DEGAS DANSE DESSIN. En 1896, le jeune Paul Valéry rencontre Degas dans son atelier. Le premier est un jeune provincial de 25 ans. Le second est un peintre reconnu âgé de 62 ans. Paul Valéry admire les œuvres de Degas. Les deux hommes noueront une amitié indéfectible de plus de vingt ans, jusqu’à la mort de Degas en 1917. C’est justement pour célébrer le centième anniversaire de sa mort que le musée d’Orsay présente cette exposition. Pour cela, il a choisi comme fil conducteur un ouvrage remarquable mais méconnu de Valéry, Degas Danse Dessin, publié en 1936. En fait, dès 1896, le nom de Degas figure dans une note des fameux Cahiers de Valéry dont on voit un exemplaire dans cette exposition. L'idée d'écrire sur Degas va s'accomplir grâce à Ambroise Vollard, un ami commun, à qui Valéry va faire part de son idée dès 1929. Le texte de l’ouvrage sera écrit par Valéry et portera sur Degas et son entourage. Il sera illustré de 26 gravures hors-texte plus des vignettes in-texte, d’après des dessins de Degas. Cet ouvrage de luxe est publié à 305 exemplaires numérotés plus 20 hors-commerce. Parmi ses premiers acheteurs, on compte la danseuse Ida Rubinstein et Pablo Picasso.
Le parcours de l’exposition commence par les « Entreprises éditoriales » où est retracée avec maints documents, photographies, sculptures et gravures la genèse de Degas Dans Dessin. Vient ensuite la section « Degas, fou de dessin » où l’on voit des exemples de son travail de dessinateur avec une sélection de drapées, de nus, de figures en mouvement, de portraits, etc. À sa mort, on découvrit dans son atelier des milliers de dessins. Degas avait demandé à ce qu’ils soient brûlés mais ils furent vendus au cours d’une série de huit ventes. Ces dessins permettent de voir à quel point Degas était perfectionniste, multipliant les études comme pour la réalisation de Sémiramis construisant Babylone ou celle de Portrait de famille dit aussi La Famille Bellelli. Au milieu de cette salle trône la fameuse sculpture Petite danseuse de quatorze ans.
Vient ensuite « De la Danse ». Degas s’est illustré pour son amour de la danse. Il a peint une multitude de tableaux sur ce thème. Nous en voyant quelques-uns ici accompagnés de dessins et de sculptures de danseuses. En effet, à sa mort, on trouva dans son atelier de nombreuses figures en cire à partir desquelles on réalisa des bronzes.
L’autre passion de Degas était le cheval, « tout nerveusement nu dans sa robe de soie » comme il l’avait écrit. De son côté, Valéry comparaît le cheval à une « étoile de corps de ballet ». On voit ainsi l’association entre la danse et le cheval. Dans cette troisième section « Cheval, danse et photo », les commissaires présentent également, outre les tableaux et sculptures de Degas, des séries de photographies et films de Marey, Nadar et Muybridge, montrant les véritables mouvements des chevaux, bien loin de ce que l’on s’imaginait en les observant sans instruments.
Dans la dernière salle enfin, nous avons l’intégralité des 26 hors-texte tirés à partir de dessins de danseuses de Degas ainsi que les pages contenant des vignettes de Degas Danse Dessin. Une exposition originale permettant de mieux comprendre le travail de cet artiste et sa passion pour la danse et les chevaux. R.P. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 25 février 2018. Lien : www.musee-orsay.fr.