Parcours en images de l'exposition

LES CONTES CRUELS DE PAULA REGO

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue


Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre467 du 28 novembre 2018

Jeux. Prologue
Scénographie
Jeux. Prologue


La série des Filles et chien (« Girls and Dog ») marque, dès 1986, le début du style naturaliste de Paula Rego, caractérisé par une volumétrie dramatisée et un dessin puissant.
Ces compositions carrées mettent en scène des petites filles vêtues comme dans un conte de l’époque victorienne, jouant et manipulant un chien. La perspective raccourcie dote ces représentations d’une monumentalité saisissante, conférant aux petites filles une toutepuissance face à l’animal – évocation détournée de la maladie du mari de l’artiste, Victor Willings. Sensible à la psychanalyse, Paula Rego n’hésite pas à parler de « roman familial », à transposer dans ces scènes de jeux, ses propres souvenirs d’enfance – son père doux et dépressif, sa mère autoritaire – et son présent douloureux. Le motif est simple presque archétypal ou « primitif » – entre Sigmund Freud et Piero della Francesca – et ouvre chez l’artiste la voie à une nouvelle manière de peindre. Elle s’appuie sur une simple «imitation» d’un argument littéraire ou narratif par des modèles dans l’espace dépouillé de l’atelier, retrouvant la simplicité et l’artifice des premières représentations théâtrales. Cette série, présentée en 1987 à la galerie Edward Totah, marque ses premiers succès.

 

 

Texte du panneau didactique

 
Paula Rego dans son atelier, 2018. © Gautier Deblonde.
 
Paula Rego  (Lisbonne, Portugal, 1935). Untitled. Girl and Dog’ Series [Sans titre. Série La jeune fille et le chien], 1986. Acrylique sur papier, 112 × 76 cm. Vanessa Branson, collection particulière.
 
Citation de Paula Rego.
 
Paula Rego. Snare, 1987. Acrylique sur papier monté sur toile, 150 x 150 cm. © Paula Rego. Courtesy of the British Council Collection.
 
Paula Rego. Prey, 1986. Acrylique sur papier monté sur toile, 150 x 150 cm. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
L'atelier
Scénographie

L’atelier

Des jouets et de petits animaux jonchent le sol des compositions de la série « Girls and Dog ». Ils forment les premiers accessoires de l’atelier qui va progressivement se remplir de figurines, de personnages à mesure que les thèmes de ses « tableaux vivants » se complexifient. Admirant les masques de James Ensor, Paula Rego manie le plâtre, le papier mâché, chine également, pour créer, avec l’aide de son assistante, Lila Nunes, ou de sculpteurs comme Cathie Pilkington ou Ron Mueck, toute une faune d’atelier. Telle une petite fille dans l’espace fantasmatique de sa chambre, Paula Rego orchestre de véritables saynètes mêlant modèles et artefacts, pour créer ses tableaux, le théâtre offrant un équivalent de la représentation en peinture.
On retrouve chez nombre d’artistes de la scène anglaise, depuis Stanley Spencer en passant par Lucian Freud jusqu’à Ron Mueck, cette même relation nécessaire au modèle, un rendu naturaliste de la peau, des étoffes, un même rapport scrutateur, sans complaisance, au motif.
 

Texte du panneau didactique

 
Paula Rego. Installation n°2.
 
Paula Rego. Installation n°3.
 
Paula Rego. Installation n°4.
Rondes et comptines
Scénographie
Rondes et comptines


Ce n’est qu’en 1989, soit plus de dix ans après l’obtention d’une bourse de la Fondation Gulbenkian, que Paula Rego entreprend l’illustration des Nursery Rhymes sur les contes et ses gouaches d’après Les Contes populaires portugais. Ce grand projet d’aquatinte qu’elle entreprend alors qu’elle devient grand-mère, montre sa grande maîtrise du dessin et des références multiples. Elle aime à raconter comment son père lui faisait lire la Divine Comédie de Dante illustrée par Gustave Doré. Grande lectrice des classiques de la littérature enfantine – Alice au pays des merveilles, Peter Pan, les romans de la comtesse de Ségur, Pinocchio –, elle connaît parfaitement les dessins d’Arthur Rackham, les illustrations de Tenniel pour Lewis Carroll, les transpositions caricaturales ou animales d’un Daumier ou d’un Grandville. Son interprétation des comptines britanniques met en exergue les accents cruels voire pervers de ces poésie rimées, donnant lieu à des scènes fantasques et complexes, mettant en jeu des animaux.
L’ensemble des planches, gravées par Paul Coldwell, est exposé à la galerie Marlborough Fine Art de Londres en 1989 lors de sa première exposition personnelle, et son tableau marquant le deuil de son mari, The Dance, est acquis par la Tate Gallery. Elle y reprend à Goya le motif de la ronde dans une scène nocturne et mélancolique de bal en extérieur sous la lune.



