Parcours en images de l'exposition

GAUDI

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°548 du 25 mai 2022



 

Entrée de l'exposition. Photo Sophie Crépy.


1 - GAUDÍ - INTRODUCTION

GAUDI

Artiste emblématique de Barcelone, Antoni Gaudi (1852- 1926) est toujours l'un des architectes les plus célèbres au monde. Pour populaire qu'il soit, il n'en reste pas moins un artiste déroutant, échappant aux classifications habituelles de l'histoire de l'architecture et des arts décoratifs. S'il appartient historiquement au courant du modernisme catalan et à la vaste nébuleuse de l'Art nouveau européen, il se distingue par une œuvre proprement originale et personnelle. Il ne fit l'objet d'aucune exposition monographique en France, sinon de manière modeste lors du Salon national des Beaux-Arts en 1910. Son œuvre fut présentée par des photographies à plusieurs reprises dans des expositions consacrées à la naissance de l'art moderne, notamment dans l'exposition « Pionniers du XXe siècle », organisée en 1971 par le musée des arts décoratifs, qui présentait Gaudi auprès de Guimard, Horta et Van de Velde.
Cette plongée dans l'œuvre si singulière de Gaudi est possible grâce au Museu Nacional d'Art de Catalunya (MNAC). De l'intimité de sa démarche créatrice à ses réalisations les plus iconiques, son univers se dévoile peu à peu et révèle toute sa richesse.

 
Texte du panneau didactique.
 
Anonyme. Portrait d'Antoni Gaudí Cornet. Photo de l'atelier de Pau Audouard i Cia (Barcelone), en 1878. MR 1801. Don de Domènec Sugrañes (1933). Musée de Reus. Photo : © Museu de Reus.


Au seuil de l'œuvre

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
Au seuil de l'œuvre

Pour introduire l'univers de Gaudi, cet étonnant vestibule tout en boiserie est ici remonté pour la première fois. Dû à Gaudi et Josep Maria Jujol (1879-1949), l'un de ses plus proches collaborateurs, cet espace déroutant conduisait le visiteur au sein de l'un des appartements de la Casa Milà (1905-1910). L'impressionnante porte vitrée en angle coulissait pour donner accès à une chapelle privée, à laquelle les bancs faisaient face. Plus discrètes, les autres portes menaient aux pièces de réception ou de service. Ces boiseries surprennent par leur asymétrie systématique et leur parfait ajustementà la pièce. D'une apparente sobriété, le bois de chêne est sculpté avec une grande virtuosité et semble presque « modelé ». Malgré la fantaisie des formes, les éléments rationnels sont lisibles : le bois habille les piliers de pierre qui portent le bâtiment et l'artiste y a ménagé des éléments utilitaires comme les bancs, placards et bouches d'aération. Esthétique non conventionnelle, qualité de la mise en œuvre et attention au matériau sont des caractéristiques constantes du travail de Gaudi.

 
Texte du panneau didactique.
 
Voir légende ci-dessous.
 
Antoni Gaudi (conception), Josep Maria Jujol (1879-1949) (conception), Atelier Casas i Bardés (ébénistes). Boiseries pour le vestibule d'un appartement de la Casa Milà, 1906-1910. Chêne sculpté, verre cathédrale et éléments de serrurerie en laiton. Barcelone, Museu Nacional d'Art de Catalunya, dépôt de la Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia, 2019. Barcelone, Museu del Disseny, dépôt de la Câtedra Gaudi, 2018. Barcelone, Museu Nacional d'Art de Catalunya, dépôt de la Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia, 2014.


2 - GAUDÍ À L'ŒUVRE



2a - L'atelier

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
L'atelier

Gaudi occupa plusieurs ateliers à Barcelone. il finit toutefois par s'installer essentiellement dans celui de la Sagrada Familia, où il vécut même ses derniers mois. Lieu de travail de Gaudi et de ses collaborateurs, c'est un condensé de son univers où l'on retrouve ses outils de travail, ses principales sources d'inspiration et des échos de ses autres projets. Il s'agissait d'un espace complexe, détruit par un incendie en 1936, au moment de la guerre civile, essentiellement connu par une série de photographies prises juste après sa mort en 1926. Construit à côté de la basilique, le petit édifice abritait trois espaces contigus: l'atelier, la réserve des moulages et le studio de photographie. Dans la crypte de la basilique en construction prenait place l'atelier des moulages et des maquettes, autre espace de travail et d'expérimentation. Gaudi y mettait en œuvre des méthodes de travail atypiques, à même de servir l'originalité de sa démarche. Il privilégie l'élaboration des projets en trois dimensions, utilisant des maquettes pour calculer la stabilité de ses structures. Gaudi emploie également la photographie dans l'élaboration de la structure et du décor. Il dessine sur des tirages photographiques, processus qui permet à à sa vision initiale de s'incarner.

 
Texte du panneau didactique.
 
Atelier d'Antoni Gaudi. Moulage original pour le torse du Christ, 1898-1900. Moulage sur nature en plâtre et armature en fer. Barcelone, Fundacié Junta Constructora del Temple Expiatoria de la Sagrada Familia.
 
Ferran. Deux vues de l'Atelier de Gaudi à la Sagrada Familia, 1926. Épreuves photographiques. Barcelone, Arxiu Historic del Col.legi d'Arquitectes de Catalunya.


