Parcours en images de l'exposition

FAITH RINGGOLD
Black is Beautiful

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°569 du 3 mai 2023






1 - Entrée de l'exposition

 
FAITH RINGGOLD
Black is Beautiful


Figure majeure d’un art engagé et féministe américain, depuis les luttes pour les droits civiques jusqu'à celles du mouvement Black Lives Matter, autrice de célèbres ouvrages de littérature jeunesse, Faith Ringgold a développé une œuvre qui relie le riche héritage de la Renaissance de Harlem à la scène artistique actuelle africaine-américaine. Elle mène, à travers ses relectures de l’histoire de l’art moderne, un dialogue plastique et critique avec l’art du début du XXe siècle, notamment avec Pablo Picasso et ses Demoiselles d'Avignon.
Née à New York en 1930, elle a grandi à Harlem, quartier nord de Manhattan devenu, dans l’entre-deux-guerres, la capitale symbolique de l'éveil culturel des communautés noires, encouragé notamment par l’ouvrage The New Negro (1925) de l'écrivain et philosophe Alain Locke. Dès ses premières œuvres, au début des années 1960, Faith Ringgold témoigne des relations interraciales conflictuelles aux États-Unis et s'emploie à créer un art africain-américain à l'identité propre. Elle ne cesse de transposer sa vision révolutionnaire du Black Power en une approche inédite de la théorie des couleurs et des techniques, à travers une forme biographique proche de l’autofiction. Mêlant modernité et traditions vernaculaires, textes et images, elle développe un art original de la performance et du textile.
Son œuvre radicale et populaire, remise à l’honneur notamment au moment de la nouvelle présentation des collections du Museum of Modern Art de New York en 2018, est fondatrice pour nombre d'artistes aujourd’hui.

Il s’agit de sa première rétrospective en France. L'exposition est réalisée en collaboration avec le New Museum de New York, et a bénéficié du soutien de l'ACA Galleries, de la Ford Foundation (et notamment Darren Walker, Président, Juliet Mureriwa, Senior Program Officer et Giselle Blanco Santana, Program Associate), et de la Terra Foundation for American Art (dont Sharon Corwin, Présidente, Amy Gunderson, Directrice, Grants Administration and Operations, et Katherine Bourguignon, commissaire).

Entrée de l'exposition
 
Texte du panneau didactique.
 
Sais-tu ce qu'est un autoportrait ? C’est un genre artistique très développé en peinture dans lequel l'artiste fait son propre portrait. Faith Ringgold s’inscrit dans cette longue tradition en réalisant le sien au début de sa carrière. Mais pour elle, ce tableau a une signification toute particulière. Dans les années 1960, les œuvres des artistes femmes noires sont très peu exposées dans les musées américains. À travers son autoportrait, dans lequel elle se représente fièrement, Ringgold cherche donc à montrer qu’elle a toute sa place dans la société et le monde de l’art.
Faith Ringgold (1930-). Early Works #25: Self-Portrait, 1965. Huile sur toile, 127 x 101,6 cm. Brooklyn Museum; Gift of Elizabeth A. Sackler, 2013.96. © Faith Ringgold / ARS, NY and DACS, London, courtesy ACA Galleries, New York 2022.
 
Panneau didactique pour le jeune public.
- Faith Ringgold (1930-). Early Works #20: Black and Blue Man [Homme noir et bleu], 1964. Huile sur Isorel. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
- Faith Ringgold (1930-). Early Works #17: Black Man [Homme noir], 1964. Huile sur toile collée sur Isorel.
Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
- Faith Ringgold (1930-). Early Works #22: Uptight Negro [Noir guindé], 1964. Huile sur carton.
Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.


2 - BLACK LIGHT
Lumière noire

Scénographie
BLACK LIGHT
Lumière noire


En 1963, l’année du Civil Rights Act qui est censée mettre fin à toutes les formes de ségrégation ou de discrimination, Faith Ringgold entreprend une longue série sur le racisme ordinaire, American People [Les Américains]. En 1967, alors que les tensions sont à leur comble, elle peint selon une palette sombre et subtile des toiles dites Black Light [Lumière noire]. Elle y célèbre la beauté afro nouvellement reconnue, notamment au travers du slogan « Black Is Beautiful ».
Cette série de douze toiles monochromes qui jouent avec les codes de l’abstraction sera montrée en janvier 1970, lors de sa deuxième exposition personnelle à la galerie Spectrum de New York. En parallèle, l'artiste s'engage au sein du mouvement Black Power en réalisant des affiches militantes à partir de compositions typographiques.
 
