduit dans le New York des années 1980. Elle laisse affleurer les impulsions et les désirs latents de la société contemporaine où le hip-hop a gagné une popularité planétaire. La subjectivité collective, fluide et instable qui s'exprime dans cette œuvre passe néanmoins par les outils du capitalisme numérique.

2 - The Infinite Hip-Hop Song (wall version), 2019. Générateur algorithmique de hip-hop, contenu lyrique et musical original écrit et produit par l'artiste, voix enregistrées, texte mural et logo peint, système de son. Dimensions variables (voir cartel ci-dessus).
INTRODUCTION

Cette exposition est un paysage et une scène. Elle voyage librement dans la chronologie afin d'explorer la pratique artistique de Hassan Khan. Une pratique qui expérimente sans cesse avec les formes et les concepts, en passant par la sculpture, les images en mouvement, la photographie, la fiction littéraire, la musique, le son et la création de situations.

Depuis ses débuts dans les années 1990 au Caire, l'œuvre dynamique de Khan est attentive à l'espace public et aux cultures populaires, observant les tensions qui définissent l'époque contemporaine. Khan est venu à l'art à partir d'expériences variées, à la suite d'études de littérature anglaise et comparée et alors qu'il avait déjà commencé à pratiquer la musique. Découlant souvent de rêves et d'autres sources personnelles, son travail aborde à la fois le passé et le présent en libérant une charge politique et sensorielle. L'humour, le grotesque et le sentiment d'étrangeté dans le familier y affleurent de manière récurrente, comme des symptômes des énergies complexes qui émanent de notre monde dans cette époque d'anxiété mondialisée.

Cette exposition rassemble en une vaste installation, pour la première fois en France, près d'une quarantaine d'œuvres: des constellations inédites, des « remixes », ainsi que des nouvelles productions. L'espace invite à une expérience active, laissant résonner le sens du jeu, du contraste et du paradoxe propre à la pratique de Hassan Khan.

 
Texte du panneau didactique.
 
Hassan Khan présentant l'installation de ses œuvres devant Stuffedpigfollies remix (2007-2021).




Scénographie. Au premier plan : 19 - Banque Bannister, 2010. Laiton. 209 x 206 x 22 cm.

Banque Bannister est la réplique d'un fragment de la rampe d'escalier rutilante conduisant à l'entrée de la Banque Misr au Caire. Cet élément architectural est reproduit, isolé de son contexte et placé dans un espace muséal, sur une plateforme qui en dissimule la fixation, s'élevant en porte-à-faux au-dessus du vide. Par son jeu avec la masse, l'équilibre et l'ornement, cette œuvre s'apparente à une série de recherches sculpturales basées sur l'éloquence des paradoxes.
5 - stuffedpigfollies remix, 2007-2021. Impressions jet d'encre sur vinyle, détourées et collées au mur. c. 100 x 90 cm (chaque).

stutfedpigtollies a d'abord été imprimée sur des papiers de petites dimensions, accompagnée de phrases manuscrites dans une typographie conçue par l'artiste. Elle s'inspire du désir anthropomorphe qui imprègne la culture humaine à partir des contes vernaculaires, des dessins animés de Walt Disney, des illustrations pour enfants et des bandes dessinées. Ces cochons adoptant ici des airs de détresse sont pris dans une danse anxieuse, comme menacés par des forces invisibles. Les mots figurent des éléments physiques absents, suggérant la terreur solitaire d'un état de rêve.

 
3 - Liquid Batteries 1-5, 2019. 5 barres de verre faites à la main. 50 (h) x 5 (diam) cm (chaque).

Ces cinq colonnes de verre ont été réalisées avec les artisans de l'atelier Berlin Glassworks. L'artiste les a dirigés dans la production de formes allongées qui ne soient ni soufflées, ni moulées mais qui résultent de l'exercice direct de la force. Chaque colonne est le-fruit d'un geste différent: étirement, torsion, pincement, accumulation; chacune porte la trace de cette force manuelle transformant la matière, qui viennent complexifier l'automation de The Infnite Hip-Hop Song.