2b - La bibliothèque de Gaudi

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
La bibliothèque de Gaudi

C'est à partir du riche fonds de la bibliothèque de l'École d'Architecture de Barcelone où étudiait Gaudi que sont retracées ses lectures. Au-delà d'ouvrages techniques tel que L'art de bâtir de Rondelet (1802), l'on sait que Gaudi prit connaissance des écrits contemporains de grands architectes ayant formé la pensée rationaliste. Viollet-le-Duc constitue sa référence première avec le Dictionnaire
raisonné de l'architecture française
(1858) et les Entretiens sur l'architecture (1863). Ces ouvrages, illustrés, sont la source commune des architectes de la seconde moitié du XXe siècle attentifs aux modes constructifs et aux références antiques et médiévales. Gaudi a aussi regardé les ouvrages des artistes anglais comme John Ruskin et Les Sept lampes de l'architecture (1849) ou Owen Jones avec La Grammaire de l'ornement (1861). Leur influence est prédominante dans sa réflexion sur le rapport entre l'artisanat et l'industrie. À cela s'ajoute la curiosité de Gaudi pour les recueils consacrés à l'art non européen comme Architecture arabe ou monuments du Kaire de Pascal Coste (1839) ou encore la célèbre Description de l'Égypte (1809). Il connaissait par ailleurs très bien les recueils d'art mudejar et mozarabes dont l'Espagne offrait des exemples précieux tels qu'à l'Alhambra de Grenade.

 
Texte du panneau didactique.
 
Émile Prisse d'Avennes (1807-1879). L'Art arabe d'après les monuments du Kaire, depuis le VIIe siècle jusqu'à la fin du XVIIIe. vol. 1, Paris, Vve Morel et Cie, 1877. Paris, bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art, collections Jacques Doucet.
Scénographie


2c - Formation et premiers projets

Scénographie
Formation et premiers projets

Après une scolarité classique à Reus (Tarragone), Gaudi entre à l'École provinciale d'architecture de Barcelone créée par l'architecte Elies Regent en 1871. Il y exécute de nombreux travaux qui révèlent un dessin maîtrisé et un goût pour la couleur. Quand il en sort en 1878, au moment de la remise du diplôme, le directeur se serait écrié: « C'est un génie, ou un fou ! ». Diplômé, Gaudi rompt les liens avec l'école et ses membres et se lance dans la vie professionnelle. D'origine modeste, il se doit de travailler rapidement pour gagner sa vie. Il assiste divers architectes tels que Josep Fontserè i Mestre dans le parc de la Ciutadella, Paula i Villar au monastère de Montserrat, ou Joan Martorell pour la restauration de la façade de la cathédrale de Barcelone. Ce dernier joue un rôle important auprès de Gaudi en le sensibilisant à une architecture renouvelée, respectueuse du passé mais porteuse de formes nouvelles, comme l'arc parabolique, et d'un vocabulaire ornemental neuf.
Un groupe d'artistes se crée autour de Martorell qui se démarque de l'enseignement académique et donne naissance, aux côtés de Lluis Domènech i Montaner et de Josep Puig i Cadafalch, au Modernisme catalan.

 
Texte du panneau didactique.
 
Antoni Gaudi. Projet pour un embarcadère, détail (dessin d'école), 1876. Encre, plume et aquarelle. Barcelone, Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Projet de fin d’études pour un amphithéâtre universitaire, coupe transversale, 22 octobre 1877. Mine graphite, aquarelle et gouache, 65 × 90 cm. Barcelone, Cátedra Gaudí, ETSAB-UPC. Photo © Cátedra Gaudí, ETSAB, UPC / © CRBMC Centre de Restauració de Béns Mobles de Catalunya / Ramón Maroto.
 
Antoni Gaudi. Projet pour un embarcadère, élévation de la façade principale, 1876. Encre, plume et aquarelle. Barcelone, Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia.


3 - BARCELONE

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
Barcelone

En moins de quarante ans, Barcelone connaît une expansion urbaine et architecturale hors norme. Confrontée à la nécessité d'offrir un cadre propice à l'essor de son industrie, notamment textile, la ville, qui conserve encore sa muraille défensive et ses quartiers médiévaux, lance un concours d'agrandissement en 1859. L'ingénieur lldefonse Cerdà est désigné pour réaliser l'Esanche (extension, Eixample en catalan). Le « Plan Cerdà» est un damier fait de blocs, qui invite à la construction de nombreux immeubles, le long de voies larges et aérées dont la plus célèbre est le Passeig de
Gràcia
. Aux industriels bourgeois et aristocrates qui font la nouvelle ville, s'oppose une partie de la population, de milieu plus modeste, anarchiste et anticléricale, à la recherche d'une identité que l'Espagne-nation ne lui procure pas. La Renaixença, mouvement politique et culturel, favorise alors la « renaissance » de la langue et des traditions catalanes. Elle encourage l'organisation de l'Exposition universelle de 1888 qui consacre Barcelone comme ville moderne. Mais la situation politique internationale, la perte des colonies notamment, touche durement la Catalogne. Des attentats à la bombe marquent la ville de Barcelone, ainsi que les émeutes de la Semaine tragique durant l'été 1909, dont Gaudi sort ébranlé. Il renonce alors à toute commande et se consacre au projet de la Sagrada Familia.

 
Texte du panneau didactique.
 
Eusebi Arnau (1863-1933). Buste de matrone représentant Barcelone, 1897. Bronze et pierre de Montjuïc. Barcelone, Museu Nacional d'Art de Catalunya..
 
Antoni Castelucho Vendrell (1835-1910). Vue de Barcelone à vol d'oiseau, avec le projet du parc de la Ciutadella, 1882. Lithographie. Arxiu Historic de la Ciutat de Barcelona..
 
Ramon Casas (1866-1932). La Procession du Corpus Christi quittant l'église de Santa Maria del Mar, vers 1896-1998. Huile sur toile. Barcelone, Museu Nacional d'Art de Catalunya..


