DELACROIX
(1798-1863)

Article publié dans la Lettre n° 455
du 23 mai 2018


 
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DELACROIX (1798-1863). Depuis 1963, année du centenaire de sa mort, c’est la première rétrospective complète consacrée à ce géant de la peinture française. Cette exposition s’intéresse non seulement au peintre mais aussi à l’écrivain que fut Delacroix. Les titres de certaines salles sont ainsi des citations de l’artiste et, au centre du parcours, nous pouvons voir ses carnets, dans lesquels il tenait son journal, notait ses impressions et bien d’autres choses qu’il aurait voulu connaître des peintres du passé qu’il admirait. On y voit aussi des lettres, des traductions, comme celle d’un passage de Dante, qu’il reprendra dans ses peintures. Bien sûr, c’est avant tout pour sa peinture que l’on est là. Le Louvre possède la plus grande collection d’œuvres de Delacroix. Deux de ses toiles monumentales, La Mort de Sardanapale et La Prise de Constantinople par les Croisés,  sont restées accrochées dans la salle où elles sont exposées de manière permanente et on peut les voir après l’exposition, avec d’autres œuvres, dont Apollon vainqueur du serpent Python qui orne le plafond de la Galerie d’Apollon.
Pour tenir compte de la carrière exceptionnelle et déroutante de Delacroix, le parcours, qui comporte 14 sections de tailles inégales, est divisé en trois grandes parties et nous montre quelque 180 œuvres provenant de grands musées français et des principaux musées des États-Unis, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, du Canada, de Belgique, de Hongrie…
La première partie retrace le début de carrière fulgurant du peintre. Delacroix s’affranchit du système néoclassique au profit des possibilités expressives et narratives du medium pictural. A la place des concours académiques, il préfère la distinction rapide que permet l’exposition publique du Salon. Il y présente des œuvres singulières qui heurtent une partie de la critique mais sont achetées par l’État comme Dante et Virgile (1824), les Massacres de Scio (1824) et La Liberté guidant le peuple (1831). En revanche La Mort de Sardanapale (1844-1846) ne trouve pas acquéreur. Ayant abordé en une décennie tous les genres, en les renouvelant, Delacroix devient de facto le chef de file des « jeunes novateurs ».
Dans cette première partie, outre les grands chefs-d’œuvre cités, nous voyons l’intérêt que portait Delacroix à Rubens et aux artistes flamands et vénitiens des XVIe et XVIIe siècles ainsi qu’à ses contemporains et amis comme Géricault et les peintres anglais Bonington et Fielding, dont il s’inspire pour faire des tableaux en mélangeant les genres, par exemple un portrait dans un paysage (Portrait de Louis Auguste Schwiter, 1826-1827).
De son voyage au Maroc et en Algérie (premier semestre 1832), où il se contentait d’accompagner le comte de Mornay dans une mission diplomatique, il ramène une multitude de carnets de dessins qui lui permettront de peindre des scènes d’histoire antique et des scènes de mœurs quotidiennes modernes comme Femmes d’Alger dans leur appartement (1834). Cette partie présente aussi des lithographies extrêmement travaillées comme la série de Faust illustrant un ouvrage de luxe publié en 1828.
La deuxième partie évoque la principale activité de Delacroix dans les années 1835-1855, le grand décor public. A défaut de pouvoir nous montrer ici ses peintures murales pour le Palais-Bourbon, le palais du Luxembourg, le Louvre, l’Hôtel de Ville de Paris et diverses églises, nous avons des esquisses et des toiles qu’il continuait de peindre et de présenter au Salon, en reprenant les thèmes de ses peintures murales. Parmi celles-ci, citons Saint Sébastien secouru par les saintes femmes (1836), Médée furieuse (1838), Cléopâtre et le paysan (1838) et, plus tard, la Pietà (1843-1844), le Christ sur la croix (1846), le Christ au tombeau (1847).
En 1849, il expose au Salon de fastueuses compositions de fleurs (Corbeille de fleurs renversée dans un jardin, 1848-1849) tout à fait inattendues de sa part, tout en se lançant dans des recherches sur le motif de la chasse aux fauves. Celles-ci culmineront avec le spectaculaire tableau de La Chasse aux lions, présenté à l’Exposition universelle de 1855 avec une rétrospective de ses œuvres. Delacroix triomphe et entre enfin à l’Académie des beaux-arts, deux ans plus tard.
La troisième partie est consacrée aux œuvres peintes entre 1855 et 1863, année de sa mort. Ses contemporains sont déroutés. Au lieu de tableaux romantiques monumentaux, Delacroix présente au Salon des tableaux de format modeste. Il reprend des thèmes anciens qu’il décline dans diverses versions comme Hamlet et Horatio au cimetière, le Christ sur la croix, la Pietà, etc. Une exposition grandiose avec des panneaux didactiques très utiles et des cartels parfaitement lisibles, souvent agrémentés de commentaires. R.P. Musée du Louvre 1er. Jusqu’au 23 juillet 2018. Lien : www.louvre.fr.


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