 
4 - a glass object photographed as a way of collecting the world around it, 2013. Photographie couleur. 40 x 40 cm. Photo Courtesy de l’artiste et Galerie Chantal Crousel, Paris. © Hassan Khan.

Une double corolle en verre coloré semble flotter d'un toit au-dessus de la ville. Réalisée avec un appareil 6 x 6 argentique, la photographie s'en remet aux trucages du cinéma des premiers temps pour donner à cet objet le rôle d'un prisme voué à recueillir l'ensemble de l'environnement visible. L'objet - manufacturé sur instructions de l'artiste - est-il une production de son environnement, ou bien une invasion étrangère au monde ?

8 - Purple Stufred Creature with Bleeding Eye, 2019. Mousse, tissu à poils longs avec impression numérique. 300 x 150 x 150 cm.
Collection Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris.

La rencontre semble incongrue entre cette masse embryonnaire informe de couleur vive et l'œil dessiné sur logiciel qui lui est greffé dans un sinistre simulacre de sentimentalité humaine. Ce dernier est inspiré d'une peluche pour enfants trouvée dans une boutique « Tout à 1 euro». Le collage entre la douceur tactile de la créature et son regard de cyclope numérique suggère un dévoiement des repères les plus intimes. La marchandisation des affects passe par l'outrance de l'artifice et de la manipulation.

 
7 - Sentences for a New Order: SUDDEN CHOLERA, 2018. LED sur boîtier électrique. 43,5 x 22 x 9,6 cm. Photo © Martin Argyroglo. © Hassan Khan.

Cette œuvre fait partie de la série plus large de « phrases pour un ordre nouveau», composées en lettres LED sur des boîtiers électriques Gewiss GW68003N, couramment utilisés dans l'espace public. Ces appareils électriques, habituellement discrets, sont détournés pour devenir des sculptures animées, convoyeuses de messages. Le caractère elliptique de ces messages et leur apparition rythmique introduisent un registre d'informations nuancé et particularisé dans chaque pièce. Mots d'ordre racoleurs et alertes inquiétantes rappellent le langage des annonces publiques (en voir une deuxième, tout en bas de cette page, sur les quatre exposées).

 
11 - The Self Is Fragile and Vicious, 2021. Impression sur aluminium. 150 x 150 cm.

Cette œuvre fait partie d'une série de planches composées sur ordinateur et imprimées sur des plaques d'aluminium. Elle reprend un ensemble d'icônes que l'artiste a d'abord conçues pour seize bannières verticales en tissu brodé, intitulées The Keys to the Kingdom (2019). Les figures plates aux contours tranchants rappellent le langage de l'héraldique, bien qu'elles ne se détachent plus ici sur des tissus de couleur mais sur des surfaces métalliques réfléchissantes. Par collage et composition, elles entrelacent des allégories intemporelles et des symboles de réussite sociale, tout en introduisant des apparitions plus inquiétantes, tels la chevelure jaune de Boris Johnson, un œil à la larme sanglante, une tête de grenouille, hybride de Krazy Frog, utilisé dans les années 2000 pour vendre des sonneries de téléphone portable et de Pepe the Frog, mascotte de trolls d'extrême droite. Des mots partagent l'espace avec les images: titres, incises, paroles d'une chanson et un faux rapport journalistique de « nouvelles du front ». L'ensemble articule des messages chargés qui empruntent autant aux codes de l'affiche urbaine qu'à la pochette d'album ou aux dépêches en temps de guerre. La simplicité apparente de chaque élément isolé n'a d'égal que la complexité de la mise en page, pointant l'usage instrumental des affects dans les représentations du politique.

 
10 - my mother, 2013. Photographie couleur. 40 x 40 cm.

Plusieurs œuvres de Khan explorent le genre du portrait, en tant que représentation croisant l'expression individuelle et le type. Incluse dans la série trusted sources publiée dans le magazine Artforum en 2013, cette photographie rend compte d'un espace à la fois distant et familier entre le sujet et l'artiste.

