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                        | Entrée de l'exposition  | 
                      
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                          ÉDITION LIMITÉEVollard, Petiet et l'estampe de maîtres
 Figure hors norme du marché de  l'art au tournant des XIXe et XXe siècles, Ambroise Vollard (1866-1939) se distingue  par son audace qui fait de lui le promoteur de Paul Cézanne comme des nabis, du  jeune Pablo Picasso comme de Georges Rouault. Parallèlement à son négoce de  tableaux de maîtres modernes, il cultive une passion moins connue pour l’édition  d’estampes et de livres d’artiste. Vollard y investit son énergie ainsi que les  bénéfices de sa galerie. Ses éditions sont déficitaires d’un point de vue  commercial et reçues de manière contrastée par la critique et les  collectionneurs, mais elles finissent par être saluées à l’unanimité comme  autant de références. Avec ses estampes d’artistes à tirage limité, il  contribue à inscrire de nouveau cet art dans le circuit des galeries. De même,  son entreprise pionnière de livres d’artiste renouvelle en profondeur le milieu  de l’édition de luxe et de la bibliophilie. Après le décès brutal de Vollard à  l’aube de la Seconde Guerre mondiale, le marchand Henri Marie Petiet (1894-1980),  qui s’approvisionnait chez lui dès 1924, rachète son fonds d’estampes. Au  lendemain du conflit, il met en ordre son stock immense, faisant notamment  signer par Picasso les exemplaires de la fameuse Suite Vollard gravée par le maître,  et le valorise en France comme aux États-Unis. Petiet est aussi éditeur et  soutient des personnalités aussi diverses que Jean-Émile Laboureur, Marie Laurencin,  André Dunoyer de Segonzac et Aristide Maillol. Celui qu’Edouard Goerg surnomme  affectueusement « le plus Vollard de tous les marchands » était tout destiné à  en reprendre le flambeau. |  |  | 
                      
                        | Texte du panneau didactique. |  | Gyula Halász, dit Brassaï. Ambroise  Vollard chez lui, 1934. Photographie. © Paris Musées / Petit Palais / Brassaï. © Estate  Brassaï - RMN-Grand Palais. | 
                      
                       
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 1 - Un marchand-éditeur hors du commun
 
 
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                        | Scénographie 
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                          Un marchand-éditeur hors du commun
                            
                            Rien ne destine Ambroise Vollard (1866-1939) à devenir un marchand-éditeur à la renommée internationale. Fils de                          notaire venu de la Réunion pour faire son droit en métropole, il abandonne ses études pour se lancer dans                          le commerce d’art. Après un bref apprentissage dans la galerie L’Union artistique , il s’installe à son compte                          dans le 17e arrondissement en 1890, puis prend en 1893 une boutique mieux placée au 37, rue Laffitte.                          Il déménage plusieurs fois au sein de la même rue quand ses moyens lui permettent de louer un local plus                          grand. Il est alors au coeur du quartier des marchands de tableaux.
                             
                            Son procédé commercial atypique consiste à acheter à prix modique des ensembles d’oeuvres, voire des                          fonds entiers d’ateliers de jeunes artistes d’avant-garde comme Pablo Picasso ou André Derain. Vollard                          prend des risques en misant sur un succès différé, assurant ainsi la sécurité matérielle de nombreux artistes                          débutants. 
                           Bien qu’on le connaisse essentiellement comme marchand de tableaux, Vollard s’engage dès ses                          débuts dans le domaine des arts graphiques et notamment de l’estampe. Il achète puis revend des tirages                          et s’autorise même les rééditions. Il se fait l’acteur de la reconnaissance des artistes dont il expose, prête et                          vend les oeuvres à travers l’Europe entière, et jusqu’aux États-Unis. Il contribue ainsi à façonner une certaine                          histoire de l’art occidental alors que le salon officiel, entravé par une attitude conservatrice, ne reconnaît                        pas l’art moderne.
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Paul Cézanne (1839-1906). Portrait d’Ambroise Vollard, 1899.  Huile sur toile. © Paris Musées / Petit Palais. | 
                      
