EN COULEURS
La sculpture polychrome en France, 1850-1910

Article publié dans la Lettre n° 460
du 1er août 2018


 
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EN COULEURS. La sculpture polychrome en France, 1850-1910. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les Académies rejettent la couleur pour la statuaire. Elles prennent pour modèle les marbres antiques que l’on retrouve, après des siècles d’enfouissement, sans leur polychromie d’origine. Pourtant, de l’Antiquité jusqu’à la Renaissance, la sculpture occidentale, religieuse ou profane, est le plus souvent polychrome. Les découvertes archéologiques permettent d’admirer des sculptures polychromes anciennes et, peu à peu, des artistes transgressent les règles des Académies pour réaliser des sculptures en couleurs. On distingue alors deux types de polychromies : la polychromie « naturelle », assemblage de marbres de couleurs différentes et parfois de bronzes patinés et la polychromie « artificielle » qui consiste à colorer tous types de matériaux (marbre, plâtre, ivoire, cire, bois) auxquels peuvent s’adjoindre des ornements précieux.
La présente exposition nous montre comment l’art a évolué au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, acceptant peu à peu des sculptures en couleurs pour en faire divers usages allant de grandes sculptures en pied, tel le colossal Bernard Palissy (1876) de Charles Lévy ou Hélène (1885) de Henri Lombard, jusqu’à des petites sculptures accessibles au plus grand nombre telle Madame Paul Jamot (1897) de Théodore Rivière.
En une dizaine d’étapes, après une introduction riche en œuvres de toutes sortes, y compris anciennes comme cette Vierge à l’Enfant avec trois chérubins (XVIe siècle) attribuée à Andrea della Robbia, le parcours nous conduit depuis les polémiques sur ces sculptures colorées jusqu’à des usages « subversifs » comme la Petite danseuse de quatorze ans (1881) de Degas, qui fit scandale par son réalisme sans concession, ou la Poupée (1931) de Hans Bellmer, icône érotique du Surréalisme.
Au fil des salles, on peut apprécier des œuvres étonnantes comme cette Fontaine murale : L’Histoire de l’eau (1894) de Henry Cros, en pâte de verre ; Corinthe (avant 1903) de Jean-Léon Gérôme, peintre passionné par l’archéologie gréco-romaine, dont les toiles inspirèrent les costumes de nombreux péplums et surtout La Nature se dévoilant à la Science (1899) de Louis-Ernest Barrias, dont on voit différentes versions en polychromie naturelle, marquant l’apogée de cette technique complexe.
De nombreux artistes utilisèrent la couleur, de manière plus ou moins prononcée, pour des portraits. Citons ceux de Sarah Bernhardt par Ringel d’Illzach, en cire (1895), et par Gérôme, en marbre peint (1894-1901); celui de Madame Renoir par Auguste Renoir ; celui d’un Jeune Romain, dit aussi Mon frère (1882-1883) par Camille Claudel et surtout La Comtesse Martine de Béhague, madame René de Béarn, dit aussi Réflexion (1897) par Jean Dampt.
Une salle est consacrée aux Symbolismes. En effet, la sculpture inspirée par le symbolisme trouve dans la polychromie un de ses moyens d’expression privilégiés. Nous pouvons voir des œuvres de Gauguin telles Soyez mystérieuses (1890) et Oviri (1894) ; de Georges Lacombe (Isis, vers 1895 et Marie-Madeleine, 1896) et surtout de Jean Carriès (Crapaud et grenouille, dit aussi Grenouille faisant le gros dos, 1889-1892), un maître du genre.
Parmi les différents matériaux utilisés pour ces sculptures polychromes, la céramique est en vogue, surtout pour décorer des édifices. Les architectes estiment que ce matériau durera aussi longtemps que le monument qui le porte. Plusieurs exemples de telles réalisations sont présents tout comme des sculptures de toutes les tailles, depuis la Nymphe endormie (1876), de Jean Klagman, jusqu’au Jean d’Aire vêtu monumental (1903-1904) de Rodin.
Une exposition très intéressante sur un type de sculpture du XIXe siècle relativement méconnu. R.P. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 9 septembre 2018. Lien : www.musee-orsay.fr.


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