 
9 - evidence of evidence II, 2010. Impression sur vinyle. 350 x 298 cm. Photo Courtesy Hassan Khan, Kunst Halle St. Gallen © Anna-Tina Eberhard. © Hassan Khan.

L'artiste a trouvé cette petite étude de fleurs abimée, peinte par un amateur, dans le panier « à donner » d'un vide-grenier. Symbole de la tradition des beaux-arts et expression d'une conception populaire de la picturalité, la nature morte de géraniums peinte à l'huile sur toile, de 34,5 x 25 cm, est ici magnifiée par la reproduction : scannée et redimensionnée sur un fond blanc de simple pellicule exposée, elle est présentée à la fois comme une pièce à conviction et comme le vestige romantique d'un passé révolu. C'est aussi l'histoire d'un objet de rebut qui, ayant perdu toute valeur, connaît une nouvelle naissance.

 

Courtesy of SALT / Photo © Serkan Taycan. © Hassan Khan

 

 

Six morceaux de shaabi* ont été choisis parmi les enregistrements commercialisés sur cassettes audio de Abd El Baset Hammouda, Ahmed Addawiyya, Ali Salheen et Araby El Soghayer.

Les morceaux sélectionnés ont été écoutés en consultant des musiciens de shaabi - les rythmes de base, les modes et les tonalités ont été identifiés et analysés.

Le SAFE SOUND STUDIO a été loué pour des sessions d'enregistrement. Premières sessions effectuées avec une section de percussions shaabi (tablas, doholas, sagattes, basses). Enregistrement des rythmes pré-identifiés — six prises retenues sur un grand nombre.

Puis six musiciens (accordéon, kawala, clavier (accords), clavier (solo), trompette et violon) ont été engagés pour des sessions d'enregistrement.

Chaque musicien a été enregistré individuellement, jouant sur les mêmes rythmes choisis au sein des tonalités et des modes identifiés précédemment. Aucune mélodie ou thème n’ont été fournis, au lieu de quoi les musiciens ont été invités à jouer ce qui leur venait immédiatement à l'esprit - sans écouter ce que les autres avaient joué.

Sessions enregistrées sur Pro-Tools TDM. Mixage de toutes les pistes dans six sessions pré-finales sur Pro-Tools DIGI-001.

Le pré-mix est apporté au SOLO SOUND STUDIO pour être masterisé avec un ingénieur. Le genre shaabi guide cette étape - c’est-à-dire que le mixage vise (entre autres choses) à rendre des tablas plus clairs, des basses plus profondes et un kawala plus planant.

Dans le mixage final masterisé, un cliquetis de métronome de 30 secondes est inséré entre les six pistes.

* Genre musical populaire du Caire. La traduction sommaire du terme shaabi est « du peuple ».

17 - Dom-Tak-Tak-Dom-Tak, 2005. Mixeur audio, amplificateur, enceintes, programme lumineux, régulateur, texte vinyle au mur. 330 x 1 386 x 617 cm. Collection Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris.
 
Texte du panneau didactique.




 
12 - Dense Object, 2013. Objet en métal, table en bois. 10 (h) x 5,20 (diam) cm. Collection de l'artiste.

Des métaux de teintes et densités variées forment un cylindre compact semblable à une pile électrique, déposé sur une petite table domestique. Les recherches formelles de Khan articulent souvent une dialectique entre cohésion et différence. La densité, un état de concentration de la matière et de l'atmosphère, a une valeur à la fois physique et symbolique, évocatrice d'un principe d'énergie prête à opérer.

 
16 - ceramic tile battery, 2013. Photographie couleur. 40 x 40 cm. Photo Courtesy de l’artiste et Galerie Chantal Crousel, Paris. © Hassan Khan.

Cette photographie fait partie d'une série intitulée trusted sources, réalisée avec un appareil 6 x 6, en réponse à une commande du magazine Artforum. Dans cet assemblage de dalles de céramique superposées est suggérée la sédimentation d'une charge d'énergie. L'équilibre constructif de la composition et le jeu dynamique des teintes met en tension des principes empruntés tant à l'abstraction moderniste qu'à l'architecture et à la décoration.