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                        | Pierre Bonnard (1867-1947). Portrait d’Ambroise Vollard  au chat, vers 1924. Huile sur toile. © Paris Musées / Petit Palais. |  | Jean-Louis Forain (1852-1931). Portrait  d’Ambroise Vollard, vers 1905. Lithographie. Paris, Petit Palais. Don Florence  Valdès-Forain, 2010. | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                        | Auguste Renoir (1841-1919). Portrait d’Ambroise Vollard  au foulard rouge, 1899-1906. Huile sur toile. © Paris Musées / Petit Palais. |  | Henri  Marie Petiet assistant à une vente, vers 1955-1960. Photographie. Collection  particulière. | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                        | Pablo Picasso (1881-1973). Suite les Saltimbanques, Cheval avec deux personnages, Au Cirque, 1905.  Estampe. Paris Musées / Musée d’art Moderne / Pablo Picasso. © Succession  Picasso 2021. |  | Paul Gauguin (1848-1903). Les  Drames de la mer, Bretagne, 1889, réédition de 1894. Zincographie. Paris,  Petit Palais. | 
                      
                      
                       
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                            2 - Vollard, éditeur d'estampes
 
 
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                        | Scénographie 
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                          Vollard, éditeur d’estampes
                            
                            De 1896 à 1900 environ, Ambroise Vollard édite essentiellement                          des estampes originales. Sa première publication d’envergure                          est celle de deux albums qui offrent un véritable panorama de                          l’estampe au tournant des XIXe et XXe siècles : Les Peintres graveurs , en 1896, puis l’Album d’estampes originales de la galerie Vollard , en 1897.
                            Dès ces deux premières éditions, il privilégie non pas des graveurs de profession mais des artistes peintres qu’il encourage aussi à pratiquer la sculpture et la peinture sur céramique. Il essaie ainsi d’attirer les amateurs non seulement d’estampes modernes mais aussi de peinture, en proposant des tirages limités, numérotés et signés par les artistes qui s’imposent comme des œuvres d’art à part entière. Vollard tente ainsi de distinguer ses estampes du flux exponentiel des reproductions photomécaniques et de l’estampe populaire.
 Malgré ces efforts, les deux albums d’estampes de Vollard sont des échecs commerciaux. Ses premiers pas d’éditeur sont cependant                            salués par une part de la critique qui défend l’estampe originale                            et la lithographie en couleurs, longtemps dédaignée car associée à la publicité. Dans son ouvrage La Lithographie originale en                            couleurs, André Mellerio, critique d’art proche des nabis, souligne                            et salue l’engagement de Vollard pour cette technique.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Pierre Bonnard (1867-1947). Affiche pour la Revue  Blanche, 1894. Lithographie en quatre couleurs sur papier entoilé. © Paris  Musées / Petit Palais. Édition Limitée. Vollard,  Petiet et l’estampe de maîtres. | 
                      
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                        | Odilon Redon (1840-1916). Et il  tomba du ciel une grande étoile, ardente comme un flambeau pour l’album Apocalypse de saint Jean, 1899.  Lithographie. Paris, Petit Palais. |  | Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901). La lithographie, couverture pour la première année de L’Estampe originale, 1893. Lithographie  en couleurs. Paris, Petit Palais. Don Nicole Massignon, 2015. | 
                      
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                        | Vidéo sur la technique de la lithographie. |  |  | 
                      