Texte du panneau didactique.
 
Faith Ringgold (1930-). Black Light Series #11: US America Black [Noire Amérique], 1969. Huile sur toile. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
 
Faith Ringgold (1930-). Black Light Series #3.2: Invisible Woman #1 [Femme invisible n°1], 1968. Huile sur toile. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
 
Faith Ringgold (1930-). Black Light Series #3.1: Invisible Man #1 [Homme invisible n°1], 1968. Huile sur toile. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
 

Être Noir aux États-Unis dans les années 1960

Dans les années 1960, les Noirs américains constituent environ 10 % de la population des États-Unis. Ils sont pour beaucoup des descendants d'esclaves déportés d'Afrique. Si l'esclavage est définitivement interdit aux États-Unis en 1865, les Noirs n’obtiennent cependant pas les mêmes droits que les Blancs. Par exemple, ils ne peuvent pas aller dans les mêmes écoles, bus, ou hôpitaux que les autres citoyens.

Pour lutter contre cette injustice, des Noirs et des Blancs s'organisent dans un «mouvement pour les droits civiques». Parmi eux, le pasteur Martin Luther King est l’une des figures les plus célèbres de ce combat pour l'égalité. Les lois qui autorisaient la discrimination des Noirs sont abolies au cours des années 1960, soit près de cent ans après l'interdiction de l'esclavage. Toutefois, ce lourd passé est toujours très présent aux États-Unis où les Noirs américains souffrent encore aujourd’hui de nombreuses inégalités.
Faith Ringgold (1930-). Black Light Series #4: Mommy and Daddy [Papa et maman], 1969. Huile sur toile. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
 
Panneau didactique pour le jeune public.
Scénographie
 
Faith Ringgold (1930-). Early Works #15: They Speak No Evil [Ils ne disent pas de mal], 1962. Huile sur toile. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
 
Faith Ringgold (1930-). Woman Freedom Now [Liberté pour les femmes], 1971. Impression offset. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.

L'affiche Woman Freedom Now, adopte les couleurs - rouge, vert et noir - du panafricanisme, mouvement lancé dans les années 1920 pour rallier les Africains émancipés de la diaspora et ceux du continent africain, dont se réclame le Black Power. Une série d'affiches accompagne la mobilisation internationale contre l'arrestation et l'emprisonnement d'Angela Davis, figure de proue du mouvement des droits civiques et membre des Black Panthers.
 
Faith Ringgold (1930-). America Free Angela [Amérique, libère Angela], 1971. Papiers découpés et collés. Maquette pour une affiche. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
 
Faith Ringgold (1930-). Black Light Series #5: Black Art Poster [Affiche d’art noir], 1969. Huile sur toile. Schomburg Center tor Research in Black Culture, Art & Artifacts Division, The New York Public Library, Astor, Lenox, and Tilden Foundation, New York.
Faith Ringgold (1930-). United States of Attica, 1972. Lithographie Offset, 55 × 69,6 cm.
Courtesy de l’artiste et ACA Galleries, New York. © Faith Ringgold / ARS, NY and DACS, London, courtesy ACA Galleries, New York 2022.

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

Faith Ringgold (1930-). Black Light Series #9: The American Spectrum [Le spectre américain], 1969. Huile sur toile.
JPMorgan Chase Art Collection, New York.
 

(Tableau ci-dessus)

Drôle de format pour un tableau! Cette bande peinte ressemble à un nuancier. Faith Ringgold y décline la couleur brune, partant du ton le plus foncé pour arriver au plus clair. Le titre de cette œuvre est «Le spectre américain». Dans les sciences physiques, le mot «spectre» désigne les différentes couleurs qui composent la lumière blanche. As-tu remarqué les visages qui se trouvent dans les différentes sections ? En allant du brun au beige, Ringgold souhaite représenter la diversité de la population américaine.

Faith Ringgold (1930-). American People Series #19: U.S. Postage Stamp Commemorating the Advent of Black Power [Timbre postal américain commémorant l'avènement du Black Power], 1967. Huile sur toile. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.

