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 Parcours en images et en vidéos de l'exposition
 CHRISTIAN LOUBOUTIN L'EXHIBITION[NISTE]
 avec des visuels 
              mis à la disposition de la presse,
 et nos propres prises de vue
 
 
 Deuxième partie de l'exposition : Un musée imaginaire
   
              
                 
                        | 11 - UN MUSEE IMAGINAIRE
 
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                        | Scénographie indiquant la direction du Musée imaginaire |   
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                            .jpg)  Le  « musée imaginaire » a été conçu comme un hommage aux artistes et aux œuvres qui n'ont cessé  d'accompagner Christian Louboutin depuis son adolescence. Volontairement détachée  de ses propres créations, cette déambulation rappelle combien le Palais de la  Porte Dorée a agi sur lui comme un lieu de mémoire et d'inspiration, quand il  était encore Musée des Arts d'Afrique et d'Océanie, lieu des premières émotions  esthétiques, déclencheur des voyages à venir. Curieux et sensible à toutes les  cultures, sans hiérarchie ni distinction, Christian Louboutin aime  l'éclectisme, celui qui façonne son travail depuis près de trente ans : on  retrouve ici des moments de mode, le prisme de la peinture, les figures  iconiques de son panthéon personnel et amical, la culture queer, l'art du  Gandhara, l'art africain contemporain, la photographie, et une brassée d'objets  d'art, croix précieuses, couronne royale du Bhoutan, céramique de Wedgwood,  joyaux, art populaire, céramiques vernaculaires, des coquillages et des plumes.  De ce musée de partis pris, Christian Louboutin donne les clés, commentant                            chaque  œuvre choisie, comme si les inspirations devenaient ainsi de nouveaux points de  départ.
 
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                           DAMIEN HIRSTÀ l'école en France, on étudie au même moment les trois grandes  civilisations : romaine, grecque et égyptienne. Les enfants qui aiment les machines,  la guerre, l'ordre, le sport, le combat, les jeux : c’est Rome qu'ils préfèrent.  Les enfants plus littéraires, intéressés par la loi, la politique, la poésie,  le théâtre, la philosophie : c'est la Grèce. Et les enfants qui aiment le  dessin, l'imaginaire, les mystères, les mythes, les chimères : c'est l'Égypte.  Dans mon cas, c’était l'Égypte. J'ai adoré l'exposition de Damien Hirst «  Treasures from the Wreck of the Unbelievable », à Venise, en 2017 : une fiction  artistique racontée avec les moyens d'une superproduction hollywoodienne. Cette  exposition, dans le fond, était un nouveau chapitre de l'égyptomanie.
 
 
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                        | Texte du panneau didactique |  | Damien Hirst. Tadukheba, 2011. Marbre de Carrare. Collection particulière. |  
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                        | Scénographie  |  
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                            La Vague perpétuelle (circa 1980) a été popularisée par Jean Jacques Beineix  dans le film Diva (1981) comme clin d'œil à la Nouvelle Vague  cinématographique. On retrouve cette sculpture dans un certain nombre de plans. |  
                        | Anonyme. Lampe « Pigna » blanche, 20e  siècle. Céramique. Collection particulière. |  |                           - Bernard Faucon. A quoi ça ressemble la fin du désir ? Série « Les écritures ». 1991/92 - Tirage 2019. Tirage photographique. Collection particulière.- Vague perpétuelle, vers 1980.
 
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                          - Carl Cauer. Foot of a dancer, 1856. Marbre. Collection Ömer Koç.- Anonyme. Lot de céramiques d'Iznik, 16e - 20e siècle. Céramique peinte. Collection Ömer Koç.
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                        | ÖMER KOÇCette œuvre appartient à mon ami Turc Ömer Koç qui est pour  moi l'exemple parfait de l'esthète accompli. Chez l'esthète, tout procède du  même univers, du même raffinement, on sent une continuité, une coloration. Dans  l'idée que je me fais de l'esthète, il y a une forme d‘obsession, non pas sur  une chose en particulier, mais sur tout ce qui fait partie de la vie. C’est la  différence avec une personne qui aurait uniquement du goût, ou qui nourrit une  passion pour un domaine précis, sans se mêler du reste. Les maisons, les  collections et l'art de vivre d’Ömer sont un ravissement.
