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 Parcours en images et en vidéos de l'exposition
 BRANCUSILa rétrospective
 avec des visuels 
              mis à la disposition de la presseet nos propres prises de vue
 
 
 
 
 
   
                 
                  
                    
                      
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                            Il y a 120 ans, un jeune artiste roumain traversait  l’Europe à pied pour venir s’installer à Paris. C’est là, dans la capitale en  pleine effervescence culturelle, que Constantin Brancusi (1876-1957) invente  une nouvelle manière de sculpter, un langage universel privilégiant la taille  directe et les formes simples. Très vite, son œuvre exerce une grande  fascination sur ses contemporains : nombre d’artistes et d’admirateurs se  pressent dans son atelier, situé impasse Ronsin (15e arrondissement). À la fois  lieu de vie, de création et de présentation de son travail, cet atelier est  conçu par l’artiste comme une œuvre en soi et légué à sa mort à l’État  français. Cet ensemble exceptionnel forme la matrice de l’exposition, complété  de prêts majeurs de collections internationales.Proposant  de découvrir à la fois le parcours de Brancusi, les sources de son œuvre et les  grands thèmes que l’artiste n’a cessé d’approfondir, l’exposition met en avant  la diversité de sa création : la sculpture, la photographie, le film, le  dessin… Cet hommage au père de la sculpture moderne célèbre sa puissance  d’invention et sa quête inlassable de beauté. Il entend montrer un artiste  vivant, pleinement inscrit dans son époque, dont la création se doit d’être  toujours réactivée : «Il ne faut pas respecter mes sculptures. Il faut les  aimer et jouer avec elles.», disait-il.
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                        | Affiche de l'exposition. |  | Texte du panneau didactique. |  
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                        | Scénographie  |  
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                          «Ce jour-là, après  avoir suivi une impasse bordée de garages importants, je suis arrivée dans un  reste de jardin abandonné et j'ai trouvé la porte [...] dans un charmant chemin  de campagne tout bruissant de feuilles et d'oiseaux. Cela me paraissait  d'autant plus surprenant que j'étais à peine à 50 mètres de l’enfer de la  ville. [...] La porte s'ouvrit [...] et je me trouvais soudain éblouie de  clarté dans un lieu inconnu immense et blanc, tout vibrant d'êtres inconnus.»
 Valentine Hugo  évoquant sa visite à Brancusi, impasse Ronsin, à Paris en 1955.
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                        | Citation |  | Constantin Brancusi. Le Coq, 1935. Plâtre, sur socles en  plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin  Brancusi, 1957. |  
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                        | Plan de l'exposition.  |   
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 1 - Blancheur et clarté
 
 
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                          «Constantin Brancusi habite un atelier de pierre dans  l’impasse Ronsin, rue de Vaugirard. Ses cheveux et sa barbe sont blancs, sa  longue blouse d’ouvrier est blanche, ses bancs de pierre et sa grande table  ronde sont blancs, la poussière de sculpteur qui recouvre tout est blanche, son Oiseau en marbre blanc est posé sur un haut piédestal contre les  fenêtres, un grand magnolia blanc est toujours visible sur la table blanche. À  une époque, il avait un chien blanc et un coq blanc.» Ces mots de l’éditrice  américaine Margaret Anderson témoignent de l’extraordinaire impression de  clarté qui saisit les visiteurs de l’atelier, accueillis par de multiples  figures de Coqs, dressées vers le ciel. Symboliquement associé à la  France, terre d’accueil de l’artiste, l’animal évoque aussi par son chant le  lever du jour, l’idée de commencement qui imprègne tout l’art de Brancusi. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin Brancusi. Grand Coq I, 1924. Grand Coq II, 1930. Grand Coq  III, [vers 1930-1934]. Plâtre sur socle en plâtre. Centre Pompidou Musée  national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. 
 
 
La figure du coq  revêt une importance particulière pour Brancusi qui l'a déclinée en différentes  tailles et matériaux pendant trois décennies. Dès 1924, il modèle ces ébauches  de Grands Coqs directement dans le  plâtre, avec pour projet, inabouti, d'en réaliser une version monumentale en  acier inoxydable pour la France. Posée sur une étroite base, leur silhouette  élancée est rythmée par une découpe en dents de scie qui rappelle à la fois la  forme de leur crête et la saccade de leur chant strident. «Le Coq de Brancusi est une scie de joie»,  écrit le sculpteur Jean Arp. |   
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 2 - Aux sources d’un nouveau langage
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Après avoir suivi une formation académique en Roumanie,  Brancusi arrive à l’âge de 28 ans à Paris. Remarqué par Auguste Rodin, il  devient brièvement son assistant en 1907. La puissante figure du maître fait  office de repoussoir pour le jeune sculpteur. En 1907-1908, trois œuvres  majeures, Le Baiser , La Sagesse  de la Terre et La  Prière , montrent sa volonté de trouver sa  propre voie. Brancusi rompt avec le modelage pour privilégier la taille  directe. Il abandonne le travail d’après modèle pour réinventer la figure de  mémoire. Tout en étant profondément original, son art apparaît comme le creuset  de ce qu’il peut alors voir à Paris: les œuvres antiques ou extra-européennes  au musée du Louvre et au musée Guimet, mais également l’art de Paul Gauguin ou  les recherches cubistes d’André Derain. Sa série autour du motif de la tête  d’enfant éclaire son processus de fragmentation et de simplification des  formes, visant à exprimer «l’essence des choses». 
                          
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin Brancusi. La Prière, 1907. Bronze patiné foncé.  Muzeul National de Artä al Romaniei, Bucarest.
 
 
 En 1907, pour sa première  commande d'un monument funéraire, Brancusi modèle le buste du défunt et une  femme en prière. Il abandonne un projet de personnage drapé, jugé trop  conventionnel, au profit d'un nu au bras tronqué. Cette figure fragmentaire  témoigne de l'influence d'Auguste Rodin mais aussi de son dépassement, par la  réduction du corps à ses formes élémentaires. «Lorsque j'ai fait cette femme en  prière, […] j'ai compris qu'il fallait abandonner le modèle vivant parce qu'en  face de lui on est dans la sensualité.». |  
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                        | Constantin Brancusi. La Muse endormie, 1910. Bronze poli.  Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Don de la baronne Renée  Irana Frachon, 1963. ©  Succession Brancusi - All rights reserved. Adagp, Paris 2024. Crédit  photographique: Centre Pompidou, Mnam-Cci / Adam Rzepka / Dist. Rmn-Gp. 
 
 
La lumière est l'une des composantes de la sculpture  de Brancusi. Par un patient travail de polissage, la surface de ses bronzes  devient réfléchissante comme un miroir. Avec La Muse endormie. Brancusi remplace le buste traditionnel par un  fragment de tête couchée, en équilibre sur la joue. Si le visage est clos dans  sa forme, un ovale parfait où les traits sont à peine esquissés, il s'ouvre par  le jeu de reflets à l'espace environnant en intégrant l'image du regardeur.  |  
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                        | Auguste Rodin. Le Sommeil, 1894. Marbre. Musée Rodin,  Paris. |  | Constantin Brancusi. Le Sommeil, 1908. Marbre. Muzeul  National de Arta al României, Bucarest. 
 
 
Créé en 1908, un an après le passage de  Brancusi dans l'atelier de Rodin à Meudon, Le  Sommeil imite incontestablement le marbre du maître (1894), portant le même  titre. Dans les deux œuvres, la figure semble émerger de la pierre, le visage  lisse aux yeux clos contraste avec l'aspect inachevé du marbre laissé brut. Le  thème du sommeil et le motif de la tête couchée donneront naissance à La Muse endormie (1910). |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Anonyme. Tête ibérique masculine, Cerro de Los  Santos, 3° siècle av. J-C. Calcaire. Musée du Louvre, Département des  Antiquités orientales, Paris. |  | Constantin Brancusi. Danaïde, 1908-1909. Pierre (calcaire).  Muzeul National de Antà al Româniel, Bucarest. 
 
 
Singulière dans la production de  Brancusi, cette première Danaïde témoigne du goût précoce de l'artiste pour la mythologie grecque. L'aspect  inachevé et brut de la pierre évoque certaines pièces archéologiques exposées  alors au Louvre, telle la tête de Cerro de Los Santos. Cette Tête ibérique,  volée en 1907 par le secrétaire de Guillaume Apollinaire et vendue à Pablo  Picasso, défraie alors la chronique. |  
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                        | Anonyme. Statuette  d'Aphrodite nue époque hellénistique. Marbre. Musée Rodin, Paris. |  | Constantin Brancusi. Torse de jeune fille, 1910. Plâtre.  Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi,  1957.
 