                                            
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                          LES ALBUMS  INDIVIDUELS
                          Ambroise Vollard édite plusieurs albums confiés chacun à un  artiste qu’il apprécie. Les plus marquants sont les albums des nabis : Amour de  Maurice Denis, Quelques aspects de la vie de Paris de Pierre Bonnard, Paysages  et intérieurs d’Edouard Vuillard, chacun composé de treize lithographies et  publiés en 1899, et Paysages de Ker-Xavier Roussel qui ne sera jamais achevé. Ces  quatre albums sont considérés comme un sommet de la lithographie en couleurs.  Pour arriver à de tels chefs-d’œuvre, les artistes, avec la collaboration du  lithographe Auguste Clot, expérimentent longuement les possibilités techniques,  chromatiques et formelles de cet art. Vollard édite également de manière ponctuelle des estampes  des grands peintres qu'il représente, comme Paul Cézanne et Auguste Renoir, les  commercialisant sous forme d’ensembles ou séparément. Mais l’essentiel de ses  estampes sont éditées  durant une période assez courte au début de sa carrière. S’il ne s’en  désintéresse pas, c’est l’édition de livres d’artiste, commencée au même moment  que celle des estampes, qui prend le dessus à partir de 1900.
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Ker-Xavier Roussel (1867-1944). Deux  Baigneuses pour l’album Paysages,  vers 1900. Lithographie en couleurs et graphite, épreuve d’état. Paris, Petit  Palais. | 
                      
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                        | Maurice Denis (1870-1943). Amour, couverture, 1892-1899. Lithographie en trois couleurs. © Paris Musées  / Petit Palais. |  | Maurice Denis (1870-1943). Amour, planche. Les crépuscules ont une douceur d’ancienne peinture, 1892-1899.  Lithographie en quatre couleurs sur vélin mince. © Paris Musées / Petit Palais. | 
                      
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                        | Maurice Denis (1870-1943). Sur le  canapé d’argent pâle pour l’album Amour,  1899. Lithographie en couleurs. Paris, Petit Palais. Don Ambroise Vollard, vers  1937. |  | Pierre Bonnard (1867-1947). Coin  de rue vu d’en haut pour l’album Quelques  aspects de la vie de Paris, 1899. Lithographie en couleurs. Paris, Petit  Palais. Don Ambroise Vollard, vers 1937. | 
                      
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                        | Edouard Vuillard (1868-1940). Paysages et intérieurs, planche Intérieur aux tentures roses I,  1896-1899. Lithographie en cinq couleurs sur Chine volant. © Paris Musées /  Petit Palais. |  | Édouard Vuillard (1868-1940). Intérieur  à la suspension pour l’album Paysages  et intérieurs, 1899. Lithographie en couleurs. Paris, Petit Palais. Don  Ambroise Vollard, vers 1937. | 
                      
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                          Les Peintres-graveursAlbum de 22 estampes, 
                            1896
 
 
 
 L’album Les Peintres-graveurs, présenté dans son intégralité,  frappe par son caractère hétéroclite. Il réunit des estampes de maîtres  renommés, tels que Besnard et Fantin-Latour, qui devaient garantir le succès  commercial de l’entreprise. S’y ajoutent les œuvres de jeunes artistes dont  certains incarnent déjà une nouvelle modernité, comme les nabis, et des  étrangers, comme Edvard Munch et Jan Toorop. Les techniques choisies sont elles  aussi variées, de la gravure sur bois au papier gaufré, mais l’engouement de  Vollard pour la lithographie en couleurs l’emporte dans l’ensemble.
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                        | Les Peintres-graveurs. Couverture de l'album de 22 estampes. |  | Suzanne Valadon (1865-1938). Étude  de nus ou Les Baigneuses (Femmes  s’essuyant), 1896. Eau-forte. Paris, Bibliothèque de l’Institut national  d’histoire de l’art. Collections Jacques Doucet. | 
                      
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                        | Pierre Bonnard (1867-1947). Album des peintres graveurs, planche La petite blanchisseuse, 1896.  Lithographie en couleurs. Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire  de l’art. Collections Jacques Doucet, VI P 20. |  | Auguste Renoir (1841-1919). Album des peintres graveurs, planche Mère et enfant (Jean Renoir), 1896.  Eau-forte. Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art. Collections  Jacques Doucet, VI P 20. | 
                      
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                        | Théo Van Rysselberghe (1862-1926). Le Café-concert, 1896. Eau-forte. Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art. Collections  Jacques Doucet. |  | Félix Vallotton (1865-1925). Le  Premier Janvier, 1896. Gravure sur bois. Paris, Bibliothèque de l’Institut  national d’histoire de l’art. Collections Jacques Doucet. | 
                      