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                            ROMUALD HAZOUMÈL’art international reste encore dominé par un regard très européen,  très waspy : on peut trouver intéressante et exotique une sculpture africaine  mais on refusera toujours de lui accorder la même importance qu’une œuvre  européenne ou nord-américaine. Ce regard est condescendant et teinté des restes  de I'héritage colonialiste. La collection de Jean Pigozzi, grâce notamment au travail  du galeriste André Magnin, va à l'encontre de l'ordre établi  et remet à leur juste place des artistes  extraordinaires comme Romuald Hazoumè qui revisite l'histoire de la sculpture  africaine avec ses masques imaginés et fabriqués à partir de morceaux du  quotidien, débris, plastiques, plumes.
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                        | Défilé YSL et Claude Lalanne, 1969. |  | Romuald Hazoumè. Tobago, 2019. Bidon en plastique,  plumes, fils de cuivre. Collection particulière. |  
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                        | Scénographie avec, à gauche, Indiens Tapirapé, Brésil. Masque Cara Grande, 19e - 20e  siècles. Plumes, bois, fibres végétales, nacre d’eau douce et coton tressé.  Collection particulière.
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                        | - Oscar Niemeyer. Banc « Marquesa », 1974. Bois  laqué noir et cannage. Collection particulière. - Sabyasachi Mukherjee. Charbagh. Collection Bridal Hiver 2019.  Broderie zardosi sur velours. Calcutta (Inde). Sabyasachi Couture.
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                          - La couronne de sa majesté la reine Jetsun Pema du  Bhoutan, 2019. Techniques  traditionnelles bhoutanaises, reproduction à l’identique de l’original. Prêt  exceptionnel du Royaume du Bhoutan.- Couronne de théâtre ? Fin du 18e et début du 19e.  Angleterre : Intailles de Charles Brown (1749-1795), moulée en verre.  Porcelaine dure nouvelle, or.
 - Elkington & Cie. Couronne reliquaire dite « Couronne de  Liège », circa 1888. Reproduction galvanoplastique en cuivre doré,  argenté, avec un décor en résine teintée de la couronne offerte par Saint-Louis  aux Dominicains de liège en 1270 (aujourd’hui conservée au musée du Louvre). Paris,  Musée des Arts Décoratifs.
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                        | COURONNESLa couronne, c'est finalement un soleil dont les rayons ont  été relevés : la tête et le cerveau deviennent un centre lumineux adorné par  une sorte de cercle astral. J'apprécie les formes qui reposent sur une  explication symbolique simple. Par extension, j'aime les tiares, les turbans,  les diadèmes, les fez, le croissant de Diane, les chignons ornés, presque tous  les ornements de tête.
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                          Anne et Patrick Poirier. Ruines d’Égypte (éléments du surtout),  1980-2005. Porcelaine dure nouvelle, or. Sèvres, Manufacture et Musées  nationaux.
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                        | RUINESL’égyptomanie, c’est la façon dont chacun peut fantasmer  l'Égypte et c'est inépuisable. J’aime l'Égypte, et du coup, assez  naturellement, j'aime aussi l'égyptomanie. Ce surtout imaginé par Anne et  Patrick Poirier et réalisé par la manufacture de Sèvres est un clin d'œil à  celui dessiné  par Vivant Denon, le  premier directeur du Louvre, pour Napoléon au début du XIX° siècle. J’aime la  beauté de ce paysage de ruines, comme une promenade, celle qui me porte souvent  sur le site des colosses de Memnon au pied de la montagne thébaine.
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                          Janine Janet. Le Roi, 1959. Bois et métal. Paris,  Musée des Arts Décoratifs.   |  | Tête auréolée de Bodhisattva. Gandhara (actuel Pakistan), 1er – 3e  siècle. Schiste gris bleu. Collection particulière. |  
                        | JANICE JANETJanine Janet a conçu beaucoup de vitrines pour Balenciaga  dans les années 1950, dont cette sculpture, le Roi. C'est elle qui a dessiné  les costumes et les décors du Testament d'Orphée de Jean Cocteau. Janine Janet  a réalisé beaucoup d'objets dans le domaine de la rocaille, avec des coquillages  et des minéraux. Comme chez Line Vautrin, son travail dépasse la frontière qui  délimite l'art de l'artisanat. Janine Janet est une artiste et elle est aussi  un artisan. Il y a plein d’artisans qui ne sont pas des artistes, plein  d'artistes qui ne sont pas artisans et elle, j‘estime qu’elle est les deux à la  fois.
   | ART DU GANDHARAL'art du Gandhara résulte du métissage de I’art grec et de  l'art indo-bouddhiste, ce qui donne une statuaire très singulière, de sangs  mêlés dans la pierre : c’est un peu comme si un Grec et une Afghane s‘étaient  mariés et avaient eu des enfants, dans les visages desquels se seraient lues  leurs origines mélangées. J'aime les croisements de civilisations, ou chacun  apporte à l'autre le meilleur de soi, ou bien un rêve de l'autre. Ce qui  m’intéresse, dans cette statuaire extraordinaire, c’est aussi la part de  féminité qui s’invite dans une esthétique très masculine.