 
 Brancusi passe le début de l'année 1907 à Meudon dans l'atelier d'Auguste  Rodin dont il a pu voir la collection d'antiques. Le goût pour le fragment  archéologique s'exprime dans son torse de 1910, où le poli sensuel de laine  contraste avec la brisure de la pierre, comme on le retrouve dans le fragment  d'une statuette d'Aphrodite antique, appartenant à la collection du maître. |  
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                        | Anonyme. Tête de statue du  type aux bras croisés, dite «Tête de Kéros», 2600-2400 av. J.-C. Lieu de  création: Cyclades. Marbre. Musée du Louvre, Département des Antiquités  grecques, étrusques et romaines, Paris. |  | Constantin Brancusi. Torse de jeune fille III, 1925. Onyx.  Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris. Legs Constantin Brancusi,  1957. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Paul Gauguin. Oviri, 1894.  Statuette en grès partiellement émaillée. Musée d'Orsay, Paris. |  | Constantin Brancusi. La Sagesse de la Terre, 1907-1908.  Calcaire crinoïde poli et ciré. Alina Serbanescu - propriété privée.
 
 
 Brancusi a  probablement vu la rétrospective consacrée à Paul Gauguin au Salon d'automne de  1906 où est notamment exposée Oviri,  divinité tahitienne d'une animalité inquiétante. Taillée en pierre l'année  suivante, La Sagesse de la Terre avec  son visage aplati, ses formes simplifiées et sa posture frontale se nourrit de  modèles archaïques de l'Égypte ou de l'Océanie. Les deux idoles païennes  témoignent d'une fascination commune pour «le sauvage et le primitif», perçu  comme un retour aux sources pour la création. |  
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                        | André Derain. Homme accroupi, 1907. Grès. Mumok -  Museum moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien, erworben 1964. |  | Constantin Brancusi. Le Baiser, 1907. Pierre. Muzeul de Artä  Craiova.
 
 
Avec Le Baiser, Brancusi  propose une version du thème très éloignée de celle de Rodin. Le bloc de pierre  symbolise l'amour qui unit les amants, face contre face. La femme se distingue  de l'homme par le léger relief de sa poitrine et sa longue chevelure. Les  visages sont réduits à des signes, à la manière cubiste. L'Homme accroupi de Derain témoigne du même désir de revenir au  modèle antique de la statue-cube. Mais là où Derain laisse visible la trace de  l'outil, Brancusi privilégie déjà des surfaces lisses. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. Trois enfants, n. d. Plume et encre  noire sur papier calque vélin beige, monté sur une carte vélin crème. The Art  Institute of Chicago, Gift of Robert Allerton. |  | Constantin Brancusi. Tête d'enfant, marbre, 1907. Épreuve  gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Les portraits d'enfants  occupent une part importante de la création de Brancusi autour de 1906-1911, au  contact des fils ou filles de ses amis, comme le petit Georges Farquhar. La  série des Têtes d'enfant coïncide  avec le passage d'un style naturaliste à une stylisation radicale marquée par  la fragmentation du corps, la bascule à l'horizontale et la réduction des  traits du visage. La série renvoie à une quête des origines, le portrait  d'enfant se mue en œuf ou en cellule, métaphore à la fois de la naissance et du  renouvellement des formes.  |  
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                        | Constantin Brancusi. Tête d'enfant, 1906. Bronze patiné.  Academia Romana, Bucarest. |  | Constantin Brancusi. Portrait de Georges, 1911. Marbre.  Solomon R. Guggenheim Museum, New York. |  
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                        | Constantin Brancusi. Tête  d’enfant endormi, vers 1908. Marbre, 10,5 x 16,5 x 15 cm. Legs Constantin  Brancusi, 1957. Centre Pompidou - Musée national d’art moderne, Paris. ©  Succession Brancusi - All rights reserved. Adagp, Paris 2024. Crédit  photographique: Centre Pompidou, MNAM-CCI / Adam Rzepka / Dist. RMN-GP. |  | Constantin Brancusi. Le Nouveau-Né I, 1915-1920. Plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi,  1957. |   
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 3-a - Le travail du bois
 
 
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                        | Scénographie avec une hélice suspendue au plafond
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                           «Le  bois n'est-il pas prêt à devenir une œuvre ? Il suffirait de le couper juste  pour en faire une sculpture» affirme Brancusi. Renouant avec la tradition  artisanale de sa région natale, l'Olténie (Roumanie), l'artiste affirme son  goût pour le travail du bois. Dans ses formes sculptées se retrouvent les  préoccupations de l'artisan, comme la répétition des formes ou la mise en  valeur du matériau. Brancusi élargit le concept de l'art jusqu'à  l'environnement quotidien: ses tabourets deviennent des socles, ses œuvres  imitent les formes d'objets usuels (Coupes,  Vase). Sa première sculpture en bois, Le  Premier pas (1913-1914), témoigne de son admiration pour l'art africain, qui  offre une nouvelle voie, loin des modèles usés du classicisme. Tout en se rattachant  à des traditions ancestrales, Brancusi s'enthousiasme aussi pour les formes  aérodynamiques de l'aviation. Visitant le Salon de la locomotion aérienne au  Grand Palais, son ami Marcel Duchamp lui aurait lancé: «Qui fera mieux que cette  hélice ? Dis, tu peux faire ça ?» |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin Brancusi. Tabouret  du téléphone, [vers 1929-1933]. Bois (chêne). Centre Pompidou, Musée national  d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Anonyme. Objets d'artisanat  populaire roumain, n.d. - Moule à fromage, Vrâncioaia - Cuillers - Quenouille,  Vrâncioaia. Bois. Mucem, collection d'ethnologie d'Europe, dépôt du Museum  national d'histoire naturelle, Marseille. 
 
 
Ces objets révèlent la vivacité et la  virtuosité de l'artisanat dans les campagnes roumaines. Ainsi Brancusi a  souvent évoqué avec fierté son aïeul charpentier, Ion Brancusi, auteur d'une  des églises de Hobita, son village natal. II à lui-même fabriqué quenouilles, aiguilles  à tricot, pipes ou flûtes, rendant ainsi hommage au mode de vie simple de  l'Olténie de son enfance. |  | Constantin Brancusi.  - Coupe  IV. 1916-1922. Bois (chêne), sur socle-tabouret en bois. Centre Pompidou,  Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
 - Coupe III, [avant 1923]. Bols (tilleul).  Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi,  1957.
 - Coupe II [1917-1918]. Bois  (érable). Centre Pompidou,  Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. Cariatide, [1943-1948]. Centre Pompidou,  Musée national d'art moderne, Paris. Legs Constantin Brancusi, 1957.
 
 
 «L'architecture, c'est de la sculpture», disait Brancusi. De 1914 aux années  1940, il crée plusieurs cariatides en bois conçues comme des sculptures à part  entière et non comme un support architectural ou un élément de socle. Influencée  par la statuaire africaine, celle-ci présente des genoux fléchis, un ventre  bombé et joue sur l'alternance entre les arrondis et les formes cubiques. |  | Constantin Brancusi. Porte, [vers 1923-1936]. Bois (chêne).  Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi,  1957. 
 
 
La porte, objet de passage par excellence, a une forte charge symbolique  pour un artiste en exil comme Brancusi. Cette encadrure marquait la séparation  entre la partie publique et l'espace privé de son atelier. Les montants  proviennent d'un banc taillé par le sculpteur: sa transformation en cadre de  porte est caractéristique des détournements et des renversements qu'il  affectionne. Sa structure symétrique en bois évoque également les assemblages  des portes de fermes traditionnelles roumaines. |  
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                        | Constantin Brancusi. Fauteuil,  1918. Bois (chêne). Centre  Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
 
 
 Brancusi crée très tôt du mobilier pendant ses études à Craiova puis lors d'un  séjour à Vienne en 1897 auprès d'un ébéniste lié à la firme Thonet. Ces  tabourets de bois, taillés pour meubler son atelier parisien, s'apparentent à  des sculptures, tandis que ses Coupes non évidées en bois imitent la forme  d'objets utilitaires. Brancusi refuse de distinguer art et artisanat et rejette  toute hiérarchie entre sculpture, socle et mobilier. |  | Constantin Brancusi. Tabouret,  1928. Bois (acacia). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin Brancusi. Vase,  [vers 1939]. Bois (fruitier, noyer ?), sur socle en pierre (calcaire). Centre  Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Tabouret,  [vers 1925]. Bois (chêne). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin Brancusi. Petite fille française (Le Premier Pas III), vers 1914-1918. Bois (chêne), sur socle en bois (pin). Solomon R. Guggenheim  Museum, New York. Gift, Estate of Katherine S. Dreier, 1953. |  | Constantin Brancusi. Tête  d'enfant [Tête du Premier Pas], 1913-1915. Tabouret [1930]. Bois (chêne) teinté  en noir, sur socle en bois (chêne).
 