                        |  |  |  | 
                      
                        | Charles Maurin (1856-1914). Étude  de femmes nues, 1896. Eau-forte et aquatinte. Paris, Bibliothèque de  l’Institut national d’histoire de l’art. Collections Jacques Doucet. |  | Albert Besnard (1849-1934). La Rêveuse ou La Robe de soie, 1896.  Eau-forte, pointe sèche, aquatinte et roulette. Paris, Bibliothèque de  l’Institut national d’histoire de l’art. Collections Jacques Doucet. | 
                      
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                        | Armand Guillaumin (1841-1927). Les  Rochers rouges, 1896. Lithographie en couleurs. Paris, Bibliothèque de  l’Institut national d’histoire de l’art. Collections Jacques Doucet. |  | Henri Fantin-Latour (1836-1904). Vénus  et l’amour, 1896. Lithographie. Paris, Bibliothèque de l’Institut national  d’histoire de l’art. Collections Jacques Doucet. | 
                      
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                        | Edvard Munch (1863-1944). Album des peintres graveurs, planche Le Soir : Angstefühl, 1896. Lithographie en deux couleurs. Paris,  Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art. Collections Jacques  Doucet, VI P 20. Édition Limitée. Vollard, Petiet et l’estampe de maîtres. |  | Alexandre Lunois (1863-1916). Danseuse  espagnole ou Femme espagnole  remettant son soulier, 1896. Paris, Bibliothèque de l’Institut national  d’histoire de l’art. Collections Jacques Doucet. | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                          LES CERAMIQUES
                          En stimulant l’intérêt des peintres pour la céramique,  Ambroise Vollard et André Metthey ont, à eux deux, profondément renouvelé les  arts du feu au début du XXe siècle. Dans ses Souvenirs, Vollard raconte : « Une  visite que j’avais faite à une exposition d’art décoratif avait été, pour moi,  une révélation : je n’avais jamais aussi bien vu combien ça peut être beau, une  faïence. J’ai eu, dès lors, le plus grand désir d’éditer des vases, des  assiettes, des plats. On m’avait indiqué un maître-céramiste, André Metthey. Je  lui demandai de mettre ses fours à la disposition de ces jeunes artistes qui  s’appelaient Bonnard, Maurice Denis, Derain, Puy, Matisse, Laprade, Maillol,  K.-X. Roussel, Rouault, Valtat, Vlaminck... »
 De son coté, Metthey précise avoir voulu redonner « un  renouveau de vigueur à la décoration sur céramique, complétement abâtardie et  annihilée depuis l'invention de l'impression en couleurs sur faïence ou sur  porcelaine... Au lieu de reléguer le décorateur dans un rôle de manœuvre  condamné à répéter d’un bout à l’autre de son existence le même motif, j’ai  voulu rendre à l’artiste le rôle qui lui appartient : celui de collaborateur ».
 
 Quoi qu'il en soit, grâce à la générosité d’Ambroise  Vollard, la ville de Paris bénéficia en 1937 d’un don de cinquante-neuf  céramiques d’artistes réalisées par Derain, Vlaminck, Puy, Valtat, Laprade,  Cassatt, Maillol, en collaboration avec Metthey, aujourd’hui partagées entre le  Petit Palais et le musée d’Art moderne de Paris.
 
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Louis Valtat (1869-1952). Les  Trois Grâces, vers 1908. Faïence. Paris, Petit Palais. Don Ambroise  Vollard, 1937. | 
                      
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                        | Jean Puy (1876-1960). Le Triomphe  de Vénus, entre 1907 et 1909. Faïence. Paris, Petit Palais. Don Ambroise Vollard,  1937. |  | Jean Puy (1876-1960). Le Triomphe  de Vénus, entre 1907 et 1909. Faïence. Paris, Petit Palais. Don Ambroise Vollard,  1937. | 
                      
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                        | Pierre Laprade (1875-1931). Grande  potiche à fond blanc au décor bleu et jaune, entre 1903 et 1909. Faïence.  Paris, Petit Palais. Don Ambroise Vollard, 1937. |  | Mary Cassatt (1844-1926). La Ronde  des enfants, vers 1903. Faïence. Paris, Petit Palais. Don Ambroise Vollard,  1937. | 
                       
