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                        | Titre de l'exposition  | 
                      
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                            Souhaitant  créer une expérience esthétique harmonique, Léonce Rosenberg lance une vaste  commande artistique pour son appartement du 75, rue de Longchamp, exécutée en  quinze mois seulement, entre 1928 et 1929. Une douzaine d'artistes sont invités  à produire pour chaque pièce des œuvres en dialogue avec une sélection de  meubles anciens et contemporains.Jalon  méconnu de l'histoire de l'art dans l'entre-deux-guerres, cette œuvre d'art  totale représente une proposition originale et moderne des arts décoratifs, et  surtout révèle la création géniale des grands cycles des Gladiateurs de Giorgio  de Chirico et des Transparences de Francis Picabia. Convergent alors, à l'orée  des années 1930, des visions tout à fait singulières, distanciées et discrètement  ironiques sur l'antique et la mythologie, convoqués comme des références vides  et théâtrales, à l'instar des figures de la commedia dell'arte de Gino Severini  ou des îles aux jouets oniriques d'Alberto Savinio. Entre les murs de  l'appartement se déploient également les compositions abstraites géométriques  de Fernand Léger et d’Auguste Herbin, ainsi que les fantasmagories de Max  Ernst.
 La  crise financière de 1929-1930 précipite la ruine de Léonce Rosenberg et son  déménagement. Ce décor exceptionnel se trouve alors à jamais dispersé.
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                        | Affiche de l'exposition |  | Texte du panneau didactique | 
                      
                       
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 1 - L'Appartement du 75 rue de Longchamp
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Composé de onze pièces réparties sur près de 360m2,  l’appartement est situé au troisième étage d’un immeuble moderne construit au  75 rue de Longchamp, dans le XVIe arrondissement  de Paris. Léonce Rosenberg y emménage au printemps 1928 pour y loger sa femme  Marguerite et ses trois filles, Jacqueline, Lucienne, et Madeleine. Le plan  présente une distribution en deux parties séparant les pièces intimes d’une  part (chambres, boudoir, sanitaires) des pièces de réceptions d’autre part  (salle à manger, hall de réception, grand salon) selon un axe central.  Rosenberg initie la commande du décor dès le mois de mai 1928 et retient  d’emblée le principe d’attribuer une pièce par artiste en associant aux toiles  peintes, un choix de mobilier ancien et contemporain.
                          
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                          Plan de l'appartement de Léonce Rosenberg. |  | Texte du panneau didactique | 
                      
                      
                        |  | 
                      
                        |  |  | Un artiste et son marchand:  Picasso et Rosenberg. Au cours de la Première Guerre mondiale, Rosenberg s'impose  comme le promoteur de l'avant-garde cubiste, profitant du vide laissé par  l'exil forcé du marchand allemand Daniel-Henry Kahnweiler. Il achète en  novembre 1915 Arlequin, toile majeure de Picasso, afin de renforcer sa relation  avec l'artiste. Attentif à ses liens commerciaux, Picasso réalise à la même  époque un portrait au crayon de Rosenberg posant devant Arlequin. Ce dessin et les  œuvres présentées dans cette salle mettent en lumière la coexistence chez  Picasso d’un cubisme synthétique proche de l’abstraction et d'une figuration à  «la ligne claire» inscrite dans un certain classicisme. Enracinés dans la  pratique artistique picassienne, ce mélange de styles et le regard décomplexé  porté à la tradition artistique livrent un élément décisif pour la  compréhension du décor de la rue de Longchamp. | 
                      
                        | Pablo Picasso (1881-1973). Portrait de Léonce Rosenberg en uniforme,  1915. Crayon sur papier. Collection particulière. |  | Texte du panneau didactique | 
                      
                      
                      
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                        | Pablo Picasso (1881-1973). Corrida, fin 1923 - début 1924. Huile et  crayon sur bois. Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso, 1979. |  | Pablo Picasso (1881-1973). Verre et pipe, 1918. Huile et sable sur  toile. Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso, 1979. | 
                      
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                        | Pablo Picasso (1881-1973). Le Retour du Baptême, d'après Le Nain,  automne 1917. Huile sur toile. Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo  Picasso, 1979. |  | Pablo Picasso (1881-1973). Homme à la pipe, printemps 1914. Huile  et textile imprimé collé sur toile. Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo  Picasso, 1979. | 
                      
