Parcours en images de l'exposition

FIBRES AFRICAINES

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°521 du 31 mars 2021


Conseil : pour voir un agrandissement des cartels cliquer sur leurs photographies


 

Vue du musée de la Toile de Jouy
 
FIBRES AFRICAINES

Les textiles d'Afrique racontent une histoire de plus d'un millénaire, Une histoire singulière, où le vêtement ne répond pas toujours à un besoin utilitaire de se couvrir le corps pour se protéger du froid. C'est avant tout un élément signifiant, porteur de signes et de sens, qui inscrit l'homme dans la nature et le relie à ses ancêtres. Étoffes et habits s'affirment comme des supports de langage et des marqueurs sociaux. Ils font écho à la cosmogonie, accompagnent les cycles de vie et expriment le prestige des dignitaires.

Du Nord au Sud, d'Est en Ouest, la diversité des paysages textiles illustre la pluralité culturelle du continent, la fierté de ses peuples, Au fil des rencontres, des dialogues se tissent entre les différentes populations africaines, mais aussi avec l'Europe, l'Asie et l'Amérique. L'Histoire de l'Afrique se lit ainsi à travers ses étoffes. La transmission des techniques de tissage, de teinture et de broderie reflète ces échanges et montre comment chacun les explore de façon originale. L'ingéniosité des artisans traduit un dynamisme de leurs savoir-faire, dans les diverses formes d'exploration des apports industriels. Ils magnifient les fibres les plus humbles en pièces de luxe et subliment les matériaux précieux.

L'émotion que ces créations procurent, comme de véritables œuvres d'art, invite à préserver ce riche patrimoine. De ses usages traditionnels à ses valorisations récentes d'excellence par les créateurs de mode africains, ces savoir-faire incarnent avec flamboyance l'énergie d'un continent aux mille talents. Les techniques anciennes ne cessent d'être revisitées, réinterprétées pour écrire de nouvelles pages de l'épopée des fibres africaines.

L'exposition célèbre cette diversité créative, sans prétendre offrir une présentation exhaustive de la richesse de l'Afrique des textiles. Elle propose des jeux de correspondances techniques et esthétiques et ose défier certaines idées reçues. Le processus de réalisation de certaines étoffes sensibilise aux enjeux environnementaux et également à des formes d'émancipation économique des femmes. Sous la forte concurrence internationale, la question du textile africain se pose aussi en termes de filière, des matières premières au produit fini, dans une chaine de valeur complexe. La traçabilité questionne l'authenticité de l'artisanat et de l'industrie, et fait voler les clichés en éclats.

Fibres africaines invite à un voyage éblouissant dans un continent pluriel qui s'écrit en fils de couleurs. Un continent qui vibre et s'écrie.

Panneau d'introduction.
 
Texte du panneau d'introduction.
Pays d'origine des oeuvres exposées.
Danilo Lovisi et Anne Grosfilley, commissaires de l'exposition.


1 - BRUISSEMENTS DE LA TERRE DES ANCÊTRES

Scénographie

Robe de Ly Dumas. Tissus bogolan et velours kasaï, coton.
Paris, collection Ly Dumas Créations.

Métissage magistral, cette robe exprime la liberté de Ly Dumas qui rassemble ici plusieurs cultures: bogolan malien sur le pan central, velours Kasaï congolais brodés sur les épaules, influence éthiopienne au col et à la forme des manches.

Une démarche similaire fut mise en place par l'artiste nord-américaine Judy Chicago, mettant en valeur les traditions textiles de la culture noire avant le début de la traite négrière atlantique dans son installation Dinner Party, conservée au Brooklyn Museum. Elle rend hommage à Sojourner Truth, l'une des premières personnes à identifier les liaisons entre les luttes des esclaves noirs et les luttes des femmes. Chicago fait ainsi allusion à la connaissance du patrimoine africain traditionnel refusé aux Afro-Américains pour des multiples raisons historiques. Un sujet en franc changement actuellement.