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                          - Indiens Hopi, Arizona,  USA. Masque « Lacoué Mana », circa 1890. Bois, plumes, pigments, fils de laine. Collection particulière. - Indiens  Zuni, Nouveau Mexique, USA. Masque  serpent à sonnette, circa 1920-1930. Bois, plumes, fils de laine.  Collection particulière.
 - Indiens Acoma, Nouveau Mexique, USA. Masque oiseau, circa 1890. Bois, plumes  et matériaux divers. Collection particulière.
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                        | POUPÉES KACHINAS ET ZUNIS, MASQUES HOPISLes poupées Kachina et zunis me fascinent ainsi que les  masques hopis de racine indo-américaine. Je ne sais pas trop pourquoi. Moi qui  prise les lignes courbes, ici il y en a peu, mais j'aime la rigueur géométrique  de ces objets, la construction graphique soulignée par les couleurs, les  visages découpés, les yeux en forme de rectangles.
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                        | Pierre Molinier. L'Enfant-Homme. Planche 38 du Chaman et ses créatures. Photomontage, circa 1969. Tirage argentique d'époque sur Agfa doux. Collection particulière. |  | Pierre Molinier. Les Bottes. Planche 14 du Chaman et ses créatures. Photomontage, 1968. Tirage argentique d'époque sur Agfa doux. Collection particulière. |  
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                          PIERRE MOLINIEROn dit souvent que le fond est plus important que la forme.  Je ne suis pas toujours d’accord avec cette affirmation. Chez Molinier, le fond  est au service de la forme, son travail est ornemental. J’adore son écriture,  ces kaléidoscopes calligraphiques qu’il confectionne. Molinier se  photographiait lui-même et réalisait des collages de ses différentes poses.  C’est par lui qu’il veut être vu et regardé : la première personne à qui il a  envie de plaire complétement, et qu'il ne veut pas décevoir, c'est lui-même.
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                        | Pierre Molinier. Je rampe vers Gehamman. Planche 25 du Chaman et ses créatures. Photomontage, 1968. Tirage argentique d'époque sur Agfa doux. Collection particulière. |  |  |  
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                        | Scénographie  |  
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                          Helmut Newton. Big Nude Paris - Big Nude V, 1980 -  tirage 1992. Tirage gélatino-argentique contrecollé sur aluminium. Paris,  Collection Maison Européenne de la Photographie.
                            |  | Allen Jones. Smokescreen, 1997. Huile sur toile. Propriété  de l’artiste. |  
                        | HELMUT NEWTONHelmut Newton, c'est le corps féminin sublimé, dont émane le  sentiment de pouvoir. Newton n‘est pas quelqu’un qui voit le corps féminin  comme un corps lascif ou comme un corps-objet, mais bien plutôt comme un corps  dominant. Le soulier est très important dans son oeuvre et personne n'a fait  autant de nus avec des souliers qu'Helmut Newton, montrant par là qu’une femme  paraît encore plus nue lorsqu'elle porte des souliers, chose qui évidemment me  parle.
 | ALLEN JONESQuand on pense au travail d'Allen Jones, ce sont le plus  souvent ses meubles composés de corps féminins, hyper réalistes, qui viennent à  l'esprit, de véritables sculptures érotiques. Pour tout dire c'est son travail  graphique et pictural que je préfère, avec ses tonalités très Pop, son sens de  la courbe, et cette manière unique qui est la sienne de donner de la tension  sensuelle, du sex appeal, aux jambes qu'il peint. Tout l'élan de ce tableau se  trouve dans la continuité du soulier et du talon, le côté vibrant, dans une  explosion de couleurs. Alors évidemment ça me parle.
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                          - Anonyme. Vase en forme de  tête de femme, non daté. Céramique caltagirone. Collection particulière. –  Anonyme. Chandelier. Mexique, 20e siècle. Céramique. Collection  particulière.
 – Anonyme. Vase en forme de tête d’homme, non daté. Céramique  caltagirone. Collection particulière.