Cette grande composition fait partie des trois grandes peintures qui concluent la série American People. Faith Ringgold reprend le format géant d’un timbre-poste dans lequel elle inscrit cent visages de Blancs, de métis et de Noirs, selon une grille blanche formée par le mot invisible mais structurant, « White Power ». La diagonale formée par les lettres noires plus petites du mot «Black Power» vient barrer la composition, selon un jeu typographique pop art.

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

 
Panneau didactique pour le jeune public.


3 - AMERICAN PEOPLE
Les Américains

Scénographie
AMERICAN PEOPLE
Les Américains

Avec sa série American People [Les Américains], Faith Ringgold offre un commentaire acerbe sur l’American Way of Life au lendemain de la ségrégation, dans des compositions figuratives très stylisées, au style « super réaliste ».
Dans le contexte extrêmement violent du long été caniculaire (Long Hot Summer) de 1967, point d'orgue d’une série de soulèvements durement réprimés, l’artiste entreprend, pour clore sa série, trois larges tableaux programmatiques reflétant la situation politique et sociale : The Flag Is Bleeding [Le drapeau saigne]; US. Postage Stamp Commemorating the Advent of Black Power [Timbre postal américain commémorant l’avènement du Black Power] et Die [À mort !].
Conçus comme autant de monuments commémoratifs, ces tableaux à vocation politique s’inscrivent dans la lignée du Guernica de Pablo Picasso, présenté alors au Museum of Modern Art de New York, ou des œuvres des muralistes mexicains tels que Diego Rivera. Faith Ringgold recourt ouvertement à des références détournées du pop art (Flag de Jasper Johns, grille répétitive des sérigraphies d’Andy Warhol, composition typographique de Robert Indiana...)
 
Texte du panneau didactique.
 
Faith Ringgold (1930-). American People Series #10. Study Now [Étudiez !], 1964. Huile sur toile. Courtesy de l’artiste et d'ACA Galleries, New York.

Ce portrait est celui de Charlayne Hunter-Gault, l’une des toutes premières étudiantes noires américaines, qui fit son entrée à l’université de Géorgie en 1961. Le titre du tableau l’apparente à un appel politique et collectif.
 
Faith Ringgold (1930-). American People Series #6: Mr. Charlie [M. Charlie], 1964. Huile sur toile. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.

Portrait d’un Blanc, un «Charlie» en argot, que l'artiste décrit ainsi: «une grande tête souriante d’un Blanc condescendant», désignant une forme de bien-pensance charitable et de malaise sous-jacent.
 
Faith Ringgold (1930-). American People Series #3: Neighbors [Les Voisins], 1963. Huile sur toile. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
Faith Ringgold (1930-). American People Series #20: Die, 1967. Huile sur toile, deux panneaux, 182,9 x 365,8 cm. The Museum of Modern Art, New York, Purchase; and gift of The Modern Women's Fund, Ronnie F. Heyman, Glenn and Eva Dubin, Michael S. Ovitz, Daniel and Brett Sundheim, and Gary and Karen Winnick. © Faith Ringgold / ARS, NY and DACS, London, courtesy ACA Galleries, New York 2022. Digital Image © The Museum of Modern Art/Licensed by SCALA / Art Resource, NY.

Pour cette représentation de rixe violente, quasiment de guerre civile, l'artiste s’inspire du grand tableau manifeste Guernica présenté alors au Museum of Modern Art de New York. L'œuvre, scène de massacre d’un village basque, peinte par Pablo Picasso en 1937 pour l’éphémère République espagnole, est montré dès 1939 aux États-Unis alors que l'Espagne est devenue franquiste et que la guerre se déclare en Europe. Selon les vœux du peintre, le tableau restera à New York jusqu’à la chute du dictateur Franco. En 1981, il rejoint les cimaises du Museo Nacional del Prado à Madrid (nota : il est exposé aujourd'hui au Museo Reina Sofia).
«Mon Picasso favori, immense Guernica […] est une toile que l’on aborde comme une unique image plane et dans laquelle on ne prend conscience de ses différentes parties qu’un peu plus tard seulement. Tout se passe au premier plan. En créant des trous dans la composition au lieu de créer de la distance, la perspective peut être l’ennemie d’une fresque murale.»
Faith Ringgold recrée ainsi dans son propre tableau une frontalité agressive en juxtaposant au damier gris abstrait du fond l’entremêlement de figures stéréotypées semblables, signes du caractère fratricide de la scène.
 
