CROSSING VIEWS
La collection, regards sur un nouveau choix d'œuvres

Article publié dans la Lettre n°511 du 11 novembre 2020



 
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CROSSING VIEWS. La Collection, regards sur un nouveau choix d’œuvres. En complément à la rétrospective consacrée à Cindy Sherman, la Fondation Louis Vuitton présente une soixantaine d’œuvres appartenant à sa collection ou prêtées par Sherman. Elles ont été choisies en collaboration avec cette dernière et abordent pour la plupart d’entre elles le thème du portrait.
Vingt-trois artistes sont représentés. Tous sont vivants à part Andy Warhol et Louise Bourgeois, dont on voit une spectaculaire installation inspirée par un souvenir d’enfance, No Exit (1989), un ensemble de sérigraphies (Fugue, 2003) et deux dessins.
Le mérite de cette exposition est de montrer la variété des media utilisés aujourd’hui par les artistes pour traiter le sujet du portrait. On y trouve encore une peinture à l’huile, celle de son enfant par Wilhelm Sasnal (Untitled, 2015) et des dessins, par exemple ceux de Adel Abdessemed (Mon enfant, 2014 et Cri, 2014). La photographie est toujours présente, elle-aussi, avec des artistes comme Samuel Fosso qui se représente dans diverses situations (70’s Life Style, 1975-1978) ou Zanele Muholi avec sa série de 300 portraits de femmes noires lesbiennes (Faces and Phases, 2006) et ses autoportraits (Somnyama Ngonyama [Salut à toi, Lionne noire], 2014-2015). Mais les tirages traditionnelles gélatino-argentiques noir et blanc font place à des techniques plus complexes, comme le tirage couleur chromogène ou l’impression jet d’encre.
Dans cette sélection nous avons quelques sculptures. En premier lieu l’impressionnant autoportrait de Damien Hirst, The Collector with Friend (2016), un bronze qui aurait été découvert lors de fouilles archéologiques marines, d’où les coraux qui recouvrent les personnages ! Tout aussi original mais moins coûteux à réaliser, nous avons les deux personnages de Rob Pruitt, Cardboard Monster & Cardboard Monster : Rosie (2010), réalisés essentiellement à partir de cartons d’emballages, de chaussures et de bottes. Dans ce même registre des techniques mixtes, nous avons les figurines d’Annette Messager dont on voit également l’installation Innocents-Help (2017), une œuvre en lien avec le Massacre des Innocents de Nicolas Poussin, et Ma collection de proverbes (1974), 15 pièces de coton sur lesquelles elle a brodé des dictons misogynes ! Avec Christian Boltanski, qui présente par ailleurs une installation vidéo en relation avec son jour de naissance, 6 septembre (2005), elle a réalisé Le voyage de noces (1975), un ensemble de dessins et de photographies, lors d’un voyage de noces fictif à Venise !
Ce qui frappe, c’est l’importance donnée aujourd’hui par les artistes à la vidéo. Nous avons déjà mentionné Boltanski mais il y a aussi Rineke Dijkstra et ses enregistrements d’adolescents dans une discothèque de Liverpool, The Krazyhouse (2009), Ziad Antar et ces deux enfants improvisant une chanson avec comme unique syllabe « Wa » (2004), Rosemarie Trockel, Ming Wong et surtout Clément Cogitore. Marina Abramovic filme, quant à elle, une performance où elle tient un bol de lait qui, peu à peu, se déverse sur sa robe (The Kitchen V, Carrying the Milk, 2009, 12 min 42 s).
La visite se termine, à l’écart du parcours, par l’installation de Pierre Huyghe, L’Expédition scintillante, Acte 2 (2002). C’est un système de fumée, de lumière et de son visant à recréer, selon son concepteur, les expériences de « voyage intérieur » induites par les drogues psychotropes.
Une exposition qui offre un panorama assez complet de l’art contemporain. R.P. Fondation Louis Vuitton 16e. Jusqu’au 3 janvier 2021. Lien : www.fondationlouisvuitton.fr.


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