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                        | CÉRAMIQUE POPULAIREDans l'artisanat populaire, même quand il y a des  particularités stylistiques fortes qui indiquent l'existence d’un auteur, l'individu                        s‘efface derrière la création : généralement les objets ne  sont pas signés, comme s’ils appartenaient avant tout à une culture, à une  communauté. Ce goût communautaire, universel presque, et cette générosité à  abandonner l'individualisme, c’est une chose que je trouve noble et émouvante.
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                          - Roger Vivier pour  Christian Dior. Escarpin, 1955. Tulle  or, broderie de fils cuivrés, strass et cabochons. Paris, Musée des Arts  Décoratifs. – Pierre Hardy. Sandales.  Collection Automne - Hiver 2015. Veau velours. Paris, Musée des Arts Décoratifs.
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                        | ROGER VIVIERRoger Vivier est le plus grand dessinateur de souliers de  tous les temps, capable de faire des pièces extrêmement simples, avec des  lignes très pures, aussi bien que des modèles très alambiqués : il a été un  maître sur les deux tableaux. En 1987, je me suis occupé de l'exposition Roger  Vivier au musée des Arts décoratifs. J’ai beaucoup appris à son contact. C'est  lui qui m'a transmis l'importance de la forme dans la conception du soulier.
   |  | PIERRE HARDYÀ mes yeux, Pierre Hardy est le personne la plus  intéressante aujourd'hui dans son approche du soulier, C’est très  architectural, avec des références au Bauhaus et au design, par moments on  croirait aussi des collages constructivistes. Grâce à son travail sur les  lignes droites et les couleurs, certains de ses souliers sont de véritables  sculptures.
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                          - Line Vautrin. Miroir « Papyrus », circa  1960. Talosel et incrustations de miroir. (Les reflets dans la glace sont ceux des esquisses de Christian Louboutin accrochées en face). Collection particulière. - Pyrites à deux cubes, non daté. Gisement  de Navajún, province de la Rioja, Espagne. Collection particulière.
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                        | LINE VAUTRINLes objets de Line Vautrin naviguent entre les arts  décoratifs, la mode, les bijoux, l'artisanat, l'art, la sculpture. J’ai  toujours adoré les personnalités dont les œuvres ont une ombre portée sur  d'autres domaines que le seul cœur de leur travail. C'est le propre de  l'esthète. Chez Line Vautrin, ce que j'aime, c'est la récupération de matériaux  ordinaires pour créer des objets luxueux. Elle a inventé une matière qui est  devenue son identité esthétique : le Talosel, que l'on retrouve dans les pièces  ici exposées.
   |  | CRISTAUX ET GEMMESJ’aime quand on a le sentiment d'une fabrication. Qu'il  s'agisse d'une personne, d'une œuvre ou d'un objet, ce qui est intéressant,  c'est de percevoir une personnalité, un goût, une folie. C'est pour cela que j'aime  les gemmes et les minéraux, parce qu'on a souvent l'impression d'une  constellation, d'une installation, d'un micromonde. Comme si un génie  complétement fou était intervenu pour les créer, les inventer.
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                          ART PRÉCOLOMBIENJ'ai toujours adoré tout ce qui est aztèque, précolombien,  olmèque, toltèque. Cela me vient de ma lecture, enfant, de deux albums de  Tintin, L ‘Oreille cassée et Les Sept Boules de cristal : c‘est par Tintin que  j'ai commencé à voyager et à avoir envie de découvrir d'autres cultures. À  l'inverse de la sculpture grecque, romaine ou même bouddhique, on trouve dans  l'art précolombien une dimension presque minimaliste, abstraite et ludique qui  m‘enchante.
   
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                        | Anonyme. Guerrier aztèque, porte-étendard, circa  1500. Mexique. Pierre volcanique. Collection particulière. |  | Line Vautrin. Pyrite à deux cubes. |  
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                        | Christian Louboutin. Ensemble de dessins, 1991-2019.  Techniques variées. Archives Maison Christian Louboutin.  |  
                        | ESQUISSESPar un principe défini pendant la conception de  l'exposition, le « Musée Imaginaire » ne contient aucun soulier signé de  Christian Louboutin : l'idée première a été d'y éviter le dialogue réducteur et  littéral dans lequel les œuvres d'art se retrouvent trop souvent convoquées  pour servir d'illustrations ou de faire-valoir à des créations de mode. Si les  souliers ne sont pas ici exposés, une série de croquis de la main de Christian  Louboutin vient cependant rappeler combien la mémoire de l'art, et jamais sa reprise  directe, la manière dont l'imagination s'en saisit et la transforme, inspire un  travail graphique libre, où le dessin donne à voir ce qui se passe durant la  conception des modèles et d'une collection, quelquefois sans finalité ni  aboutissement, et comment l'esquisse capture la flânerie de l'esprit, recrée  une vision, fait naître un modèle, au-delà du plaisir tangible et réel de  dessiner.