 

Texte du panneau didactique

 
Paula Rego. The Dance, 1988. Acrylique sur papier monté sur toile, 212,6 x 274 cm. Crédit photo : Private Collection / Bridgeman Images.
 
Francisco de Goya (Fuendetodos, Espagne, 1746 – Bordeaux, France, 1828). Los Proverbios [Les proverbes], pl. 1 : Disparate femenino [Sottise féminine], 1864. Eau-forte, aquatinte et pointe sèche 24,8 × 35,5 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France.
 
Paula Rego (Lisbonne, Portugal, 1935). Drawing for “The Dance” [Dessin pour « La danse »], 1988. Encre sur papier, 29,7 × 42,1 cm. Londres, Tate, offert par l’artiste en 1989.
Paula Rego. Ensemble de 12 gravure à l'eau forte et aquatinte, 1989, 52 x 38 cm chacune.
 
Paula Rego. A Frog he would a-wooing go I, 1989. Eau forte et aquatinte, 52 x 38 cm. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Paula Rego. Sing a Song of Six Pence, 1989. Eau forte et aquatinte, 52 x 38 cm. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
Punitions et réprimandes
Scénographie

Punitions et réprimandes

La condition de l’enfance est soumise à la punition, la réprimande. Paula Rego raffole des récits sadiques et moralisateurs de la comtesse de Ségur, des malheurs de Sophie, des facéties cruelles du canard Gédéon de Benjamin Rabier : « C’est ça pour moi la littérature : des histoires violentes magiques, dans lesquelles il y a des punitions, des châtiments, des choses liées à l’éducation des enfants1. »
La tension entre l’état naturel ou originel (celui de l’enfance) et la coercition sociale (l’éducation, le couple, la famille, la hiérarchie) est au coeur de ses sujets. Elle illustre, en 1987, la pièce de théâtre de Jean Genêt, Les Bonnes (1947), satire de la bourgeoisie mêlant érotisme et accusation sociale et politique, et choisit l’instant où Solange mime l’assassinat de sa maîtresse. Son naturalisme bizarre et inquiétant plante un décor feutré, cossu, des figures aux gestes un peu mécaniques, qui évoquent l’univers de Balthus, un « théâtre de la cruauté », comme l’entendait Artaud.
Le thème de la famille, récurrent, se déploie alors que celle du peintre est endeuillée, comme une sorte d’invocation au défunt et au passé : Le Départ, La fille du policier, La Famille, autant de mises en scène énigmatiques, parfois ambiguës, de séparations, d’absences ressenties.
 
Texte du panneau didactique  
Paula Rego. The Maids, 1987. Acrylique sur papier monté sur toile, 213 x 244 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Francisco de Goya (Fuendetodos, Espagne, 1746 – Bordeaux, France, 1828). Los Caprichos [Les caprices], pl. 25 : Si quebro el cantaro [Il a bien cassé la cruche], 1796-1937. Eau-forte, aquatinte brunie et pointe sèche, 21,5 × 15 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France.
 
