Parcours en images de l'exposition

GIORGIO DE CHIRICO
La peinture métaphysique

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°509 du 14 octobre 2020





Introduction
Giorgio de Chirico. La peinture métaphysique

 

Giorgio de Chirico. La peinture métaphysique

Giorgio de Chirico (1888-1978), artiste né en Grèce, issu d’une famille ottomane cosmopolite de nationalité italienne, conçoit une oeuvre unique, étrange. Sa peinture singulière, qualifiée par le poète Guillaume Apollinaire de « métaphysique », a fortement marqué l’art moderne, de Picasso au surréalisme.
Chirico pose à travers ses tableaux la question du visible. L’esprit et le mystère du monde que les peuples antiques exprimaient par les mythes, ne résident pas, selon lui, dans un au-delà invisible, mais bien dans le monde tangible et matériel dont il s’attache à mettre en évidence les signes. Profondément influencé par la pensée de Nietzsche dont il lit les écrits avec passion dès 1908, Ecce Homo, Ainsi parlait Zarathoustra. Il développe à partir de la notion d’« éternel présent » – instant immobile à jamais suspendu entre les deux éternités du passé et du futur – une approche particulière de sa propre évolution, en marge des avant-gardes.
Formé à Munich, nourri de ses voyages et séjours à Florence, Turin et Milan, il séjourne à Paris, entre 1911 et 1915, et adopte alors de nombreux procédés formels de la scène artistique parisienne – Cézanne, Matisse, Picasso.
Chirico crée alors un art profondément nouveau, fondé non pas sur l’apparence des objets, mais sur les significations potentielles et les associations d’idées que ces objets peuvent susciter. Il tend ainsi à introduire en peinture la radicalité poétique de Rimbaud, la révolution spéculative de Nietzsche.

Entrée de l'exposition
 
Texte du panneau didactique.



1 - Munich : La proto-métaphysique



Scénographie
MUNICH
La proto-métaphysique


De son séjour à Munich, Giorgio de Chirico se choisit pour maîtres Arnold Böcklin et Max Klinger. Leurs oeuvres inspirées des mythes de la Grèce antique mêlent surnaturel et quotidien. Elles lui rappellent l’univers de son enfance à Vólos, en Thessalie, berceau de l’expédition des Argonautes, des sagas des Centaures, empreint d’une dimension panthéiste ancestrale, celle d’une nature
habitée de nymphes et de géants. Ainsi la peinture de Chirico prend une dimension autobiographique, et c’est naturellement qu’ils s’identifient, lui et son frère Alberto Savinio, aux figures des Argonautes ou à celle d’Ulysse errant, métaphore vivante de la connaissance. Durant l’été 1909, lors de son séjour à Rome et à Florence, il a ses premières « révélations », visions de tableaux qu’il note rapidement sur des feuillets. Il y esquisse des compositions d’édifices archaïques, des contrastes de lumières et d’ombres et de rares présences de figures symboliques, propices à suggérer des émotions et des sensations vagues telles que la solitude, la nostalgie ou le désir. Ce sont ses premières oeuvres métaphysiques.
 
Texte du panneau didactique.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Centauro morente [Centaure mourant], printemps 1909. Huile sur toile, 118 × 75 cm. Trieste, collection d’art Generali Assurance.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Sérenade, 1909. Huile sur toile, 82 x 120 cm. Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie. Photo © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Jürgen Liepe. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Walther Georgi (1871-1924). Romance de centaures [Kentauren-Roman]. Publié dans Jugend. Münchner illustrierte Wochenschrift für Kunst und Leben, vol. 2, nº 37. Munich, Leipzig, Georg Hirth´s Kunstverlag, septembre 1898. Revue, 25,3 × 23,5 cm. Deux exemplaires : Paris, musée d’Orsay, bibliothèque 4o XR 76 (1898-2) ; Hambourg, Hamburger Kunsthalle, Bibliothek.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Prometeo [Prométhée], automne 1908. Huile sur toile, 148 × 110 cm. Collection Paolo Volponi.
 
Max Klinger (1857-1920). Ève et l’avenir [Eva und die Zukunft], planche 2. Futur immédiat [Erste Zukunft] opus III, première édition, Munich, 1880. Eaux-fortes et aquatintes, 6 planches. 36 × 23,4 cm (pour la plus grande planche).



