DAVID HOCKNEY
Rétrospective

Article publié dans la Lettre n° 439
du 11 octobre 2017


 
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DAVID HOCKNEY. Rétrospective. La Tate Britain de Londres, le Metropolitan Museum de New York et le Centre Pompidou se sont associés pour célébrer les 80 ans de cet artiste hors du commun né en 1937.
En effet, après des études de peinture dans sa ville natale de Bradford, en Angleterre où, comme celle de ses professeurs, sa peinture est empreinte de réalisme (Constructeurs, vers 1954), il poursuit son apprentissage au Royal College of Art de Londres. Là, il assimile la peinture d’Alan Davie, de Jean Dubuffet, de Picasso et de Francis Bacon. C’est chez ce dernier qu’il puise l’audace de traiter l’homosexualité d’une manière explicite, alors que celle-ci était encore condamnée en Grande Bretagne à cette époque (Brossage de dents, début de soirée (22h) W11, 1962). Ces différents apports l’amènent à intituler une de ses premières expositions « Démonstration de versatilité » (salle 3).
En 1964 il découvre la côte ouest des États-Unis. Il est manifestement enthousiasmé par cette région qui lui inspire des toiles de grandes dimensions, empreintes d’hédonisme. La salle 4 « La Californie » nous présente sept toiles de cette région où il séjournera souvent avant de s’y installer d’une manière permanente jusqu’en 1973. Parmi celles-ci, A Bigger Splash (1967), est devenue une icône de la peinture et a donné son nom au film dans lequel Jack Hazan retrace la réalisation de Portrait of an Artist (1974), autre toile présentée ici. A la même époque, il met en chantier ses grands doubles portraits par lesquels il exalte le réalisme, un peu comme Andy Warhol quelques-années plus tôt. Parmi celles-ci on remarque Le Parc des Sources, Vichy, 1970 et aussi, dans la même salle, Looking at Pictures on a Screen (1977), où l’on voit un homme regarder des reproductions de quatre tableaux : Dame debout à l’épinette de Vermeer, Le Baptême du Christ de Piero della Francesca, Les Tournesols de Van Gogh et Après le bain de Degas, autant de peintres qu’il admire et qui l’inspirent.
Une autre caractéristique majeure de David Hockney est son esprit touche à tout. Il semble se précipiter sur tout ce qui est nouveau : la photographie, en particulier le Polaroïd, l’ordinateur, les tablettes graphiques, la vidéo, le smartphone, l’iPad. Ces derniers moyens lui permettent de faire circuler des images par le web dans ses cercles amicaux. Nous en voyons quelques-uns dans la salle 13 (IPad drawings).
Avant cela, en 1978, il avait utilisé une technique de pâte à papier teintée dans la masse avec une peinture très diluée. Nous avons dans la salle 8 (« Paper pools ») trois tableaux représentant des piscines, de jour et de nuit, réalisés avec un assemblage de morceaux de toiles imprégnées de cette façon (Piscine de papier à minuit (Piscine n°11), 1978), comparables au travail de Matisse avec ses découpages de papier coloré.  Dans la salle suivante (« « Joiners » et Polaroïds »), nous pouvons voir les étranges collages qu’il a réalisés en assemblant un grand nombre de photographies, représentant ainsi des personnages dans des attitudes en mouvement (Billy + Audrey Wilder, Los Angeles, 1982, 1982), ou des paysages (Pearblossom Hwy., 11-18th April 1986, #1, 1986), ou un nageur représenté des dizaines de fois dans une piscine (Gregory nageant, Los Angeles, 31 mars 1982, 1982), etc.
S’inspirant des rouleaux de peinture chinois, David Hockney invente une représentation du paysage où tous les points de vue de celui-ci sont présents sur la même toile, comme dans Nichols Canyon (1980) où il représente la route entre Los Angeles et son atelier sur les collines, ou Grand intérieur, Los Angeles (1988), où l’on voit l’intérieur d’une grande maison avec, en plus des effets de perspective inversée (salle 10 « Paysages enveloppants »).
Dans les quatre dernières salles sont exposées ses œuvres les plus récentes. En 1997, David Hockney revient dans le nord de l’Angleterre, sur les sites champêtres de son enfance. Nous avons la chance de voir l’une de ses œuvres les plus grandes, Arbres plus grands près de Warter ou Peinture sur le motif pour le Nouvel Âge Post-Photographique (2007), une composition de 459 x 1225 cm peinte sur 50 toiles juxtaposées, qui tient tout juste dans la salle 11, et surtout Les Quatre Saisons, Bois de Woldgate (printemps, 2011 ; été, 2010 ; automne, 2010 ; hiver, 2010), sujet récurrent dans l’histoire de l’art, un ensemble de 36 vidéos digitales synchronisées et présentées sur 4 groupes de 9 moniteurs de 139 cm formant une seule œuvre de 4 min 21 sec. C’est l’exacte traduction en vidéo de ses collages de photographies. Le paysage est filmé avec un effet de zoom durant quatre saisons successives, avec 18 caméras haute définition montées sur une voiture. C’est fascinant.
La dernière salle (« Peintures fraîches ») abrite cinq toiles récentes inspirées de son jardin californien, comme Jardin (2015) ou Jardin avec terrasse bleue (2015). Enfin, dans le grand hall du musée, on peut admirer le tableau monumental que David Hockney vient d’offrir au Centre Pompidou. Il s’agit de L’arrivée du Printemps à Woldgate, East Yorkshire en 2011 (en deux mille onze), une huile sur toiles (32 panneaux). Une exposition à ne pas manquer. R.P. Centre Pompidou 4e. Jusqu’au 23 octobre 2017. Lien : www.centrepompidou.fr.


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