Paula Rego. The Policeman’s daughter, 1987. Acrylique sur papier monté sur toile, 213,4 x 152,54 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
Contes et fantaisies
Scénographie
Contes et fantaisies

En 1992, Paula Rego illustre l’un de ses ouvrages préférés, Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir, tiré de la pièce de théâtre de James Matthew Barrie. Adoptant un point de vue toujours décalé, inattendu, elle conçoit ses quinze gravures en couleur, à la lumière d’une étude biographique d’Andrew Birkin, JM Barrie and the Lost Boys (1979). Elle met ainsi en avant l’ambivalence du personnage du capitaine Crochet, la relation frustrante entre Wendy et Peter…
Avec Les Aventures de Pinocchio. Histoire d’un pantin de Carlo Collodi (1881 et adapté par Walt Disney en 1940), elle aborde une histoire similaire, autour de l’enfance, mais qui parle de création, à la manière du mythe de Pygmalion ou de l’histoire de Frankenstein – donner vie à une sculpture, un pantin ou un artefact ; elle fait poser, en 1996, sa famille, sa fille Victoria, son gendre le sculpteur Ron Mueck, en Gepetto, comme dans des tableaux vivants du XIXe siècle ou un mystère médiéval. Ron réalise le Pinocchio, le petit pantin devenu garçon, une de ses premières oeuvres hyperréalistes dont l’illusionnisme parfait est déjoué par l’échelle. Cette mise en abyme est exemplaire du réalisme magique de Paula Rego, où ce qui est peint c’est la représentation en train de se faire dans toute la fragilité de son artifice.
 
Texte du panneau didactique
 
Odilon Redon (1840-1916). L’Araignée souriante. Fusain, papier chamois, 49,5 x 39 cm. Musée d’Orsay. Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Jean-Gilles Berizzi.
 
Louise Bourgeois (Paris, France, 1911 – New York, États-Unis, 2010). Spider (la femme araignée),  1994. Encre, aquarelle, gouache sur papier, 27,9 × 21,5 cm. Collection particulière.
 
Paula Rego. Little Miss Muffet I, 1989. Eau forte et aquatinte, 52 x 38 cm. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
« Voyez, Mr. Mayeux, cet animal tient le milieu entre l’homme et le singe… »
Paula Rego (Lisbonne, Portugal, 1935). War [Guerre], 2003. Pastel sur papier monté sur aluminium, 160 × 120 cm. Londres, Tate, presented by the artist (Building the Tate Collection) 2005.
  Honoré Daumier (Marseille, France, 1808 – Valmondois, France, 1879). Les Orangs-Outangs, pl. 2, 1836. Lithographie, 26,7 × 31,5 cm. Paris, Bibliothèque nationale de France.
Scénographie
 
Paula Rego.  Geppetto washing Pinocchio, 1996. Pastel sur papier monté sur aluminium, 213,4 x 152,54 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Paula Rego (Lisbonne, Portugal, 1935). Blue Fairy Whispers to Pinocchio [La Fée Bleue chuchote à l’oreille de Pinocchio], 1995. Pastel sur papier monté sur aluminium, 170 × 150 cm. Collection particulière.
 
Ron Mueck (Melbourne, Australie, 1958). Pinocchio, 1996. Fibre de verre, cheveux, pigments, 83,8 × 20 × 20 cm. The Collection of John & Amy Phelan.
 
Paula Rego. Flying children, 1992. Eau forte et aquatinte, 68.5 x 56,2 cm. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Honoré Daumier (Marseille, France, 1808 – Valmondois, France, 1879). La Parade foraine, vers 1865. Plume, encre, aquarelle, pierre noire, sanguine, lavis gris, crayon Conté et gouache sur papier vergé, 26,6 × 36,7 cm. Paris, musée d’Orsay, conservé au département des Arts graphiques du musée du Louvre.
 
Paula Rego (Lisbonne, Portugal, 1935). The Neverland [Le pays imaginaire], 1992. Gravure à l’eau-forte et aquatinte, 29,6 × 44,8 cm. Londres, Marlborough Fine Art.
Animaux et animalité
Scénographie
Animaux et animalité