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 3 - Éditeur de livres d'artiste
 
 
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                        | Scénographie 
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                        | Vollard, Éditeur de livres d’artistes
 Alors que le livre devient de plus en plus accessible grâce à la                          production industrielle, Vollard édite ses ouvrages en série                          limitée, généralement entre 200 et 400 exemplaires, et cible une                          clientèle riche et élitiste. Il donne un nouveau souffle à l’édition                          de luxe dès 1900 avec la publication du magistral Parallèlement                          de Verlaine illustré par Bonnard.
 
 Dès ses premiers projets, des constantes apparaissent : l’amour                          des caractères anciens et des beaux papiers, la préséance de                          l’image sur le texte. Pour Vollard, les livres dont s’emparent les                          artistes sont pensés comme « une succession de tableaux ». Son                          intelligence éditoriale tient en sa capacité à réunir avec efficacité                          un texte et un peintre, devenant en quelque sorte créateur à son                          tour.
 
 Le gigantesque programme éditorial de Vollard frappe par                          sa diversité. Une part provocatrice révolutionne le livre d’artiste,                          une autre cherche tant bien que mal à se réconcilier avec les                          bibliophiles que ses partis pris choquent. Une dernière période                          de publications, dans les années 1930, voit l’arrivée d’artistes qui                          renouvellent le vivier des éditions Vollard et en confirment les                          ambitions. Tout au long de sa carrière, Ambroise Vollard est aussi                          le fier auteur de textes dont il confie l’illustration aux artistes qu’il                        apprécie.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Maurice Denis (1870-1943). Le Vol d’un séraphin pour Francis  Thompson, Poèmes, vers 1931-1936.  Lithographie en couleurs. Paris, Bibliothèque de l’Institut national  d’histoire de l’art. Collections Jacques Doucet. | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                        | Honoré de Balzac, Le Chef-d’œuvre inconnu,  1931. Illustrations de Pablo Picasso (1881-1973). Paris, musée d’Art moderne de Paris. |  | Ambroise Vollard (1866-1939). Réincarnations du Père Ubu, 1932. | 
                      
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                        | Jean Puy (1876-1960). La Cuillère à pot, insigne du commandement,  illustration hors texte pour Ambroise Vollard, Le Père Ubu à la guerre, bon à tirer, 1919-1920. |  | Jean Puy (1876-1960). Le Père Ubu à la guerre, 1923.  Exemplaire broché. Corps d’ouvrage : impression sur vélin d’Arches  Illustrations à l’eau-forte. © Paris Musées / Petit Palais. © ADAGP, Paris,  2021. | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                          Livre d’artiste
 Ouvrage relevant de l’édition de luxe et tiré à un petit  nombre d’exemplaires, le livre d’artiste est une œuvre d’art à part entière. Il  est illustré d’estampes de préférence originales dues à un artiste, le plus  souvent un peintre, sélectionné par l’éditeur. Ces images ne sont pas littérales  et subordonnées au texte mais nouent avec ce dernier un dialogue créatif. Une  attention particulière est portée à la matérialité du livre, notamment au choix  du papier et des caractères typographiques, afin de parvenir à un résultat harmonieux  et de grande qualité.
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                        | Texte du panneau didactique |  | Paul Cézanne (1839-1906).  Ambroise Vollard, Paul Cézanne, 1915.  Paris, Bibliothèque historique de la Ville de Paris. | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                          DE L’ÉCHEC COMMERCIAL  ÀLA RECONNAISSANCE INTERNATIONALE
 Dans le domaine de l’édition, le cheminement d’Ambroise  Vollard est long, de l’échec commercial à la reconnaissance internationale. Dès  1892, il lance une ambitieuse politique d’expositions pour se faire connaître  tout autant que les artistes qu'il soutient. Jusqu’en 1910, ses galeries  successives de la rue Laffitte voient défiler les monographies. Vollard arrête  ensuite progressivement ces accrochages : sa réputation et sa sécurité financière  sont assurées grâce à son commerce de tableaux. Il continue cependant à prêter à de nombreux salons, expositions  et événements qui accordent une  place aux estampes et aux livres d’artiste. La somme des éditions Vollard  devient si importante, tant par le nombre que par sa qualité, que des expositions  leur sont entièrement consacrées en France et à l’étranger dans les années  1930. Symbole fort de reconnaissance internationale, le catalogue de  l’exposition « Modern painters and sculptors as illustrators » au Museum of  Modern Art de New York en 1936 est même dédié à Ambroise Vollard.
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Auguste Renoir (1841-1919). Baigneuse, debout, en pied, 1896.  Lithographie en couleurs. Paris, Bibliothèque de l’Institut national  d’histoire de l’art. Collections Jacques Doucet. | 
                      