4 - GAUDI ET GÜELL



4a - Préludes

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
Préludes

Eusebi Güell i Bacigalupi (1846-1918), industriel du textile, bourgeois-aristocrate, littéraire et mélomane, est le dandy de la Catalogne identitaire. Ayant voyagé en Europe, il devint familier de l'art du XVIIIe siècle mais aussi du mouvement Arts and Crafts anglais. Lors de l'Exposition universelle de 1878 à Paris, il remarque une vitrine ornementale conçue par Gaudi pour la Ganterie Esteban Cormella. On dit que Güell souhaita rencontrer le jeune architecte et qu'ils ne se quittèrent plus. Leurs tempéraments singuliers les lièrent en un duo indéfectible, le mécène et l'artiste, partageant deux fondamentaux : leur passion pour la Catalogne en tant que patrie méditerranéenne et leur foi religieuse. Güell confie à Gaudi, dès 1881, l'aménagement des abords de propriétés agricoles
héritées de son père, aux environs de Barcelone. La Finca Güell devient rapidement célèbre avec le dragon de la porte métallique accueillant les hôtes. Parallèlement, Gaudi entame des chantiers avec son professeur, l'architecte Martorell, auprès de la famille du marquis López de Comillas, à Santander (Cantabrie), une famille liée à celle des Güell par le mariage d'Eusebi avec la fille du marquis. C'est une fructueuse collaboration qui démarre alors, portée par l'amitié et l'amour de la poésie contemporaine.

 
Texte du panneau didactique.
 
Prévost Clovis (né en 1940). Vue de la Finca Güell, 1968. Pilier gauche de la grille d’entrée, 40,5 × 34 cm. Boîte 2, no 217. Épreuve photographique. Paris, musée d’Orsay, fonds Gaudí Prévost. Clovis Prévost © Adagp, Paris, 2022.
 
Prévost Clovis (né en 1940). Vue de la Finca Güell, 1968. Vue d’ensemble de l’extérieur, 20,1 × 29,1 cm. Boîte 2, no 216. Épreuve photographique. Paris, musée d’Orsay, fonds Gaudí Prévost. Clovis Prévost © Adagp, Paris, 2022.
 
Antoni Gaudi (conception). Plaque d'égout de la Finca Güell, 1884. Pierre calcaire. Barcelone, Universitat de Barcelona, Col.lecció Arquitectura.


4b - Le Palais Güell

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
Le Palais Güell

Il s'agit de la première réalisation complète conçue par le duo intellectuel que forment Güell et Gaudi. Bâti en plein quartier médiéval de Barcelone, le palais s'annonce comme un palais de la Renaissance italienne, discret voire austère en façade, vaste et riche à l'intérieur. Un escalier monumental dessert l'étage noble destiné aux salles de réception, organisées elles-mêmes autour d'un espace central s'élevant à plus de quinze mètres, sous une coupole ajourée, telle une voûte étoilée. Y sont aménagés un orgue et une chapelle aux portes amovibles, richement ornée de dorures et de peintures. La symbolique cosmique est très clairement exprimée ici. dans les salles d'apparat et les chambres, distribuées dans les différents étages autour de la salle de musique, Gaudi met en œuvre ce qui deviendra sa marque de fabrique rationaliste : il dédouble les espaces par des colonnes formant galeries au droit des fenêtres, il utilise des matériaux d'artisan tels que la pierre naturelle, le bois, le métal et le verre et crée un décor et un mobilier dans la veine de l'Art nouveau naissant. L'inspiration générale emprunte toutefois encore à l'art gothique et à l'art mudejar comme dans la Casa Vicens. L'aménagement des écuries en sous-sol, auxquelles les chevaux accédaient par une rampe hélicoïdale, est spectaculaire par l'emploi virtuose de la brique.

 
Texte du panneau didactique.
 
Josep Parera (1830-1902). Caricature d'Eusebi Güell i Bacigalupi, vers 1889. Mine graphite et aquarelle. Barcelone, Museu Nacional d'Art de Catalunya.
 
Anonyme. Palais Güell (photographie pour l’exposition de Paris de 1910). Barcelone, Institut Amatller d’Art Hispànic, Archives Mas. Photo © Institut Amatller d’Art Hispànic.
 
Anonyme. Vestibule du palais Güell (photographie pour l’Exposition de Paris de 1910). Barcelone, Institut Amatller d’Art Hispànic. Photo © Institut Amatller d’Art Hispànic.
Scénographie
 
Entourage de Gaudí. Méridienne pour le palais Güell, 1886-1889. Structure en fer forgé, bâti de bois, garniture en velours, 106 × 196 × 107 cm. Collection Güell de Sentmenat. Photo © MNAC, Barcelona, 2022.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Paire de fauteuils, n.d.  Acajou sculpté et doré à la feuille d’or, velours, cuir de Cordoue, 113 × 67 × 86 cm. Collection Kiki et Pedro Uhart. Photo © B. Ladoux / Sophie Crépy.
Scénographie. Photo Sophie Crépy.
 
Entourage de Gaudí. Paravent pour la salle à manger du palais Güell, 1889. Acajou, velours, cuir de Cordoue, 210 × 260 × 5 cm. Collection Kiki et Pedro Uhart. Photo © B. Ladoux / Sophie Crépy.
 
Antoni Gaudi (1852-1926) (conception), Francesc Vidal i Jevellí (ébéniste). Coiffeuse pour le palais Güell, 1886-1889. Bois, laiton et miroir, 182,5 × 113 × 73 cm. Collection Güell de Sentmenat. Photo © MNAC, Barcelona, 2022.