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                          Attribué à François Quesnel. Portrait de Louis de Beauvau à l’âge de  29 ans, circa 1598. Huile sur toile. Collection particulière.
                            |  | Gogote de Fontainebleau. Période oligocène (-34 à -23 Ma). Concrétion gréseuse.  Collection particulière. |  
                        | PORTRAIT DE LOUIS DE BEAUVAUCe qui fait la beauté de ces jambes, c’est bien sûr la  finesse des membres mais aussi que cet homme porte un soulier qui est  exactement de la couleur de ses bas, comme si ils étaient sa peau : la  proportion de la jambe va jusqu’au bout du soulier. Cet effet est précisément  celui recherché par les Nudes, ces souliers que je fais dans différentes  couleurs de peau, de brun foncé à rose pâle. Le soulier de la couleur de la  peau est un soulier qui conserve la nudité, qui n'habille pas mais au contraire  continue de déshabiller la jambe.
   | COQUILLAGESLa représentation du coquillage est ancienne et  omniprésente. Je ne crois pas qu'il y ait d'éléments de la nature qui n‘aient  été autant célébrés, sous des formes aussi nombreuses et variées. Ce motif  revient à toutes les époques et partout dans le monde, y compris dans les pays  où les civilisations loin de la mer, au Bhoutan par exemple, ou l'on trouve des  coquilles sur des sceptres et sur des instruments de musique.
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                          - Croix, 19e siècle, Éthiopie. Laiton. Paris,  Musée du quai Branly - Jacques Chirac.- Croix de Bénédiction. Époque byzantine (395-641). Bronze.  Paris, Musée du Louvre. Département des Antiquités égyptiennes.
 - Anonyme. Appliques décoratives de sépulture à char. La  Garenne Colombes, Hauts-de-Seine « Sablière Hubert », 6e siècle av.  J.-C. Musée d’Archéologie nationale - Domaine de Saint-Germain-en-Laye.
 - Croix pectorale : Bras ornés d’une tête. Italie,  quatrième quart du 6e siècle. Or. Paris, Musée de Cluny. Musée  national du Moyen Âge.
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                        | CROIXEn architecture il y a les formes pures, élémentaires, comme  le triangle, le carré, le rectangle, le losange, le cercle ou encore l'ellipse.  Et juste après, je citerais la croix : la croix est la première forme non  géométrique qui soit une forme pure. J‘ai toujours adoré les croix. La seule  chose que j’ai demandé de garder de ma mère est la croix creuse quelle portait.
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                        | Andy Warhol. Flowers, 1964. Acrylique et encre  sérigraphique sur toile. Lugano, collection particulière. |  | 
                          Victoire de Castellane. Lunae Lumen Satine Mummy Blue, 2013. Or  jaune et blanc, platine, émeraude, diamants, laque de couleur, socle en argent.  Victoire de Castellane, créatrice de joaillerie.
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                        | ANDY WARHOLQuand j‘ai dessiné mon soulier Pensée, je pensais aux  Flowers de Warhol. Je ne me suis référé à aucun document, aucun livre, j'avais  ce tableau en tête et j’ai essayé de le citer de mémoire dans mon dessin. Après  l’avoir terminé, je me suis rendu compte que ça n’avait rien a voir. Mais comme  je me référais malgré tout à Warhol, j'ai immédiatement pensé à décliner ce  soulier dans différentes couleurs. C'est la seule fois que je l’ai fait dans  mon travail et c’est ce qui m’a amené à l'idée de la semelle de couleur : la  seule façon de retrouver la force du dessin originel dans le soulier fini était  de remplacer le noir de la semelle par une couleur, en l'occurrence celle du  vernis à ongles rouge de mon assistante de l'époque.
   | VICTOIRE DE CASTELLANEVictoire de Castellane pourrait prétendre au titre de Trésor  national vivant : elle est l'un des plus grands joailliers de l'Histoire. Son  travail est très personnel et singulier, flamboyant, non dénué d’humour ou de  fantaisie, mais il témoigne aussi d’une culture historique du bijou français,  d’un œil français, d’un savoir-faire spécifiquement français. Je pourrais tout  à fait comprendre qu’une personne donne tout ce qu'elle possède pour acquérir  l'un de ses bijoux. Elle incarne vraiment l'idée du trésor.