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                        | Paul Cézanne (1839-1906). Les  Baigneurs (grande planche), 1896-1897. Lithographie en couleurs. Collection  particulière. |  | Pablo  Picasso (1881-1973). Honoré de Balzac, Le  Chef-d’œuvre inconnu,  1931. Paris,  musée d’Art moderne de Paris. | 
                      
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                          Émile Bernard (1868-1941). Illustrations pour Pierre de Ronsard, Les Amours, 1915. De gauche à droite :                          Pan et Syrinx; Orphée et Eurydice ; Apollon et Daphné. 
                          Eaux-fortes et  aquatintes.
 Paris, Bibliothèque nationale de France. Réserve des livres rares.
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                        | Georges Rouault  (1871-1958). Hors-textes extraits de Georges Rouault, Cirque de l’étoile filante, 1935. Aquatintes en couleurs. Paris,  musée d’Art moderne de Paris, legs Maurice Girardin, 1953.
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                          LES DERNIERS PROJETS EDITORIAUX
                          Les années 1920 et surtout 1930 voient la publication de  projets menés en partenariat avec des artistes nouveaux venus aux éditions Vollard.  Certains ont été lancés bien plus tôt, mais leur commercialisation tardive  participe à une forme de renouvellement. Quand Ambroise Vollard publie ses derniers ouvrages, le milieu  de fa bibliophilie a beaucoup évolué. Le marchand a joué à cet égard un rôle  important en associant le livre aux artistes de la modernité. Il a ainsi ouvert  la voie à d’autres éditeurs ambitieux.
 C’est à ce moment qu'il parvient à écouler ses éditions plus  aisément et à gagner une notoriété générale qui évince les critiques acerbes  des premiers temps.
 
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Auguste Renoir (1841-1919)  et Richard Guino (1890-1973). Venus  victrix, entre 1914 et 1916. Bronze. Paris, Petit Palais. Don Ambroise  Vollard, 1931. | 
                       
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 4 - Les successeurs de Vollard
 
 
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                        | Scénographie 
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                        | Les successeurs de Vollard
 Véritable drame pour ses collaborateurs et surtout pour les                          artistes, le décès accidentel d’Ambroise Vollard à l’aube de la                          Seconde Guerre mondiale laisse une vingtaine de livres d’artistes à divers états d’achèvement. Le marchand- éditeur meurt sans                          héritier direct et ne laisse derrière lui qu’un testament datant de                          1911. Or, sa situation a bien changé : il a accumulé dans son hôtel                          rue de Martignac une fortune en oeuvres de maîtres très difficile à estimer.
 
 Dès juillet 1939, Lucien Vollard, frère d’Ambroise, demande à
 Roger Lacourière de dresser un état des travaux éditoriaux en                          cours. Aidé de Martin Fabiani, marchand d’art tristement célèbre                          pour avoir participé aux spoliations et au trafic illégal d’oeuvres d’art pendant la Seconde Guerre mondiale, il entreprend                          d’achever et d’assurer la distribution de quelques projets de son                          frère. D’autres sont repris par les artistes eux-mêmes ou par de                          nouveaux éditeurs comme Tériade et Maeght.
 
 L’intégrité du stock d’estampes est quant à elle préservée par                          Henri Marie Petiet qui le rachète en bloc et prend la relève du                          marchand-éditeur, commercialisant la fameuse Suite Vollard de                          Picasso et éditant des artistes que Vollard avait fait émerger tel                        Aristide Maillol.
 