Comme chez Grandville, l’auteur des Scènes de la vie publique et privée des animaux. Étude de moeurs contemporaines, les animaux occupent une place importante dans l’œuvre de Paula Rego. À propos de War, un tableau de 2003, inspiré d’une photo de la guerre en Irak montrant une petite fille hurlant, Paula écrit : « C’est très difficile de faire ça avec des êtres humains, ça ne fait pas le même effet du tout. Il m’a paru plus vrai de les transformer en bêtes. » Néanmoins, ces animaux expressifs et hybrides sont tout aussi inquiétants que l’Araignée souriante de Redon ou Le Corbeau de potence de Felix Bracquemond.
La série, à partir de 1994, des Dog Women (« Femmes-chien »), propose une inversion tout aussi dérangeante. Le modèle, accroupi, mime des comportements de chien, comme autant d’allégories de la condition féminine et humaine : dépendance, soumission, affection, agressivité. C’est avec ces oeuvres que Paula Rego aborde la technique du pastel pour ne plus l’abandonner. Sa manière est rude, sans le raffinement poudreux d’un Quentin de La Tour ou d’une Mary Cassatt, mais un sens de la construction volumétrique d’un Degas. Dans les tableaux réalisés l’année suivante, en 1995, autour de la «Danse des autruches» du film Fantasia de Walt Disney, Paula Rego réincarne en femmes les autruches, tout en conservant la maladresse, la massivité des cuisses, la fixité du regard des volatiles. Le format du polyptique lui permet de simuler avec malice la succession des plans du dessin animé.

 

 
Texte du panneau didactique
 
Paula Rego. Scavengers, 1994. Pastel sur papier, 120 x 160 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Edgard Degas. Danseuses bleues, vers 1893. Huile sur toile, 85,3 x 75,3 cm. Paris, musée d’Orsay, don du docteur et de Mme Albert Charpentier, RF 1951 10. Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski.
 
Edgar Degas (Paris, France, 1834-1917). Danseuse au bouquet, saluant sur la scène, 1878. Pastel sur papier marouflé sur toile, 72 × 77,5 cm. Paris, musée d’Orsay.
Paula Rego (Lisbonne, Portugal, 1935). Dancing Ostriches from Disney’s Fantasia (Diptych)
[Autruches dansantes de Fantasia de Disney (diptyque)], 1995. Pastel sur papier monté sur aluminium.
Vaduz, Marlborough International Fine Art, Marlborough work.
Paula Rego (Lisbonne, Portugal, 1935). Dancing Ostriches from Disney’s Fantasia (Triptych)
[Autruches dansantes de Fantasia de Disney (triptyque)], 1995. Pastel sur papier monté sur aluminium.
Vaduz, Marlborough International Fine Art, Marlborough work.
 
Paula Rego. Dancing Ostriches from Disney’s Fantasia (Triptich, left panel), 1995. Pastel sur papier monté sur aluminium, 150 x 150 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Paula Rego. Dancing Ostriches from Disney’s Fantasia (Triptich, centre panel), 1995. Pastel sur papier monté sur aluminium, 150 x 150 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Paula Rego. Dancing Ostriches from Disney’s Fantasia (Triptich, right panel), 1995. Pastel sur papier monté sur aluminium, 150 x 150 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Paula Rego (Lisbonne, Portugal, 1935). Dog Woman [Femme-chien], 1994. Pastel sur toile, 120 × 160 cm. Collection particulière.
Héroïnes
Scénographie
Héroïnes

Le féminisme de Paula Rego est viscéral et nuancé. La peintre portugaise développe une fascination pour l’héroïne anglaise du roman de Charlotte Brontë, Jane Eyre – laide, intelligente et dessinatrice – dont elle complexifie la lecture dans le triptyque et la série de lithographies de 2002, par la présence de Bertha Mason, sa rivale, réhabilitée en victime. Elle s’inspire alors de la relecture romanesque de Jean Rhys, Wid Saragasso Sea.
Elle érige de véritables portraits d’héroïnes, de femmes isolées, ange vengeresse, musicienne ou priante, parées de splendides costumes baroques moirés inspirés de la peinture de Murillo et des maîtres du XVIIe siècle. La majesté de la parure et de la pose évoquent l’univers de l’opéra qu’affectionne l’artiste.
 
Texte du panneau didactique
 
Paula Rego.  Angel (The Crime of Father Amaro series), 1998. Pastel sur papier monté sur aluminium, 180 x 130 cm. Collection de l’artiste. Crédit photo : Private Collection / Bridgeman Images.
Paula Rego (Lisbonne, Portugal, 1935). Jane Eyre Triptych : Jane, Edward, Bertha’s Monkey.
[Triptyque Jane Eyre : Jane, Edward, le singe de Bertha], 2002. Pastel sur papier monté sur aluminium, 120 × 100 cm.
Collection particulière.
 