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                        | Clovis Trouille. La Voyeuse, 1960. Huile sur toile. Collection  particulière. |  | 
                          Paradisier Grand-Émeraude (paradisaea apoda), non daté. Oiseau naturalisé. Collection particulière.
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                        | CLOVIS TROUILLEIl y a chez Clovis Trouille quelque chose d’un peu  immature, fantasque et irrévérencieux qui me plaît, à la frontière entre  l'enfance et l'âge adulte, entre la peinture et ce qui pourrait paraître  relever de la bande dessinée. Ils sont rares les artistes qui ont la faculté  d’être perçus par les enfants comme faisant partie de leur monde, alors qu’ils  ne sont pas des artistes qui s‘adressent exclusivement aux enfants, ce qui est  le cas de Clovis Trouille. C’est pour moi une grande qualité.
   | PLUMESJ’ai toujours associé les plumes aux oiseaux, mais aussi aux  danseuses de music-hall et de revues de cabaret. Enfant, quand je voyais des  danseuses sur scène, je les voyais comme des oiseaux. Pour moi, il n’y avait  pas de costumes. De manière naturelle et physique, à mes yeux, les plumes  c’étaient les oiseaux, mais c’étaient aussi des danseuses. La seule chose  qu’elles avaient et que n’avaient pas les oiseaux, c’étaient les souliers.  C’est pour cette raison que je me suis intéressé aux souliers et que j’ai  d’abord voulu en dessiner pour les danseuses.
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                          - Imran Qureshi. Monologue ,  2019. Gouache sur papier. Collection particulière. 
                        - Imran Qureshi. Monologue ,  2019. Gouache sur papier. Collection Thaddaeus Ropac, London - Paris -  Salzburg.   |  
                        | IMRAN QURESHICe que j’apprécie, avec les miniatures, c’est qu'on doit  s'approcher pour les regarder, on peut entrer à l'intérieur, on ne reste pas  spectateur d’un panorama. J’adore la délicatesse du travail d’Imran Qureshi.  Quand il peint des situations violentes, il le fait avec douceur, ce qui me  touche beaucoup. La violence dans la douceur, la douceur dans la violence, ce  mélange, c'est quelque chose qui m’intéresse. Je n’aime pas les œuvres  violentes de leur seule violence. Dans la démarche sur talon haut, il y a une  douceur, une sensualité, mais il y a aussi comme une prise de pouvoir, une  affirmation, les deux peuvent parfois s‘opposer.
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                        | Pierre et Gilles. La Madone voilée (Farida Khelfa), 2018.  Photographie imprimée par jet d’encre sur toile et peinte. Collection  particulière. |  | 
                          James Bidgood. Le Matador, début des années 1960.  Impression numérique à partir d’un négatif. Collection particulière.
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                        | PIERRE ET GILLESTrès souvent, l'œuvre de Pierre et Gilles joue des modèles  comme des icônes aux yeux grands ouverts, comme à travers le regard d'un  enfant. Ils ont été des précurseurs en ceci qu'ils ont très tôt épuré, lissé  les visages de leurs modèles, pour les rendre encore plus beaux. Ils veulent  toujours embellir pour enchanter. Leur travail se nourrit de gentillesse et de  sourire. Ils ont perpétué dans le domaine de l'art, le genre populaire du  portrait, voir du poster de célébrité, mais combiné à l'idée du sacré, de la  religion, de l'adoration païenne et du culte rendu à une divinité.
   | JAMES BIDGOODJames Bidgood est l’auteur d’un film culte et fondateur dans  la communauté homosexuelle : Pink Narcissus. Bidgood n’en ayant pas revendiqué  la paternité pendant de longues années, son film a été tour à tour attribué à  Paul Morrissey, Kenneth Anger et Andy Warhol. Comme il était anonyme, beaucoup  d’artistes se sont inspirés de son esthétique et de son iconographie fortement  identitaires, comme si elles étaient un bien commun du milieu gay, alors  qu’elles avaient été entièrement inventées par Bidgood. Après de multiples  péripéties, il a fini par s'en déclarer l’auteur et c'est ainsi qu’il a  réapparu comme artiste majeur.