 
 
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Pablo Picasso (1881-1973). Les Grenouilles, illustration pour  Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, Eaux-fortes  originales pour des textes de Buffon, 1936. Aquatinte au sucre, brunissoir  et pointe sèche, épreuve avant la lettre. Collection Galerie de l’Institut. | 
                      
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                        | Aristide Maillol  (1861-1944). La Vague,  gravure sur bois, 1895-1898. Petit Palais, don Indivision Petiet 2020. © Paris  Musées / Petit Palais. |  | Aristide Maillol  (1861-1944). La Vague, vers 1898.  Huile sur toile. Paris, Petit Palais. Don Ambroise Vollard, 1937. | 
                      
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                        | Marc Chagall (1887-1985). Manilov pour Nicolas Gogol, Les Âmes mortes, 1927. Eau-forte ;  ouvrage édité par Tériade. Paris, Bibliothèque nationale de France. Département  des Estampes et de la photographie. |  | Marc Chagall (1887-1985). Le Meunier, son fils et l’âne, gouache  préparatoire pour Jean de La Fontaine, Fables,  1926. Gouache sur papier. Collection particulière. | 
                      
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                        | Marc Chagall (1887-1985). Les grenouilles qui demandent un roi (gouache  préparatoire pour les Fables de La Fontaine). Livre troisième, fable IV, vers  1927. Gouache sur papier. Collection particulière. © ADAGP, Paris, 2021. |  | Aristide Maillol  (1861-1944). Femme agenouillée sur le  coude gauche, le coude sur le genou droit (Guérin  327). Épreuve numérotée 125/150 et signée du monogramme, 1927. Eau-forte. ©  Paris Musées / Petit Palais. | 
                      
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                        | Pablo Picasso (1881-1973). Estampes extraites de la Suite Vollard. Paris, Musée d’art moderne de Paris. | 
                      
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                        | Pablo Picasso (1881-1973). Suite Vollard : série Le  Minotaure aveugle guidé par une petite fille dans la nuit (97),  1932. Estampe. © Paris Musées / Musée d’art moderne / Pablo Picasso. ©  Succession Picasso 2021. |  | Pablo Picasso (1881-1973). Estampe extraite de la Suite Vollard. Paris, Musée d’art moderne de Paris. | 
                      
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                        | Pablo Picasso (1881-1973). Estampe extraite de la Suite Vollard. Paris, Musée d’art moderne de Paris. |  | Pablo Picasso (1881-1973). Estampe extraite de la Suite Vollard. Paris, Musée d’art moderne de Paris. | 
                      
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                        | Pablo Picasso (1881-1973). Estampe extraite de la Suite Vollard. Paris, Musée d’art moderne de Paris. |  | Pablo Picasso (1881-1973). Estampe extraite de la Suite Vollard. Paris, Musée d’art moderne de Paris. | 
                      
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 5 - Petiet, l'héritier spirituel de Vollard
 
 
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                          Petiet, l’héritier spirituel de Vollard
                            
                            Henri Marie Petiet (1894-1980), issu d’une famille d’ingénieurs, d’industriels ou encore de militaires, ne semblait pas destiné lui non plus à devenir un grand marchand-éditeur d’estampes. Actif de 1924 à sa mort, il règne dans son magasin À la Belle Épreuve , rue de Tournon, 
                            dans le 6e arrondissement de Paris. 
                             