(Tableau ci-dessus)

Le 26 avril 1937, durant la guerre d’Espagne, le bombardement du village Guernica fait des centaines de morts. Pour dénoncer cette atrocité, Pablo Picasso peint l’un de ses tableaux les plus célèbres. De 1939 à 1982, cette œuvre est conservée au musée d'Art moderne de New York. Faith Ringgold s’y rend régulièrement pour la voir.

Aux États-Unis, à la fin des années 1960, de nombreuses personnes sont tuées durant des manifestations pour les droits des Noirs ou parce qu’elles se révoltent contre les injustices qu’ils subissent. En réaction à ces violences, Ringgold s’inspire de Guernica et réalise ce grand tableau qui représente des femmes et des hommes, blancs et noirs, qui s’entretuent.
Citation
 
Panneau didactique pour le jeune public.
Vitrine avec des documents relatifs à Guernica.

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

 
Pablo Picasso (1881-1973). Étude d'ensemble pour La Crucifixion. Paris, 8 juin 1929. Crayon graphite sur papier, quarante-septième feuillet recto du carnet MP1875. Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso, 1979.
 
Pablo Picasso (1881-1973). Femme qui pleure devant un mur. Paris, 22 octobre 1937. Aquatinte au sucre, pointe sèche et grattoir sur cuivre, IIème état. Musée national Picasso-Paris. Dation Jacqueline Picasso, 1990.


4 - TANKA
Tanka

Scénographie
TANKA
Tanka

Lors d’un Voyage en Europe, en 1971, Faith Ringgold découvre au Rijksmuseum d'Amsterdam des peintures sur tissu tibétaines et népalaises du XVe siècle, dites «tanka», qui lui inspirent en 1974 sa première série picturale textile de dix-neuf peintures, Slave Rape. Les bordures décoratives sont conçues par sa mère styliste, Willi Posey, inaugurant une collaboration continue. L’artiste aborde pour la première fois et de façon frontale, la question de l’esclavage, se mettant en scène avec ses deux filles sur fond de paysage, dans les trois premiers tanka. Elle trouve-là un mode d'expression qui lui permet de renouer avec ses racines africaines-américaines vernaculaires et celles, plus lointaines, africaines.

 
Texte du panneau didactique.
 
Faith Ringgold (1930-). Coming to Jones Road Part 2: Martin Luther King Jr. Tanka #3: I Have a Dream [En arrivant sur Jones Road, Partie 2 : Martin Luther King Jr. Tanka n°3 : J'ai fait un rêve], 2010 (partie centrale, voir plus bas le tanka complet). Acrylique sur toile, avec bordures en tissu piqué. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
 
Faith Ringgold (1930-). Slave Rape #2: Run You Might Get Away, 1972. Huile sur toile et tissus, 234,6 × 133 cm. Glenstone Museum, Potomac, Maryland. © Faith Ringgold / ARS, NY and DACS, London, courtesy ACA Galleries, New York 2022. Photo: Tom Powel Imaging; courtesy Pippy Houldsworth Gallery, London.
 
Faith Ringgold (1930-). Slave Rape #3: Fight to Save Your Life, 1972.Huile sur toile et tissus, 233,7 × 129,2 cm. Glenstone Museum, Potomac, Maryland. © Faith Ringgold / ARS, NY and DACS, London, courtesy ACA Galleries, New York 2022. Photo: Tom Powel Imaging; courtesy Pippy Houldsworth Gallery, London.
 
Voici l’un des tout premiers masques réalisés par Faith Ringgold. Observe les cheveux : ils sont en raphia, une fibre végétale qui provient d’un palmier que l’on trouve dans de nombreux pays africains. Dans certaines régions d'Afrique, les masques sont des œuvres incontournables. Ils sont généralement créés dans le but d’être portés lors de cérémonies rituelles. Pour Ringgold, s’inspirer de l’art africain est un moyen de se reconnecter à ses origines et de montrer qu’elle est fière d’être une artiste noire.
Faith Ringgold (1930-). Women's Liberation Talking Mask [Masque parlant de la libération des femmes], 1973. Technique mixte, installation. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.