 
 Visiteur du musée d'ethnographie du  Trocadéro, Brancusi est sensible au vocabulaire de la statuaire africaine et à  la spiritualité émanant de ses sculptures. Pour Le Premier Pas, il s'inspire  sans doute d'une statue Bamana du Mali. Il l'expose à New York en 1914, à côté  de dessins et de photographies, preuve de l'importance qu'il lui accorde. Vers  1916, il la démonte pour n'en conserver que la tête, estimant peut-être que son  rapport à la statuaire africaine est trop littéral. |  
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 3-b - Ligne de vie
 
 
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                          LIGNE DE VIE
 Brancusi conservait tout: lettres, articles de presse,  agendas, factures… Ses archives, acquises par le Musée national d’art moderne  en 2001 et conservées à la Bibliothèque Kandinsky, réunissent plus de dix mille  lettres, livres, disques, documents... Elles constituent une mine d’or pour  connaître la vie de l’artiste, ses amitiés, ses goûts, le replacer dans son  époque et saisir la fascination qu’il exerce sur ses contemporains. Cet  ensemble exceptionnel, dont une partie est exposée dans l’exposition, témoigne  de la place centrale de Brancusi au sein de l’avant-garde internationale  pendant plus d’un demi-siècle.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Anonyme. Départ pour Paris, 1904. Épreuve gélatino-argentique collée sur  carton. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin  Brancusi, 1957. |  
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                        | Scénographie  |  
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                          Après avoir été exposé et primé à Bucarest, Brancusi âgé de  28 ans part à Paris grâce à une bourse. Voyageant en grande partie à pied, il  arrive dans la capitale française le 14 juillet 1904. Il travaille d'abord  comme plongeur au bouillon Chartier et officie comme sacristain à l'église orthodoxe  roumaine. Inscrit à l'école des Beaux-Arts, il suit l'enseignement d'Antonin  Mercié et commence à exposer régulièrement dans les Salons. Début 1907, il travaille  brièvement dans l'atelier d'Auguste Rodin, où il rencontre le photographe  américain Edward Steichen.
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                        | Légende. |  | Constantin Brancusi. Vue de  l'atelier dit «Au Mars Borghèse»: L'Écorché (1901), Tête d'expression (1901),  Beaux-Arts de Bucarest, 1905-1920. Épreuve gélatino-argentique. Centre  Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.  
 
 
Durant ses études à l'école des Beaux-Arts de Bucarest, Brancusi modèle  plusieurs bustes d'après l'Antique (Vitellius, 1899, Laocoon, 1900) qui  suscitent l'intérêt des critiques. En mai 1903, il expose un Écorché dans les  salles de l'Athénée roumain, acheté par le ministère de l'instruction publique  et des Cultes. Quatre plâtres seront réalisés à partir de cette sculpture et  destinés aux professeurs des écoles de médecine de Bucarest, Craiova, Lasi et  Cluj. |  
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                        | Légende. |  | Constantin  Brancusi. La Prière, 1907.  Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Tête de jeune fille,  pierre, 1907. Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national  d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Anonyme. Tête de devata ou  de bodhisattva, Asie, Tumshuq, Monastère de Toqquz Saraï, grand temple B aux  bas-reliefs VIe-VIIe siècle. Terre crue, technique de moulage et bas-relief.  Musée national des arts asiatiques - Guimet, Paris. |  
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                        | Amedeo Modigliani. Portrait  du sculpteur, vers 1909. Encre sur papier. Abello Collection. 
 
 
Amedeo Modigliani  arrive à Paris en 1906 et c'est le Dr Paul Alexandre, son mécène, qui le  présente à Brancusi. Le peintre dessine plusieurs portraits de son ami ainsi  que des croquis de visages dont l'ovale évoque les sculptures de Brancusi. Après  un été à Sienne et Livourne en 1909, Modigliani, soutenu et conseillé par  Brancusi, va également réaliser des têtes stylisées, sculptées en pierre. |  | La Baronne R. F. (Tête de  femme), pierre, vers 1909. Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée  national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Le Baiser (1909), cimetière du Montparnasse, avec la mère de Tania Rachevskaïa, après  décembre 1910. Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national  d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. 
 
 
Cette version du Baiser sculptée en 1909 est choisie par  Brancusi pour orner, dans le cimetière du Montparnasse, la tombe de Tania  Rachevskaïa, jeune étudiante russe qui s'est suicidée par amour pour un médecin  roumain. Contrairement à la première version de 1907, le couple enlacé est ici  présenté en entier. Trois fois plus grande, cette version substitue au cube de  pierre la forme de la statue-colonne. Son audace est d'autant plus grande que  l'œuvre prend place dès 1910 parmi les monuments funéraires classiques. |  | Margit Pogany. Autoportrait, 1913. Huile sur carton.  Philadelphia Museum of Art. |  
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                        | À droite: Fernand Léger. Le Réveille-matin, [1914].Huile sur  toile. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Donation M. et Mme  André Lefèvre, 1952. 
 
 
Grand ami de Brancusi, le peintre Fernand Léger partage  avec lui nombre de points communs: origine paysanne, arrivée à Paris au début  du siècle, atelier à Montparnasse, ambition d'inventer un langage radicalement  nouveau marqué par la simplification des formes. La photographie de Léger parmi  les socles, troncs et blocs de pierre dans l'atelier de l'impasse Ronsin fait  écho à ses propres compositions cubistes parmi lesquelles figure Le Réveille-matin. «Je vous dirais que  Brancusi est une flamme si je n'étais persuadé qu'il est un réveille-matin»,  écrit le poète Benjamin Fondane.  |  
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                        | Constantin Brancusi. Princesse X (1909-1915), marbre, vers  1916. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin  Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Nu allongé, 1910. Gouache et mine  graphite sur carton. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris,  dation 2001. |  
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                        | Anonyme. Fragment d'une  statuette féminine, Grèce, Cyclades, 2100-2300 av. J.-C. Marbre. Musée Rodin,  Paris. 
 
 
Brancusi a vraisemblablement découvert l'art cycladique à son arrivée à  Paris. Il a peut-être vu la collection d'antiques d'Auguste Rodin dans son  atelier à Meudon où il travaille brièvement début 1907. Il s'y trouve notamment  un fragment de statuette cycladique qui n'est pas sans rapport avec son Torse de jeune femme (1918). |  | Constantin Brancusi. Torse de jeune femme, 1918. Épreuve  gélatino-argentique. Centre  Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Edward Steichen. La Colonne sans fin à Voulangis, vue de  l'intérieur de la maison de Steichen, été 1926. Épreuve gélatino-argentique.  Contretype réalisé par Brancusi. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. 
 
 
En 1926, Brancusi installe pour la  première fois en plein air une Colonne  sans fin haute de huit mètres dans le jardin de son ami, le photographe Edward  Steichen, à Voulangis (Seine-et-Marne). Monument à la verticalité, agrandi à  l'échelle de la nature, la Colonne sans  fin se fond dans l'espace boisé. Lorsque Steichen quitte Voulangis,  Brancusi démonte la sculpture et l'installe dans son atelier. |  | Edward Steichen. Brancusi dans le jardin de Steichen à Voulangis,  1922. Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin  Brancusi, 1957. |  
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                        | Oskar Kokoschka. Portrait de Brancusi, [1932]. Huile sur  toile. Centre Pompidou, Musée  national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Démontage de La Colonne sans fin dans le jardin  d'Edward Steichen à Voulangis, 1927. Durée : 3'59".  Extrait des films originaux 35 et 16 mm, noir  et blanc, muet. Centre  Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris. Achat 2010. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. Femme nue debout, 1920-1922. Crayons de  couleur sur papier. Abello Collection. |  | Constantin Brancusi. Lizica  Codréano dans l'atelier de Brancusi dansant sur les Gymnopédies d'Erik Satie,  1922. Épreuve gélatino-argentique. Collection N-F Fontenoy. 
 