2 - Paris : La métaphysique



Scénographie
PARIS
La métaphysique


Giorgio de Chirico arrive à Paris la nuit du 14 juillet 1911. Il montre au Salon d’Automne ses premiers tableaux métaphysiques et entreprend une nouvelle série de tableaux inspirés de Turin. Capitale de la Maison de Savoie pour laquelle l’aïeul du peintre, diplomate, s’engagea et gagna sa naturalisation italienne, la ville piémontaise est un lieu originel et référentiel pour le peintre. Nietzsche y a écrit ses oeuvres les plus fulgurantes, peu avant que la folie ne le frappe. Scène idéale, la cité aux arcades est le décor choisi de ses statues d’Ariane endormie, de ses effigies masculines et de trains évocateurs de la figure du père ingénieur, métaphores de la dialectique nietzschéenne féminin / masculin, dionysiaque /apollinien.
Découvert par Apollinaire en 1913, Chirico est soutenu et exposé par le jeune galeriste Paul Guillaume. Il participe avec son frère à la vie artistique parisienne, découvrant Cézanne, les compositions spatiales subtiles des tableaux que Matisse rapporte de son séjour au Maroc ou les stylisations archaïsantes des peintures de Picasso, notamment La Dryade de 1908. Il développe alors une suite d’oeuvres inspirées par la poésie des Illuminations de Rimbaud, compositions insolites d’objets hétéroclites – artichauts, fruits exotiques, canons, etc. – qu’il désigne par la « solitude des signes ». La complicité avec Apollinaire se renforce autour d’une vision partagée d’une poétique unissant modernité et antiquité. La figure du poète s’apparente dans sa peinture au mannequin, métaphore de l’aède aveugle aux choses du présent, mais capable de voir distinctement le passé et le futur, donnant vie à la « poésie », unique source de salut et de régénération.

 
Texte du panneau didactique.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). La récompense de la devineresse, 1913. Huile sur toile, 135,6 x 180 cm. Philadelphia Museum of Art, The Louise and Walter Arensberg Collection, 1950. © Artists Rights Society (ARS), New York / SIAE, Rome. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Étude pour La Récompense du devin, seconde moitié de juin 1913. Encre et crayon sur papier, 13,5 × 18,1 cm. Collection particulière.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Ariane endormie, 1912. Plâtre, 16,5 × 41 × 13,9 cm. Ville de Genève, Musées d’art et d’histoire.
Scénographie
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). La Nostalgie de l’infini, automne-hiver 1912, daté sur la peinture de 1911. Huile sur toile, 135,2 × 64,8 cm. New York, The Museum of Modern Art, Purchase, 1936.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Le Rêve mystérieux, été-automne 1913. Crayon et encre sur papier, 20,9 × 13,5 cm. Édimbourg, National Galleries of Scotland, bequeathed by Gabrielle Keiller, 1995.
Scénographie. À gauche : Giorgio de Chirico (1888-1978). La Tour rouge (La Tour rose), première moitié de 1913.
Huile sur toile, 73,5 × 100,5 cm.
Venise, Peggy Guggenheim Collection, New York, Solomon R. Guggenheim Foundation
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). La récompense de la devineresse, 1913. Huile sur toile, 135,6 x 180 cm. Philadelphia Museum of Art, The Louise and Walter Arensberg Collection, 1950. © Artists Rights Society (ARS), New York / SIAE, Rome. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). La Sérénité du savant, avril 1914. Huile et fusain sur toile, 130,1 × 72,4 cm. New York, The Museum of Modern Art, gift of Sylvia Slifka in honor of Joseph Slifka, 1997.
Scénographie
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Le cerveau de l’enfant, 1914. Huile sur toile, 80 x 65 cm. Suède, Stockholm, Moderna Museet Stockholm. Photo © Moderna Museet / Stockholm. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Portrait (prémonitoire) de Guillaume Apollinaire, 1914. 81,5 x 65 cm. Musée national d'art moderne, Centre Pompidou, Paris. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Adam Rzepka. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Mélancolie d’un après-midi, 1913. Huile sur toile, 56,7 x 47,5 cm. Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création Industrielle. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Claude Planchet. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). La conquête du philosophe, 1913-14. Huile sur toile, 125,1 x 99,1 cm. Art Institute of Chicago. Photo © Art Institute of Chicago, Dist. RMN-Grand Palais / image The Art Institute of Chicago. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). L’incertitude du poète, 1913. Huile sur toile, 106 x 94 cm. Tate, Londres. Photo © Tate, Dist. RMN-Grand Palais / Tate Photography. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Portrait de Paul Guillaume, hiver 1914-1915. Plume sur papier, 11,6 × 8,9 cm. Paris, musée de l’Orangerie.
Scénographie
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Les deux soeurs (L’ange juif), 1915. Huile sur toile, 55 x 46 cm. Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf. Photo © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / Walter Klein. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Le Vaticinateur, hiver 1914-1915. Huile sur toile, 89,6 × 70,1 cm. New York, The Museum of Modern Art, James Thrall Soby Bequest, 1979.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Composition métaphysique, 1914. Huile sur toile, 61 x 50 cm. Collection particulière. © Etro Collection/Manusardi SRL. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Composition métaphysique avec jouets, juillet-août 1914. Huile sur toile, 55 × 46,5 cm. Houston (TX), The Menil Collection.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Le voyage sans fin, 1914. Huile sur toile, 88 x 39 cm. Wadsworth Atheneum Museum of Art, Hartford (Etats-Unis). © Allen Phillips/Wadsworth Atheneum. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Pierre Roy. Portrait de Guillaume Apollinaire d’après Giorgio de Chirico, 1914. Gravure sur bois, 32,5 × 23,5 cm. Paris, Centre Pompidou, MNAM/CCI.
 