                            Très jeune, il développe un goût pour les livres de luxe et se constitue une bibliothèque de qualité. C’est l’illustration qui l’entraîne vers l’estampe. Il se forme alors auprès des marchands qui font référence dans ce domaine, dont Ambroise Vollard auprès duquel il fait ses premières acquisitions en 1924. Comme lui, Petiet se lance avec passion dans l’aventure éditoriale. Il soutient des artistes aussi divers que Marie Laurencin, Jean-Émile Laboureur, Édouard Goerg et André Dunoyer de Segonzac. Son principal fait d’armes est l’acquisition en 1940 du fonds d’estampes de Vollard qu’il n’a de cesse de valoriser. 
                           Petiet se démarque par son ouverture  à l’Europe et surtout aux États-Unis. En 1927, il part à la conquête de l’Amérique grâce à son ami d’enfance Jean Goriany, qui le représente sur place. Il contribue à la constitution et à l’enrichissement de collections privées et nombreux départements d'estampes de musées : de Bonnard à Picasso, les artistes dont il vend les oeuvres renforcent leur présence outre-Atlantique. Celui que l’on connaît dans la profession comme « Le Baron » se fait ainsi à son tour passeur de modernité.
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Marcel Gromaire  (1892-1971). Portrait d’Henri Marie Petiet, 1931. Huile sur toile. Collection  particulière. | 
                      
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                        | Marcel Gromaire  (1892-1971). L’Amateur de livres,  1932. Eau-forte. Collection particulière. |  | Marcel Gromaire  (1892-1971). L’Amateur d’estampes,  1932. Eau-forte. Paris, musée d’Art moderne de Paris. | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                        | Mary Cassatt (1844-1926). Jeanne allaitant son enfant.  Contre-épreuve de pastel. Paris, Petit Palais, don Indivision Petiet, 2020. |  | Marie Laurencin  (1883-1956). L’Ange bleu, 1931. Eau-forte, épreuve d’état,   quatrième état. Paris, Petit Palais, don Indivision Petiet, 2020. | 
                      
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                        | André Derain (1880-1954). Nu vu de dos, la jambe droite appuyée,  vers 1927. Lithographie, épreuve définitive et épreuve de la pierre brûlée.  Paris, Petit Palais, don Indivision Petiet, 2020. |  | André Dunoyer de Segonzac  (1884-1974). Bois de Chaville, 1924.  Eau-forte, épreuve définitive. Paris, Petit Palais, don Indivision Petiet, 2020. | 
                       
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 6 - Dans l'atelier
 
 
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                        | Scénographie 
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                        | Dans l’atelier
 Cet espace évoque la fabrique des estampes et des éditions de luxe. Des démonstrations d’impression sur                          la presse à taille-douce y ont lieu, en partenariat avec l’Imprimerie nationale, par l’imprimeur taille-doucier                        Frédéric Colançon.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Georges Rouault  (1871-1958). Épreuve de décomposition des couleurs : Femme fière, illustration pour Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1936-1938. Aquatintes  en couleurs (voir plus bas). Paris, Petit Palais, don Indivision Petiet, 2020. | 
                      
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                        | Ferdinand Gueldry  (1858-1945). La Grande rotative de l’Imprimerie  nationale, 1902. Huile sur toile. Douai, Imprimerie nationale. Atelier du  Livre d’art et de l’Estampe. |  | Chassis typographique et caractères typographiques du  Grandjean, 2020. Caractères en  alliage de plomb, antimoine et étain. | 
                      
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                        | Presse à taille-douce  Aubert, milieu du XIXe siècle. Douai, Imprimerie nationale. Atelier du Livre  d’art et de l’Estampe. |  | Fonderie Deberny &  Peignot (en activité de 1923 à 1974). Pupitre de composition, milieu du XXe  siècle. Douai, Imprimerie nationale. Atelier du Livre d’art et de l’Estampe. | 
                      
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                          Georges Rouault  (1871-1958). Épreuves de décomposition des couleurs : en haut :
                            Nu de profil, en bas : Femme fière.
 Illustrations pour Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1936-1938. Aquatintes  en couleurs.
 Paris, Petit Palais, don Indivision Petiet, 2020.
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                        | Georges Rouault  (1871-1958). Femme nue de profil, planche  pour les Fleurs du Mal (Chapon et Rouault 274), 1936-1938. Estampe, aquatinte.  Collection particulière. © ADAGP, Paris, 2021. |  | Georges Rouault  (1871-1958). Femme nue de profil, planche  pour les Fleurs du Mal (Chapon et Rouault 274), 1936-1938. Estampe, aquatinte.  Collection particulière. © ADAGP, Paris, 2021. |