CHRISTIAN LOUBOUTIN L'EXHIBITION[NISTE]

Article publié dans la Lettre n°501 du 15 avril 2019



 
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CHRISTIAN LOUBOUTIN : L’EXHIBITION[NISTE]. Ce jeu de mot dans le titre de cette exposition, exhibition en anglais, donne le ton de cette première grande manifestation consacrée au plus connu des ténors contemporains du soulier, à tel point que son nom est devenu un nom commun pour désigner ses créations, des Louboutin. Une exposition sur des objets de mode est souvent une surprise. Que va-t-on voir ? Comment sera la scénographie ? Telles sont les questions habituelles. Ici tout est inattendu, depuis l’escalier du Palais de la Porte dorée conduisant à l’exposition, entièrement décoré de noms et de slogans « Un soulier a bien plus à offrir que de marcher » jusqu’à l’antichambre, entièrement rouge, dont les murs sont « tapissés » de chaussures. La suite du parcours, divisé en onze « chapitres » est à l’avenant.
« Early years », salle dans laquelle sont rassemblées quelques-unes des premières créations de Christian Louboutin, telles que le soulier Maquereau, en peau de poisson, qu’il alla photographier clandestinement devant un aquarium de ce palais, qui abritait alors le Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, est décoré de huit vitraux. Ceux-ci ont été conçus spécialement pour cette exposition par le maître verrier Emmanuelle Andrieux avec les méthodes traditionnelles. Ils illustrent les éléments constitutifs du travail du créateur : La Parisienne, l’Art, le Voyage, la Création, la Couture, la Sexualité, le Spectacle, l’Artisanat. Parmi les 300 premiers modèles dessinés avant l’apparition, au début des années 2000, de la semelle rouge devenue iconique, on trouve ses fameux Pensées, les seuls déclinés en plusieurs couleurs, et d’autres, accompagnés de dessins, de magazines et d’objets divers utilisés pour la création.
On passe rapidement dans une pièce qui nous montre que la silhouette d’un soulier est la même quelle que soit sa taille et on pénètre dans la « Salle des trésors » où trône, sur un palanquin délirant, un immense soulier de cristal. Là-aussi, Christian Louboutin a fait appel à ses connaissances, à Paris, à Séville et à Calcutta pour qu’elles donnent corps à ce qu’il avait dessiné. Dans une alcôve, l’artiste pakistanais Imram Qureshi a peint, spécialement pour cette exposition, une installation couleur sang. Bien sûr, il y a aussi des souliers. Ce sont, parmi des milliers de modèles, les créations les plus emblématiques de leur concepteur. Leurs formes, les matériaux utilisés (broderies, cuir de Cordoue, écorce de bouleau, plexiglas, clous, scarabées naturalisés, etc.), les personnes pour lesquelles ils ont été conçus, sont autant de sujets d’étonnement.
En 2013, Christian Louboutin crée la série des Nudes, neuf souliers couleur chair, correspondant à tous les types de peau, de la plus claire à la plus foncée, pour donner l’illusion que l’extrémité de la jambe est nue. Pour cette exposition, il a demandé au duo d’artistes anglais Whitaker et Malem, spécialisé dans la sculpture et les habits en cuir (Batman, Captain America, …), de réaliser neuf sculptures déclinées selon les neuf couleurs de la collection des Nudes. Le spectacle de ces neuf sculptures de femmes nues se reflétant à l’infini dans des miroirs est saisissant.
La salle suivante, « L’Atelier » nous dévoile les outils et surtout la fabrication d’un soulier grâce à cinq petits films humoristiques où Christian Louboutin, microscopique et tout de rouge vêtu, participe plus ou moins aux différentes phases d’élaboration.
Nous entrons dans une salle digne d’un « salon de granny anglaise » où est amoncelé une multitude d’objets décoratifs. Il y a aussi une armoire remplie de souliers de toutes sortes, y compris des créations avec des clous menaçants, les spikes, sur lesquels certains fantasment alors que Louboutin les relie tout simplement à l’époque médiévale. Il en est de même pour le mobilier qui serait, vu de près, formé de combinaisons de corps transformés, celui du photographe Pierre Molinier (1900-1976) dont on verra des œuvres dans la dernière section. C’est avec ce salon trompeur que Christian Louboutin veut ainsi mettre en évidence les « Suggestions & projections ».
Nouveau changement d’ambiance quand on entre dans le « Théâtre bhoutanais ». Il s’agit d’une salle de spectacle avec des colonnes de bois sculpté où sont projetés deux hologrammes, ceux de l’effeuilleuse Dita Von Teese et de l’équilibriste du ballon Iya Traoré. Dans les niches, tout autour de la salle, sont exposés des souliers et des bottes, souvent extravagants, dont certains ont été créés pour des artistes comme Michael Jackson ou Dita Von Teese.
Plus loin, des panneaux couverts de photos et de dessins évoquent la vie de Christian Louboutin, depuis sa naissance en 1964 dans le 12e arrondissement, pas très loin du Palais de la Porte dorée où il se rendait fréquemment, jusqu’à aujourd’hui où il côtoie tous les people. C’est dans ce Palais que lui serait venu sa vocation en voyant un écriteau avec le dessin d’un soulier à talon aiguille barré, pour interdire son usage sur les mosaïques décorant le sol.
Nouveau spectacle pour évoquer, avec la vidéo A Reverie, de l’artiste néo-zélandaise Lisa Reihana, les moments forts de sa vie et de sa carrière professionnelle. Cette vidéo qui défile de droite à gauche à l’infini est conçue comme la fresque magistrale que Reihana avait présentée à Paris et à Londres en 2019, dans l’exposition « Océanie » (Lettre n°477).
On traverse une sorte de passerelle violemment rouge, « Le Pop Corridor », où Christian Louboutin évoque ses rencontres, autour d’un soulier, avec toutes sortes d’artistes, sa « famille rêvée ». Viennent ensuite les deux dernières sections. La première « Fetish », montre le fruit de la collaboration entre Louboutin et David Lynch pour lequel il imagine des souliers avec lesquels on ne peut pas marcher ! Semelles en voile, clous sortant à l’intérieur de la semelle, talon aiguille parallèle à la semelle, etc. David Lynch met en scène ces souliers avec des mannequins et les photographie.
Le dernier chapitre, « Un musée imaginaire », rassemble une centaine d’œuvres prêtées par des musées ou des collectionneurs privés montrant combien Christian Louboutin est sensible à toutes les cultures, toutes les époques, toutes les formes d’art et s’en inspire pour ses modèles. Une exposition magistrale et époustouflante, dont on se souviendra, même si on estime que des souliers, c’est fait pour marcher ! R.P. Palais de la Porte dorée 12e. Jusqu’au 26 juillet 2020. Lien : www.palais-portedoree.fr.

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