Lourde d’amour et de chagrin
Mon âme se traîne
Comme une chatte blessée.
Beauté des longues cheminées rouges. Fumée solide.
Un train siffle. Le mur.
Deux artichauts de fer me regardent. […]

Giorgio de Chirico, Mélancolie, 1913
Giorgio de Chirico (1888-1978). Deuxième étude pour Nature morte Turino printanière, mai 1914. Encre sur papier, 18,3 × 13,4 cm. Recueil de manuscrits, poèmes et dessins de Chirico, anciennes collections Paul Éluard et Pablo Picasso. Paris, musée national Picasso-Paris.
 
Citation



3 - Ferrare : La grande folie du monde



Scénographie
FERRARE
La grande folie du monde


À Ferrare, en pleine guerre, la peinture métaphysique change du tout au tout, tant pour des raisons pratiques qu’à cause de nouvelles sources d’inspirations. Privé d’atelier, contraint de peindre chez lui souvent de nuit, pendant les rares heures où il est libéré de ses fonctions militaires, Giorgio de Chirico peint de petites toiles et concentre son regard sur le microcosme du quotidien et l’analyse de la folie qui s’est emparée du monde. La représentation d’intérieurs clos et protecteurs dénote chez lui un besoin d’espace de réflexion et de sécurité dans lequel il orchestre des dialogues muets et absurdes entre objets décrits avec la plus grande exactitude réaliste : cartes géographiques, équerres et instruments, biscuits et gâteaux typiques de Ferrare, décorations militaires, pieds de table, fragments de mannequins…
Au printemps 1917, réfugié avec Carrà à l’hôpital militaire, Villa del Seminario, il dépeint dans ses tableaux et dessins le mobilier et les instruments des salles de soin – prothèses, chaises pour électrochocs, rééducation scolaire et technique… – dans des mises en scènes glaçantes de mannequins – allusions à peine voilées aux mutilés de guerre. L’absurde tragédie de la guerre est exposée sur décor de salons ferrarais feutrés et désuets.
 
Panneau didactique.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). La Nostalgie de l’ingénieur, 1916. Huile sur toile, 33,7 x 26 cm. Norfolk (VA), Chrysler Museum of Art.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Le Langage de l’enfant, 1916. Huile sur toile, 41 x 28 cm. New York, The Pierre and Tana Matisse Foundation.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). La Mélancolie du départ, 1916. Huile sur toile, 51,8 x 35,9 cm. Royaume-Uni, Londres, Tate Collection. Photo © Tate, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / Tate Photography. © ADAGP, Paris, 2020.
Scénographie
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). La Révélation du solitaire, 1916. Huile sur toile, 76,8 x 53 cm. Collection particulière.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Composition métaphysique, 1917. Huile sur toile, 45,8 x 30,2 cm. Collection particulière. Ancienne collection Paul Guillaume.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Le rêve de Tobias, 1917. Huile sur toile, 58,5 x 48 cm. The Bluff Collection, New York. The Bluff Collection, Photo John Wilson White. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Carlo Carrà (1881-1966). Il gentiluomo ubriaco, 1916-1917. Huile sur toile, 60 x 45 cm. © Collection particulière. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Les Vaticinateurs, 1916. Crayon sur papier, 29 x 22,5 cm. Milan, Collection Marco Brunelli.
 
René Gaffé (1887-1968). Giorgio de Chirico, le voyant. Vingt-trois reproductions de tableaux et un portrait du peintre. Paris Éditions La Boétie, 1946. Livre imprimé, 14 x 20 cm. Collection particulière.
Scénographie
 
Alberto Magnelli (1888-1971). Homme au chapeau, 1914. Huile sur toile. Collection particulière.
 