Paula Rego. La fête, 2003. Pastel sur papier monté sur aluminium, 170 x 120 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Paula Rego. In the Wilderness, 1998. Pastel sur papier monté sur aluminium, 180 x 130 x 6 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
Cycles et figures
Scénographie avec, à gauche, le triptyque The Fisherman, 2005, et, à droite, le triptyque L'Homme-oreiller, 2004
Cycles et figures


À partir des années 2000, l’atelier se peuple de masques grotesques en papier mâché, de costumes de théâtre, de poupées et effigies, de nombreux accessoires – matériaux pour dispositifs théâtraux de cycles narratifs plus ambitieux, plus foisonnants mêlant intrigues littéraires et réminiscences de l’enfance. Plusieurs tableaux sont inspirés de textes de Martin McDonagh, The Pillowman (2004), inspiré de la pièce éponyme, ou encore Scarecrow and the Pig (2006). Les histoires, toujours cruelles, sont liées à l’enfance et sont transposées dans les paysages du Portugal de son propre passé, mettant en scène son père et elle, jeune fille.
Paula Rego construit d’importants polyptiques à partir d’une légende comme celle de la Femme aux pieds de bouc, issue de la tradition orale portugaise. À la manière de Dante ou de Gustave Doré, ceux qu’elle contemplait enfant, elle insuffle à ses grands programmes un souffle épique qui contient toute sa manière – ses modèles déguisés, maladroits et très incarnés, jouant des scènes fantastiques avec des animaux de papier mâché et quelques accessoires, qui sont juxtaposées dans la composition selon des espaces-temps successifs à l’instar d’une peinture médiévale.
 
Texte du panneau didactique
 
Paula Rego. The fisherman, triptych (left panel), 2005. Pastel on board, 180 x 120 cm. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Paula Rego. The fisherman, triptych (central panel), 2005. Pastel on board, 180 x 120 cm. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
 
Paula Rego. The fisherman, triptych (right panel), 2005. Pastel on board, 180 x 120 cm. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.
Paula Rego (Lisbonne, Portugal, 1935). The Pillowman Triptych [Triptyque l’homme-oreiller], 2004.
Pastel sur papier monté sur aluminium, 180 × 120 cm.
Londres, Ostrich Arts.
Le Chef-d'œuvre inconnu. Épilogue
Scénographie
Le Chef-d’œuvre inconnu. Epilogue


L’art de Paula Rego questionne en permanence la représentation. La figure célébrée de la femme, celle de l’héroïne, est celle de l’artiste – en forme d’autoportrait. Aussi a-t-elle choisi la nouvelle fascinante de Balzac, Le Chef-d’œuvre inconnu, pour deux de ses toiles récentes : The Balzac Story (2011) et Painting Him Out (2011). Dans ce conte fantastique que Picasso illustra, Balzac dresse le portrait d’un peintre génial et fou, pose la question de la représentation, du rapport au modèle. Paula Rego s’empare de ce récit en inversant les positions : les peintres sont des femmes qui, plutôt que d’avoir recours à une muse (modèle) font leur autoportrait ; lorsqu’il y a modèle, c’est un homme que la peintre brutalise, plaque contre la toile et recouvre d’un aplat vert à l’instar du personnage de Balzac, le peintre Frenhofer, qui masque sa toile d’une serge verte lorsqu’il prend conscience du désastre. Painting Him Out est une œuvre énigmatique et complexe, construite en une série de reflets et de dédoublements, une femme dans le fond qui enfante et, au premier plan, ce couple peintre-modèle, l’homme soumis à la puissance du geste de l’artiste, en voie d’absorption ou d’effacement, sur fond d’incendie dominé par un phénix.
Une allégorie de la puissance de la peinture, du rapport existentiel de Paula Rego à la peinture.

 
Texte du panneau didactique
 
Paula Rego. The Balzac story, 2011. Pastel sur papier monté sur aluminium, 149,9 x 169,5 cm. Collection particulière. © Copyright Paula Rego. Courtesy Marlborough Fine Art.