 
La danse et la musique font partie de la vie quotidienne  de Brancusi. Plusieurs de ses amies venues à Paris pour étudier la danse,  telles Lizica Codréano en 1919 et Florence Meyer en 1929, créent des  chorégraphies dans l'atelier de l'artiste. En 1922, Brancusi photographie  Lizica Codréano dansant sur la musique des Gymnopédies de son ami Erik Satie.  Il conçoit aussi pour l'occasion son costume rayé et sa coiffe composée de  cônes. La modernité des chorégraphies entre en dialogue avec la géométrie des  sculptures |  
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                        | Inauguration de la cheminée  construite par Brancusi avec Marcel Duchamp, Ezra Pound, Mary Reynolds et Vera  Moore, impasse Ronsin à Paris, 1932. |  | Vidéo |  
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                        | Vidéo. |  | Brancusi filme Florence  Meyer dansant dans l’atelier impasse Ronsin, à Paris, vers 1932-1933. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Man Ray. Essai cinématographique.  Autoportrait ou ce qui nous manque à nous tous, 1930. Avec Lee Miller. |  | Vidéo. |  
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                        | Scénographie  |  
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                          En octobre 1927, un procès opposant Brancusi aux États-Unis  porte sur le statut d'un Oiseau dans l'espace. En effet, les douanes américaines  accusent son propriétaire, Edward Steichen, d'avoir fait passer un objet  industriel comme œuvre d'art afin d'éviter la taxe d'importation. C'est en fait  le procès de Brancusi et de l'art moderne qui se tient ici. Les juges  interrogent le sculpteur et divers témoins Pour savoir si cette pièce de métal  représente bien un oiseau et si elle constitue une œuvre d'art. La cour  fédérale des douanes tranchera en novembre 1928 en faveur de Brancusi.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin Brancusi. Autoportrait  dans l’atelier, vers 1933 – 1934. Négatif gélatino-argentique sur plaque de verre,  15 x 10 cm. Legs Constantin Brancusi, 1957. Centre  Pompidou - Musée national d’art moderne, Paris. © Succession Brancusi - All  rights reserved. Adagp, Paris 2024. Crédit photographique : Centre Pompidou,  Mnam-Cci/Dist. Rmn-Gp. |  
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                          «It's Clever but Is It Art?  Is Asked by the Critics of Brancusi» [C'est astucieux mais est-ce de l'art ?  s'interrogent les critiques de Brancusi], New  York Herald Tribune, 21 février 1926. Centre Pompidou, Bibliothèque  Kandinsky, Paris, Fonds Brancusi.
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                          - Caricature de Ralph Barton  représentant Brancusi exposant des œufs et un coquetier, New Yorker, 20 février 1926. Centre Pompidou, Bibliothèque  Kandinsky, Paris, Fonds Brancusi. - «This is What Critics Call  Real Art!» [Voici ce que les critiques appellent l'art véritable!], New York Mirror, 1er novembre 1926. Centre Pompidou, Bibliothèque Kandinsky, Paris, Fonds Brancusi.
 
 
 
 Cliquer ici ou sur l'image pour voir un agrandissement de la partie inférieure de l'image   |  | «Whatever This May Be, It  Is Not Art» [Quoique ce soit, ce n’est pas de l'art], New York American, 13 mars 1927. Centre Pompidou, Bibliothèque  Kandinsky, Paris, Fonds Brancusi. |  
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                        | Marcel Duchamp. Fac-similés  des Rotoreliefs, 2010. 
 
 
Les Rotoreliefs  originaux (1935) sont  composés de 6 disques recto-verso. Papier collé sur Plexiglas. Centre Pompidou, Musée national  d'art moderne, Paris. Familier des recherches de son ami Marcel Duchamp  sur les effets d'optique, Brancusi peut s'en être inspiré pour le portrait  symbolique de James Joyce. Duchamp poursuit ce travail sur le motif de la  spirale en 1935 avec ses Rotoreliefs ,  disques de carton imprimés et titrés qui, mis en mouvement, produisent des  illusions de profondeur. Brancusi en possédait sans doute un jeu complet,  offert par Duchamp lui-même.
                         
                         
                           Cliquer ici ou sur l'image pour voir la vidéo   |  | Lettre de Sonia Delaunay à  Brancusi, 12 juin 1931. Centre Pompidou, Bibliothèque Kandinsky, Paris, Fonds  Brancusi. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. Autoportrait  avec la chienne Polaire dans l’atelier, vers 1921. Epreuve  gélatino-argentique, 23,9 x 18 cm. Legs de Constantin Brancusi, 1957. Centre  Pompidou - Musée national d’art moderne, Paris. © Succession Brancusi - All  rights reserved. Adagp, Paris 2024. Crédit photographique : Centre Pompidou,  Mnam-Cci / Georges Meguerditchian / Dist. Rmn-Gp. |  | Brancusi. Târgu Jiu, vers  1938 (vidéo). |  
                        |  |  |  |  
                        | Scénographie. |  |  Constantin  Brancusi. Vue de l'atelier de  l'artiste, 1918. |   
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 4 - L'atelier
 
 
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                        |  |   
                        | Scénographie 
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                            Dans l’atelier de Brancusi, tout ou presque naît de sa  main : la grande cheminée en calcaire, les tabourets en bois ou les tables en  plâtre servant à la fois de mobilier ou de socle... Dans ses photographies,  l’artiste se met lui-même en scène au travail, taillant, sciant ou modelant.  Après la Seconde Guerre mondiale, s’il arrête quasiment de sculpter, il  déplace, regroupe et combine sans cesse ses œuvres. Quand une œuvre est vendue,  il la remplace par son tirage en plâtre ou en bronze pour conserver l’unité de  l’ensemble.  C’est à l’intérieur de ce  lieu, à la fois musée de sa création et œuvre en soi, que Brancusi impose sa  vision d’un environnement total. À son décès en 1957, Brancusi lègue à l’État  français son atelier, à charge pour celui-ci de le reconstituer. L’ensemble est  installé d’abord de manière partielle au Palais de Tokyo puis intégralement au  Centre Pompidou. L’un des quatre espaces de l’atelier, celui avec les outils,  est reconstitué au cœur de l’exposition.  |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin Brancusi. Projet d'architecture, 1918. Bois  (chêne), sur socle en plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Legs Constantin Brancusi, 1957, Paris. |  
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                        | Edward Steichen. Brancusi dans son atelier, 1927. Épreuve  gélatino-argentique. Centre  Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. L'Atelier, 1917-1920. Stylo et encre  noire sur papier, monté sur carton vélin beige. The Art Institute of Chicago,  Bequest of Mrs. Gilbert W. Chapman. |  
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                        | Reconstitution partielle de  l'atelier, impasse Ronsin. Établi, outils et forge de l'artiste. La révolution  portée par Brancusi est d'abord une révolution du geste. La technique a une  importance pour l'artiste qui se filme au travail, dans un engagement physique  face à la matière, taillant le bloc. Ses outils sont pour la plupart manuels,  destinés à la taille et au polissage. Brancusi fabrique lui-même ceux qui lui  manquent. Il a installé un système de levage à poulies car il travaille seul,  ne recourant que rarement à des assistants. |  
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                        | L'atelier vu depuis la section « Le travail du bois »  |  
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                        | Les outils  |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. - Colonnette, 1930. - Table à double  tambour, [1930]. Bois (peuplier), sur socle en plâtre et pierre. Centre  Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. L'Oiseau dans l'espace, [après 1931].  Plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin  Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin Brancusi. Ébauche de L'Oiseau dans l’espace [1950]. Marbre bleu turquin. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
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 5 - Féminin et masculin
 
 
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                            Chez Brancusi, la simplification des formes et la  suppression des détails sont paradoxalement sources d’ambiguïté. Dès 1909,  l’artiste entame une réflexion sur le motif du torse féminin. De sa Femme se regardant dans un miroir, nu encore classique, il ne retient que la courbe unissant  les formes arrondies de la tête et de la poitrine pour aboutir à l’ambivalente Princesse X.  Est-ce une vierge ou une verge ? L’image idéale de la femme ou un phallus dressé  ? L’aspect équivoque de la sculpture fait scandale et lui vaut d’être refusée  au Salon des indépendants de 1920. L’art de Brancusi joue du double sens et de  la métamorphose. Le masculin et le féminin fusionnent en une même image,  évoquant le thème de l’androgyne, déjà présent dans Le Baiser. Un  même trouble s’exprime dans son Torse  de jeune homme, au genre incertain. Perturbant  l’ordre symbolique de la division des sexes, ces œuvres font écho à l’esprit  contestataire de Dada, porté à la même époque par ses amis Marcel Duchamp, Man  Ray et Tristan Tzara. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin  Brancusi. Princesse X, 1915 – 1916. Bronze poli, pierre (calcaire), 61,7 x 40,5  x 22,2 cm. Legs Constantin Brancusi, 1957. Centre Pompidou - Musée national  d’art moderne, Paris. © Succession Brancusi - All rights  reserved. Adagp, Paris 2024. Crédit photographique: Centre  Pompidou, Mnam-Cci / Georges Meguerditchian / Dist. Rmn-Gp.
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                        | Constantin  Brancusi. Princesse X, 1915 – 1916. Bronze poli. Legs Constantin Brancusi, 1957. Centre Pompidou - Musée national  d’art moderne, Paris.  |  | Constantin Brancusi. Torse de jeune femme, 1909. Épreuve  gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. Vue  d'atelier: - Princesse X (1915-1916),  - Colonne du Baiser (1916-1917), vers  1921. Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art  moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Torse de jeune homme, 1919. Épreuve  gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. Torse de jeune homme, 1917/1924. Laiton.  The Cleveland Museum of Art. |  | Constantin Brancusi. Torse de jeune homme, 1923. Bois  (noyer), sur socle en pierre (calcaire). Centre Pompidou, Musée national d'art  moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. 
 