 

BRUISSEMENTS DE LA TERRE DES ANCÊTRES

Terre, argile, coton, palmier raphia. En approchant ces textiles, en éveillant tous nos sens à ces textures, formes et senteurs issues de la forêt ou de la savane, on peut entendre le bruissement de la terre des ancêtres. Emue à leur contact, touchée par leur graphisme, éblouie par leur sophistication, Ly Dumas les a collectionnés et c’est un florilège de ses étoffes qui est ici dévoilé, avec celles d’Anne Grosfilley. Quel est ce fil réunissant les velours Kasaï et les appliqués ntshak de la République Démocratique du Congo ? Les bogolan du Mali, les voiles marocains teints au henné et les écorces grokwa de Côte d’Ivoire, datés en grande partie de la première moitié du XXe siècle ? Quel est le lien, entre leurs esthétiques pétries de paysages et de mythes ? Transformer des matières naturelles en de si fines pièces textiles est l'accomplissement de tout un ensemble de gestes, qui révèlent un savoir-faire séculaire, transmis d’une génération à l'autre.

Matières, technicité, transmission :
traduire les paroles du vent

Ces étoffes témoignent d’histoires individuelles autant que collectives. Semer, arroser, cueillir, sécher, traiter, assembler, broder, autant de gestes quotidiens, collectifs et cycliques qui viennent magnifier les matières végétales. Ils ont en commun d'accompagner ceux qui les portent du premier au dernier souffle de vie. Et dans ce dialogue de l'humain avec la nature, ces textiles sont des langages.

À l'instar des velours Kasaï dont les broderies sont réalisées par plusieurs femmes œuvrant successivement sur une même pièce : l’une donne suite au motif de l’autre. Un geste philosophique et politique où le travail de celle qui précède n’impose pas une contrainte, mais il est mis en valeur par celle qui prend la relève et la pièce ainsi réalisée à plusieurs mains est harmonieuse.

Traduire Les paroles du vent dans des sociétés humaines où l’environnement naturel est intensément présent, physiquement et spirituellement, est le privilège des maîtres artisans. Les textiles favorisent la circulation des échanges, entre les êtres et avec leur milieu. Garants de cette fonction d'équilibre. Aussi ces étoffes diluent la distance entre l'humain et la nature, invitent à l'humilité, nous apprennent à respecter l’art et la vie de ceux « sans qui la terre ne serait pas la terre », tel que l’écrivait Aimé Césaire.

Scénographie avec une robe de Ly Dumas. Tissus bogolan et velours kasaï, coton. Paris, collection Ly Dumas Créations.
 
Texte du panneau didactique.
Scénographie avec matériel pour filer le coton.
 
Arc à carder, fuseaux et bobines de fil. © MTDJ_ Pauline Pirot.
 
Pagne ishyeen. Raphia, écorces d'arbre. République démocratique du Congo, confédération Kuba, peuple Bushoong.
3 exemples de fibres africaines (cartel ci-dessous, à gauche)
 
Cartel relatif aux 3 exemples de fibres africaines ci-dessus.
 
Cartel relatif aux velours kasaï ci-dessous.
Velours Kassaï. Raphia, teinture végétale. République Démocratique du Congo, confédération Kuba, peuple Shoowa.
Collection Fondation Jean-Félicien Gacha. © MTDJ / Pauline Pirot. Voir cartel ci-dessus, à droite.
 
Détail d'un pagne masculin Ikuukmishyeeng. Raphia teinture végétale. République Démocratique du Congo, confédération Kuba, Peuple Bushoong. Collection Fondation Jean-Félicien Gacha. © MTDJ / Pauline Pirot.
 
Détail d'un velours Kassaï. Raphia, teinture végétale. République Démocratique du Congo, confédération Kuba, peuple Shoowa. Collection Fondation Jean-Félicien Gacha. © MTDJ / Pauline Pirot.
Scénographie


2 - DE L'INDIGO A L'ARC EN CIEL

Scénographie

DE L'INDIGO A L'ARC EN CIEL


La teinture colore les textiles. Lorsque l'étoffe est simplement trempée dans un bain tinctorial pour lui donner une couleur unie, on parle de teinture en pièce.

