LA COLLECTION ALANA
Chefs-d'œuvre de la peinture italienne

Article publié dans la Lettre n°485 du 18 septembre 2019



 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

LA COLLECTION ALANA. Chefs-d’œuvre de la peinture italienne.  À l’exemple de Nélie Jacquemart et Édouard André qui ont créé une extraordinaire collection comprenant plus de 5 000 pièces, dont les œuvres italiennes constituent le fleuron, Álvaro Saieh et Ana Guzmán, dont la contraction des deux prénoms donne Alana, ont rassemblé la plus importante collection de peintures italiennes du XIIIe au XVe siècle en mains privées. Ces collectionneurs américains poursuivent aujourd’hui leur quête de chefs-d’œuvre d’art italien avec des tableaux des XVIe et XVIIe siècle. C’est la première fois qu’ils font découvrir au public leur extraordinaire collection.
Le parcours de l’exposition, dans une scénographie très réussie d’Hubert le Gall, commence avec une salle surchargée de tableaux, comme c’était l’habitude dans les Salons jusqu’au XIXe siècle. En effet, c’est ainsi que leurs propriétaires présentent chez eux leur collection. Dans cette première salle nous avons, à droite et au fond, un panorama d’œuvres du XIV et XVe siècle et, sur le mur de gauche, des tableaux essentiellement du XVIe siècle. Si les fonds d’or des premiers sont dans la continuité du style gothique, on y trouve déjà les innovations stylistiques propres au Trecento et au Quattrocento, en particulier l’attention nouvelle portée aux figures.
Le parcours se poursuit ensuite de manière chronologique. Dans la section 2, on trouve des peintures et sculptures du XIIIe et XIVe siècle réalisées par des maîtres de Florence, Pise et Sienne. On remarque tout particulièrement une Vierge à l’Enfant en majesté par le Maître de la Madeleine (vers 1285-1290) et un tableau s’inspirant de l’art byzantin, Huit scènes de la vie du Christ (Troisième quart du XIIIe siècle) par un peintre romain du XIIIe siècle.
Vient ensuite la section la plus saisissante de l’exposition, consacrée à « La Première Renaissance Florentine ». On y admire une spectaculaire Annonciation (vers 1420-1424) de Lorenzo Monaco, le plus grand peintre de Florence à l’aube du XVe siècle ; un Saint Jean L’Évangéliste (vers 1432-1434) de Filippo Lippi ; une Vierge à l’Enfant (vers 1453-1454) de Paolo Uccello et, sujet nouveau, un panneau illustrant L’Histoire de Coriolan (vers 1460-1465) de Lo Scheggia. La quatrième section, « La spiritualité florentine à la fin  du XVe siècle », nous montre des tableaux inspirés par le prédicateur et réformateur Savonarole, en particulier un saisissant Christ de douleur (vers 1490) de Cosimo Rosselli et un Christ en croix adoré par des saints (début des années 1490) par un collaborateur de Botticelli.
Les dernières salles présentent les acquisitions récentes de la collection Alana qui accueille maintenant des œuvres des XVIe et XVIIe siècle. On voit tout d’abord, dans la section 5, des exemples de « La grande peinture vénitienne » avec des tableaux de Tintoret (Épisodes d’une bataille, vers 1575-1580) ; Véronèse (Les Symboles des quatre évangélistes, vers 1575) ou encore Jacopo Bassano (L’Adoration des bergers, vers 1562-1563).
Viennent ensuite des œuvres réalisées après la mort de Savonarole en 1498. Au début elles conservent les valeurs morales défendues pendant son gouvernement théocratique comme en témoigne l’autel portatif de dévotion personnelle réalisé par Franciabigio. Avec le retour des Médicis, qui avaient fui en 1494 et sont autorisés à revenir en 1512, l’art évolue sous l’impulsion de Bronzino, chargé par Cosme Ier de concevoir un nouveau langage pictural. Celui-ci est illustré ici par le Saint Côme (vers 1543-1545) de Bronzino et par deux remarquables tableaux de Giorgio Vasari, l’un des plus grands représentants de cette « maniera moderna », Salvator Mundi (vers 1561) et Allégorie des fruits d’automne (vers 1570-1574).
Ce maniérisme connaît ses derniers feux à la fin du XVIe siècle avec les recommandations du Concile de Trente (1545-1563) qui assigne maintenant à la création artistique non seulement un rôle de dévotion mais aussi d’enseignement. L’Annonciation (vers 1582-1588) d’Annibal Carrache en est un exemple, tout comme La Vierge et l’Enfant (vers 1610-1612) d’Orazio Gentileschi ou la douce Sainte Agathe (1664-1665) de Carlo Dolci. Mais on trouve aussi des sujets profanes comme cette Scène de taverne avec un joueur de luth (vers 1619-1620) de Bartolomeo Manfredi. C’est avec ces quatre tableaux que se termine cette magnifique exposition dont on peut apprécier la qualité des panneaux didactiques ainsi que les nombreux cartels, intéressants et très lisibles. R.P. Musée Jacquemart-André 8e (01.45.62.11.59). Jusqu’au 20 janvier 2020. Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.


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