DALI PARIS. Ce centre est le seul lieu consacré en France à l’artiste catalan Salvador Dali (1904-1989). C’est à la fois un musée avec une exposition permanente d’œuvres de Dali et une galerie. Il a été ouvert dans les années 1990 par le galeriste et collectionneur italien Beniamino Levi qui s’est passionné pour Dali et lui a acheté les droits d’édition de différentes œuvres que l’on trouve dans le parcours du musée et dans la galerie.
Réaménagé en 2018, c’est un espace ouvert où l’on déambule entre des cimaises fixes le long des murs et des cimaises mobiles qui cachent les piliers. De grandes sculptures ponctuent de place en place le parcours. La collection est essentiellement composée de quelques 300 exemplaires d’œuvres multiples tels que gravures, lithographies, bronzes. On mesure aisément à travers ce foisonnement d’œuvres le génie du maître du surréalisme, un mouvement dont il fut néanmoins expulsé en 1936 par le « pape » du surréalisme André Breton. Il illustrera cette éviction dans une gravure intitulée Jeté comme un mégot par les magots (1974) !
Les pièces exposées ici sont plus ou moins regroupées sous diverses appellations allant de « Sortilège des formes » à « Je suis pratiquant mais non croyant » en passant par « Le scaphandrier du réel », « Les métamorphoses érotiques » et les plus étonnants « Que l’on parle de Dali même si on en parle en bien » et « Galacidalacidesoxyribonucleicacid » qui évoquent bien l’esprit provocateur du Maître. La technique de la fonte à la cire perdue et celle de l’estampe à partir de multiples planches de bois gravées sont également expliquées de façon très claire. D’une manière générale on apprécie beaucoup les panneaux didactiques et les cartels très détaillés avec une notice sur chacune des œuvres.
Citons quelques-unes des pièces exposées ici. Il y a tout d’abord, car ce sont les plus spectaculaires, les grandes sculptures : Hommage à Newton (1969), un plâtre qui est l’une des rares pièces uniques ; Newton surréaliste (1977) ; Vénus spatiale (1977) ; Hommage à Terpsichore (1977) ; Alice au Pays des Merveilles (1977) ; La Vision de l’ange (1977) ; Profil du Temps (1977) et La Persistance de la Mémoire (1980), toutes les deux avec la fameuse montre molle ; Éléphant spatial (1980) ; Le Minotaure (1981) ; Femme à la tête de roses (1981) ; Femme en flamme (1980) ; Vénus aux tiroirs (1989) et L’Escargot et l’Ange.
À côté des sculptures on trouve des planches extraites des ouvrages illustrés par Dali. Citons Don Quichotte de la Mancha (1957) ; La Divine Comédie (1960) ;Casanova, (1967) ;Alice au Pays des Merveilles (1969) ; Les Songes Drolatiques de Pantagruel (1973) ; Roméo et Juliette, (1975). Toutes ces illustrations montrent le génie inventif de Dali. On le voit aussi à travers des exemples de détournement. C’est ainsi qu’à partir d’une page d’un catalogue d’objets banals du XIXe siècle (aiguille, épingle, poupée, dé, balle, fouet), il invente des scènes érotiques en complétant la page, sans toucher aux objets déjà dessinés. L’érotisme tient une grande place dans son œuvre comme on le constate dans Les Métamorphoses érotiques (1969) ou même Casanova. Des sculptures comme La Licorne (1977), Lady Godiva aux papillons (1976), le Yin et le Yang (1968) et bien d’autres témoignent de ce penchant pour l’érotisme.
Dali, très érudit, s’est intéressé à toutes les techniques artistiques, y compris le cinéma, le théâtre, la mode et le design. Dans ce dernier domaine, on peut admirer une vingtaine d’objets qu’il a conçus : le Canapé Lèvres de Mae West (1936) ; le Téléphone Homard (1936), la ménagère Silverware (1936) ; etc. On a aussi une assiette sur laquelle est écrit « Ceci n’est pas une assiette » (1970) ! Véritable touche à tout Dali a également réalisé des peintures en utilisant la technique de l’anamorphose. Ici un papillon, vu sur un cylindre, devient un autoportrait de Dali.
On le voit, il y a peu de pièces uniques. Ceci montre le génie commercial de Dali qui avait compris qu’il vaut mieux vendre plusieurs exemplaires de la même œuvre qu’un seul. C’est vrai pour les livres illustrés, les gravures et estampes et surtout les bronzes. Comme Jef Koons aujourd’hui, Dali ne façonnait que rarement les maquettes définitives de ses sculptures. Il les concevait avec des dessins et des artisans procédaient aux différentes étapes de la réalisation, en plusieurs dimensions, sous sa supervision. Cela permet ainsi d’acheter aujourd’hui, dans la galerie installée à la suite de l’exposition permanente, des œuvres authentiques de Dali. R.P. Dali Paris 18e. Lien : www.daliparis.com.