REPÈRES CHRONOLOGIQUES
FOUJITA AVANT PARIS (1886 – 1912)
1886 : Tsuguharu, « Héritier de la Paix », naît le 27 novembre 1886 dans une famille toute acquise aux idées occidentales. Il est le quatrième enfant de Tsuguakira, médecin et général de l’armée impériale, et Masa, tous deux issus de la noblesse.
1891 : Sa mère Masa meurt à Kumamoto, dans l’île de Kyūshū où la famille vit depuis 3 ans. Foujita n’a que 4 ans.
1900 : De retour à Tokyo, le jeune Tsuguharu est fasciné par une peinture de Claude Monet que son père lui montre, il rêve de Paris et annonce à son père qu’il veut devenir peintre. Au même moment, l’un de ses dessins est présenté à l’Exposition Universelle de Paris.
1903 : Foujita apprend le français aux cours du soir dispensés par l’école de l’Étoile du matin, la célèbre école Gyōsei fondée par des frères marianistes (Frères de Marie) à Tokyo.
1910 : Foujita obtient son diplôme de fin d’études à l’École des beaux-arts de Tokyo, section peinture à l’huile. Il expose au 13ème salon du Cheval Blanc, mais est refusé par trois fois au salon officiel Bunten.
1912 : Il se fiance officiellement à Tokita Tomiko (1886-1931) jeune étudiante en art textile qui deviendra professeur pour école de jeunes filles, qu’il doit épouser après son séjour de 3 ans à Paris.
FOUJITA À MONTPARNASSE (1913 – 1931)
1913 : Foujita quitte le Japon le 18 juin et arrive à Paris le 6 août. Il s’installe à l’hôtel Odessa, puis dans l’atelier du peintre Kawashima Riishirō (1886-1971) enfin 14, cité Falguière avec Modigliani et Soutine. Il fréquente assidûment le Louvre et se rend à Londres en décembre.
1914 : Foujita et Kawashima achètent un terrain à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) et vivent dans un retour aux sources inspiré des préceptes que Raymond Duncan, le frère d’Isadora, enseigne dans son Akademia. Leur maison est réquisitionnée à la déclaration de guerre et détruite quelques mois plus tard. Une période financière difficile commence.
1915 : En juin, Kawashima et Foujita sont employés par le comte Paul-Alphonse Claret de Fleurieu à l’entretien du château de Marzac et de la maison-forte de Reignac (Dordogne). Kawashima quitte la France en octobre.
1916 : En février, Foujita regagne Paris, puis se rend à Londres. Après avoir travaillé comme restaurateur d’art, il se fait embaucher en qualité de tailleur chez le styliste Selfridges.
1917 : De retour à Paris en janvier, il informe son père de sa décision de rester en Europe et se sépare de Tomiko. Il épouse en mars une jeune femme peintre, Fernande Barrey (1893-1974). Le couple vit 5, rue Delambre. En juin et novembre, il expose à la Galerie Chéron, rue la Boétie et obtient de son directeur un contrat.
1918 : En avril, Foujita et Fernande séjournent à Cagnes en compagnie de Soutine et Modigliani, à l’invitation du marchand d’art et poète polonais Léopold Zborowski. Foujita rend visite à Renoir au domaine des Collettes. En novembre, de retour à Paris, il expose à la galerie Devambez.
1919 : Il aborde la peinture religieuse qu’il expose à la galerie Chéron en mars. En novembre, il participe pour la première fois au Salon d’automne dont il devient membre et reçoit une première commande d’illustrations par François Bernouard pour La Belle Édition.
1920 : Foujita expose au Salon des Indépendants, à la galerie Lepoutre, à Anvers et au Salon d’automne. Mort de son ami Amedeo Modigliani.
1921 : Foujita devient membre du jury pour le Salon d’automne, expose à Bruxelles, Rotterdam, et voyage en Italie. Il est fasciné par l’œuvre de Michel-Ange. Reçu par le pape Benoît XV, celui-ci lui passe commande d’une œuvre. Le projet est abandonné à la mort du commanditaire.
1922 : Il présente au Salon Teiten à Tokyo, par l’intermédiaire du peintre Wasa Eisaku, deux tableaux : Mon Intérieur et Nature morte au réveille-matin, exposés l’année précédente au Salon d’automne. Le musée royal des beaux-arts de Bruxelles achète Mon portrait, première acquisition par une institution.
1923 : Foujita expose au Salon des Tuileries, et est nommé membre associé du Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris et du salon Teiten à Tokyo. Il réalise un décor mural à Anvers. Il rencontre Lucie Badoud (1903-1964) et quitte Fernande Barrey.