4c - L'exposition de 1910

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
L'Exposition de 1910

Au Grand Palais à Paris, en 1910, se déroule le Salon annuel de la Société nationale des Beaux-Arts. Une salle entière est pour la première fois consacrée à Gaudi, sous la houlette de l'architecte Anatole de Baudot, responsable de la section « Architecture ». C'est une décision d'Eusébi Güell que d'exposer les réalisations et les projets de Gaudi à l'étranger. La présentation consistait en l'accrochage de nombreuses photographies, de quelques dessins et de maquettes dont celle, monumentale, de la façade de la Nativité de la Sagrada Familia peinte par le collaborateur de Gaudi, Josep Maria Jujol. La réaction des critiques d'art est globalement interrogative et parfois admirative. Ainsi du Petit Parisien : « [...] rien du passé, tout du présent: le résultat parfois imprévu, est toujours équilibré, logique et artistique » ou de la Gazette des Beaux-Arts : « On est en présence du seul créateur de lignes et de formes de notre temps ». Des photographies de très grand format sont réalisées à cette occasion offrant des vues sidérantes du Park Güell, Malgré tout, l'exposition est vécue comme un échec par Gaudi qui considéra, au vu des critiques, que les Français manquaient de culture artistique.

 
Texte du panneau didactique.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Maquette de la Façade de la Nativité avec polychromie par Joseph Maria Jujol (en projection dans l’exposition), 1910. Modèle original, restauré et polychromé, 330 x 162 x 53 cm. Barcelone, Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Família. Photo : © Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Família / Pep Daudé.
Scénographie
 
Adolf Mas (1861-1936). Photographie du Park Güell pour l'Exposition de Paris de 1910. Épreuves photographiques. Barcelona, Cátedra Gaudi, ETSAB, UPC.
 
Adolf Mas (1861-1936). Photographie du Park Güell pour l'Exposition de Paris de 1910. Épreuves photographiques. Barcelona, Cátedra Gaudi, ETSAB, UPC.


4d - Le Park Güell

Scénographie
Le Park Güell

Ce lieu emblématique témoigne de l'engagement sociétal de Güell dans la cité. Conseiller municipal puis député, Güell avait le souci de créer des aménagements collectifs. Il se lance ici dans la transformation d'un parc naturel désertique
(la « Montagne pelée »), aux limites de la ville, pour y créer une villa-jardin. Elle est destinée aux propriétaires aisés aspirant à un lieu de vie dans la nature, à la manière anglaise, relié par des chemins arborés à des espaces communs dédiés à la culture (théâtre) et à la beauté visuelle (point de vue sur la ville). Sur soixante parcelles envisagées, seule deux furent achetées. Cet échec commercial n'empêcha pas une réalisation ambitieuse,à dimension symbolique. En effet, pour Güell la montagne représente la Catalogne et la rusticité du lieu l'inspire pour y créer un jardin romantique et sacré à la fois. Le rapport au paysage est traité par l'émergence de passages et de galeries où nature et architecture s'interpénètrent. Les piliers inclinés, les arcs paraboliques, la pierre brute associée à la terre, constituent la synthèse architecturale de la pensée de Gaudi. La présence d'une source lui permet de faire s'écouler l'eau, symbole vital originel, depuis les grottes jusque dans la fontaine à la salamandre de l'entrée.

 
Texte du panneau didactique.
 
Fernández de Villasante Julio Moisés (1888-1968). Portrait d'Eusebi Güell, 1913. Huile sur toile. Barcelone, Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia.
 
Antoni Gaudi, Josep Maria Jujol (conception), entreprise Pujols i Baucis (fabricant de céramique). Éléments de trencadís du Park Güell, 1904. Céramique émaillée sur ciment Portland, 58 × 59 × 13 cm. Barcelone, Cátedra Gaudí, ETSAB UPC. Museu Nacional d’Art de Catalunya, dépôt de la Cátedra Gaudí, 2011. Photo © Cátedra Gaudí, ETSAB, UPC.
 
Antoni Gaudi, Josep Maria Jujol (conception), entreprise Pujols i Baucis (fabricant de céramique), 1903. Éléments de trencadís du Park Güell. Céramique émaillée sur ciment Portland, 52 × 54 × 12 cm. Barcelone, Museu Nacional d’Art de Catalunya, dépôt de la Cátedra Gaudí, 2011. Photo © MNAC, Barcelona, 2022.


5 - LES HOTELS URBAINS



5a - La Casa Vicens

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
À gauche : Antoni Gaudi (1852-1926) (conception), Atelier de Joan Onos (serrurier). Grille à deux battants pour la Casa Vicens,
vers 1883-1885. Fer forgé, 235 x 254 x 23 cm.
Barcelone, Museu Nacional d’Art de Catalunya.
La Casa Vicens

Plusieurs familles bourgeoises prospères confièrent la réalisation de leur demeure à Gaudi, qui créa leur cadre de vie dans un nouveau quartier, l'Eixample. Ces maisons portent encore aujourd'hui le nom de leur commanditaire. La Casa Vicens est la première, conçue pour Manuel Vicens i Montaner qui demande à Gaudi d'imaginer la maison de campagne familiale sur un terrain dont il vient d'hériter dans le village de Gràcia. Gaudi conçoit le projet entre 1878 et 1880 mais il n'est mis à exécution qu'entre 1883 et 1889. Stylistiquement, cette construction est encore très marquée par l'orientalisme et l'influence du style mudejar (art des chrétiens hispaniques de langue arabe). Espaces intérieurs et extérieurs se complètent pour faire de cette demeure une résidence d'été agréable. Gaudi soigne les éléments permettant de profiter du jardin : la tribune dotée de jalousies en bois, la fontaine de l'entrée et une cascade monumentale (démolie en 1925). Il a mobilisé un impressionnant ensemble de techniques pour le décor de l'intérieur, notamment des pièces de réception (salle à manger, salon, fumoir) : ébénisterie, céramique, carton-pierre, sgraffite... L'ensemble contribue à un décor opulent, et riche d'allusions à la faune et la flore. La Casa Vicens et son jardin ont été largement modifiés au XXe siècle.