 
14 - The Rams, 2006. Trois photographies imprimées sur papier photographique et contrecollées sur aluminium. 160 x 100 cm (chaque).

Une prairie paisiblement occupée par deux béliers devient une scène quasi-métaphysique. Le vide central qui sépare les deux figures - emblèmes traditionnels de la force et de la vigueur -, produit une sorte d'intervalle musical, tandis que la couleur qui teinte uniformément les trois photographies rappelle celle d'un album psychédélique. Cette œuvre compte parmi un ensemble de pièces conçues d'après les rêves de l'artiste.

 
15 - Transmission, 2002. Installation vidéo à trois canaux, son. 4 min. 12 sec. Une version française et une version anglaise sont présentées en alternance.

Tournée au Caire avec une caméra MiniDV, Transmission est accompagnée de phrases murmurées par deux voix enregistrées en studio et d'un paysage sonore de fréquences et de tonalités subtilement changeantes. Des travellings nocturnes dans le centre-ville traversé en voiture alternent avec des vues fixes de la périphérie, tandis que des autoportraits d'hommes et de femmes sont entrelacés de manière rythmée, le tout créant un flux narcotique d'images. L'artiste a confié sa caméra à des passants et leur a demandé de se filmer en tournant sur eux-mêmes en cercle, au milieu de la rue. De ce mouvement émerge un sentiment étrange de rêverie urbaine.

Scénographie.
23 - Simpler Times, 2019. Peinture murale, 350 x 700 cm.

L'étendue et la surface comptent parmi les données que l'artiste utilise pour interagir avec une architecture et un environnement. Cet énoncé laconique est-il un constat ou une injonction ? Un slogan politique ou une pulsion souterraine qui rêve d'éroder les contradictions et les aspérités ? Avec ses lettres monumentales sur fond vif, Simpler Times fait contrepoint aux œuvres de l'exposition, avec la simplicité ambivalente d'une fiction.

 
21 - The Slapper and the Cap of Invisibility, 2015. Vidéo noir et blanc, son, 8 min. 34 sec.
Photo de droite : Photo Courtesy de l’artiste et Galerie Chantal Crousel, Paris. © Hassan Khan.

Ismail Yassin et Tawfiq Al-Deqn, deux stars du cinéma de comédie égyptien disparus de longue date, sont réanimés dans ce film par leurs sosies contemporains. Sur une scène tendue de noir, rappelant le théâtre existentialiste, se déroule une farce en miniature, où ils rivalisent de gestes exagérés et de jeu grotesque. Deux objets magiques en sont les fétiches, âprement disputés jusqu'à ce que les deux personnages tombent d'accord dans un langage inventé. Le recours à la fiction historique, de même que l'inspiration tirée de la culture vernaculaire sont récurrents dans l'œuvre de Hassan Khan.

 
 
20 - The Dead Dog Speaks, 2010. Animation numérique à canal unique, son, 4 min. 2 sec.

Sur un fond rouge aux nuances changeantes, trois personnages générés par ordinateur semblent piégés dans une spirale verbale vouée à l'échec : le buste d'une femme traînant son manteau dans le vide, la tête d'un homme à moustache, inspirée de l'acteur de cinéma égyptien Youssef Shaaban, et un chien pékinois. Les 27 voix enregistrées, qui passent d'un avatar à l’autre, contribuent à l'étrangeté tragi-comique de ce huis clos - un espace relationnel aliéné et sans issue.





 
28 - The Hidden Location, 2004. 4 projections synchronisées, son, 52 min.
Photo de droite : Courtesy de l’artiste et Galerie Chantal Crousel, Paris. © Hassan Khan.

« Le lieu caché » parle des aspirations et des potentialités secrètes des individus au sein d'un ordre social complexe. Tournée au Caire au milieu des années 2000, cette œuvre mêle divers styles et régimes d'images, documentaires ou jouées par des acteurs. Seize séquences brèves se répondent sur quatre écrans. Le livre de Mahmoud Abdel Razek Afifi, L'Avortement de la liberté (auto-publié par l'auteur dans les années 1980), décrivant un monde malade de rêves inassouvis, inspire l'inconscient de la ville traversée par son personnage central : un agent d'assurances qui dérive, le temps d'une journée, dans le tumulte urbain. La collaboration avec les acteurs est basée sur une conversation préalable au sujet de l'interprétation des idées, méthode que Khan reprendra dans nombre de ses œuvres filmées.

