CAMILLE CLAUDEL, PAUL CLAUDEL :
LE RÊVE ET LA VIE

Article publié dans la Lettre n° 465
du 31 octobre 2018


 
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CAMILLE CLAUDEL, PAUL CLAUDEL : LE RÊVE ET LA VIE. A l’occasion des 150 ans de la naissance de Paul Claudel, le musée Camille Claudel présente une exposition consacrée au dialogue artistique entre Camille Claudel (1864-1943) et son frère Paul (1868-1955). Cécile Bertran, commissaire de cette exposition, a voulu montrer ainsi que Paul Claudel n’est pas seulement cet homme qui a fait interner sa sœur mais qu’il est aussi celui qui a défendu son œuvre.
Le parcours se divise en trois parties. La première, « Des années d’enfance à l’internement de Camille Claudel », retrace la trajectoire des deux artistes. Cela commence par « Les jeunes années (1864-1881) », marquées par les séjours chez la grand-mère maternelle dans l’Aisne, où Paul situe le cadre de l’acte III de La Jeune Fille Violaine, et par la vocation d’artiste de Camille, encouragée par Alfred Boucher (1850-1934), jeune sculpteur nogentais qui commence à connaître le succès à Paris. C’est lui qui la présente à son ami Auguste Rodin (1840-1917) dont elle deviendra l’une des praticiennes, son modèle, son inspiratrice, sa confidente et son amante.  Pendant ce temps Paul Claudel poursuit ses études au Lycée Louis-le-Grand et passe le concours du ministère des Affaires étrangères, tout en publiant Tête d’or, sous couvert d’anonymat. Le frère et la sœur voyagent ensemble à Londres où Camille introduit Paul dans les milieux artistiques tandis que ce dernier l’emmène à Paris dans les cercles symbolistes.
À partir de 1893, Camille Claudel s’éloigne progressivement de Rodin jusqu’à leur rupture définitive en 1898 et se consacre à son propre travail, créant ses œuvres majeures comme Clotho et l’Âge mûr. Pendant ce temps Paul Claudel quitte la France pour occuper des postes de diplomates aux États-Unis puis en Chine. En 1905, Paul et Camille partent ensemble dans les Pyrénées. Cette dernière commence alors le buste de Paul Claudel à trente-sept ans. Après Paul Claudel enfant (vers 1878 – vers 1900 ?), Mon frère (vers 1882), c’est la troisième sculpture de Paul réalisée par Camille Claudel.
Cette première partie se termine par l’évocation de l’internement dans un asile d’aliénés de Camille Claudel en 1913, à la demande de sa mère et de son frère. S’il semble certain que Camille avait sombré dans la paranoïa et ne pouvait plus se prendre en charge, il est tout aussi certain que sa mère ne vint jamais la voir et que son frère ne lui rendit visite que douze fois en trente ans. La Commissaire justifie cela par la guerre et l’éloignement de Paul Claudel, alors ambassadeur dans différents pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Il n’en reste pas moins vrai que Camille, comme de nombreux aliénés, mourra, en 1943, de malnutrition dans l’asile de Montfavet (Vaucluse). L’exposition ne le dit pas, mais sa famille n’assistera pas aux obsèques et surtout ne réclamera pas son corps, qui fut inhumé dans une fosse commune.
La deuxième partie « Du Japonisme au Japon », montre comment Camille et Paul Claudel découvrent ensembles, comme tous les artistes européens, les arts du Japon et se les approprient, chacun à sa manière. Pour illustrer cela, l’exposition nous présente Les Causeuses (1893-1905) et surtout la Tête de vieil aveugle chantant (vers 1884). Quant à Paul, il demanda à occuper des postes diplomatiques en Chine et au Japon, alimentant de leurs arts sa propre production littéraire et dramatique.
La troisième et dernière partie, « Paul, l’œil qui écoute Camille » est consacrée au regard porté par Paul Claudel sur le travail et les œuvres de sa sœur. Celui-ci rédige en 1905 un article intitulé « Camille Claudel, statuaire » pour la revue L’Occident, dans lequel il replace le travail de sa sœur dans une histoire de la sculpture. L’exposition ne mentionne pas l’opposition de Paul aux expositions d’œuvres de Camille, organisées entre les deux guerres par ses admirateurs (il ne voulait pas que son nom soit associé à celui d’une folle !), ni son refus qu’une salle du futur musée Rodin, artiste qu’il n’apprécia que tardivement, lui soit consacrée. En revanche elle fait la part belle à son travail de reconnaissance de l’œuvre de sa sœur avec le don d’œuvres majeures de Camille Claudel au musée Rodin et à l’article, « Ma sœur Camille », qu’il lui consacra dans le catalogue de la rétrospective organisée en 1951 par ce musée. On le voit, en gommant certains aspects peu flatteurs de Paul Claudel dans la vie de sa sœur, cette exposition ne clôt pas les controverses, mais nous permet d’admirer, dans une belle scénographie, quelques-unes de ses plus magistrales créations, au rang desquelles un magnifique pastel représentant sa sœur Louise Claudel (vers 1887). Une exposition à voir, d’autant plus qu’elle se trouve dans le magnifique musée Camille Claudel, ouvert en 2017, qui renferme de riches collections de sculptures de cette artiste, bien sûr, mais aussi d’Alfred Boucher et d’autres grands sculpteurs, tous nogentais. R.P. Musée Camille Claudel - 10 Nogent-sur-Seine. Jusqu’au 13 janvier 2019. Lien : www.museecamilleclaudel.fr


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