                       
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                        | Pablo Picasso (1881-1973). Les Trois baigneuses, III, 1923.  Eau-forte sur zinc, épreuve tirée par l'artiste. Musée national Picasso-Paris.  Dation Pablo Picasso, 1979. |  | Pablo Picasso (1881-1973). Polichinelle et Arlequin, 29 août 1920.  Gouache et encre sur feuille de papier, pliée en deux. Musée national  Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso, 1979. | 
                      
                      
                       
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 2 - Un classicisme insolent
 
 
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                        | Scénographie 
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                        Conçu par l’artiste italien Giorgio de Chirico pour le hall de  réception, l’impressionnant cycle des «Gladiateurs» comprenait à l’origine un  ensemble de onze toiles réalisées entre 1928 et 1929. Ces œuvres monumentales  couvrent les murs de la pièce à la manière de tapisseries. Chirico mise sur  l’effet de puissance qui se dégage de ces variations autour du nu guerrier. En  apparence, il renvoie à une grandeur antique et virile prônée à la même époque  par le régime fasciste. Pourtant, les corps déchus, amollis et efféminés de ces  gladiateurs prennent ici le contrepied d’une représentation glorieuse et  académique du nu masculin. Les œuvres de Gino Severini, initialement prévues  pour la chambre de Jacqueline, cultivent cette même veine parodique : ruines  antiques et personnages de la commedia dell’arte composent des scènes qui  semblent tourner à vide. Ce mélange des genres fait écho au choix d’un mobilier  d’époques différentes. Par cette juxtaposition de styles, ces œuvres livrent un  classicisme de façade et préfigurent une approche post-moderne de l’art  caractérisée par la citation et le détournement.
                        
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Gino Severini (1883-1966). L'Équilibriste, 1928-1929. Huile sur  toile. Collezione Banca Monte dei Paschi di Siena S.p.A., Sienne. © Adagp,  Paris, 2024.
 
 
 Dans cette toile aux couleurs mélancoliques, Polichinelles et  acrobates semblent avoir été parachutés sur un site archéologique pour assister  à un numéro d'équilibriste. Empreinte de dérision, cette scène parodique est  une recomposition de motifs puisés dans des œuvres d'époques différentes.  Copiées par Severini lors de ses visites à Tivoli, à Frascati ou à Rome, les ruines  antiques côtoient des personnages de la commedia  dell'arte chers aux peintres du XVIIIe siècle, comme Giambattista Tiepolo,  tandis que les figures circassiennes sont une citation directe de Pablo Picasso  (L'Acrobate à la boule, 1905, musée  Pouchkine, Moscou). | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                        | Giorgio de Chirico (1888 -  1978). Course de Quadriges, 1928.  Huile sur toile. Pinacoteca di Brera, Milan.  | 
                      
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                        | Giorgio de Chirico  (1888-1978). Le Combat, 1928. Huile  sur toile. Casa Museo Boschi Di Stefano. Milan. © Adagp, Paris, 2024. 
 
 
Le Combat  occupait la partie centrale du décor du hall de réception constitué de onze  toiles dédiées au thème des gladiateurs. Ce sujet, développé dès 1927 en amont  de la commande de Léonce Rosenberg, est ici traité avec ampleur et expressivité  en une série inédite. Dans un espace clos qui fait écho à celui de  l'appartement du commanditaire, d'improbables soldats antiques et leurs chevaux  se livrent à un corps-à-corps tenant plus du mime que du massacre. De Chirico  reprend ici les codes de la peinture d'histoire que sont le grand format et la  scène de guerre pour les détourner avec ironie.  | 
                      
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                          « L'Intelligence de deux  époques » dans Vogue, octobre 1929. Papier imprimé. Les Publications Condé Nast. |  | Panneau pour le jeune public | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                        | Gino Severini (1883 -  1966). La Leçon de musique,  1928-1929. Huile sur toile. Collezione VAF-Stiftung, Mart, Museo di arte  moderna e contemporanea di Trento e Rovereto. |  | Gino Severini (1883 -  1966). Le Démon du jeu, 1928. Huile  sur toile. Pinacoteca di Brera, Milan. | 
                       