Pour obtenir des motifs, des portions de tissu sont isolées de la couleur par des ligatures, des coutures ou l’application d’une matière aquaphobe (pate de manioc ou paraffine). Après leur suppression, ces réserves révèlent des ornements clairs se détachant sur le fond coloré.

Des pigments naturels aux colorants de synthèse, les peuples africains expriment leur organisation sociale et leur ingéniosité par un riche jeu de motifs et de couleurs, sur de multiples supports.

L'Afrique bleue

Le bleu indigo fait l'unité de l'Afrique mais en souligne également toute sa diversité, à travers la variété de ses déclinaisons.

Cette teinture végétale est révélée par oxydation. Ses différentes intensités dépendent de la concentration de la préparation, et de la durée d’immersion du tissu. Au Sénégal, la tonalité très claire dite « bleu du lait » est particulièrement prisée, alors qu’au Mali, de nombreux peuples préfèrent le bleu-noir.

L'attachement aux cotonnades artisanales demeure encore très fort pour marquer les rites de passage des femmes, comme chez les Dogon du Mali, ou exprimer les statuts hiérarchiques dans les royaumes, à l’instar des Bamiléké du Cameroun. Cependant, de nombreux artisans ont été séduits par les avantages que présentent des toiles de facture industrielle d’importation, en armure simple ou avec des motifs damassés comme le basin.
Leur finesse permet l'exécution de réserves plus délicates, et l'expérimentation de différents styles, allant de l'usage de pochoirs à des réserves cousues à la machine à coudre.

Teinture chimique et magie des couleurs

L'invention des colorants synthétiques par l’Anglais William Henry Perkin en 1856 va progressivement modifier le travail des teinturier(ère)s. L'indigo de synthèse se substitue peu à peu à la lente préparation des bains végétaux. Cependant, cet apport industriel n’engendrera pas une simplification de leur travail.

 

 

Les teinturier(ère)s explorent l'infinité de cette nouvelle palette chromatique dans des jeux subtils d’associations et de superpositions de couleurs, conjugués avec des réserves de plus en plus élaborées pour des étoffes de prestige, notamment auprès des peuples islamisés.
Bien qu’il joue un rôle économique et social important, des voiles de Mauritanie aux basins du Mali, cet artisanat urbain pratiqué dans les cours d’habitation présente de nombreux dangers sanitaires et environnementaux liés à l'usage de produits toxiques tels que l'hydrosulfite et la soude caustique.

Texte du panneau didactique.
 
Panneau didactique.
Scénographie
 
Feuilles de n'galama ; écorces de n'peku ; argile. Mali, Ségou.
 
Pochoir découpé dans un film de radiographie. Mali, Ségou. Collection Anne Grosfilley. © MTDJ / Pauline Pirot.
 
Voiles adrar. Laine et coton. Maroc, Anti-Atlas central, peuple Beni Yacoub.
 
Pagnes (Guinée, Bénin) et adire (Nigéria). Coton.
Scénographie
 
Pagne. Coton, teinture à l'indigo.
 
- Adire eleko. Coton, teinture à l'indigo. Nigéria, peuple Yoruba (à gauche)
- Pagne ukara. Coton, teinture à l'indigo. Nigéria, peuple igbo (à droite).
 
Robe chemise, Ly Dumas. Voile de Mauritanie, soie. Paris. Collection Ly Dumas Créations.
 
Pagne ukara. Coton, teinture à l'indigo. Nigéria, peuple igbo (détail).
 
Voile Melhfa, coton. Mauritanie, Kaédi, peuple Soninké (voir cartel ci-contre).
 
Cartel relatif au voile melhfa ci-contre.
Ndop, coton, teinture à l'indigo, raphia. Cameroun, région nord, peuple wukari.
Scénographie
 
Boubous, coton. Mali, Bamako. Peuple Bamana (voir cartel ci-contre).
  Cartel relatif aux boubous ci-contre.
Ndop, coton, teinture à l'indigo, raphia, velours (voir cartel ci-dessous à gauche).
 

Cartel relatif au ndop, ci-dessus.