Carlo Carrà (1881-1966). Mère et fils, 1917. Huile sur toile, 90 x 59,5 cm. Pinacoteca di Brera, Milan. © Ministero per i beni e le attività culturali e per il turismo (MiBACT) - Pinacoteca di Brera - Archivio Fotografico. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Carlo Carrà (1881-1966). La chambre enchantée, 1917. Huile sur toile, 68 x 52 cm. Pinacoteca di Brera, Milan. © Ministero per i beni e le attività culturali e per il turismo (MiBACT) - Pinacoteca di Brera - Archivio Fotografico. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Les poissons sacrés, 1918. Huile sur toile, 75,3 x 62 cm. Collection particulière. © Etro Collection / Manusardi SRL. © ADAGP, Paris, 2020.
Scénographie avec 6 tableaux de Giorgio Morandi (1890-1964).
 
Giorgio Morandi (1890-1964). Nature morte, 1920. Huile sur toile, 60,5 x 66,5 cm. Pinacoteca di Brera, Milan. © Ministero per i beni e le attività culturali e per il turismo (MiBACT) - Pinacoteca di Brera - Archivio Fotografico. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio Morandi (1890-1964). Nature morte, 1918. Huile sur toile, 68,5 x 72 cm. Pinacoteca di Brera Collezione Jesi, Milan. © Ministero per i beni e le attività culturali e per il turismo (MiBACT) - Pinacoteca di Brera - Archivio Fotografico. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio Morandi (1890-1964). Natura morta con palla [Nature morte avec ballon], 1918. Huile sur toile, 55 x 65,5 cm. Milan, Museo del Novecento.
 
Giorgio Morandi (1890-1964). Natura morta (metafisica), [Nature morte (métaphysique], 1918. Huile sur toile, 54 x 38 cm. Traversetolo-Parme, Fondazione Magnani-Rocca.
Scénographie
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Il Ritornante, 1917-1918. Huile sur toile, 94 x 77.9 cm. Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création Industrielle. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Meguerditchian. © ADAGP, Paris, 2020.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Il trovador [Le Troubadour], 1917. Huile sur toile, 91 x 57 cm. Collection particulière.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Interno metafisico (con faro), [Intérieur métaphysique (avec phare)], fin 1918. Huile sur toile, 48,5 x 37 cm. Rivoli-Turin, Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea. Dépôt de la Collezione Fondazione Francesco Federico Cerruti per l’Arte.
 
Giorgio de Chirico (1888-1978). Interno metafisico (con alberi e cascata), [Intérieur métaphysique (avec arbres et cascade)], avril 1918. Huile sur toile, 62,5 x 46 cm.  Collection Mario Lattes.
Scénographie
 
Carlo Carrà (1881-1966). Il figlio del costruttore [Le Fils du constructeur], 1917-1921 [vers 1920-1926]. Huile sur toile, 121 x 95 cm. Collection particulière.
 
Man Ray (1890-1976). André Breton devant un tableau de Giorgio de Chirico, 1922. Tirage argentique, 22 x 16,5 cm. Galerie Nathalie Seroussi, Paris. Courtesy galerie Natalie Seroussi. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.

 


Biographie de Giorgio de Chirico de 1888 à 1920

Chronologie

1888
Giorgio de Chirico naît le 10 juillet à Vólos, capitale de la Thessalie (Grèce). Son frère Andréa connu sous le nom d’Alberto Savinio (1891-1952), peintre et écrivain, naît trois ans plus tard à Athènes.

1905
Mort du père de Giorgio de Chirico, ingénieur ferroviaire. L’image de cette figure paternelle apparaît régulièrement dans les oeuvres du peintre à travers certains personnages masculins jusqu’aux trains surgissant dans les compositions.

1906-1909
Installation à Munich avec son frère et sa mère après un périple à travers l’Italie. Chirico s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts. Il réalise ses premières oeuvres influencées par Arnold Böcklin (1827-1901) et Max Klinger (1857-1920). Lecture des oeuvres des philosophes Arthur Schopenhauer (1788-1860), Otto Weininger (1880-1903) et Friedrich Nietzsche (1844-1900).

1909-1911
Séjours à Milan, Rome et Florence. C’est à Rome qu’il a ses premières « révélations » qu’il exprime en 1909 dans ses deux premières peintures métaphysiques, L’Énigme de l’oracle et L’Énigme d’un après-midi d’automne.

1911
Giorgio de Chirico parcourt la ville de Turin durant quelques jours de juillet, suivant les pas du dernier itinéraire de Nietzsche, en proie à une crise de démence restée célèbre. Il gagne ensuite Paris où il rejoint sa mère et son frère.