 
Texte du panneau didactique.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Jardinière, entre 1883 et 1888.Faïence, 80 cm (h.). Barcelone, Casa Vicens Gaudí. Photo © Pere Vivas / Triangle.
 
Opérateur Mas. Fumoir de la Casa Vicens, 1936. Épreuve photographique. Barcelone, Institut Amatller d'Art Hispànic.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Jardinière et support, entre 1883 et 1888. Fer, faïence, support, 150 cm (h.) ; jardinière, 80 cm (h.). Barcelone, Casa Vicens Gaudí. Photo © Pere Vivas / Triangle.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Jardinière, entre 1883 et 1888 (détail). Barcelone, Casa Vicens Gaudí. Photo © Pere Vivas / Triangle.
 
Antoni Gaudi (1852-1926) (conception), Llorenç Matamala i Piñol. Moulage de feuille de palmier pour la grille de la Casa Vicens, vers 1886. Terre cuite, 63 × 56 × 16,5 cm. Barcelone, collection Sagrada Família. Photo © Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada.
 
Antoni Gaudi (1852-1926) (conception). Carreaux pour la façade de la Casa Vicens, 1883-1888. Céramique, 15 × 15 cm l’unité. Barcelone, Casa Vicens Gaudi. Photo © Pere Vivas / Triangle.
 
Antoni Gaudí (conception). Carreau de revêtement mural pour la villa El Capricho, 1883-1885. Céramique émaillée, 15,3 × 15,4 × 5 cm. Barcelona, Museu Nacional d’Art de Catalunya, dépôt de la Generalitat de Catalunya. © MNAC, Barcelona, 2022.


5b - La Casa Calvet

Scénographie
La Casa Calvet

En 1898, Gaudi commence la construction de la Casa Calvet rue Casp. Il s'agit d'un immeuble d'habitation qui abrite également une boutique en rez-de-chaussée et des bureaux. Bien que cet immeuble doive s'intégrer dans un quartier déjà construit, Gaudi livre une œuvre très personnelle, faite de référence à l'architecture baroque, de sculpture symbolique et de fantaisie. La façade sur rue, faussement sage, est animée par un décor sculpté, rythmée par le percement des baies, et se termine en partie haute par deux pignons d'inspiration flamande. Le plan et la distribution des appartements restent classiques, organisés autour de la cage d'escalier principale et des puits de lumière. Le décor de l'édifice, pour lequel Gaudi dessine un important mobilier est, lui, très original.
L'entrée principale est théâtrale. Elle met en valeur la cage d'escalier et l'ascenseur central grâce à l'emploi de colonnes torses et composites : un décor polychrome de céramique et de fresques anime cet espace. Gaudi dessine les aménagements intérieurs jusque dans le moindre détail, inventant des formes originales pour les judas, marteaux de porte, poignées... La Casa Calvet obtint en 1900 le prix de la municipalité de Barcelone pour son originalité et la qualité de sa réalisation.

 
Texte du panneau didactique.
 
Antoni Gaudi (conception), Atelier Casas i Bardès (ébénistes). Banquette pour le salon de l'appartement principal de la Casa Calvet, vers 1900. Armature métallique, bois sculpté doré, garniture textile. Barcelone, Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia..
 
Clovis Prévost (né en 1940). Reproduction d'une photographie de 1921 représentant le hall d'entrée de la Casa Calvet, 1968.
Épreuve photographique.
Paris, musée d'Orsay, fonds Gaudi-Prévost.
 
Antoni Gaudi (1852-1926) (conception), Atelier Casas i Bardés (ébénistes). Chaise voyeuse pour le salon de l’appartement principal de la Casa Calvet, vers 1900. Armature métallique, bois sculpté doré, garniture textile, 73 × 30 × 47 cm. Barcelone, Museu Nacional d’Art de Catalunya, dépôt de la collection Sagrada Família, 2014. Photo © MNAC, Barcelona, 2022.
 
Antoni Gaudi (1852-1926) (conception), Atelier Casas i Bardés (ébénistes). Chaise du salon de l’étage principal de la Casa Calvet, vers 1900. Armature métallique, bois sculpté doré, garniture textile, 100 × 64 × 59 cm. Barcelone, Museu Nacional d’Art de Catalunya, dépôt de la collection Sagrada Família, 2014. Photo © MNAC, Barcelona, 2022.
 
Antoni Gaudi (1852-1926) (conception), Atelier Casas i Bardés (ébénistes). Fauteuil pour le salon de l’appartement principal de la Casa Calvet, vers 1900. Armature métallique, bois sculpté doré, garniture textile, 126 × 88 × 54 cm. Barcelone, Museu Nacional d’Art de Catalunya, dépôt de la collection Sagrada Família, 2014. Photo © MNAC, Barcelona, 2022.