 
Cartel relatif au basin, ci-dessous.
Basin, coton. Mali, Bamako, peuple Soninké (voir le cartel ci-dessus à droite).


3 - TISSER DES LIENS

Scénographie
TISSER DES LIENS

Divers mythes fondateurs se rapportent au tissage. Une fourmi aurait tissé dans la bouche du septième ancêtre Dogon; une araignée exécutant sa toile aurait inspiré un jeune Ashanti. Chaque peuple explique l'arrivée fondatrice de cette technique qui s’est généralisée, permettant de tisser des liens et d’exprimer ses particularismes.

Des fouilles effectuées dans les falaises de Bandiagara, au Mali, attestent d’éléments historiques. Le tissage était déjà présent en Afrique de l’Ouest au XIe siècle. Développé par les Peul Mabube dans le mont Aïr, il se serait répandu progressivement à partir de la boucle du fleuve Niger.

Le métier masculin

Le métier ancien est similaire à celui que les tisserands utilisent actuellement. Il s’agit d’un métier à tisser horizontal à lices et peigne suspendus, permettant l’exécution rapide de bandes étroites, qui sont cousues bord à bord pour former un vêtement. Présentant l'avantage d’être démontable et transportable, il a permis sa diffusion par des peuples nomades investis dans la conversion à l’Islam. Les étoffes couvrent la nudité des corps, mais le parent surtout de signes, car chaque peuple développe des décors singuliers.

Le tissage constitue l’apanage de l'homme : il travaille les jambes écartées, dans une posture jugée indécente pour la femme. C’est une activité saisonnière, pratiquée en période sèche, en complément des travaux agricoles de la saison des pluies. La zone sahélienne est longtemps caractérisée par la complémentarité des activités féminines de filage et masculines de tissage, avant adoption de fils manufacturés de diverses qualités (coton, laine, lurex, rayonne) dans une myriade de couleurs.

Tissage féminin

Le tissage féminin s’est développé sur un métier vertical à hautes lices. Sa lenteur d’exécution et son manque d’ergonomie expliquent son usage très restreint.

Au Burkina Faso, un nouveau type de métier à tisser est élaboré dans les années 1970, par la confrérie de l’Immaculée Conception.  Les religieuses  s’inspirent  du modèle  masculin  pour concevoir une structure métallique
 

 

adaptée aux femmes, même en grossesse avancée. Au milieu des années 1980, grâce au soutien du Président Thomas Sankara, les femmes s’organisent en coopératives et se professionnalisent. Elles reproduisent les motifs traditionnels élaborés par les hommes, et font preuve d’innovation. Leur travail séduit les créateurs africains.

Scénographie avec panneau didactique.
 
Texte du panneau didactique.
 
Cartel relatif aux tissus kente ci-contre.  
Scénographie avec trois exemples de tissus kente (voir cartel ci-contre).

Robe, Ly Dumas. Tissu kente Ewé, coton.
Paris, collection Ly Dumas Créations.

Contact soyeux, profusion des couleurs, les kente Éwé suscitent chez Ly Dumas une effervescence joyeuse : la création de mode n'est pas forcément austère pour devenir un acte artistique. En témoignent des bandes de kente voulues au centre de cette robe courte (Défilé Monde de l'art, 1993). La silhouette évoque les costumes des Ballets Russes.
Les étoffes kente ont la faveur des diasporas africaines-américaines et constituent l'un des symboles de la fierté de l’héritage africain (photo de droite).

 
Scénographie et texte du cartel relatif à la robe, Ly Dumas, ci-contre.
 
Robe, Ly Dumas. Tissu kente Ewé, coton. Paris, collection Ly Dumas Créations.
 
Divers exemples de tissage (voir cartel ci-contre).
 
Cartel relatif aux tissages, ci-contre.
 
Métier à tisser. Bois, coton, métal, noix de coco, plastique, rayonne.
Togo, Kpalimé, peuple Ewé.