Ce masque est l’un des tout premiers créés par Faith Ringgold. En confectionnant poupées et masques, l'artiste unit dans la performance, son militantisme à son expression artistique. Ici, elle hypertrophie la bouche, signe de la prise de parole dans le mouvement de libération des femmes.
 
Panneau didactique pour le jeune public.
- Faith Ringgold (1930-). Coming to Jones Road Part 2: Martin Luther King Jr. Tanka #3: I Have a Dream [En arrivant sur Jones Road, Partie 2: Martin Luther King Jr. Tanka n°3 : J'ai fait un rêve], 2010 (voir détail ci-dessus). Acrylique sur toile, avec bordures en tissu piqué. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
- Faith Ringgold (1930-). Coming to Jones Road Part 2: Sojourner Truth Tanka #2: Ain’t I A Woman? [En arrivant sur Jones Road, Partie 2: Sojourner Truth Tanka n°2: Ne suis-je pas une femme ?], 2010. Acrylique sur toile, avec bordures en tissu piqué.
Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
- Faith Ringgold (1930-). Coming to Jones Road Part 2: Harriet Tubman Tanka #1: Escape to Freedom [En arrivant sur Jones Road, Partie 2: Harriet Tubman Tanka n°1: Fuir vers la liberté], 2010. Acrylique sur toile, avec bordures en tissu piqué.
Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.


5 - THE FRENCH COLLECTION
Story quilts - Quilts peints


Scénographie
THE FRENCH COLLECTION
Story quilts
Quilts peints

« Mon art est ma voix. » Faith Ringgold nous raconte des histoires à travers ses quilts qui associent un tableau peint central et un texte dense en guise de bordure ; la teneur biographique de son travail se fait plus prégnante ; elle narre son parcours sous forme de réflexions et d’histoires imaginaires et édifiantes. Dans la série ambitieuse The French Collection, elle campe une jeune artiste africaine-américaine cherchant sa voie dans le Paris des années 1920. Cet ensemble est particulièrement important quant à la relecture qu’il propose de l’art moderne à l’aune des enjeux de la Renaissance de Harlem et des sources artistiques que Faith Ringgold revendique et intègre dans son travail, notamment Pablo Picasso ou Henri Matisse, mais aussi Gertrude Stein. À travers douze tableaux peints entre 1991 et 1997, d’après ses souvenirs d’un voyage à Paris en 1961 et d’une résidence dans le sud de la France, à La Napoule, elle déploie des situations imaginaires, pleines de fantaisie, mettant en scène des acteurs réels historiques, des lieux de la scène française mais aussi des personnalités africaines-américaines historiques et contemporaines. Mélangeant les époques et les générations, elle propose une plongée dans les idéaux de la Renaissance de Harlem qui interrogent le lien à la modernité des objets africains et qui fondent une modernité spécifique africaine-américaine, dans laquelle elle exhorte les femmes à occuper leur place.

 
Texte du panneau didactique.
 
Faith Ringgold (1930-). Picasso’s Studio: The French Collection Part I, #7, 1991. Acrylique sur toile, tissus imprimé et teint, encre, 185,4 x 172,7 cm. Worcester Art Museum; Charlotte E. W. Buffington Fund. © Faith Ringgold / ARS, NY and DACS, London, courtesy ACA Galleries, New York 2022.

L’héroïne Willia Marie Simone pose dans l’atelier de Pablo Picasso. Les figures des Demoiselles d'Avignon, chef d'œuvre de 1907, et les masques africains accrochés aux murs exhortent la jeune fille à embrasser sa vocation d'artiste, garante de sa liberté. Épisode majeur de la série, le tableau fonctionne à la fois comme un révélateur et un catalyseur de l’engagement artistique et souligne l’importance des sources africaines pour l’art moderne.

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

 

 
Faith Ringgold (1930-). Wedding on the Seine: The French Collection Part I, #2 [Mariage sur la Seine], 1991. Acrylique sur toile, tissu imprimé et teinté dans la masse, encre. Collection particulière.