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 3 - Survivances du cubisme
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Convaincu que le cubisme demeure après-guerre  l’expression la plus moderne de l’art de son temps, Léonce Rosenberg tente d’en faire une marque  de fabrique et s’implique dans la promotion d’artistes dont il se voit le chef  de file. Le décor de sa salle à manger témoigne de cette implication, y compris  dans le champ des arts appliqués. Il fait appel au peintre Georges Valmier, au  sculpteur hongrois Joseph Csaky et au designer René Herbst qui créent un  ensemble s’adaptant parfaitement à l’intérieur cossu du collectionneur. Les  abstractions d’Auguste Herbin envisagées pour le fumoir et les harmonies  colorées d’Albert Gleizes pour la chambre de Jacqueline s’inscrivent dans ce  style tardif affranchi des canons du cubisme d’avant-guerre. La décomposition  du sujet, les couleurs en demi-teintes, la ligne brisée ont été abandonnés au  profit d’un langage visuel géométrique et abstrait, sensuel et coloré, qui  annonce l’émergence du groupe Abstraction – Création au début des années 1930. 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Albert Gleizes (1881-1953). Composition, 1930-1931. Huile sur  toile. Musée d'Art Moderne de Paris. Donation de Henry-Thomas, 1976. 
 
 
Invité en  mars 1929 à participer à la décoration de l'appartement en remplacement du  cycle de Gino Severini prévu pour la chambre de Jacqueline, Albert Gleizes peint  cette Composition abstraite en  favorisant l'usage des couleurs pures. Leur juxtaposition et leur intersection  en plans géométriques génèrent des vibrations dynamiques que l'artiste avait  théorisées dans son essai La Peinture et  ses lois (1923). «C'est la réalisation de ce que je cherche depuis quinze  ans», confia-t-il à Léonce Rosenberg. | 
                      
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                        | Auguste Herbin (1882 -  1960). Composition, 1928. Huile sur  bois. Collection particulière. 
 
 
Après une période dédiée à une peinture  figurative entre 1921 et 1926, Auguste Herbin renoue avec l'abstraction, à  l'image de cette Composition prévue pour  le décor du fumoir de l'appartement. De larges aplats de couleurs vives composent  le fond de la toile sur lesquels une ligne courbe vient sculpter des formes  organiques qui évoquent des volutes de fumée. |  | Auguste Herbin (1882-1960). Composition, 1930. Huile sur toile.  Collection particulière, Suisse. | 
                      
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                        | Georges Pillement, Georges  Valmier, peintre et décorateur dans Art  et Décoration, N°34, septembre 1930, page 91-96, 1930. Papier imprimé.  Bibliothèque Kandinsky. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'art moderne /  Centre de création industrielle. |  | Panneau pour le jeune public | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                        | Georges  Valmier (1885 - 1937). Ève, 1930. Huile sur toile. Collection particulière, Californie. |  | Georges Valmier  (1885-1937). Le Marin, 1929. Huile  sur toile. Musée d’Art Moderne de Paris. Achat en vente publique, 1981.
 
 
 Dialoguant  parfaitement avec le mobilier moderne de René Herbst, Le Marin faisait partie du cycle peint commandé à Georges Valmier  pour la salle à manger. Cette œuvre abstraite déploie une juxtaposition de  formes ondulées aux couleurs franches. Le thème du marin transparaît sous les contours  à peine discernables d’une voile triangulaire placée au centre de l'œuvre. La  précision quasi technique du trait rappelle l'expérience de Valmier dans le  domaine des arts appliqués. | 
                      
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                        | Georges Valmier (1885 -  1937). Le Temps, 1929. Huile sur  toile. Collection particulière. |  | Georges Valmier (1885 -  1937). Nature morte, 1929.  Huile sur toile. Musée d'Art et d'Histoire  Pissarro - Pontoise. | 
                      
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                        | Joseph Csaky (1888-1971). Femme au panier dite aussi Femme au bras levé, 1928. Pierre  blanche, taille directe. Collection Galerie Marcilhac, Paris. 
 