Le métier à tisser soudanien est un outil de travail très simple : il est constitué de paires de lices actionnées par les pieds qui sélectionnent les nappes de fils de chaine pour le passage de la navette, et d’un peigne pour tasser le tissage. Installé sur quelques barres de bois, il permet de réaliser des bandes étroites qui sont assemblées bord à bord pour former de grands pagnes, en créant parfois des effets de damiers. La rusticité du métier contraste avec le grand raffinement de ces étoffes que les hommes akans portent drapées, avec des colliers d’or et de pâte de verre, chaussés d’abodjés.

Métier à tisser. Bois, coton, métal, noix de coco, plastique, rayonne. Togo, Kpalimé, peuple Ewé (voir ci-contre le texte du cartel ).
 
Texte du cartel relatif au métier à tisser ci-contre.
Scénographie
 
Robe Pathé'O. Coton, tissage de l'UAP Godé, Burkina Faso, Ouagadougou. Confection Ateliers Pathé'O, Côte d'Ivoire, Abidjan (voir le texte du cartel ci-dessous).
 
Manteau d'hiver, Ly Dumas. Tissu Baoulé, os. Paris (voir cartel ci-dessous).
Premier lauréat du Concours des Ciseaux d'Or en 1987, Pathé Ouedraogo, alias Pathé'O, est un des plus grands créateurs africains. Basé à Abidjan, en Côte d'Ivoire, il met un point d'honneur à valoriser les tissages dan fani de son pays d'origine, le Burkina Faso. Pour lui, il est primordial d'explorer les savoir-faire pour créer de nouveaux styles. 
Depuis les années 1990, il collabore avec la coopérative de femmes UAP Godé à Ouagadougou. C'est avec elles qu'il élabore son célèbre tissage à carreaux contenant un petit motif hexagonal. Décliné dans une Infinité de variantes, il est devenu, en plus de trente ans, une étoffe Incontournable de ses collections Sahel qui rendent hommage au travail des artisans.
 
Cartel relatif à la robe Pathé'O ci-dessus.
 
Cartel relatif au manteau d'hiver, Ly Dumas, ci-dessus.
 
Tabouret royal ashanti. Bois sculpté monoxyle.
Ghana, peuple ashanti

Selon la légende, c'est au XVIIIe siècle que le premier roi Ashanti, Oseï Tutu, reçoit du ciel un Tabouret d'Or. Devenu symbole de la monarchie, ce tabouret demeure encore aujourd'hui, un des objets les plus sacrés du royaume. Lors des très rares présentations publiques du Tabouret d'Or, personne ne peut s'y asseoir, pas même le roi qui doit s'asseoir à l'écart, sur son propre siège. Traditionnellement le tabouret est donc pour les Ashanti un objet de première importance. Témoins du statut social de leurs propriétaires, ils se présentent sous une multitude de formes complexes et variées comme l'étaient les rituels qui présidaient à leur fabrication.

L'utilisation de ce siège pouvait être rituelle ou quotidienne et tout au long de la vie de son propriétaire le tabouret lui restait intimement lié. A sa mort, il devenait un autel devant lequel on évoquait l'esprit du défunt.

Tabouret royal ashanti. Bois sculpté monoxyle. Ghana, peuple ashanti (voir texte du cartel ci-contre).
 
Texte du cartel relatif au tabouret royal ashanti ci-contre.


4 - SIGNES ET INSIGNES DU POUVOIR

Scénographie

SIGNES ET INSIGNES DU POUVOIR

Chez certaines populations d’Afrique de l'Ouest, de l'Est et du Sud, les arts du perlage, de la broderie et de l’impression sur textile symbolisent le pouvoir. Orner de perles un vêtement ou un objet revient ainsi à l'élever à un rang social et spirituel supérieur. Sur les sceptres de commandement, trônes royaux et les étoffes aux motifs codifiés, fils perlés et brodés lient le visible à l'invisible.