 
Dans une lettre, l'écrivain  Henri-Pierre Roché décrivait cette figure asexuée comme un torse de femme. La  confusion des genres est ici renforcée par la symbolique des matériaux.  Brancusi taille d'abord le bois dans la fourche de deux branches, la figure  «tronc» conservant le souvenir de la structure végétale, renversée. Il reprend  ensuite le plâtre intermédiaire et renforce la symétrie de la forme  cylindrique. L'aspect lisse et brillant du bronze n'est pas sans évoquer  l'esthétique de la machine, chère à son ami Fernand Léger. |   
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 6 - Des portraits ?
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Depuis ses débuts, le genre du portrait occupe une place  centrale dans l’art de Brancusi. En s’éloignant du visible pour aller à  l’essentiel, le sculpteur n’en délaisse pas moins la figure humaine, en  particulier féminine. Alors que les titres des sculptures conservent les noms des  amies ou compagnes qui inspirent le sculpteur (Margit Pogany, la baronne  Frachon, Eileen Lane, Nancy Cunard, Agnes Meyer…), leurs personnalités tendent  à se fondre et se confondre en un visage stylisé, ovale et lisse. Elles ne sont  «ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre». Chacune se distingue par  quelques signes élémentaires : yeux en amandes, chignon, bouclettes…  Travaillant sans modèle, préférant reconstruire la figure de mémoire, Brancusi  pose à travers ses portraits la question de la ressemblance et de la  représentation. Dans ses portraits dessinés, une même ligne souple décline les  figures en profils et silhouettes. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin Brancusi. Femme au peigne (Profil de femme au  chignon), vers 1912. Gouache sur papier. Collection particulière, Paris. |  
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                        | Constantin Brancusi. Danaïde, vers 1913. Bronze avec patine  noire, sur socle en pierre (calcaire). Kunst Museum Winterthur, Achat, 1951. 
 
 
Dans ces deux versions de la Danaïde,  Brancusi joue sur les reliefs en saillie et les jeux de lumières rendus  possibles par la texture du bronze doré à la feuille ou de la surface noire de  la patine. Le critique américain Henry McBride la définit comme une «aristocrate  japonaise». Sans doute, Brancusi a-t-il été influencé par la sculpture  asiatique et les représentations de Bouddha dans la simplification de l'ovale  du visage, légèrement penché, méditatif, et l'arcade sourcilière marquée. |  | Constantin Brancusi. Danaïde,  1913. Bronze patiné noir (et doré à la feuille), sur socle en pierre  (calcaire). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | - Constantin Brancusi. Tête de femme, [vers 1908]. Plâtre, sur  socles en plâtre, marbre et pierre (calcaire). Centre Pompidou, Musée national  d'art moderne, Paris. Legs Constantin Brancusi, 1957.
 
 
 Cette tête est une œuvre  charnière entre les œuvres de jeunesse encore naturalistes et les portraits  simplifiés à l'extrême où les traits du visage ont disparu. Contenue dans une  forme ovoïde, elle puise son inspiration dans des sources plus archaïques. Son  traitement stylisé évoque les Pietà médiévales. Ce plâtre est l'un des trois  moulages réalisés à partir de la pierre originale, aujourd'hui disparue.  Brancusi en offrit un à son ami le poète Guillaume Apollinaire.
 - Constantin  Brancusi. Une muse, [après 1917].  Plâtre, sur socles en pierre (calcaire) et bois (peuplier). Centre Pompidou.  Musée national d'art moderne. Paris. Legs Constantin Brancusi, 1957.
 
 - Constantin  Brancusi. Une muse, 1912. Marbre, sur  socle en chêne daté 1920. Solomon R. Gugenheim Museum, New York.
 
 
 
En 1912,  Brancusi crée une première Muse en  plâtre qui est envoyée à l'Armory Show de New York. L'année suivante, une  version en marbre est exposée aux Little Galleries of the Photo-Secession.  Découlant de la Muse endormie, la  sculpture est un portrait de la baronne Frachon, dont on reconnait les traits  stylisés. Brancusi imbrique les formes du bras et de la main à celles du visage  ovoïde, préfigurant ses recherches sur Mlle  Pogany. 
 - Constantin Brancusi. Tête de femme, [avant 1922]. Plâtre, marbre,  sur socles en marbre et bois (chêne). Centre Pompidou, Musée national d'art  moderne. Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
 
 - Constantin Brancusi. La Baronne, [vers 1920]. Plâtre, sur  socle en pierre (calcaire). Centre Pompidou. Musée national d'art moderne.  Paris. Legs Constantin Brancusi, 1957.
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                        | - Constantin Brancusi. Mlle Pogany I, 1912-1913. Plâtre, sur  socle en plâtre et bois (noyer). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. 
 - Constantin Brancusi. Mlle Pogany I, 1913. Bronze avec patine  noire, sur socle en calcaire. The Museum of Modern Art, New York. Acquired  through the Lillie P. Bliss Bequest (by exchange), 1953.
 
 
 
 Comparé à «un œuf dur  sur un morceau de sucre» avec un nez en «bec d'oiseau», le portrait de Margit  Pogany avec son crâne lisse et ses grands yeux en amande attise les critiques  outre-Atlantique, dès son exposition à l'Armory Show en 1913. Brancusi ne  cessera de revisiter cette sculpture, réalisant différentes versions en marbre  veiné ou en bronze poli, accentuant le relief des sourcils et transformant le  dos, plus mécanique et aérodynamique dans ses dernières versions. 
 - Constantin  Brancusi. Mlle Pogany II, 1920.  Plâtre patiné à la gomme laque, sur socles en pierre (calcaire) et chêne.  Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi,  1957.
 
 - Constantin Brancusi. La Négresse  blonde II, 1933. Plâtre patiné à la gomme laque, sur socles en plâtre,  pierre (calcaire) cruciforme et bois (chêne). Centre Pompidou, Musée national  d'art moderne, Paris. Legs Constantin Brancusi, 1957.
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                        | - Constantin Brancusi. La Négresse blonde II, 1933. Plâtre  patiné à la gomme laque, sur socles en plâtre, pierre (calcaire) cruciforme et  bois (chêne). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris. Legs  Constantin Brancusi, 1957. 
 - Constantin Brancusi. La Négresse blonde II, 1933. Bronze sur socles en marbre, pierre  calcaire et bois. The Museum of Modern Art, New York. The Philip L. Goodwin  Collection, 1958.
 
 
 
  Brancusi aurait eu  l'idée de cette sculpture en apercevant une femme noire lors de l'Exposition  coloniale de Marseille en 1922. Cet évènement entendait démontrer la domination  de la France en tant que puissance coloniale. Brancusi évoque cette inconnue  sous un angle purement formel, combinant sur l'ovale du visage de la Muse trois éléments saillants, pour la  coiffure et la bouche. Tout en reflétant les stéréotypes européens d'alors sur  les physionomies africaines, il joue sur le paradoxe de représenter un corps  noir en marbre blanc. Il exécute plus tard une seconde version de l'œuvre qu'il  transpose en bronze poli, l'intitulant Négresse  blonde en écho à la couleur de son matériau: «Si je l'avais faite en jade,  je l'aurais appelée “Négresse Verte”.» 
 - Constantin Brancusi. La Négresse blanche I, 1923. Marbre  veiné. Philadelphia Museum of Art: The Louise and Walter Arensberg Collection,  1950.
 
 - Constantin Brancusi. Portrait de  Nancy Cunard (Jeune fille sophistiquée), 1928. Plâtre patiné, sur socles en  plâtre et bois (chêne). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957.
 