 
D'allure  monumentale, cette Femme au panier reflète la nouvelle voie empruntée par Joseph Csaky autour de 1927. L'artiste  hongrois, qui compte parmi les pionniers de la sculpture cubiste soutenue par  Léonce Rosenberg, abandonne à cette date une représentation décomposée du sujet  en faveur d'une figuration plus intelligible. Le choix d’une iconographie gracieuse  transposée en volumes massifs confirme ce tournant vers l'expression d’une  sensualité moderne en lien avec l'avènement du style Art déco. |  | Joseph Csaky (1888 - 1971). Femme à l'architecture dite aussi L'Architecture, 1926. Pierre blanche, taille directe. Collection Galerie Marcilhac, Paris.. | 
                       
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 4 - En marge du surréalisme
 
 
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                        | Scénographie 
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                          L‘alternance d’œuvres figuratives et abstraites au sein  de l’appartement illustre le souhait de Rosenberg de créer une synthèse  cohérente par la cohabitation de styles différents. L’implication d’artistes  moins connus du grand public sur le chantier du décor tels que le sculpteur  arménien Yervand Kotchar ou le peintre équatorien Manuel Rendón Seminario  révèle par ailleurs une conception cosmopolite de l’art contemporain. En marge  du développement du Surréalisme, mouvement fondé en 1924 par André Breton, ces œuvres  «inclassables» frappent par leur vitalité chromatique et la curiosité  visuelle qu’elles constituent. Présentées ensemble, elles témoignent des goûts  du commanditaire pour une figuration aux limites du kitsch. |  |  | 
                      
                        | Texte du panneau didactique. |  | Jean Metzinger (1883-1956). Le Sphinx, 1928. Huile sur toile.  Collection Oscar Ghez, Petit Palais, Genève.
 
 
 Associé à un cubisme dit «de  salon», Jean Metzinger intègre la galerie de Léonce Rosenberg dès sa formation  en 1918. Le Sphinx est une version  des évolutions du cubisme dans les années 1920 marqué par un retour à la  figuration. Conçue pour le grand salon de l'appartement, l’œuvre se situe à mi-chemin  entre l’allégorie, genre classique par excellence, et la nature morte, genre  prisé de la peinture cubiste. En transposant des volumes sculptés en peinture,  Metzinger revisite ce sujet mythologique dans un style géométrique et l'intègre  à un décor fragmenté aux couleurs primaires. | 
                      
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                        | Jean Viollier (1896-1985). Le Jugement dernier, 1928. Huile sur  toile. Collection Oscar Ghez, Petit Palais, Genève. 
 
 
Jean Viollier est un  peintre suisse installé à Paris, proche du surréalisme, qui rejoint la galerie  de Léonce Rosenberg en 1924. Panneau central d’un triptyque composé d'une Montée au paradis à gauche et d'une Descente aux enfers à droite, Le Jugement dernier mêle une  iconographie qui évoque la fin des temps à des éléments de modernité. Le Christ  apparaît entouré d’apôtres et de chimères, et côtoie des hommes nus ou en  costume avec des éléments de machinerie industrielle. Cette incongruité est  renforcée par de petits effets de surprise au caractère burlesque, à l’image de  ce personnage accroché à une échelle métallique. Les teintes acides et  contrastées utilisées par Viollier accentuent par ailleurs l'aspect baroque des  scènes.  | 
                      
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                        | Jean Viollier (1896 -  1985). La Barque du Paradis, 1929.  Huile sur toile. Collection Oscar Ghez - Petit Palais, Genève. |  | Jean Viollier (1896 -  1985). L'Enfer, 1929. Huile sur  toile. Collection Oscar Ghez - Petit Palais, Genève. | 
                      
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                        | Manuel Rendón Seminario  (1894-1982). Nus dans un paysage,  1929. Huile sur toile. Collection privée.
 
 
 Artiste d'origine équatorienne,  Manuel Rendón réalise pour la chambre de Léonce Rosenberg un cycle décrit par  la critique comme un ensemble «d'harmonies chaleureuses». Ces Nus dans un paysage évoquent l'humanité  originelle d'Adam et Ève qui se dressent dans un paysage arcadien. Sensible aux  goûts de Rosenberg en quête d’une alliance entre tradition et modernité, Rendón  propose la relecture d’un thème classique de l'histoire de l'art à partir de  volumes géométriques simplifiés. |  | Manuel Rendón Seminario  (1894-1982). Nus dans un paysage,  1929. Huile sur toile. Collection privée. | 
                      
                       
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                        | Ervand Kotchar (1899-1979). Peinture dans l'espace, 1934. Fer et  nickel peint, métal chromé, cuivre sablé.Centre Pompidou, Paris. Musée  national d'art moderne / Centre de création industrielle.
 