1912
Chirico expose trois oeuvres au Salon d’Automne. Ses deux premiers tableaux métaphysiques de 1909 et l’Autoportrait de 1911. Il fait la connaissance d’Amedeo Modigliani (1884-1920), qui y exposait sept cariatides en pierre.

1913 mai - juin
Rencontre au printemps de Guillaume Apollinaire (1880-1918) qui l’encourage à monter en octobre une exposition d’une trentaine œuvres dans son atelier, rue Notre-Dame-des-Champs. Le poète devient son principal soutien. Il l’introduit dans les milieux d’avant-garde et auprès de Paul Guillaume (1891-1934) qui devient son marchand.

1913 novembre - décembre
Nouveau cycle créatif qu’il désignera plus tard sous le nom de « solitude des signes », consécutif à ses réflexions sur Arthur Rimbaud (1854-1891) et sur les écrits tardifs de Nietzsche. Il introduit dans ses toiles des objets inanimés dépourvus de tout lien logique entre eux.

1914. 30 janvier
Guillaume Apollinaire dîne chez les Chirico, rue de Chaillot. Il fait à cette occasion la connaissance de la mère et du frère cadet du peintre – Gemma et Alberto. Ce dernier ne tarde pas à collaborer aux Soirées de Paris, fondée par Apollinaire, sous le pseudonyme d’Alberto Savinio.

1914. Paris, 1er avril
La Galerie Paul Guillaume présente une exposition collective de peinture et de « sculptures nègres» incluant des oeuvres de Chirico.

1914 avril - mai
Son amitié avec Apollinaire et leur intérêt commun pour les antiques doctrines orphiques et mystériques infléchissent sa peinture. Apparaît alors la figure du mannequin alter ego emblématique de l’artiste dont la vision porte au-delà du temps et au plus profond des choses.

1914. Florence, 1er juillet
La revue Lacerba publie « Italiani all’estero. De Chirico e Savinio », un article du poète et peintre italien Ardengo Soffici (1879-1964) qui marque un tournant dans la fortune critique de Giorgio de Chirico en proposant de lire ses oeuvres dans une perspective liée au nationalisme italien.

1915. Paris, 22 mai
Lors de la Grande Guerre, le gouvernement italien ayant décrété la mobilisation générale, les frères Chirico prennent contact avec le consulat de Paris pour s’enrôler et rentrer en Italie. Convaincus que le conflit sera bref, ils conservent leur appartement rue de Chaillot et l’atelier rue Campagne-Première, où Giorgio laisse toutes les oeuvres qui n’appartiennent pas à Paul Guillaume.

1915
Répondant à l’appel sous les drapeaux, Giorgio de Chirico et Alberto Savinio arrivent le 31 mai à Florence, en provenance de Paris via Turin, puis rejoignent Ferrare (Emilie Romagne). Déclarés inaptes aux efforts de guerre par les médecins, ils reprennent, à l’automne, leurs travaux artistiques et restent en relation avec le milieu culturel parisien, en particulier avec Paul Guillaume et Guillaume Apollinaire. Picasso peint L’Homme au chapeau melon assis dans un fauteuil en forme d’hommage à Chirico.

1916 mai
André Breton (1896-1966) découvre la peinture de Giorgio de Chirico chez Guillaume Apollinaire.

1917 avril - août
Chirico est admis à la Villa del Seminario, hôpital militaire pour maladies nerveuses, en périphérie de Ferrare.Il y retrouve le peintre Carlo Carrà (1881-1961). À l’abri des combats, ils y obtiennent l’autorisation de travailler librement dans les ateliers de rééducation mentale, d’électrothérapie, de prothèses… Ils y créent les principaux chefs-d’oeuvre de la peinture métaphysique ferraraise.

1918
Le peintre Giorgio Morandi (1890-1964) commence à son tour à expérimenter le langage métaphysique, après avoir étudié des reproductions d’oeuvres de Carrà et de Chirico. Le premier numéro de la revue Valori plastici, éditée à Rome, en novembre, par le peintre et écrivain Mario Broglio (1891-1948), publie des textes de Chirico, Savinio et Carrà. Le 9 novembre, Apollinaire meurt de la grippe espagnole. Peu après l’armistice du 11 novembre, Chirico quitte Ferrare pour Milan puis Rome.

1919/1920
Le poète et écrivain André Breton raconte sa découverte dans la vitrine de la galerie de Paul Guillaume du tableau Le Revenant (1914), baptisé par le poète Louis Aragon (1897-1982) « Le Cerveau de l’enfant ».

Biographie de Giorgio de Chirico de 1888 à 1920