5c - La Casa Batlló

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
La Casa Batlló

Josep Batlló contacte Gaudi en 1904 pour réaménager un immeuble de 1877 situé sur le Passeig de Gràcia. Gaudi choisit de ne pas détruire cet ancien immeuble mais d'en transformer profondément l'esthétique et les fonction-nalités. La façade sur rue frappe par sa polychromie et l'audace des formes courbes et organiques, en particulier les piliers évoquant des os qui ouvrent la large baie du salon
sur la ville. À l'arrière, la terrasse répond à la façade colorée comme un jardin urbain. Pour l'intérieur, Gaudi réalise la synthèse de ses conceptions esthétiques et pratiques en soignant la circulation de l'air et de la lumière. Il utilise en partie haute l'arc caténaire, issu de ses recherches sur le voûtement. Les portes et boiseries proposent un univers onirique, d'inspiration marine, effet accentué par l'emploi de verres colorés. Le patio central, qui abrite l'axe de circulation vertical, est orné d'un dégradé de céramiques allant du blanc nacré en partie basse au bleu profond en partie haute afin de conduire la luminosité vers les étages bas. Le mobilier fait écho aux courbes du bâtiment tout en étant ergonomique pour ses utilisateurs. Par son caractère synthétique, la Casa Batlló reste l'un des édifices les plus représentatifs de l'œuvre de Gaudi.

 
Texte du panneau didactique.
 
Opérateur Mas. Intérieur de la Casa Batlló, 1927. Épreuve photographique. Barcelone, Institut Amatller d'Art Hispànic.
 
Antoni Gaudi (1852-1926) (conception), Atelier Casas i Bardés (ébénistes). Vitrine d’encoignure pour la Casa Batlló, entre 1904 et 1906. Frêne mouluré, vitres originales biseautées, 232 × 82 × 63 cm. Paris, musée d’Orsay. Photo © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Patrice Schmidt.
 
Antoni Gaudi (1852-1926) (conception), Atelier Casas i Bardés (ébénistes). Porte et son chambranle pour la Casa Batlló, 1906. Frêne, 238,5 × 103,5 × 10 cm. Barcelone, Museu Nacional d’Art de Catalunya. Photo © MNAC, Barcelona, 2022.
Scénographie
 
Antoni Gaudi, atelier Casas i Bardés (ébénistes). Chaise pour la salle à manger de la Casa Batlló, entre 1904 et 1906. Frêne. Barcelone, Museu Nacional d'Art de Catalunya, dépôt de la Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia, 2014.
 
Antoni Gaudi, atelier Casas i Bardés (ébénistes). Causeuse pour la Casa Batlló, vers 1904-1906. Frêne. Barcelone, Museu Nacional d'Art de Catalunya, dépôt de la Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia, 2014.
Scénographie. Photo Sophie Crépy.
 
Entourage de Gaudi. Jardinière, 1904-1906. Ciment incrusté d’un miroir circulaire et de fragments de verres polychromes, de faïence, de porcelaine, 22 × 21 cm. Paris, musée d’Orsay. Photo © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / René-Gabriel Ojéda.
 
Antoni Gaudi (conception), Carles Mani Roig (1866-1911) (sculpteur). Reproduction ancienne du crucifix conçu en 1906 pour la Casa Batlló. Bronze doré. Barcelone, Fundacié Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia.


5d - La Casa Milà

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
La Casa Milà

Amis de Josep Batlló, l'entrepreneur Pere Milà i Campo et son épouse Roser Segimoni i Artells furent probablement séduits par la Casa Batlló alors en travaux. Ils demandèrent à Gaudi de concevoir un important immeuble à quelques centaines de mètres, sur le Passeig de Gràcia. Entre 1906 et 1910, Gaudi dirigea donc cette construction destinée à accueillir des boutiques au rez-de-chaussée, le logement des propriétaires à l'étage principal et des appartements à louer dans les étages supérieurs. La structure témoigne des recherches de Gaudi qui utilise le béton pour les fondations, puis la pierre et le métal, complétés par la brique et la tuile traditionnelles. Le voûtement des combles, entièrement en arcs caténaires, leur donne une forme singulière. La façade, à l'angle de deux voies, est étonnamment monochrome, animée par des baies et des garde-corps aux formes ondulantes. Elle valut à la demeure son surnom de «Pedrera» (« carrière »). Le toit est orné d'édicules couronnant les cages d'escalier et les voies d'aération, aux formes graphiques étonnantes. Avec cet édifice hors normes, Gaudi se heurta non seulement aux autorités de la municipalité mais aussi à ses commanditaires dont il épuisa la patience.

 
Texte du panneau didactique.
 
Anonyme. Cheminées et toit-terrasse de la Casa Milà, 1906-1916. Tirage à partir d’un négatif sur plaque de verre, 13 × 18 cm. Barcelone, Arxiu Fotogràfic Centre Excursionista de Catalunya. Photo © Arxiu Fotogràfic Centre Excursionista de Catalunya.
Scénographie. Photo Sophie Crépy.
Antoni Gaudi (1852-1926) (conception). Paroi modulable pour la Casa Milà, 1909. Chêne, verre cathédrale rose pâle, 196 × 400 × 2,5 cm.
Collection Kiki et Pedro Uhart. Photo © Christian Crampon / Sophie Crépy.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Miroir mural, entre 1906 et 1910. Glace biseautée sur âme de bois, 52 × 31 × 3 cm. Paris, musée d’Orsay. Photo © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / René-Gabriel Ojéda.
 
Entourage de Gaudí, atelier Esteva Figueras y Ses de Hoyos (fabricant). Horloge pour la Casa Mila, 1905-1910. Bois doré et laiton, 103 × 50 × 20 cm. Collection Kiki et Pedro. Photo © Jacques Pepion / Sophie Crépy.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Miroir mural, entre 1906 et 1910. Glace biseautée sur âme de bois, 52 × 31 × 3 cm. Paris, musée d’Orsay. Photo © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Patrice Schmidt.
 