 
 
 L'artiste arménien  Ervand Kotchar découvre le cubisme de Pablo Picasso à Moscou dans la collection  Chtchoukine avant de gagner Paris en 1923. Soutenu par Léonce Rosenberg, il  participe au décor du vestibule de l'appartement avec l'une de ses Peinture dans l’espace comparable à  celle de 1934. Ces sculpto-peintures puissamment colorées en métal ou en bois  aux contours sinueux ont été travaillées pour retranscrire un effet de  mouvement. Cette attention portée au temps, quatrième dimension nécessaire à  l'évocation du mouvement, donnera naissance en 1936 à un mouvement artistique  qualifié de «Dimensionnisme». | 
                      
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 5 - Évanescences
 
 
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                        | Scénographie 
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                          Les ensembles décoratifs créés pour les chambres de  Madame Rosenberg et de ses filles sont propices à la rêverie et à  l’introspection. Le cycle des «Transparences» réalisé pour la chambre de  Madame Rosenberg par Francis Picabia, restitué ici de manière inédite, illustre  cette fonction enveloppante du décor et le goût de l’époque pour l’ésotérisme.  Sa beauté fugace et évanescente fait écho aux fascinantes «Cités Transparentes» d’Alberto Savinio. Tels des jeux de construction branlants, le cycle évoque  de lointaines Jérusalem célestes ou ces «paysages de l'air», visions  hallucinées, évoquées dans un roman d’Anatole France. Avec les Fleurs de  coquillages de Max Ernst, et la toile cosmique d’Ozenfant, ces œuvres  témoignent d’une recherche plastique sur les effets de transparence où la superposition  de couches picturales laisse deviner un monde dissimulé. |  |  | 
                      
                        | Texte du panneau didactique. |  | Francis Picabia (1879-1953). Pavonia 1929. Huile sur toile. Collection particulière. © Adagp, Paris,  2024. | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                        | Francis  Picabia (1879 - 1953). Apollo,  1929. Huile sur contreplaqué. Collection particulière. |  | Francis  Picabia (1879 - 1953). Myrtil,  1929. Huile sur toile. Collection particulière. | 
                      
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                        | Francis  Picabia (1879 - 1953). Rubi,  1928-1929. Huile sur contreplaqué. Collection Nahmad. |  | Francis  Picabia (1879-1965). Salicis,  1929. Huile sur bois. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'art moderne /  Centre de création industrielle. Legs de Mme Lucienne Rosenberg, 1995.
 
 
  Avec Pavonia et Rubi, Salicis composait  un triptyque conçu pour la chambre à coucher de Mme Rosenberg (voir ci-dessous). Par des jeux  d'échelle, Francis Picabia met en valeur les qualités décoratives de motifs  issus d’un répertoire classique et les fait évoluer vers le registre de  l'étrange. La figure inférieure provient d'une peinture murale pompéienne  représentant Danaé, tandis que l'arabesque flottant à droite, reprise dans Pavonia, est extraite du frontispice  d'une publication. La dimension encyclopédique de ce collage de silhouettes préexistantes  s'accorde avec le titre savant de l'œuvre tiré d'un ouvrage scientifique sur les  papillons: Atlas de poche des papillons de France, Suisse et Belgique (1912). | 
                      
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                        | Appartement de Léonce  Rosenberg. Photo de la chambre de Madame Rosenberg avec des tableaux de Francis Picabia. © Adagp, Paris, 2024.  | 
                      
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                        | Scénographie  | 
                      
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                        | Max Ernst (1891-1976). Fleurs de coquillages, 1929. Huile sur  toile. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'art moderne / Centre de  création industrielle. Attribution par l'Office des Biens et Intérêts Privés,  1950. MNR: Œuvre récupérée en Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale.  
 