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                        | Eyvind Earle. Desert Monument, 1993. Huile sur  panneau. Collection particulière.  |  
                        | EYVIND EARLEEyvind Earle a signé les décors des films de Disney des  années 50. Peter Pan, La Belle et le Clochard, La Belle au bois dormant, c'est  sa patte, c'est son dessin. L'œil ne sait pas toujours, quand il tombe sur une  œuvre d’Eyvind Earle, s'il est devant une peinture ou dans un univers féerique  provenant des dessins animés qu'il a imaginés. Comme son écriture visuelle  vient d'un autre monde que celui de le peinture traditionnelle, quand on regarde  ses œuvres c'est comme si le cerveau se mettait en marche avec des souvenirs  inconscients. Il y a une impression de déjà-vu, un impact, qui doivent venir  des zones profondes de la mémoire, des réminiscences de l'enfance.
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                          Bodys Isek Kingelez. Mongolique soviétique, 1989. Carton, polystyrène, plastique et divers matériaux. Genève, CAAC. Collection Pigozzi.
                            |  | Soulier de Mae West, circa 1930. Cuir et liège. Collection particulière. |  
                        | BODYS ISEK KINGELEZL‘art international reste encore dominé par un regard très  européen, très waspy : on peut trouver intéressante et exotique une sculpture  africaine mais on refusera toujours de lui accorder la même importance qu‘une  œuvre européenne ou nord-américaine. Ce regard est condescendant et teinté des  restes de l'héritage colonialiste. La collection de Jean Pigozzi, grâce  notamment au travail du galeriste André Magnin, va à l'encontre de l'ordre  établi et remet à leur juste place des artistes extraordinaires comme Bodys  Isek Kingelez et ses architectures exceptionnelles, entre utopie d’un autre  monde, poésie d’une totale liberté et le rêve de cités improbables.
   | MAE WESTJ’ai toujours eu une véritable passion pour Mae West. Tout  le côté théâtral et frondeur de Mae West est présent dans ce soulier, ainsi que  son rapport à l'illusion. Comme elle était toute petite et qu'elle portait  toujours des robes longues, elle faisait ajouter des plateaux très épais sous  ses souliers. À la fin de sa vie, des roulettes fixées sur ces plateaux lui  permettaient de rouler tout en marchant. Parmi les démarches les plus  importantes de l'Histoire du cinéma, il y a celle de Marylin, la plus belle de  toutes, et ensuite celle de Mae West : il me suffit de la regarder marcher pour  être heureux.
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                        | David Rochline. Fresque pour un projet d’aquarium, 2013.  Technique mixte. Collection particulière.(Voir ci-dessous détails de la fresque)
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                        | DAVID ROCHLINEDavid Rochline réalisait des fresques qui, pour lui, étaient  comme un studio à Hollywood. Il se sentait comme Josef Von Sternberg sur le  tournage d'un film, il dirigeait Marlène au milieu d'une armée de figurants et  de techniciens. Il ne fonctionnait qu’aux obsessions et, toute sa vie, il a été  obsédé par Marlène. Il connaissait tout sur Marlène. Toutes les femmes des tableaux  de David étaient « marlènisées » : leurs visages reprenaient les yeux de  Marlène et leur corps les courbes de Marlène. Et moi aussi, j'adore Marlène.
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                        | David Rochline. Fresque pour un projet d’aquarium, 2013, détail.  |  
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                        | David Rochline. Fresque pour un projet d’aquarium, 2013, détail. |  
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                        | David Rochline. Fresque pour un projet d’aquarium, 2013, détail. |  
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                        | David Rochline. Fresque pour un projet d’aquarium, 2013, détail. |  
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                        | Bertozzi et Casoni. Buste. Matériaux divers. |  | 
                          Malene Hartmann Rasmussen. My Inner Beast, 1, 2017. Céramique  Collection Ömer Koç.
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                        | BERTOZZI ET CASONIJ’aime la capacité des meilleurs artistes et artisans à  dépasser la maîtrise parfaite de leur art et de leur savoir-faire. Ce buste en est  un exemple, une œuvre à la manière d’Arcimboldo où dialoguent la céramique, les  éléments de métal, des bouts de plastique. Il faut beaucoup de talent pour se  jouer des codes et des illusions. Duo de céramistes italiens formés à Faenza,  Bertozzi et Casoni me séduisent pour cette raison.
   | ÖMER  KOÇCette  œuvre appartient à mon ami Turc Ömer Koç qui est pour moi l'exemple parfait de  l'esthète accompli. Chez l'esthète, tout procède du même univers, du même  raffinement, on sent une continuité, une coloration. Dans l'idée que je me fais  de l'esthète, il y a une forme d‘obsession, non pas sur une chose en  particulier, mais sur tout ce qui fait partie de la vie. C’est la différence  avec une personne qui aurait uniquement du goût, ou qui nourrit une passion  pour un domaine précis, sans se mêler du reste. Les maisons, les collections et  l'art de vivre d’Ömer sont un ravissement.