 
 
 Nancy Cunard, poétesse et mécène britannique,  rencontre Brancusi à son arrivée à Paris en 1923, par l'intermédiaire de  Tristan Tzara. C'est après le départ de Cunard à Londres en 1925 que le  sculpteur réalise ce portrait de mémoire, à une époque où il abandonne le  travail d'après modèle. Dès 1933, à l'exposition de la Brummer Gallery,  Brancusi place la sculpture sur un socle en chêne, constitué d'un empilement  dynamique de sphères. 
 - Constantin Brancusi. Eileen Lane, 1923. Onyx blanc, sur socles en pierre (calcaire) et  bois (chêne). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957.
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                        | Constantin Brancusi. Négresse  blanche, 1923. Marbre,  38,1 x 14,3 x 17,9 cm. ©  Succession Brancusi - All rights reserved. Adagp, Paris 2024. Photo © The  Philadelphia Museum of Art, Dist.Rmn-Grand Palais / image Philadelphia Museum  of Art. |  | Constantin Brancusi. Étude pour le Portrait de Mme Eugene Meyer  Jr., 1916-1933. Bois (noyer), sur socles en pierre (calcaire) et chêne.  Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi,  1957. 
 
 
En apprenant que le sculpteur Charles Despiau vient de faire le portrait  de sa mécène et amie américaine Agnes Meyer, Brancusi réagit : «Je vais vous  montrer à quoi ressemblerait vraiment un portrait de vous.» La version finale  en marbre noir tire son origine de cette étude en bois qui présente le même  haut du visage en forme de tiare, prolongé par un long cou bombé au-dessus d'un  petit piètement. L'autorité du modèle s'incarne dans cette figure imposante aux  allures de totem abstrait. |   
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 7 - L’envol
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Le motif de l’oiseau, qui comporte plus de trente  variantes en marbre, bronze et plâtre, occupe Brancusi pendant trois décennies.  Initiées en 1910, les Maïastras au corps bombé, cou allongé et bec grand ouvert font  référence à un oiseau fabuleux des contes populaires roumains. Dans les années  1920, le sculpteur simplifie la forme, l’amincit et l’étire verticalement  jusqu’à la limite de la rupture pour créer la série des Oiseaux dans l’espace. L’envol symbolise pour Brancusi le rêve de l’homme  échappant à sa condition terrestre, son ascension vers le spirituel. En  1927-1928, un procès oppose le sculpteur aux douanes américaines qui refusent  le statut d’œuvre d’art à un Oiseau en bronze, perçu comme une pièce  industrielle métallique. Vers 1930, le maharajah d’Indore lui commande deux Oiseaux pour  un temple en Inde qui restera à l’état de projet. Ce caractère sacré,  transcendant, transparaît dans le sous-titre de l’exemplaire exposé à New York  en 1933: «Projet d’Oiseau qui, agrandi, emplira le ciel».  |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin  Brancusi. L'Oiselet II,  1928. Marbre veiné, sur socle en pierre (calcaire). Centre Pompidou, Musée  national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin  Brancusi. Maïastra, 1911. Bronze sur socle en calcaire. Tate, Londres,  Purchased 1973. 
 
 
Maïastra est un oiseau légendaire des contes folkloriques, au  chant miraculeux. Cette première version en bronze, avec sa base en pierre  décorée de figures décoratives d'oiseaux, est achetée par le photographe Edward  Steichen, ami de Brancusi. Il l'installe en plein air, dans sa résidence à  Voulangis, au sommet d'une haute colonne de bois, émergeant des arbres tel un  gardien du jardin. |  | Constantin  Brancusi. Maïstra, [1923/1940]. Marbre bleu turquin, sur socle Cariatide-chat  en bois (chêne). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957. 
 
 
Posé sur une pyramide de socle, l'oiseau est encore  reconnaissable, avec ses pattes géométrisées en «queue de pie», son corps rond  comme un œuf, surmonté d'une tête au long cou recourbé et au bec entrouvert. À  partir de cette version, Brancusi développe une série de formes verticales dont  la tension et l'élan s'accroissent au fur et à mesure de leur simplification  poussée à l'extrême. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin  Brancusi. L'Oiseau dans l'espace, 1926. Plâtre, sur socles en marbre noir et  bois (chêne). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957.
 
 
  La forme est  progressivement étirée à l'extrême, la base réduite à son minimum, défiant les  lois de l'équilibre. L'arc elliptique du ventre s'achève sur un petit pan coupé  en oblique figurant le bec. Dans son atelier, Brancusi met en scène certains  Oiseaux devant des fonds de couleurs (tentures ou panneaux peints), une manière  de créer un écrin pour sa sculpture. |  | Constantin  Brancusi. L'Oiseau dans l'espace, 1927/1934. Plâtre, sur socles en plâtre et  bois (noyer). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris. Legs  Constantin Brancusi, 1957. 
 
 
Chaque Oiseau en engendre un autre, tous sont  différents. Lors du procès qui l'oppose aux douanes américaines, Brancusi doit  prouver que sa Sculpture n'est pas une reproduction standardisée mais une œuvre  d'art: «[Mes Oiseaux] n'ont pas les mêmes dimensions. Et si je changeais d'un  centimètre la dimension de cet "oiseau en vol”, je devrais en modifier  toutes les proportions.» Les juges lui donneront raison en 1928, reconnaissant  l'existence d'une «école d'art dite moderne dont les tenants tentent de  représenter des idées abstraites plutôt que d'imiter des objets naturels.» |   
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                        | Constantin  Brancusi. - L'Oiseau dans l'espace, 1923. Plâtre, sur socle en plâtre et pierre  (calcaire). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957.
 - L'Oiseau  dans l'espace, 1927-1933. Plâtre, sur socle en plâtre. Centre Pompidou,  Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
 - L'Oiseau dans l'espace, 1928. Plâtre.  Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi,  1957.
 - L'Oiseau dans l'espace,  [1936]. Plâtre, sur socle en pierre. Centre Pompidou, Musée national d'art  moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
 - L'Oiseau dans l'espace, 1941. Plâtre, sur socle en plâtre. Centre  Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
 |  | Constantin Brancusi. L’Oiseau  dans l’espace, 1941. Bronze  poli, onyx, 193,4 x 13,3 x 16 cm. Legs Constantin Brancusi, 1957. Centre  Pompidou - Musée national d’art moderne, Paris. © Succession Brancusi - All  rights reserved. Adagp, Paris 2024. Crédit photographique: Centre Pompidou,  Mnam-Cci / Dist. Rmn-Gp. 
 
 
Ultime version du thème, le plus grand Oiseau  dans l'espace est créé en bronze en 1941, sans doute tiré du marbre noir  commandé par le maharaja d'Indore pour un temple resté à l'état de projet.  Placé en majesté sur trois socles superposés (cylindrique, cruciforme et en X)  devant un mur rouge, il domine l'atelier de l'impasse Ronsin de toute sa  hauteur, signant la présentation idéale et définitive voulue par l'artiste.
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 8 - Lisse et brut
 
 
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                        | Scénographie 
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                           Dans les photographies prises dans l’atelier, Brancusi  cadre souvent ses sculptures au plus près, exploitant le pouvoir d’évocation  des matériaux. Les surfaces patiemment polies, sur lesquelles toute trace du  geste est effacée, contrastent avec des morceaux bruts ou taillés grossièrement.  Ce jeu de matière est autant tactile que visuel, comme le souligne par son  titre sa Sculpture pour aveugles. Avec le travail en série, chaque sculpture est à la fois  unique et multiple, souvent posée sur des socles superposés auxquels Brancusi  porte un soin tout particulier. Composés de formes géométriques simples (croix,  cube, disque…), ces supports créent un rythme ascensionnel dynamique et des  jeux de correspondances. Brancusi remet en question le statut conventionnel de  cet accessoire, traditionnellement utilisé pour surélever la sculpture et la  distinguer de son environnement. Il convertit à plusieurs reprises certains socles  en sculpture autonome, refusant toute hiérarchie entre le haut et le bas, entre  le banal et le noble. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin Brancusi. L'Oiselet, 1928. Plâtre, sur  socle-poutre en bois (platane). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin Brancusi. Bois forme, [début 1920-1930]. Bois  (chêne). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin  Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Le Nouveau-Né II (1916 ?), marbre, vers  1922-1923. Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art  moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin Brancusi. L'Oiselet (1928), vers 1933-1934.  Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Portrait de Nancy Cunard (1925-1927),  noyer, vers 1927. Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national  d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. La Timidité, 1917. Pierre (calcaire),  sur socle en bois (platane). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. 
 