Antoni Gaudi (1852-1926) (conception), Atelier Esteva Figueras y Ses de Hoyos (fabricant). Console pour la Casa Milà, entre 1906 et 1910. Staff doré, 31 × 43 × 22 cm. Paris, musée d’Orsay. Photo © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Patrice Schmidt.
Scénographie
 
Antoni Gaudi (conception). Casa Milà, Éléments de parquet de l'étage principal, vers 1912. Chêne et peuplier. Barcelone, Museu Nacional d'Art de Catalunya, dépôt de la Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia, 2019.
 
Antoni Gaudi (conception), Atelier Badia Germans (serrurier). Grille pour les baies du rez-de-chaussée de la Casa Milà, vers 1910. Fer forgé. Barcelone, Museu Nacional d'Art de Catalunya, dépôt de la Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia, 2014.


6 - LA GRANDE ÉGLISE



6a - Premiers projets religieux

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
Premiers projets religieux

Dès 1878, à sa sortie de l'École d'architecture, Gaudi écrit un texte intitulé « Hornementation» dans lequel il énonce l'envie de construire un édifice religieux qui sera son œuvre. La « Grande Église », en tant que lieu fédérateur de la foi chrétienne et création architecturale, lui est une évidence. ses premières expériences dans le domaine religieux se font auprès de son professeur Joan Martorell à qui est confiée la restauration de la façade de la cathédrale de Barcelone. Précédemment, vers 1876-1877, Gaudi avait élaboré des projets de restauration du monastère de Montserrat (Catalogne) auprès de Paula del Villar, puis travaillé au mobilier de la chapelle funéraire des Comillas à Santander (Cantabrie). Les commandes de mobilier religieux sont relativement nombreuses. Son intérêt pour la réforme de la liturgie le conduisit à partir de 1903 à Majorque (Baléares), où l'évêque lui demande de restaurer le chœur de la cathédrale. Multiplicité et réemploi de matériaux naturels, travail de la lumière, intérêt pour l'acoustique, caractérisent son approche. Gaudi fut également appelé par l'Église pour des projets architecturaux complets tel que le Palais épiscopal d'Astorga à Léon en 1887 le collège des Thérésiennes à Barcelone en 1889, ainsi qu'un projet non abouti à Tanger pour les missions catholiques d'Afrique, en 1892-1893.

 
Texte du panneau didactique.
 
Anonyme. Maquette polyfuniculaire de la crypte de la colonie Güell, n.d. Barcelone, Cátedra Gaudí, ETSAB, UPC. Photo © Cátedra Gaudí, ETSAB, UPC / Ramón Maroto.
 
Adolf Mas (1861-1936). Portail du Collège des Thérésiennes (photographie pour l’exposition posthume de 1927), 1926. Gélatine au bromure sur papier texturé, 65,1 × 49,7 cm. Barcelone, Arxiu històric del COAC, Fonds Associació Arquitectes de Catalunya. Photo © Arxiu Històric del COAC.
 
Antoni Gaudi (conception), Joaquin Torres Garcia (1874-1949), Iu Pascual I Rodés (1883-1949), Jaume Llongueras i Badia (1883-1955) (réalisation). Cathédrale de Majorque, Vitrail de Saint Paul apôtre et Saint Valérien martyr, 1903. Verres colorés montés au plomb. Palma, cathédrale de Majorque.
Scénographie
 
Antoni Gaudi (conception), Atelier Eudald Punti (ébénistes). Prie-Dieu pour la chapelle-panthéon de Sobrellano à Comillas, 1878-1881. Noyer sculpté, laiton, garniture en velours. Santander, Consejeria de Universidades, Igualdad, Cultura y Deporte, Gobierno de Cantabria.
 
Antoni Gaudi (conception), Atelier Eudald Punti (ébénistes). Cathèdre pour la chapelle-panthéon de Sobrellano à Comillas, 1878-1881. Noyer sculpté, laiton, garniture en velours. Santander, Consejeria de Universidades, Igualdad, Cultura y Deporte, Gobierno de Cantabria.


6b - L'église de la Colonia Güell

Scénographie. Photo Sophie Crépy.
L'église de la Colonia Güell

La cité ouvrière attenante à l'usine de velours de Santa Coloma de Cervello (Catalogne), conçue par Güell en 1898, manquait d'un vaste lieu de culte. Gaudi dessine alors un projet situé hors du centre de la colonie, en hauteur, au milieu des pins. La première pierre est posée en 1908. La crypte est construite, mais le projet reste inachevé en 1914. Cette église est pour l'architecte un véritable laboratoire sur la statique architecturale (la colonne, la voûte, la gestion des charges) dont il tire des enseignements pour la Sagrada Familia.
La crypte est constituée d'une forêt de piliers, tant intérieurs qu'extérieurs, aux formes et aux matériaux multiples. L'ensemble est rustique et sophistiqué à la fois, défiant en apparence les lois de la statique et de la pesanteur par l'utilisation de colonnes inclinées. Le dedans et le dehors s'interpénètrent, installant une relation avec le paysage, grâce à des baies dessinées comme de larges yeux ouverts que des céramiques colorées viennent souligner. Le portail de l'église supérieure renvoie à l'architecture mycénienne (Grèce, 1550-1050 av. J.- C.) dont les blocs massifs tiennent par leur propre masse. La force tellurique que dégagent la crypte et ses abords éclate dans les précieux dessins sur photographie que Gaudi élabore comme documents de travail. Le résultat est vertigineux car précurseur de sa Grande Église, la Sagrada Familia.

 
Texte du panneau didactique.
 
