CHÂTEAU DU CLOS LUCÉ

Article publié dans la Lettre n°505 du 10 juin 2020



 
Pour voir le parcours en images et en vidéos du château, cliquez ici.

CHÂTEAU DU CLOS LUCÉ. En 1471, Estienne le Loup, conseiller de Louis XI, acquiert la terre du Cloux, située à quelque 400 mètres du château d’Amboise, où il surveille les travaux pour le compte du roi. C’est lui qui fait bâtir l’élégant logis en briques roses et pierre de tuffeau d’un blanc immaculé, qui s’organise autour d’une tour d’angle octogonale abritant un escalier à vis entouré de deux bâtiments à deux étages construits en équerre. En 1490, le domaine est acquis par Charles VIII et devient pendant deux cents ans demeure royale et résidence d’été des Rois de France. Louise de Savoie y élève ses enfants, le futur François Ier et Marguerite de Navarre, femme de lettres et auteur de l’Heptaméron. Au XVIIe siècle le domaine entre dans le patrimoine de la famille d’Amboise, qui le cède en 1854 à la famille Saint Bris, des industriels qui viennent s’installer dans la région et qui se prennent de passion pour ce château. Georges Saint bris et son épouse entreprennent les premiers travaux de restauration, font creuser un étang et créent un jardin à l’anglaise. Hubert et Agnès Saint Bris l’ouvrent aux visiteurs en 1954. Depuis lors les travaux de restauration et d’aménagements du logis et du parc vont bon train faisant du Clos Lucé, nom provenant peut-être de « Virgo Lucis », la Vierge de Lumière, l’une des fresques du petit oratoire du logis, l’un des domaines les plus visités des châteaux de la Loire.
Aujourd’hui la visite du logis se fait selon un parcours imposé, décrit dans un dépliant relativement détaillé, remis à l’entrée. Elle commence par une galerie, ancien chemin de ronde transformé à la Renaissance en une sorte de loge à l’italienne, qui conduit dans la chambre de Léonard de Vinci.
En effet, c’est dans cette demeure que le plus célèbre savant et artiste de la Renaissance a passé les trois dernières années de sa vie, de 1516 à 1519, invité en France par François Ier, qui l’avait nommé « Premier peintre, architecte et ingénieur du Roi ». La quasi-totalité du domaine lui est donc consacrée comme on le verra tout au long du parcours. Comme les autres pièces ouvertes à la visite, cette chambre est restaurée comme elle devait l’être à l’époque du Maître. Elle possède un magnifique lit Renaissance à baldaquin à côté duquel est accroché le tableau d’Ingres, François Ier reçoit les derniers soupirs de Léonard de Vinci (1818), une scène inventée puisque le Roi était ce jour-là à Saint-Germain-en Laye ! Parmi les autres objets, il y a une tapisserie d’Aubusson et un portrait de Sainte Catherine d’Alexandrie peint par Bernardino Luigi, élève de Léonard de Vinci.
La pièce suivante, la chambre de Marguerite de Navarre, sœur aînée de François Ier, est impressionnante par sa taille et son magnifique plafond à caissons. Elle est meublée avec un lit à baldaquin et d’autres meubles Renaissance et décorée de tapisseries. Dans des vitrines on y voit un charmant portrait de Marguerite d’Angoulême enfant attribué à François Clouet et un portrait de Maximilien d’Autriche peint par Albrecht Dürer.
Un escalier décoré de meubles anciens et de tapisseries conduit au rez-de-chaussée où l’on entrevoit l’oratoire d’Anne de Bretagne avec ses murs ornés de fresques et une vitrine remplie d’objets d’art religieux. On pénètre ensuite dans les ateliers de Léonard de Vinci. Les propriétaires actuels ont restitué les ateliers du Maître dans l’esprit d’une bottega, cet atelier pluridisciplinaire typique du Quattrocento, avec l’atelier du peintre, celui du sculpteur et celui des dessins. Rien ne manque, que ce soit les pinceaux, les pigments à partir desquels on préparait les couleurs, le four de cuisson, etc.
Une réplique du Saint Jean-Baptiste et une copie de la Sainte Anne datant du XIXe siècle, prêtée par le musée de Chambéry, rappellent, avec la Joconde dont on voit plus loin la copie faite par Ambroise Dubois à la demande de Henri IV, que Léonard avait emporté avec lui ces trois tableaux, aujourd’hui au Louvre, sur lesquels il aurait continué à travailler durant son séjour à Amboise. À côté des ateliers se trouvent la bibliothèque et un cabinet de curiosités et enfin un cabinet de travail ou studiolo.
Vient ensuite la plus grande pièce du logis, une magnifique salle de réception Renaissance ornée de tapisseries, de hallebardes et d’un tinel (une arme redoutable), meublée de sièges Renaissance recouverts de cuir de Cordoue. Cette pièce communique avec la vaste cuisine où parmi divers objets culinaires se trouvent des tapisseries, des plats d’offrande, des meubles du XVIe siècle et des confections diverses à base de fruits séchés !
De la cuisine un escalier mène au sous-sol d’où part un souterrain qui conduirait, selon la légende, jusqu’au château d’Amboise. Mais le plus intéressant, ce sont les maquettes réalisées par IBM en 1952 d’après les dessins originaux de Léonard. Celui-ci était un visionnaire, que ce soit dans l’art militaire ou en architecture, des qualités qu’il mettait bien avant celle de peintre, mais ses idées n’ont été que très rarement mises en pratique. Parmi la quarantaine de maquettes, se détachent le char d’assaut, l’arbalète et la catapulte géantes, la grande échelle d’escalade (ancêtre des échelles de pompiers), les mitrailleuses, le canon chargé par la culasse (il verra le jour au XIXe siècle), la carène à double coque (ancêtre des cloisons étanches), divers types de pont, le bateau à aubes, les instruments de mesure (distance, vitesse du vent, hygrométrie de l’air, etc.) et l’automobile.
La visite se poursuit dans l’immense parc de sept hectares Leonardo da Vinci, traversé par l’Amasse, un petit affluent de la Loire. François Saint Bris, le directeur du site, y a reconstitué, sur un hectare, un jardin avec les végétaux et les jeux d’eau que l’on voit dans les tableaux de Léonard de Vinci. Des maquettes mobiles géantes, que l'on peut manœuvrer, animent le reste du parc. L’hélice volante, le pont de bois en croisillons, le pont tournant, le char d’assaut, l’ornithoptère, la roue à écureuil, la vis d’Archimède, le chadouf, etc. prennent tout leur sens au milieu des dessins et tableaux du Maître, reproduits sur des toiles géantes suspendues aux arbres. On y trouve également un moulin à eau en état de marche et un pigeonnier pour 1000 couples de pigeons.
Des lieux pour se restaurer, pique-niquer ou faire des emplettes complètent ce site admirable, tout entier consacré à ce génie de la Renaissance qu’était Léonard de Vinci. R.P. Le Clos Lucé – Amboise (37). Ouvert toute l’année. Lien : www.vinci-closluce.com

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