LA COMÉDIE HUMAINE. Balzac par Eduardo Arroyo. C’est en 1958 qu’Eduardo Arroyo (1937-2018) quitte l’Espagne franquiste, peu ouverte à l’innovation artistique, pour Paris. Il y découvre Balzac à travers l’impressionnante sculpture de Rodin sur le boulevard Raspail et les illustrations par Picasso de la nouvelle Le Chef-d’œuvre inconnu. Plus tard, en 1964, le peintre Gilles Aillaud lui propose, ainsi qu’au peintre et sculpteur italien Antonio Recalcati, d’illustrer une autre nouvelle de Balzac, Une passion dans le désert. Ce cycle de treize peintures sera présenté par les critiques comme le manifeste d’un nouveau mouvement pictural, la figuration narrative. En 2013, Arroyo réintroduit Balzac dans sa peinture avec près d’une trentaine d’œuvres. Il décide alors de publier une Comédie humaine illustrée. Ce projet colossal est brisé par sa disparition en 2018, à l’âge de 81 ans. La présente exposition nous permet de voir le travail déjà accompli par cet artiste à qui la Maison de Balzac rend ainsi hommage.
Arroyo ne s’intéresse pas qu’à la Comédie humaine. Il représente également Balzac et les demeures de celui-ci. Si le portrait de Balzac est bien connu, il n’en est pas de même de ses divers domiciles. Arroyo s’empare des descriptions de maisons bourgeoises par Balzac ou des projets d’aménagements de celui-ci pour les intérieurs de la Maison des Jardies à Sèvres ou de la rue Fortunée (actuelle rue Balzac) à Paris. Balzac avait écrit sur les murs de la Maison des Jardies les richesses mobilières dont il prétendait la doter : « Ici un revêtement en marbre de Paros ; ici un stylobate en bois de cèdre ; ici un plafond peint par Eugène Delacroix ; etc. » Arroyo part à la recherche de photos de meubles de diverses époques, de papiers peints, etc. et les collent sur ces toiles en y ajoutant une figure de Balzac. Nous retrouvons ces portraits de Balzac et ces intérieurs en différents endroits du parcours de l’exposition au milieu des impressionnants portraits d’une quinzaine de personnages de la Comédie humaine. Ceux-ci ne sont pas des peintures mais des collages, réalisés à la façon d’une marqueterie avec des photographies découpées et collées bord à bord. Arroyo s’est constitué une palette de photographies anciennes classées par teinte, dans laquelle il puise et découpe selon les besoins. Le résultat est étonnant. Il arrive à créer des portraits avec autant de précision qu’une peinture. Si l’on trouve des personnages connus comme le père Goriot, le colonel Chabert ou Lucien de Rubempré, l’artiste s’intéresse aussi à d’autres personnages, que Balzac a parfois renoncé à décrire, comme Melmoth, Schmucke ou Elisabeth Baudoyer. Arroyo utilise la même technique pour l’un de ses portraits de Balzac et pour celui d’Olympe Pélissier, la maîtresse de ce dernier. Une exposition très intéressante bénéficiant d’une belle scénographie, avec de nombreux panneaux didactiques sur la plupart des œuvres exposées, et d’une installation au cœur d’une des demeures de l’écrivain. R.P. Maison de Balzac 16e. Jusqu’au 10 mai 2020. Lien : www.maisondebalzac.paris.fr Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici
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