 
Fusion du floral, du minéral et du marin, les Fleurs de coquillages sont la représentation de composants  biologiques hybrides. Ce sujet est exploré dès 1925 par l'artiste surréaliste Max  Ernst dans son Histoire naturelle, un recueil de dessins frottés. Ici, Ernst transpose  la technique du frottage à la peinture à l'huile en superposant différentes  couches de couleurs avant de les gratter pour laisser apparaître une matière  irisée. Ces effets de transparence semblent faire éclore des fleurs imaginaires  en un phénomène naturel spontané. |  | Max Ernst (1891 -1976). Fleurs de Neige, 1929. Huile sur toile.  Collection Beyeler, Fondation Beyeler, Riehen/Bâle. | 
                                             
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                        | Amédée Ozenfant  (1886-1966). Universel, 1928. Huile  sur toile. Musée de Grenoble. Don Pierre Larock, 1993.
 
 
 Très comparable au Monde  entier, œuvre présentée à l'origine dans la chambre de Léonce Rosenberg, cette  toile représente un paysage cosmique probablement inspiré par une photographie  scientifique du système solaire. Ce sujet futuriste évoque l'intérêt de  l'artiste pour l'astronomie et les sciences exactes. L'absence d'un point de  fuite unique renvoie à la profondeur insondable de l'univers et renforce son  aspect onirique. |  | Panneau pour le jeune public | 
                      
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                        | Alberto Savinio  (1891-1952). L'Île des charmes, 1928.  Huile sur toile. Museo d'Arte Moderna Mario Rimoldi delle Regole d'Ampezzo.  Cortina d'Ampezzo.
 
 
 L'Île des charmes fait partie des «Cités transparentes» réalisées  pour la chambre de Lucienne. Savinio explique que cette série lui a été  inspirée par une phrase lue dans La  Rôtisserie de la reine Pédauque d'Anatole France, où M. d'Astarac,  alchimiste, affirme que l’on peut voir des «paysages de l'air» au-delà des  choses. La signification profonde de ces villes ne peut être lue que par un œil  averti qui, à travers la transparence, peut percevoir des réalités nouvelles. |  | Alberto Savinio (1891 -  1952). Le Gîte des promesses dit  aussi La Cité des promesses, 1928.  Huile sur toile. Pinacoteca di Brera, Milan. | 
                       
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 6 - La fabrique du décor
 
 
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                        | Fernand Léger (1881-1955). Les Quatre Saisons. Le Printemps, L'Été,  L'Automne, L'Hiver, 1928. Huiles sur toile. Kunstmuseum Basel, Bâle. Don de  Raoul La Roche, 1956.
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                         Prévu  pour l'entrée de l'appartement, le remarquable cycle des Quatre Saisons s'inscrit dans une poétique du quotidien à laquelle  Fernand Léger s'intéresse au tournant des années 1920. Dans ces compositions,  des objets flottent sur des fonds abstraits. Conscient de la valeur décorative  de ces œuvres, Léonce Rosenberg commande au peintre un ensemble dédié aux  saisons, allant jusqu'à suggérer la présence de certains détails, tels que,  «pour l'automne, une grappe de raisins et une feuille jaunie par le soleil, une  barbe de blé pour l'été, skis et patins à glace ou à roulettes pour l'hiver et  pour le printemps, une hirondelle et une branche de feuilles vertes».
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Albert Gleizes (1881 -  1953). Peinture, 1930-1931. Huile sur  toile. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'art moderne / Centre de création  industrielle. Legs de Mme Lucienne Rosenberg, 1995. | 
                      
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                        | Fernand Léger (1881-1955). Les Quatre Saisons. Le Printemps, 1928. |  | Fernand Léger (1881-1955). Les Quatre Saisons. L'Été, 1928. | 
                      
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                        | Fernand Léger (1881-1955). Les Quatre Saisons. L'Automne, 1928. |  | Fernand Léger (1881-1955). Les Quatre Saisons. L'Hiver, 1928. | 
                      
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                        | Panneau pour le jeune public |  | «Cubisme et tradition chez  M. Léonce Rosenberg à Paris.» Dans Art et Industrie, décembre 1930. Pages  14-18. Bibliothèque de l’Institut national de l’histoire de l’art, Paris. | 
                      
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                        | Appartement de Léonce  Rosenberg. Photo du boudoir de Mme Rosenberg avec des tableaux de Jean Viollier. |  | Appartement de Léonce  Rosenberg. Photo du Grand Salon de l’appartement avec des tableaux de Jean  Metzinger. | 
                      
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