Des perles comme de l’or

Les Bamiléké au Cameroun, les Massaï au Kenya et en Tanzanie, les Xhosa et Zoulou d’Afrique du Sud, les Yoruba au Nigéria : chaque peuple pratique l'art du perlage. Magnifiés par les perles, masques zoomorphes et coiffes imposantes se chargent de sens et d’histoire. L'habit et l'insigne sont alors prêts à discourir, à jouer leur rôle cérémoniel. Ils témoignent aussi de l'appartenance à un statut, une classe d’âge. La légèreté de ces microsphères de verre contraste avec un pan sombre de leur histoire. Entre le XVIe et le XXe siècle, des tonnes de perles ont été troquées sur le continent africain en échange de matières premières mais aussi d’esclaves. De nos jours, la beauté de ces œuvres est complexe et semble nous interroger sur une manière de sublimer ces blessures de notre histoire.

La fonction religieuse de la broderie

La broderie de fil est une autre forme d’écriture textile. En Afrique de Ouest, elle est souvent associée à l’Islam et à la protection du divin. Encolure et plastrons des boubous, poignets des tuniques brodées et bas de pantalons sont brodés pour épargner les parties du corps vulnérables, car non couvertes. Cette fonction spirituelle se conjugue souvent à une expression esthétique qui traduit un pouvoir social. Les grands boubous, aux riches broderies exécutées à la machine à coudre, imposent le respect à la simple vue de leurs décors majestueux.

Le fil de la vie

Les broderies manuelles à l'aiguille accompagnent les rites de passage qui marquent les étapes importantes de la vie. Au Niger, les hommes Wodaabe se maquillent et revêtent de longues  tuniques  brodées aux motifs sinueux pour séduire leur future épouse  lors  de  la cérémonie  du géréwol. Chez

 

les populations Peul du Mali et du Sénégal, le pagne brodé est porté par la femme, celle qui a le pouvoir de donner la vie. Il enveloppe sa plus grande richesse : l'enfant qu’elle porte au dos.
Le peuple Ashanti du Ghana consacre quant à lui le prestige de la broderie pour orner les adinkra revêtus lors de funérailles, qui servent littéralement à dire « adieu ». Les idéogrammes imprimés sur ces grands pagnes drapés complètent les messages adressés aux hommes, sur terre et dans l’au-delà.

Texte du panneau didactique.
 
Panneau didactique.
Scénographie avec, au premier plan, trois masques-éléphants. Raphia, tissus ndop, perles de verre, velours.
Cameroun, région ouest, peuple Bamiléké (voir cartel ci-dessous à gauche).
 
Cartel relatif aux 3 masques-éléphants ci-dessus.   Cartel relatif à la tenture ci-dessous.
Tenture, coton, appliques. Bénin, Abomey, peuple Fon (voir cartel ci-dessus à droite).
 
Pagnes brodés, coton et laine (voir cartel ci-dessous).
 
Etoffes diverses (voir cartel ci-dessous).
 
Cartel relatif aux pagnes brodés dans la malle ci-dessus.   Cartel relatif aux étoffes dans la malle ci-dessus.
Scénographie
 
Tunique cérémonielle, raphia, perles de verre (voir cartel ci-dessous).
 
Tunique d'apparat, cuir, perles, coquillages, plastique (voir cartel ci-dessous).
 
Cartel relatif à la tunique cérémonielle ci-dessus.   Cartel relatif à la tunique d'apparat ci-dessus.
Scénographie avec masque-éléphant (à gauche), coiffes et tenue traditionnelle mauritanienne (à droite), boubou (au fond)
 
Coiffe, raphia, perles de verre. Nigéria, peuple Yoruba (voir cartel ci-dessous).
 
Coiffe, raphia, perles de verre. Nigéria, peuple Yoruba (voir cartel ci-dessous).
 
Cartel relatif aux coiffes (illustrations ci-dessus)

Tenue traditionnelle mauritanienne, coton. Mauritanie, Adrar, peuple Maure (voir cartel ci-contre).
 
Cartel relatif à la tenue traditionnelle mauritanienne ci-contre.
Ndop perlé, Ly Dumas. Perles de verre, coton teint à l'indigo. Cameroun, peuple Bamiléké (voir cartel ci-dessous).
 
Tablier, peau de chèvre, perles de verre, graines, rocaille. Afrique du Sud, peuple Ndébélé (voir cartel ci-contre).
  Cartel relatif au ndop perlé, Ly Dumas ci-dessus et au tablier ci-contre.
 
