DE ZURBARAN A ROTHKO
Collection Alicia Koplowitz

Article publié dans la Lettre n° 426 du 8 mai 2017


 
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DE ZURBARAN A ROTHKO. Collection Alicia Koplowitz. Le musée Jacquemart André abrite la collection constituée par Nélie Jacquemart et son mari. Aujourd’hui il nous invite à prolonger notre visite avec 53 des quelque 200 œuvres appartenant à une autre collectionneuse, Alicia Koplowitz, femme d’affaires espagnole à la tête du Grupo Omega Capital, société d’investissement qu’elle a créée en 1998. En une trentaine d’année, elle a acheté des peintures, dessins et sculptures de toutes les époques, de la période romaine jusqu’à nos jours. Elle a cherché à rassembler, au fil des opportunités, le meilleur de ce qu’elle trouvait pour chacun des artistes présents dans sa collection. C’est la première fois que celle-ci est présentée au public.
Le parcours suit un ordre chronologique. D’emblée on note, sans surprise, la forte présence de peintres espagnoles puisque la première salle est consacrée à « l’Espagne des siècles d’or ». Nous y voyons des tableaux de Luis de Morales (1509-1586), Juan Pantoja de la Cruz (1553-1608), Zurbarán (1598-1664), Goya (1746-1828), etc. Parmi ces tableaux, il y en a trois de Goya, dont le magnifique Hercule et Omphale (1784) et l’inattendu l’Attaque de la diligence (1786-1787), dont l’action se déroule dans un paysage plus digne d’un tableau de scène galante que d’une scène de violence. Le plus remarquable dans cette salle est l’extraordinaire travail de Juan Pantoja de la Cruz dans la peinture des vêtements et surtout de la collerette de dentelle du Portrait de Doña Ana de Velasco y Girón (1603).
La salle suivante, « L’Italie en majesté », présente, à côté de deux vedute de Canaletto (1697-1768) et un capriccio de Guardi, deux vedute d’Antonio Joli (1700-1777) représentant des vues de Madrid. Elles furent peintes durant le séjour de celui-ci dans cette ville. D’autres italiens travaillèrent en Espagne. Nous voyons ainsi des dessins et surtout des pastels de la famille Tiepolo qui s’installa à Madrid en 1762. L’ensemble est complété par quatre « têtes de caractère » de Pietro Antonio Rotari (1707-1762) qui se fit une spécialité de ce genre.
Dans la troisième salle « L’aube de la modernité », à côté d’une sculpture de Bugati, nous trouvons Nature morte, Vase avec œillets (1890), l’un des derniers tableaux peints par van Gogh (1853-1890), La Liseuse (1889) de Toulouse-Lautrec, Femmes au bord de la rivière (1892) de Gauguin et Femme à la robe bleue (1911) de Schiele. On note ici l’attirance d’Alicia Koplowitz pour les sujets féminins et aussi les artistes féminins (on le verra dans la dernière salle), comme les commissaires le lui ont fait remarquer, ce dont elle n’avait pas conscience !
On revient en Espagne avec « Une modernité espagnole » où l’on voit Violon et Journal (1917), très belle nature morte cubiste de Juan Gris, et trois tableaux de Picasso. Ceux-ci sont tout à fait intéressants et montrent bien l’évolution du peintre depuis ses débuts avec ce Portrait de jeune homme (1900) jusqu’à sa période néo-classique avec Tête et main de femme (1921) en passant par sa période rose avec ce Demi-nu à la cruche (1906).
D’autres chefs-d’œuvre nous attendent dans la cinquième salle, « Peindre à Paris », avec Femme au grand chapeau (1906) de van Dongen, La Rousse au Pendentif (1918) de Modigliani et Un conte (1948) de Nicolas de Staël. Dans cette salle, nous avons également trois marbres antiques, une Tête romaine d’Apollon, une Tête romaine du Doryphore et un Buste masculin.
Sous le titre « L’Abstraction internationale », les deux salles suivantes présentent des peintures de López Garcia (Mari, 1936), Tàpies (Parallèles, 1962), De Kooning (Sans titre IV, 1977) et Rothko à côté de sculptures de Julio Gonzáles (Buste féminin, vers 1935-1936 ; Daphné, 1937) et David Smith (Construction au cou forgé, 1955).
La visite se termine en beauté avec la huitième et dernière salle « Le choc des matières » où l’on peut admirer des sculptures de Richier (La Feuille, 1948), Giacometti (Femme de Venise I, 1956) et Bourgeois dont on voit une de ses araignées géantes (Spider III, 1998). A côté de ces trois bronzes, nous avons un tableau de Lucian Freud (Jeune femme au manteau de fourrure, 1967) et surtout deux toiles monumentales de Miquel Barceló (né en 1957), Lac jaune (1990) et Kula Be Ba Kan (1991), inspirées par ses voyages en Afrique. Un regard sur une magnifique collection constituée avec passion et sans esbroufe. R.P. Musée Jacquemart André 8e. Jusqu’au 10 juillet 2017. Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.


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