LE GOÛT DE MARIE LESZCZYŃSKA. Cette exposition est consacrée à une reine discrète, épouse de Louis XV, qui régna plus de 42 ans, soit le plus long règne d’une reine à Versailles. Cette fille d’un roi déchu de Pologne n’était pas destinée à épouser un roi mais le risque que Louis XV, âgé de treize ans, disparaisse sans descendance et que le trône de France revienne au fils du défunt Régent, en décida autrement. Le duc de Bourbon, à la recherche d’une princesse catholique de sang royal capable de mettre rapidement au monde un dauphin trouva la candidate idéale en la personne de Marie Leszczyńska (1703-1768), pourtant âgée de sept ans de plus que le souverain.
La présente exposition rend hommage à cette reine cultivée, aimant les beaux esprits, recherchant ne serait-ce que quelques heures par jour une certaine intimité pour lire (elle a une vaste bibliothèque), méditer, peindre, travailler avec son imprimerie ou recevoir son cercle le plus intime. Le parcours se déroule dans l’appartement de la Dauphine qui rouvre à cette occasion et qui sera remeublé en 2020 après la restauration de l’appartement contigu du Dauphin. On peut y voir une soixantaine de peintures, sculptures et objets d’art appartenant aux collections du château dont certaines pièces ont été acquises tout récemment.
Après avoir retracé le parcours de cette reine polonaise qui mit au monde dix enfants, dont on admire les charmants portraits de certains d’entre eux, peints par Nattier, le parcours nous emmène dans des salles où l’on voit les tableaux qui ornaient ses cabinets. Dans l’un d’entre eux elle avait accroché la série des cinq sens de Jean-Baptiste Oudry. Dans un autre elle avait disposé des toiles exécutées par cinq peintres du Cabinet du roi et par elle-même, représentant des scènes diverses dans une Chine pittoresque inspirée des recueils de voyageurs. Dans une autre salle on a rassemblé des tableaux de dévotions, dont trois peints par Charles-Antoine Coypel en 1749. La Reine, très pieuse, s’intéresse à Saint-Cyr et aux fondations charitables de toutes sortes et crée le couvent de la Reine (actuel lycée Hoche) où une communauté de chanoinesses s’installe en 1773, quatre ans après sa mort. Parmi les livres de sa bibliothèque, on trouve de nombreux ouvrages de dévotion. Dans la dernière section on peut voir trois objets, un vase avec des cygnes et deux vases « à jet d’eau », illustrations d’un nouveau courant artistique connu dès le XVIIIe siècle sous le nom de goût « à la grecque ». Avec le temps et les modes artistiques le goût de la Reine évolue…
Parmi les autres objets remarquables, il faut mentionner des pièces d’un nécessaire offert à la reine à l’occasion de la naissance du Dauphin, dont une magnifique chocolatière en vermeil. On a aussi un vase à rocailles à décor de rubans roses et de bouquets de fleurs peints au naturel, d’une extrême rareté, et surtout treize des cinquante-six pièces du nécessaire de Meissen revenues à Versailles. Il s’agissait d’un cadeau somptueux offert à la Reine par Auguste III, roi de Pologne, en geste d’apaisement après la mise à l’écart définitive du trône de Pologne de Stanislas Leszczyński. Une exposition intéressante où l’on peut admirer des objets rares et précieux. R.P. Château de Versailles 78. Lien : www.chateauversailles.fr.