Tampon Calebasse, bois, coton. Ghana, Ntonso, peuple Ashanti. Collection Anne Grosfilley. © MTDJ / Pauline Pirot.
 
Scénographie.
 
Trône royal, bois, raphia, perles de verre. Cameroun, région ouest, peuple Bamiléké (voir cartel ci-dessous).
 
Reine Mère, bois, perles de verre. Cameroun, région ouest, peuple Bamiléké (voir cartel ci-dessous).
 
Cartel relatif au trône royal ci-dessus.   Cartel relatif à la Reine Mère ci-dessus.
 
Sceptres de commandement, bois, perles, crin de cheval. Cameroun, région ouest, peuple Bamiléké (voir cartel ci-dessous).
 
Boubou, tissage coton et broderie en fil synthétique. Togo, Sokodé, peuple Kotokoli (voir cartel ci-dessous).
 
Cartel relatif aux sceptres de commandement ci-dessus.   Cartel relatif au boubou ci-dessus.


5 - LE LANGAGE DES ÉTOFFES INDUSTRIELLES

Scénographie

LE LANGAGE DES ÉTOFFES INDUSTRIELLES

Les étoffes industrielles occupent une place grandissante sur les marchés africains. Leur usage massif laisse parfois peu de visibilité aux tissus artisanaux et pose la question de leur authenticité. En effet, bien qu’elles soient souvent désignées comme des tissus africains, elles trouvent leur origine dans les industries européennes, et constituent des « traditions inventées ». Au coeur de la rencontre des cultures, elles illustrent comment des influences d’Europe et d’Asie ont contribué à élaborer des tissages et des imprimés emblématiques, devenus des étendards identitaires. D’ouest en Est, elles servent à envoyer des messages.

Le wax et la parole des femmes

Le wax est un batik indonésien industrialisé en Europe. Il arrive au Ghana en 1895. Dès les années 1950, cet imprimé venu de Hollande et d’Angleterre attire des commerçantes togolaises. Coloré et original, il rencontre une telle popularité qu’elles en commandent de très importantes quantités, obtenant ainsi l'exclusivité sur les dessins qu’elles commercialisent. Pour attirer leur clientèle, elles ont l'idée de leur attribuer des noms qui expriment leurs préoccupations quotidiennes, les rapports amoureux, leurs espoirs ou leurs colères. Grâce à ces Nana Benz, le wax devient un véritable support de communication qui libère la voix des femmes.

Les kangas et les adages de l'océan indien

En Afrique de l’Est (Tanzanie, Kenya, Madagascar, Comores, Mayotte), les femmes se drapent de voiles rectangulaires dont les motifs révèlent souvent des influences indiennes. Inspiré de foulards venus du Portugal au XIXe siècle, le kanga ou leso se distingue par l'impression d’un proverbe le long de la frise centrale, en Kishwahili, Magalasi et Shikomori. Les kangas sont offerts à diverses occasions, pour témoigner de sa sympathie ou de son  amour.
Chez les Massaï les hommes portent également des kangas, qu’ils associent aux tissages quadrillés dénommés shuka.

La réplique asiatique

Au moment des Indépendances, dans les années 1960, les Etats africains se dotent d’usines de tissage et d’impression

 

pour produire ces étoffes qui deviennent, de fait, de véritables produits africains. En 2004, quand l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) met fin aux quotas sur les importations textiles, l'Asie déferle sur ces marchés avec des étoffes similaires extrêmement compétitives et gagnent 95% des parts du marché. Plus que jamais cette production industrielle pose le débat de ce qui fait africain et de qui est africain.

Texte du panneau didactique.
 
Panneau didactique.
 
Suite de l'exposition, vue sur la passerelle. © MTDJ / Pauline Pirot.
 
Vue d'ensemble de la partie « Signes et insignes du pouvoir ». © MTDJ / Pauline Pirot.
Vue d'ensemble sur la partie « Le langage des étoffes industrielles ». © MTDJ / Pauline Pirot.
 
Wax block. Coton, Uniwax 11728. Côte d'Ivoire, Abidjan.
  Cartel relatif au wax block ci-contre.