 
26 - The Alphabet Book, 2006-2021. Images imprimées sur papier photographique et contrecollées sur Dibond, structure en acier et contreplaqué peints en noir mat. 120,6 x 560 x 40 cm et 120,6 x 480 x 40 cm (dimensions générales}, 40 x 40 cm (chaque image).

À l'origine, The Alphabet Book est un livre carré dont les pages alternent 26 photographies et les 26 lettres de l'alphabet, chaque lettre occupant l'ensemble de la page telle une image. Ce défilement d'expériences visuelles forme un abécédaire subjectif : matières, présences, ambiances, attitudes, mouvements et objets, sont tous chargés d'un potentiel dramatique à l'instar des indices d'une enquête. Ce matériau elliptique est issu de rêves de l'artiste. L'œuvre est ici présentée sous la forme d'une installation de tirages photographiques, sur un support invitant à la lecture.

 
26 - The Alphabet Book (détail), 2006-2021. Photo Courtesy de l’artiste et Galerie Chantal Crousel, Paris. © Hassan Khan.

Voir commentaire ci-dessus.

 
25 - Harvest of Guilt, 2021. Impression sur aluminium. 150 x 150 cm.

Cette œuvre fait partie d'une série de planches composées sur ordinateur et imprimées sur des plaques d'aluminium. Elle reprend un ensemble d'icônes que l'artiste a d'abord conçues pour seize bannières verticales en tissu brodé, intitulées The Keys to the Kingdom (2019) (voir plus haut, numéro 11).





24 - Abstract Music, 2015. Sculptures en verre, plateforme et socles en bois. Dimensions variables.
Museum für Moderne Kunst (MMK), Francfort. L'acquisition a bénéficié du généreux soutien de BHF Bank Stiftung.

Des volumes en verre moulé superposés forment des piles de diverses hauteurs et largeurs. Chaque pile isolée sur son socle, l'ensemble réuni sur une structure de bois au ras du sol, suggèrent un groupe d'entités distinctes, chacune avec son individualité et son rôle à jouer. Si son titre évoque la légèreté et la transparence de masses sonores, l'œuvre dégage, de fait, une force d'élévation quasi-guerrière. La masse creuse et le simple poids cumulé des unités en verre suffisent à tenir ces rangées verticales, comme en attente d'une vocation à venir. La tension entre sculpture et ornement passe ici par une composition modulaire, évoquant un système où opèrent la répétition et la différence.

 
24 - Abstract Music (détail), 2015. Photo Courtesy Hassan Khan, MMK Frankfurt. © Axel Schneider. © Hassan Khan.

Voir commentaire ci-dessus.

 
27 - Doublemirror (dream/object/echo), 2015. Laiton, miroirs, cadre en bois, tête en torchis. 121 x 46 cm. Collection Chantal Crousel.

Inspiré d'une chose vue en rêve, ce miroir à double face présente deux images : le reflet de son environnement et un visage grossièrement fabriqué de terre crue mêlée de paille. Présence énigmatique, cette figure aux yeux d'ombre produit une confrontation mimétique, subvertissant l'expérience familière du miroir. Un scénario à trois s'engage dans l'acte de voir.

29 - 2013 Curtain Remix, 2021. Tissu imprimé. 350 x 840 cm.

En 2019, Khan réalisait 2013, une série de trois collages d'images générées sur ordinateur à partir de photographies prises avec son téléphone portable : des objets inquiétants observés dans des musées d'arts décoratifs et de sciences se mêlent à des animaux morts torturés que l'artiste a croisés dans les rues du Caire en 2013, lors des troubles politiques. Des bulles de textes traversent les images : elles détaillent des extraits des conversations de Khan avec le chatbot Replika, dont il teste la capacité de jugement sur les formes du pouvoir, leur abus et leurs effets. 2013 Curtain Remix, produit pour l'exposition, réinterprète cette violence visuelle et cette tension verbale à l'échelle d'une pièce à la fois molle et monumentale, élément décoratif qui morcèle sa lecture.