1924 : Au Salon d’automne, Foujita triomphe avec son tableau intitulé Youki, déesse de la neige. Il représente sa nouvelle compagne, Lucie, qu’il surnomme Youki, « neige » en japonais. Il s’installe avec elle à Passy. En novembre, il crée les costumes et décors du Tournoi singulier pour les Ballets suédois de Rolf de Maré. Il expose galerie du Centaure à Bruxelles.
1925 : Foujita est fait chevalier de la Légion d’honneur en France et chevalier de l’Ordre de Léopold Ier en Belgique. Il reçoit un grand nombre de commandes de portraits. La première monographie qui lui est consacrée est publiée par Michel Vaucaire (1904-1980).
1926 : Son tableau L’Amitié (1924), est acheté par l’État français pour le musée du Luxembourg. En novembre, il expose le Portrait du lutteur Tochigiyama au Salon d’automne.
1927 : Foujita expose à la galerie Katia Granoff. La chalcographie du Louvre achète un cuivre figurant un autoportrait. Il réalise pour le théâtre des Champs-Élysées le programme et les décors de la pièce de Shin-Kabuki Shuzenji-monogatari.
1928 : Sollicité par le mécène Satsuma Jirohachi, Foujita commence la réalisation du décor pour la Maison du Japon à la Cité internationale universitaire de Paris. Il peint quatre panneaux monumentaux aux thèmes allégoriques. Intitulés Grande composition et Combats, il les expose à la galerie Bernheim-jeune accompagnés de dessins préparatoires. Il passe son été entre Deauville et Bréhat.
1929 : À la suite de démêlés avec le fisc, Foujita retourne au Japon avec Youki. Plusieurs expositions sont lui sont consacrées à Tokyo, Osaka et Fukuoka.
1930 : En janvier, il revient à Paris après une escale aux États-Unis. Cette année-là, il expérimente un style très coloré dans quelques tableaux, dont Trois femmes. À l’automne, il expose à la galerie Reinhardt à New-York et séjourne un mois à Chicago. Youki passe l’été avec Robert Desnos et s’installe avec lui 6, rue Lacretelle.
1931 : Foujita vit entre New-York et Paris. Il se sépare de Youki et quitte brusquement la France avec sa nouvelle compagne, Madeleine Lequeux, le 31 octobre 1931, laissant toutes ses œuvres à Youki.
FOUJITA APRÈS PARIS (1932 – 1968)
1936 : Après deux années de voyage en Amérique Latine, Madeleine meurt brutalement à Tokyo. Foujita s’installe avec une jeune japonaise Kimiyo Horiuchi, avec qui il retournera en France et s’installera à Montmartre.
1940 : Foujita et la plupart des peintres japonais de Paris sont contraints de quitter la France. À Tokyo, il est nommé peintre officiel de l’Armée de la Grande Guerre d’Asie.
1941 : Mort de son père. Foujita devient membre de l’Académie impériale des beaux-arts. Il est envoyé en Indochine française comme attaché culturel.
1942 : Foujita est sur le front du Pacifique Sud comme officier, chef du groupe de peintres officiels de guerre.
1943 : Foujita reçoit le prix de la culture du journal Asahi shimbun.
1946 : Mis en cause violemment pour ses activités de peintre des armées, Foujita s’en défend publiquement et envisage son départ.
1949 : Il quitte le Japon pour les États-Unis où son épouse le rejoint.
1950 : Foujita revient finalement à Paris et déclare : « Je reviens pour rester ».
1951 : Il offre au Musée national d’Art moderne quatre œuvres dont Mon intérieur (1922).
1955 : Le 28 février, Foujita et son épouse obtiennent la nationalité française.
1956 : Foujita rencontre René Lalou, homme de droit, d’affaires, et grand industriel du nord qui préside alors aux destinées de la maison Mumm.
1957 : Foujita est promu au grade d’officier de la Légion d’honneur.
1959 : Foujita et Kimiyo se convertissent au catholicisme en la cathédrale de Reims. Le peintre adopte le prénom de Léonard, en hommage à Léonard de Vinci.
1960 : Il acquiert une petite maison à Villiers-le-Bâcle (Essonne), engage d’importants travaux qu’il dirige lui-même et s’y installe l’année suivante.
1964-1966 : Foujita consacre toute son énergie à sa dernière grande œuvre, la Chapelle Notre-Dame-de-la-Paix à Reims dont René Lalou mécène la construction à titre personnel. Ensemble ils remettent solennellement les clés de la chapelle à la ville de Reims en octobre 1966.
1968 : Foujita s’éteint le 29 janvier, laissant un vaste ensemble de peintures et de gravures qui traduit sa double appartenance culturelle, à la fois japonaise et européenne.