FABLES & BIBLIOPHILIE

Article publié dans la Lettre n°499 du 18 mars 2020



 
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FABLES & BIBLIOPHILIE. Trésors du duc d’Aumale. Cette exposition est d’abord un hommage au lecteur et bibliophile qu’a été Henri d’Orléans, duc d’Aumale, cinquième fils de Louis-Philippe et créateur du musée Condé à Chantilly. Une cinquantaine d’ouvrages est ainsi présentée au milieu du somptueux Cabinet des livres. On mesure la passion qui animait le duc d’Aumale aussi bien pour les éditions rares que pour des contrefaçons hollandaises pleines d’erreurs qu’il prenait soin de relever.
L’exposition commence par un rappel sur les fables de l’Antiquité. Celles d’Ésope, esclave affranchi qui aurait vécu au VIe siècle avant notre ère, celles de Phèdre, autre esclave affranchi du Ier siècle et enfin celles du brahmane hindou Bidpaï qui aurait vécu au IIIe siècle avant notre ère. Tous trois sont les principales sources d’inspiration de La Fontaine. Deux ouvrages illustrent cette période. La Vie d’Ésope de Maxime Planude (1497) et les Fables de Bidpaï (1483) dont on voit l’illustration de la fable La Tortue et les Deux canards.
Au Moyen Âge, le genre de la fable est très répandu. Il s’agit « d’Ysopets » ou propos d’Ésope, d’ouvrages contenant des fables comme Le Roman de Renart, voire de fables originales comme celles de Marie de France (1145-1198), première femme de lettres en Occident à écrire en langue vulgaire et à considérer la fable en tant que genre littéraire à part entière. Nous avons également un recueil d’instruction chrétienne écrit vers 1320 désigné par Ci nous dit, en référence au début de chacun de ses chapitres.
À la Renaissance, la fable acquiert une dimension esthétique qui lui permet d’affirmer ses visées morales et didactiques. Certains auteurs innovent en écrivant de nouvelles fables comme celle de « la bonne femme qui portoit une potee de laict au marché ». Érasme et Rabelais s’y intéressent également. L’imprimerie permet une grande diffusion de luxueuses éditions érudites.
Puis vient Jean de La Fontaine. Né en 1621 à Château Thierry, il commence sa carrière dans l’entourage de Nicolas Fouquet, puis, après la disgrâce du surintendant, il entre dans la clientèle de riches familles autrefois proches de Fouquet. Il connaît le succès littéraire avec la publication des Contes puis des Fables. Les six premiers livres paraissent en 1668, les cinq suivants dix ans plus tard et le dernier en 1694, un an avant sa mort. Ces fables étant connues de tout le monde, La Fontaine joue sur la diversité, variant le ton, les sujets, et même la structure de l’apologue pour « en relever le goût ». Il fonde ainsi une nouvelle esthétique de la fable. Un grand nombre d’éditions, y compris des contrefaçons, sont présentées ici. Les dernières publiées de son vivant sont richement illustrées.
Les dernières vitrines sont consacrées à « la fable moderne et contemporaine ». Au XVIIIe siècle les Fables de La Fontaine connaissent un renouveau de succès. Leur importance est telle qu’elle occulte tous ceux qui tentent de suivre le maître avec de nouvelles fables. Quelques noms, comme ceux d’Houdar de la Motte ou de Florian, émergent cependant. Au XIXe siècle, le genre tombe en désuétude mais les fables servent d’outil d’enseignement et cela jusqu’à nos jours. Une exposition vivante et intéressante grâce à des panneaux didactiques détaillés et des cartels très clairs. R.P. 60 Château de Chantilly (musée Condé). Jusqu’au 30 avril 2020. Lien : www.domainedechantilly.com.


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