 
Forme simple par excellence, La Timidité est une des rares œuvres que  Brancusi ait  conservée en l'état mais  qui fut sans doute une étude pour un Torse  de jeune fille. Bloc de calcaire taillé et poli, la surface ne porte aucune  trace d'outil, donnant seulement naissance à une sculpture lisse, au profil de  nuage. Elle contraste avec le tronc massif, à peine dégrossi, qui lui sert de  socle. |  | Constantin Brancusi. Le Nouveau-Né II, 1927. Acier  inoxydable, sur disque en acier inoxydable et socle en bois (chêne) en partie  teinté. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin  Brancusi, 1957. 
 
 
Cette version du Nouveau-Né en acier inoxydable est un modèle unique dans la production de Brancusi. Elle  est née de sa collaboration avec l'architecte Jean Prouvé, alors ferronnier  d'art à Nancy. Celui-ci, enthousiasmé par ce nouveau matériau, réalise une  fonte que Brancusi vient meuler dans l'atelier nancéen. La collaboration tourne  court: l'acier inoxydable ne permet pas encore un rendu lisse et la dureté de  l'alliage rend son polissage ardu. Cette tête témoigne cependant de la  curiosité de Brancusi pour les innovations techniques. |  
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                        | Constantin Brancusi. Plante exotique, 1923-1924. Bois  (chêne), sur socle en pierre (calcaire). Centre Pompidou, Musée national d'art  moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Le Nouveau-Né II, [vers 1923]. Bronze  poli, sur disque bronze poli et socle en marbre cruciforme, bois (chêne) et  pierre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin  Brancusi, 1957.
 
 
 Brancusi réalise plusieurs versions du Nouveau-Né, reconnaissable à sa bouche démesurément ouverte. Il  joue sur le reflet du bronze poli posé sur un disque miroir, fabriqué dans le  même métal. Ce plateau est aussi le berceau sur lequel semble se pencher le  monde alentour, accueillant la naissance de la sculpture. Le dispositif des  quatre socles empilés crée un effet de rythme et de correspondance, la cavité  ronde du bois pouvant s'apparenter à la matrice d'où serait issue la sculpture. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. Sculpture pour aveugles, 1925. Onyx, sur  socle en plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Sculpture pour aveugles, 1920-1921.  Plâtre, sur socle en bois (chêne). Centre Pompidou, Musée national d'art  moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin Brancusi. Le Commencement du monde, vers 1920.  Marbre, maillechort et pierre. Dallas Museum of Art, Foundation for the Arts  Collection, gift of Mr. and Mrs. James H. Clark. |  | Constantin  Brancusi. Le Commencement du monde,  1924. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin  Brancusi, 1957.
 
 
 Le Commencement du monde et Sculpture pour aveugles reprennent  la forme simplifiée de La Muse endormie.  Brancusi y efface tout élément descriptif pour ne garder qu'un ovale pur,  évoquant la naissance d'un monde à venir. À la différence du marbre blanc qui  retient la lumière dans sa surface cristalline, le bronze poli projette par le  jeu des reflets la forme parfaite au-delà d'elle-même. Une même profusion  s'applique aux socles, de tailles différentes et de matériaux variés: bloc de  pierre symétrique, disque-miroir, poutre laissée brute...
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                        | Scénographie  |   
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                        | Constantin Brancusi. - La Sorcière,  1916-1924. Solomon R. Guggenheim Museum, New York.
 - Chien de garde, vers 1924. Bois (chêne). Solomon R. Guggenheim  Museum, New York.
 
 
 
 La Sorcière est née  d'une branche d'arbre fourchue, taillée puis polie. Partant de «la vérité du  matériau», Brancusi en dégage des formes géométriques pour créer une silhouette  éclatée. Les deux rameaux sont devenus des ailerons latéraux, donnant un effet  aérodynamique à la sculpture posée en équilibre sur une pièce en bois brut.  Intitulée Chien de garde, cette  dernière peut aussi bien être présentée comme une sculpture indépendante que  servir de socle à La Sorcière avec  l'ajout d'une cale en pierre. |  | Constantin Brancusi. La Sorcière, [1924-1955]. Plâtre, sur  socle en plâtre et pierre (calcaire). Centre Pompidou, Musée national d'art  moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |   
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 9 - Reflet et mouvement
 
 
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                        | Scénographie 
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                            « Nous ne voyons la vie réelle que par les reflets. »,  écrit Brancusi. En polissant longuement le bronze, l’artiste obtient une  surface brillante comme un miroir. De cette manière, la sculpture se projette  au-delà d’elle-même et échappe à son strict contour. Les photographies et les  films de l’artiste confirment sa fascination pour les éclats de lumière,  parfois aveuglants, et leur pouvoir de métamorphose des formes. L’œuvre en  métal poli absorbe, reflète et distord l’image de son environnement et celle de  toute personne qui s’en approche. Animée par ce jeu de reflets, perpétuellement  mouvants et changeants, la sculpture devient, comme Brancusi la définit, «une  forme en mouvement». En posant certaines de ses œuvres sur des roulements à  bille, Brancusi fait véritablement tourner ses œuvres sur elles-mêmes, à  l’instar de Léda animée d’un mouvement circulaire comme un disque 78 tours  sur un gramophone. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin Brancusi. Léda (1926), vers 1929. Négatif  gélatino-argentique sur verre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin Brancusi. - Léda (1920), avant septembre 1921.  Négatif gélatino-argentique sur verre. Centre Pompidou, Musée national d'art  moderne, Paris. Legs Constantin Brancusi, 1957.
 - Léda (1926), vers 1929. Épreuve gélatino-argentique. Centre  Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris. Legs Constantin Brancusi, 1957.
 
 
 
Les multiples images de Léda que  Brancusi réalise au moyen du film ou de la photographie témoignent encore de la  fascination du sculpteur pour la métamorphose, ce processus naturel qu'il pense  comme l'expression ultime de la vie. L'enregistrement des jeux de lumière et  d'ombre, comme des reflets obtenus grâce au mouvement et à l'utilisation de  plusieurs éclairages, rendent hommage aux multiples versions de l'œuvre et  soulignent son identité changeante.  |  
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                        | Constantin Brancusi. Léda, 1920. Marbre, sur socle en béton.  The Art Institute of Chicago, Bequest of Katherine S. Dreier. 
 
 
«Je n'ai jamais  pu imaginer qu'un mâle puisse se changer en cygne, mais une femme, oui», confie  Brancusi. «Ces formes pleines ont été sa poitrine, sa tête... mais elles ont  été transformées en formes d'oiseau». Avec Léda,  le sculpteur détourne le mythe antique, reprenant l'idée de la métamorphose de  l'humain en animal. L'artiste et mécène américaine Katherine S. Dreier  l'acquiert en 1926. Avant le départ du marbre, Brancusi réalise un tirage en  bronze suivant sa pratique qui consiste à conserver dans l'atelier un double de  l'original. |  | 
                        Constantin Brancusi. Léda en mouvement, vers 1936. Durée:  2'02”. Extrait des films originaux 35 et 16 mm, noir et blanc, muet. Centre  Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Achat, 2010.
                        
                        
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 10 - L’animal
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Dans les années 1930 et 1940, plusieurs séries consacrées  à la thématique de l’animal marquent une évolution vers des formes obliques ou  horizontales. Au sein de ce bestiaire, deux groupes se distinguent : les  volatiles (coqs, cygnes, oiseaux…) et les animaux aquatiques (poissons,  phoques, tortues…). Avec de multiples versions, dans des matériaux et des  formats variés, ses sculptures semblent répondre au principe naturaliste de  l’espèce. Par la simplification des formes, Brancusi vise à la fois à atteindre  une figuration symbolique de l’animal et à retranscrire son mouvement. Il  explique: «Quand vous voyez un poisson, vous ne pensez pas à ses écailles,  n’est-ce pas ? Vous pensez à sa rapidité, à son corps filant comme un éclair à  travers l’eau…» Les images photographiques ou filmiques réalisées par le  sculpteur témoignent également de son lien étroit à la nature et au vivant.  |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Scénographie (coqs). |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. Le Coq, 1935. Bronze poli, sur socle en  pierre (calcaire) et chêne. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Achat, 1947. |  | Constantin Brancusi. Le Coq, 1924. Bois (cerisier). The  Museum of Modern Art, New York. Gift of LeRay W. Berdeau, 1959. 
 
 
La figure du  coq est emblématique chez Brancusi qui l'a déclinée en plusieurs volumes et  matériaux, du bois vers le plâtre et du plâtre vers le bronze. La musicalité  des quatre crénelures répond au cri de l'animal : «co-co-ri-co». Ce rythme se  renforce dans la fonte unique en bronze (1935) par les lignes brisées des deux  socles en bois et en calcaire. L'animal dressé sur ses ergots lance son cri  avec panache. |  
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                        | Constantin Brancusi. Le Coq, [vers 1926]. Plâtre teinté, sur  socles en plâtre et bois (chêne et peuplier). Centre Pompidou, Musée national  d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Le Crocodile, [1924]. Centre Pompidou,  Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. 
 