30 - The Agreement, 2011. Cinq histoires et dix objets. 285 x 1 600 cm env..

Chaque récit évoque l'apparition progressive d'une tension dans le quotidien ordinaire : moment décisif, conflit imminent, dilemme, jeu de pouvoir, révélation de soi, font figure de micro-drames sur un ton mordant. S'ils mettent en scène des figures de la société cairote, l'allégorie des passions humaines y assume une portée plus générale. Comme autant de bibelots alignés sur un buffet ou une cheminée, dix objets ouvrent l'interprétation narrative. Des matières hybrides ou incertaines, des images familières et pourtant étrangement réorganisées, jouent avec notre capacité critique d'observation et d'empathie.

 
30 - The Agreement (détails), 2011.

Voir commentaire ci-dessus.

 
30 - The Agreement, (détail), 2011. Photo Courtesy de l’artiste et Galerie Chantal Crousel, Paris. © Aurelien Mole. © Hassan Khan.

Voir commentaire ci-dessus.

 
30 - The Agreement, 2011. La première des cinq histoires (traduction).
 


Œuvres seulement visibles depuis la rue Saint- Merri

36 - Window, 2007. Cibachrome contrecollé sur aluminium. 150 x 100 cm.

Cette photographie d'une fenêtre ouverte est installée dans une vitrine en miroir, donnant vers l'extérieur du Centre Pompidou. Avec son geste simple de cadrage du paysage urbain par le contour de la fenêtre, l'image produit un échelonnement des plans et confère aux antennes paraboliques disposées anarchiquement sur le toit une présence surdimensionnée, quasi-sculpturale.

 
30 - Sentences for a New Order: NOW CHANGES, 2018. LED sur boîtier électrique. 43,5 x 22 x 9,6 cm.

Cette œuvre fait partie de la série plus large de « phrases pour un ordre nouveau», composées en lettres LED sur des boîtiers électriques Gewiss GW68003N, couramment utilisés dans l'espace public. Ces appareils électriques, habituellement discrets, sont détournés pour devenir des sculptures animées, convoyeuses de messages. Le caractère elliptique de ces messages et leur apparition rythmique introduisent un registre d'informations nuancé et particularisé dans chaque pièce. Mots d'ordre racoleurs et alertes inquiétantes rappellent le langage des annonces publiques.

 
35 - Surplus Value, 2021. Mousse polyuréthane compressée, socle avec miroirs. 28 x 25 x 25 cm (hors socle).

Cette pièce a été conçue pour l'exposition à l'intention d'une vitrine extérieure en miroir adressée aux passants de la rue Saint-Merri. Elle consiste en une pile de couleurs prises dans une masse de silicone : les sensations colorées, premier niveau de la perception optique, s'y organisent en une structure à la fois rigoureuse et dénuée de tout ordre logique. Une fois de plus, l'accumulation ouvre une réflexion sur la relation entre valeur de production et mesure de l'intensité.

 
33 - Purity Machine, 2021. Impression sur aluminium. 150 x 150 cm. Courtesy de l’artiste et Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo © Martin Argyroglo. © Hassan Khan.

Cette œuvre fait partie d'une série de planches composées sur ordinateur et imprimées sur des plaques d'aluminium. Elle reprend un ensemble d'icônes que l'artiste a d'abord conçues pour seize bannières verticales en tissu brodé, intitulées The Keys to the Kingdom (2019) (voir plus haut, numéro 11).

 
34 - W, 2021. Yeux en peluche. 3 x 10 x 10 cm (chaque, hors socle).

Cette pièce a été conçue pour l'exposition à l'intention d'une vitrine extérieure en miroir adressée aux passants de la rue Saint-Merri. C'est une paire d'yeux en peluche, dont le titre joue sur l'abréviation de W pour double-you, « double-toi » : invitation ironique à l'observation.