Au début de l’histoire de l’alter ego de Faith Ringgold, Willia Marie Simone est représentée sur le Pont-Neuf, petite figure fuyant son mariage afin de préserver sa liberté et sa vocation d'artiste: «Il n’y avait qu’une seule chose à laquelle je pouvais penser. Sortir de cette église et prendre l’air [...]. J'aurais pu courir pour toujours [...]. Je devais faire une déclaration. Quelque chose de plus que “j'obéis” et “je fais”. »

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

 

 
Faith Ringgold (1930-). The Sunflowers Quilting Bee at Arles: The French Collection Part I, #4 [Les Tournesols: l’atelier de quilting à Arles], 1991. Acrylique sur toile, tissu imprimé et teinté dans la masse encre. Collection Oprah Winfrey, Los Angeles.

L'artiste imagine ici une scène située à Arles en hommage à Vincent Van Gogh au milieu d’un champ de tournesols. Elle réunit en une confrérie chargée de diffuser la bonne parole, «l’Abeille de patchwork des tournesols», un groupe d’Africaines-Americaines, femmes d'art et militantes des droits civiques: Harriet Tubman, Madam C.J. Walker, Ida B. Wells, Mary McLeod Bethune, Fannie Lou Hamer, Rosa Parks, Ella Baker.

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

Le Café des Artistes apparaît comme une sorte d’épilogue. Willia Marie Simone tient un café, place Saint-Germain-des-Prés, lieu de ralliement de la scène artistique parisienne. Y figurent Henri de Toulouse-Lautrec, Maurice Utrillo, Paul Gauguin et Vincent Van Gogh, mais aussi des artistes africains-américains : Loïs Mailou Jones, Meta Vaux = Warrick Fuller, Elizabeth Catlett, William H. Johnson, Archibald Motley, Sargent Johnson, Henry Ossawa Tanner, Romare Bearden, Jacob Lawrence et Faith Ringgold elle-même. La jeune artiste déclame devant eux son «Manifeste de la femme de couleur sur l’art et la politique».

 

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

 

 

Qu'est-ce que le quilt ?

Aux États-Unis, depuis la période d’esclavage, les femmes noires fabriquaient des quilts : des couvertures cousues avec différents morceaux de tissu. Faith Ringgold s’inspire de cet artisanat pour inventer un format d'œuvre inédit qui mêle la peinture, la couture et l'écriture et qu’elle appelle des «quilts peints». Ces œuvres qui mélangent les techniques racontent des histoires qu’elle a elle-même imaginées. Sur chaque version on distingue toujours trois zones : au centre l’image principale, en haut et en bas le texte, et tout autour le cadre composé de tissus fleuris.

Le café
Les quilts de cette salle racontent l’histoire de Willia Marie Simone, jeune femme américaine noire qui s’installe à Paris pour devenir artiste. Ici, elle est représentée debout au milieu de deux tables d'hommes. Parmi eux, il y a Vincent Van Gogh avec sa barbe et ses cheveux roux. Willia Marie Simone leur récite un discours pour défendre la place des femmes artistes noires en affirmant: «L'art moderne n'est pas à vous ou à moi, il est à nous.» Faith Ringgold s’est représentée tout à droite, assise au bout d’une table: la reconnais-tu ?

Faith Ringgold (1930-). Le Café des Artistes: The French Collection Part II, #11, 1994. Acrylique sur toile, tissu imprimé et teinté dans la masse, encre. Collection particulière.

 
Panneaux didactiques pour le jeune public.
 

Faith Ringgold (1930-). The Bitter Nest, Part IV: The Letter [Le Nid d’amertume, Partie IV: La Lettre], 1988. Acrylique sur toile, tissu imprimé et teinté dans la masse, encre. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

 

Faith Ringgold (1930-). The Bitter Nest, Part III: Lovers in Paris [Le Nid d’amertume, Partie III : Les Amoureux à Paris], 1988. Acrylique sur toile, tissu imprimé et teinté dans la masse, encre. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.

Cliquer ici ou sur l'image pour en voir un agrandissement

 



6 - GOSPELS AND PERFORMANCES
Gospels et performances

Accrochées au mur :
- Faith Ringgold (1930-). Windows of the Wedding #7: Small Talk [Bavardage], 1974. Acrylique sur toile, avec bordures en tissu piqué. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
- Faith Ringgold (1930-). Windows of the Wedding #9: Life [La vie], 1974. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
- Faith Ringgold (1930-). Windows of the Wedding #1: Woman [Femme], 1974. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
- Faith Ringgold (1930-). Windows of the Wedding #2: Breakfast in Bed [Petit déjeuner au lit], 1974. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
- Faith Ringgold (1930-). Windows of the Wedding #12: Love and Peace [Amour et paix], 1974. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.