Josep Maria Jujol (1879-1949) (conception). Chandelier pour le maître-autel de la crypte de l'église de la Colonie Güell, 1947. Fer forgé et doré. Sant Fellu de Llobregat, paroisse du Sacré-Cœur de Santa Coloma de Cervelló (Colonia Güell), diocèse de Sant Feliu de Llobregat.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Projet pour l’église de la Colonie Güell, vers 1908-1910. Fusain et rehauts de blanc sur photographie, 59,5 × 46 cm. Barcelone, Museu Nacional d’Art de Catalunya. Photo © MNAC, Barcelona, 2022.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Projet pour l’intérieur de l’église de la Colonie Güell, vers 1908-1910. Fusain et rehauts de blanc sur photographie, 61 × 47,5 cm. Barcelone, Museu Nacional d’Art de Catalunya. Photo © MNAC, Barcelona, 2022.


6c - La Sagrada Familia

Scénographie
La Sagrada Familia

Le projet d'une église dédiée à la Sainte Famille est lancé par l'association des Dévôts de Saint-Joseph sous l'égide de Josep Maria Bocabella, éditeur, catholique engagé. Ce dernier acquiert en 1881 un terrain excentré et fait appel à l'architecte diocésain Paula del Villar qui conçoit un projet néo-gothique. En 1883, la crypte terminée, Villar se dessaisit du chantier qu'il propose à Martorell, lequel le confie à Gaudi. Le jeune architecte va pouvoir réaliser son vœu de grande œuvre religieuse. Il se consacre exclusivement à ce chantier à partir de 1910 et habite sur place définitivement à la fin de sa vie. Conscient que l'œuvre ne sera pas achevée de son vivant, Gaudi décide de construire une façade en entier, celle de la Nativité. dans son atelier, et sur le chantier, collaborateurs et artisans fourmillent autour des maquettes, moulages et réalisations in-situ. L'œuvre de Gaudi est autant plastique qu'architecturale, populaire qu'érudite. Son souhait étant d'introduire la théologie chrétienne dans la vie quotidienne des Catalans, il s'inspire des passants, de leurs animaux et de la nature environnante, en y intégrant de la couleur. En termes constructifs, il élabore un temple aux multiples tours et aux murs sans arcs-boutants, grâce à une forêt de piliers, à l'image des arbres et de leur branchage. Le chantier de la Sagrada Familia reprit quelques années après la mort de Gaudi et continue de se dérouler.

 
Texte du panneau didactique.
 
Antoni Gaudi (1852-1926). Candélabre pour la crypte, vers 1898. Fer forgé partiellement doré, 247,5 × 179,5 × 104 cm. Barcelone, Fundació Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Família MUS 9089, inv. 820, ID 25760. Photo © FundacioJunta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Família / Pep Daudé.
 
Operateur Arxiu Mas. Photographie de travail pour le décor de la Sagrada Família, 1905. Barcelone, Institut Amatller d'Art Hispànic.  © Institut A.
 
Joaquim Mir (1873-1940). La Catedral dels pobres [La Cathédrale des pauvres], vers 1898. Huile sur toile. Barcelone, collection Carmen Thyssen-Bornemisza en dépôt au Museu Nacional d'Art de Catalunya, 2004.
Scénographie. Photo Sophie Crépy.
 
Antoni Gaudi (conception), atelier de maquettes de la Sagrada Familia. Maquette des baies pour la nef centrale de la Sagrada Familia (deuxième version), vers 1913-1915. Plâtre et armature métallique. Barcelone, Fundacié Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia.
 
Antoni Gaudi (conception), atelier de maquettes de la Sagrada Familia. Maquette des baies pour la nef centrale de la Sagrada Familia (deuxième version), vers 1913-1915. Plâtre. Barcelone, Fundacié Junta Constructora del Temple Expiatori de la Sagrada Familia.


7 - ÉPILOGUE

Scénographie
Épilogue

L'œuvre de Gaudi fut construite sur le paradoxe : ombre et lumière, raffinement et austérité, orgueil et humilité. Sa fin fut accidentelle et tragique : renversé par un tramway le 7 juin 1926, il mourut trois jours plus tard, suscitant une grande émotion à Barcelone. Sa postérité est complexe, entre ferveur populaire pour le personnage et désintérêt précoce pour son œuvre. Redécouvert par les surréalistes, il est surtout remis à l'honneur par son compatriote Salvador Dali (1904-1989) qui, des années 1930 aux années 1960, favorise la reconnaissance de Gaudi comme l'un des pionniers de la modernité. De Paris à New-York, les avant- gardes du XXe siècle finirent par regarder son œuvre comme un jalon de l'architecture moderne. Ironie du sort, cette reconnaissance s'est accompagnée d'un certain accaparement de Gaudi par ceux-là même qui, après l'avoir ignoré, passèrent son œuvre au crible d'une histoire dans laquelle il n'avait jamais cherché à s'inscrire. Aujourd'hui, accepter la complexité de cette œuvre dans son entièreté revient à assumer sa mystérieuse autonomie qui résiste et tisse continuellement des liens entre deux siècles.

 
Texte du panneau didactique.
 
Ignasi Brugheras (1883-1964). Projet pour un grand hôtel à New York, vers 1952. Mine graphite, encre, plume et lavis. Reus, Centre de Lectura de Reus.
Antoni Tàpies. Triptic, 1948. Huile sur toile. Barcelone, Fundació Antoni Tàpies.

Avec cette œuvre, le jeune Tàpies, qui prend alors sa place dans l'avant-garde picturale barcelonaise, salue la figure tutélaire de Gaudi de manière à la fois monumentale et ironique. On retrouve dans ce triptyque-retable des allusions mêlées à Barcelone et à Gaudi : les collines dont celle de Montjuïc, la silhouette de la Sagrada Familia, et une colonne ionique rappelant l'influence grecque méditerranéenne. Sur le panneau de droite, la figure de Gaudi, couronné et décoré, continue de montrer du doigt le chemin à la manière des Christ romans.