 
Durant  l'été 1924, alors que Brancusi est en vacances à Saint-Raphaël (Var), il manque  de se noyer en mer et doit son salut à un morceau de chêne-liège flottant qui  lui permet de regagner le rivage. Sur la plage, Brancusi lui consacre un autel  qu'il photographie. Souvenir d'un accident qui aurait pu être tragique, la  branche salvatrice se transmue en animal magique, nommé «le crocodile» et doté  d'un collier, qui est ensuite rapatrié et conservé dans l'atelier parisien. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. Bête nocturne, [vers 1930]. Bois  (érable), sur socle en plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Le Temple du crocodile, août 1924.  Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris. Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin Brancusi. - Phoque II, 1943. Marbre bleu turquin sur  socle en pierre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Achat,  1947.
 
 
 
Si pour Le Miracle, première  version du Phoque, Brancusi jouait  sur l'équilibre en installant la sculpture sur le bord du socle, il traduit dans  cette version en marbre la nature même de l'animal, corpulent et maladroit sur  terre, mais vif et gracieux dans l'eau. Sans doute inspiré par les otaries  qu'il a filmées au bois de Boulogne, Brancusi le représente de manière  synthétique, au moment où son entrée dans l’eau le métamorphose. Le socle  circulaire en pierre accentue cette sensation de dynamisme. 
 - Le Phoque, 1943-1946. Plâtre, sur Table  à double tambour en plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
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                        | Constantin Brancusi.- La Tortue, [1941-1943]. Bois (marronnier  d'Inde), sur socles en acier non poli et bois (chêne]. Centre Pompidou, Musée  national d'art moderne, Paris. Legs Constantin Brancusi, 1957.
 
 - Le Poisson, 1930-1949. Plâtre patiné,  sur socle en marbre gris et Table double tambour en plâtre. Centre Pompidou,  Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
 
 
 - Le Poisson, 1922. Marbre veiné, socle en  deux parties (miroir et chêne). Philadelphia Museum of Art: The Louise and  Walter Arensberg Collection, 1950.
 
 
 
 Brancusi décline le motif du poisson pendant  une dizaine d'années, réalisant une première version en marbre blanc veiné  avant de réaliser des bronzes puis une version monumentale en marbre gris dont  il conserve le plâtre dans son atelier. Figure plane en forme d'os de seiche  aérodynamique, Brancusi joue sur les propriétés des matériaux pour créer des  effets chatoyants ou réfléchissants. Ici, les veines du marbre évoquent les  ondulations de l'eau, là, le disque de métal réfléchissant accentue l'aspect  fragile, en suspension, de la sculpture.  |  
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                        | Scénographie  |   
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                        | Constantin Brancusi. Polaire, vers 1921-1930. Épreuve  gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957. 
 
 
Chiens, rapaces, cygnes ou cogs font partie des  animaux filmés et photographiés quotidiennement par Brancusi, dans son atelier,  dans sa cour, ou pendant ses voyages. À partir de 1921, sa chienne Polaire  revient souvent dans ses photographies, seule ou à l'occasion d'autoportraits.  Souvent, ces animaux sont enregistrés en mouvement, preuves de l'obsession du  sculpteur pour l'expression vitale sous toutes ses formes. |  | Constantin Brancusi. Chienne et ses petits, Roumanie,  1937/1938. Épreuve gélatino-argentique. Centre Pompidou, Musée national d'art  moderne. Paris, Legs Constantin Brancusi, 1937. |   
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 11 - Le socle du ciel
 
 
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                        | Scénographie 
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                            Brancusi a toujours nourri l’espoir de réaliser des œuvres  monumentales, comme en témoigne la reprise inlassable du motif du Baiser,  stylisé et développé à l’échelle architecturale, sous forme de colonne et de  porte. Une première occasion s’offre à lui en 1926, quand il plante sa Colonne sans fin dans  le jardin de son ami Edward Steichen à Voulangis. Née d’un modeste socle en  bois, cette œuvre radicale procède de la scansion verticale de l’espace par la  répétition du même module, évoquant les piliers funéraires du sud de la  Roumanie. C’est d’ailleurs dans son pays natal, à Târgu Jiu en 1937-1938, qu’il  mène à bien son unique projet monumental. Sur un axe d’un kilomètre et demi  traversant la ville, il place trois éléments symboliques : La Table du Silence, La Porte du Baiser et La Colonne  sans Fin. Érigée en fonte métallisée à près  de trente mètres de haut, cette dernière figure l’axis mundi, le  trait d’union entre la terre et le ciel, offrant au regard de multiples  perspectives. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Constantin Brancusi. Le Baiser, 1916. Calcaire. Philadelphia  Museum of Art: The Louise and Walter Arensberg Collection, 1950.
 
 
 Pierre  angulaire de l'art de Brancusi, Le Baiser constitue le premier motif traité par le sculpteur sous la forme d’une série  qu'il déclinera pendant quatre décennies. Version après version, la stylisation  et la géométrisation se font de plus en plus marquées. Dans Le Baiser de 1976, commandé par le  collectionneur américain John Quinn, les corps tronqués des amants tiennent  dans un volume rectangulaire aux arêtes nettes.  |  
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                        | Citation de Dorothy Dudley, 1927  |  
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                        | Scénographie. |  | 
                          Constantin Brancusi. Colonne sans fin. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957.
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                        | Constantin Brancusi. La Colonne sans fin III, [avant 1928].  Bois (peuplier). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. La Colonne sans fin, [vers 1930-1931].  Présentation partielle. Plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin  Brancusi. Construction de la Colonne  sans fin à Targu Jiu, Roumanie, novembre 1937 (vidéo). |  | Constantin Brancusi.  Târgu  Jiu, vers 1938. Extrait des films originaux 35 et 16 mm, noir et blanc, muet.  Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Achat, 2010.  
 
 
Photographiée et filmée sous tous les angles par Brancusi, La Colonne sans fin donne l'illusion de sa démultiplication dans  l'espace. Les travellings répétés le long de son axe monumental mettent  l'accent sur son élan ascensionnel. Brancusi privilégie à la fois les plans  larges, montrant la sculpture dans son contexte, et les très gros plans qui  tendent à brouiller les frontières entre l'œuvre d'art et son environnement. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Citation de Constantin Brancusi  |  
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                        | Constantin Brancusi. Étude  d'architecture avec motif du Baiser,  [vers 1922-1923]. Encre brune et mine graphite sur papier. Centre Pompidou,  Musée national d'art moderne, Paris. Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Projet  pour une Porte du Baiser et la Maïastra, vers 1930-1936. Encre violette  sur papier collé sur carton. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Dation, 2001. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Constantin Brancusi. Colonne du Baiser, [vers 1930-1933].  Plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs Constantin  Brancusi, 1957.
 
 
 En le schématisant encore davantage, Brancusi démultiplie le  motif du Baiser dans les recherches  liées à ses deux grands projets monumentaux. Le projet de Temple de l'Amour conçu pour le maharaja d'Indore comporte une Colonne du Baiser de 3 mètres de  hauteur, dans laquelle le couple se fond dans des piles abstraites. Leurs yeux  accolés s'unissent dans un même cercle. |  | Constantin Brancusi. Moulage  du pilier de la Colonne du Baiser,  [vers 1930-1933]. Plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris,  Legs Constantin Brancusi, 1957. |  
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                        | Constantin Brancusi. Moule  de la maquette du pilier de La Porte du  Baiser, 1935-1937. Plâtre. Centre Pompidou, Musée national d'art moderne,  Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957.
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                        | Constantin  Brancusi. Le Baiser, [vers 1940].  Pierre (calcaire jaune), sur socle en pierre (calcaire). Centre Pompidou, Musée  national d'art moderne, Paris, Legs Constantin Brancusi, 1957. |  | Constantin Brancusi. Borne-frontière, 1945. Pierre  (calcaire). Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, Legs  Constantin Brancusi, 1957.
 
 
 En 1945, à une époque où la Roumanie passe sous  influence soviétique et voit ses territoires profondément recomposés, Borne-frontière figure une ultime fois  le motif du baiser sous la forme de trois blocs de pierre superposés. Symbole  de l'harmonie entre les peuples, elle est l’une des rares œuvres de Brancusi  empreintes d'une dimension politique. Au centre, le couple en pied est répété à  l'identique sur chaque face, perdant toute profondeur. Au-dessus et en dessous,  trois couples se déploient horizontalement en bas-relief. |  |