Windows of the Wedding est la dernière série des peintures tanka de Faith Ringgold qui figurent le décor de la performance. Elle peint sur ces longues bandes de tissu assemblé des compositions géométriques colorées selon le design congolais kuba, qui s'apparentent à des mandalas actuels et ironiques si l’on en juge par les titres qui désignent le quotidien monotone et trivial de la vie conjugale.

Sur le sol, à gauche : Faith Ringgold (1930-) :
- Buba Mask
[Masque de Buba], 1973. Techniques mixte. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.
- Bena
, 1973. Technique mixte.
Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York .
GOSPELS AND PERFORMANCES
Gospels et performances

Rejoignant à son retour d’un voyage en Afrique le Black Arts Movement, Faith Ringgold renoue avec une certaine tradition pastorale américaine, héritée de l’Église abyssinienne de son enfance à Harlem, en concevant un spectacle-performance itinérant dans les universités du pays, The Wake and Resurrection of the Bicentennial Negro (1975-1989). En réponse à la commémoration du bicentenaire de la Déclaration d'indépendance des États-Unis du 4 juillet 1776, soit deux cents ans d’esclavage et d’oppression, elle met en scène un récit allégorique et prophétique sur la condition des Noirs, à partir d’une installation d’effigies en tissu, d'accessoires et de fleurs : un couple africain-américain, Buba, lui, mort d’overdose, et Bena, de chagrin, ressuscite dans un monde meilleur égalitaire. La performance de danses et déclamations des étudiants masqués a lieu sur un fond sonore d'extraits du fameux discours de Martin Luther King, « l Have a Dream », ainsi que des gospels comme Amazing Grace ou He Arose

 
Texte du panneau didactique.
 
Faith Ringgold (1930-). The Flag is Bleeding #2: The American Collection #6 [Le drapeau saigne n° 2], 1997. Acrylique sur toile avec tissu peint et piqué. Glenstone Museum, Potomac, Maryland.

En 1997, Faith Ringgold dans sa dernière série de quilts peints, American Collection, dresse un constat amer sur la situation des Africains-Américains aux États-Unis. Dans The Flag Is Bleeding #2, elle reprend le thème du drapeau qui saigne, vingt ans après celui de la série American People. La femme blanche pacificatrice de la composition de 1967 a disparu, laissant place à une femme noire qui tente de protéger ses enfants.
Faith Ringgold (1930-). The Wake and Resurrection of the Bicentennial Negro [La veillée funéraire et la résurrection du Noir bicentenaire], 1975-1989. Installation, technique mixte. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.


7 - Fin de l'exposition

Faith Ringgola (1930-). Tar Beach #2 [La plage de goudron n°2], 1990, édition 1/24. Sérigraphie sur soie avec bordure en tissu piqué. Courtesy de l'artiste et d'ACA Galleries, New York.

Tar Beach [Plage goudronnée] est l’une des plus iconiques peintures sur patchwork de Faith Ringgold. Première pièce de la série Woman On a Bridge [La femme sur un pont], elle raconte l’histoire d’une petite fille de 8 ans, Cassie, que sa famille emmène sur le toit de  leur immeuble de Harlem une soirée de l'été 1939 pour échapper à la chaleur suffocante qui règne dans les appartements. Nourrie de sa propre expérience, l'artiste y dépeint, dans le style naïf caractéristique de ses travaux sur tissu, les rêves éveillés de la petite fille qui, une nuit, survole le pont George Washington. Pour Ringgold, ce vol fantasmatique dans le ciel nocturne urbain symbolise l'aspiration à la liberté et le possible accomplissement de soi. En 1990, l'artiste réalise une variation de cette œuvre particulièrement populaire. Elle crée ainsi une édition de vingt-quatre sérigraphies multicolores sur patchwork de soie, coton et tissu synthétique moiré. Dans la version originale, le textile ne servait qu’à encadrer une peinture centrale, mais avec Tar Beach #2, il est devenu central.