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                        | Poupées Kachina et zunis.  |  
                        | POUPÉES KACHINAS ET ZUNIS - MASQUES HOPlSLes poupées Kachina et zunis me fascinent ainsi que les  masques hopis de racine indo-américaine. Je ne sais pas trop pourquoi. Moi qui  prise les lignes courbes, ici il y en a peu, mais j’aime la rigueur géométrique  de ces objets, la construction graphique soulignée par les couleurs, les  visages découpés, les yeux en forme de rectangles.
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                        | René Buthaud. Vase « Nus aux gazelles ».  Circa 1930. Terre cuite émaillée. Collection particulière. |  | 
                          Richard Avedon. Bouglione avec un boa, 1955. Tirage  argentique. Collection Passebon.
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                        | VASE DE LA PORTE DORÉEJe suis tombé un jour sur une photographie de ce vase dans  le catalogue d‘une vente à Drouot. II m‘a tout de suite sauté aux yeux, car,  pour le réaliser, le grand céramiste Art Déco René Buthaud s‘était inspiré du  style de la façade du Palais de la Porte Dorée. Tout à coup, beaucoup de  souvenirs me sont revenus, car enfant j'habitais à proximité de ce bâtiment,  qui abritait alors le Musée des Arts africains et océaniens, où j‘allais  souvent me promener. Mon goût des objets provient de ces fréquentes visites. Et  ma vocation est un peu née dans ces murs : j‘étais fasciné par un écriteau sur  lequel était dessiné un escarpin à talons aiguilles barré d‘un trait rouge.
   | CIRQUECe portrait d’Émilien Bouglione me captive. Il pose, il  regarde bien le photographe, mais on sent dans toute sa présence la vie du  cirque : la concentration, le voyage, l'isolement, la musique, les numéros qui  s‘enchaînent, la famille, le bâton de la tradition. J'adore le cirque depuis  l'enfance, pour les couleurs, les plumes, les costumes, les brandebourgs, les  animaux, les chapiteaux, les pistes, les cerceaux et surtout les trapézistes,  le côté « on n’a peur de rien », la légèreté dans le péril.
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                        | - Manufacture de Wedgwood.  Ensemble de médaillons, 2020. Céramique. Commande réalisée pour l’exposition. -  Josiah Wedgwood and Sons (manufacture), William Hackwood (dessin). Médaillon,  circa 1787, Etruria. Céramique. Londres, Victoria and Albert Museum.
 - Manufacture  Ltd Wedgwood & Sons. Service à thé, 1785-1790. Grès fin. Paris, Musée des  Arts Décoratifs.
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                        | MÉDAILLON DE WEDGWOODLa famille Wedgwood était très engagée en faveur de l’abolition  de l'esclavage. Lorsqu’elle vendait des porcelaines, elle offrait à sa clientèle  ce médaillon pour dénoncer l’esclavagisme : c’est à ma connaissance le premier  pin’s de histoire. Une idée reçue voudrait que les personnes s’intéressant aux  arts décoratifs seraient nécessairement superficielles et élitistes,  indifférentes à la marche du monde, ou opportunistes. C‘est naturellement  absurde et ce médaillon produit par Josiah Wedgwood dès 1787 en fournit une  preuve supplémentaire.
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                        | Jean-Noël Lavesvre. Ensemble de sculptures, 2016-2019. Terre  cuite. Collection particulière et collection de l’artiste.  |  
                        | JEAN-NOËL LAVESVREUne des choses qui me fascinent le plus dans le travail de  certains artistes, c’est le côté sexy, désirable, qu’ils parviennent à donner à  leurs œuvres, quand, à travers un dessin, une œuvre, on perçoit une sensualité.  Pour moi, Jean-Noël Lavesvre a une patte incroyablement sexy et sensuelle.  C’est assez rare : on l'a ou on ne l'a pas, on ne peut pas apprendre à avoir un  travail sexy, c’est, je pense, la chose la plus difficile à acquérir, c’est de  l'ordre du très mystérieux où se loge le sexy.
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