1938
Artavazd Pelechian naît en Arménie à Leninakan, actuelle Gumri. Il grandit à Kirovakan (aujourd’hui Vanadzor) ou, après une formation technique, il exerce successivement les métiers d’ouvrier métallurgiste et de dessinateur industriel.
1963
Désormais installe à Moscou, Artavazd Pelechian décide d’intégrer le VGIK, la prestigieuse école de cinéma qui a formé d’autres grands noms du cinéma soviétique comme Andrei Tarkovski, Serguei Paradjanov, Alexandre Sokourov et Andrei Kontchalovski. Il y réalise ses trois premiers films et obtient son diplôme en 1968.
« Ça venait de mon être profond, de mon regard sur le monde. Ce n’est que plus tard que j’ai pu écrire ces textes sur le montage à distance qui exposent ma manière de voir le cinéma. Je savais que ce que je sentais, je n’arriverais à l’exprimer avec des mots mais qu’un des moyens serait le cinéma. »
1964
La Patrouille de la montagne, Mountain Patrol. Film 35 mm, noir et blanc, 10 min,
Arménie / URSS.
Ce film suit un groupe de travailleurs qui dégagent quotidiennement les voies ferrées pour le passage des trains dans les montagnes arméniennes. Artavazd Pelechian exalte la dignité et la rigueur du travail manuel.
1966
La Terre des hommes, Land of the People. Film 70 mm, noir et blanc, 10 min, URSS.
Une image de la sculpture d’Auguste Rodin, Le Penseur, ouvre et clôt La Terre des hommes. Entre ces deux séquences, le film évoque en images les réalisations et activités par lesquelles les humains habitent la Terre.
« C’est le thème de la découverte permanente de la beauté du monde, que l’homme réalise dans sa vie et dans son travail, qui est développé dans le cadre d’une grande ville, présentée au cours d’une journée de labeur. Ce film démarre et se termine sur l’image de la sculpture de Rodin : Le Penseur, qui tourne sur elle-même. Cette sculpture célèbre est devenue depuis longtemps le symbole de l’expression inaltérable de la pensée humaine.»
1967
Au Début, The Beginning. Film 35 mm, noir et blanc, 10 min, URSS.
Réalisé à l’occasion du 50e anniversaire de la révolution d’Octobre (1917), le film montre en parallèle des images de la révolution russe et des séquences évoquant l’actualité de la lutte sociale dans les années 1960 à travers le monde.
1969
Nous | We. Film 35 mm, noir et blanc, 26 min, Arménie / URSS.
Hommage vibrant au peuple arménien, Nous met en images l’exil, les retrouvailles, la ferveur collective, les destructions et reconstructions, évocateurs des soubresauts de l’histoire de l’Arménie. Avec ce film, Artavazd Pelechian commence à explorer le montage à distance.
1970
Les Habitants, The Inhabitants. Film 35 mm, noir et blanc, 10 min, Biélorussie / URSS.
Dans ce film pionnier, des hordes d’animaux sauvages, ces autres habitants de la planète, fuient une menace invisible, que le spectateur associe progressivement à l’emprise de l’homme sur la planète. Première projection d’un film d’Artavazd
Pelechian en Occident : Nous est présenté au Festival international du court-métrage d’Oberhausen en Allemagne ou il obtient le premier prix du jury.
« Le film est construit sur l’idée d’une relation pleine d’humanité avec la nature et le monde animal. Il est question bien sûr des agressions perpétrées par l’homme contre la nature, et de la menace que constitue la destruction de l’harmonie naturelle. »
1975
Les Saisons, The Seasons. Film 35 mm, noir et blanc, 29 min 59 s, Arménie / URSS.
Animé d’un souffle épique, Les Saisons suit une communauté de paysans arméniens dans leur labeur quotidien, accordant leur rapport à la nature au rythme des saisons.
1982
Notre Siècle, Our Century. Film 35 mm, noir et blanc, 48 min (1982) / 30 min (1990), Arménie / URSS.
Notre Siècle évoque la course aux étoiles dans laquelle se sont lancés au XXe siècle les États-Unis et l’URSS. L’utopie du rêve d’Icare s’y transforme en une course technologique effrénée.
1983
Le critique de cinéma Serge Daney rencontre Artavazd Pelechian à Moscou. Il publie alors dans Libération l’un des premiers portraits consacres au cinéaste dans la presse occidentale, ce qui marque le début de sa reconnaissance internationale.
« J’ai soudain le sentiment (agréable) de me trouver face à un chaînon manquant de la véritable histoire du cinéma. » Serge Daney, Libération, 11 août 1983
1988
Publication en russe de Moyo Kino [Mon Cinéma], un livre manifeste dans lequel le cinéaste développe ses théories cinématographiques et notamment sa conception du montage à distance (aussi appelé montage a contrepoint).
À l’invitation du Festival international du film de Rotterdam, Artavazd Pelechian effectue son premier voyage en Occident. L’année suivante, Jean-Luc Godard découvre avec admiration ses films lors du Festival de Nyon en Suisse, dans le cadre d’une rétrospective sur le cinéma arménien.
1992
Fin | The End. Film 35 mm, noir et blanc, 8 min, Arménie.
Au cours d’un voyage en train de Moscou à Erevan, Artavazd Pelechian filme les passagers, hommes et femmes d’âges et d’origines diverses. Ce voyage collectif, au défilement ininterrompu et à l’horizon incertain, peut se lire comme une métaphore de la vie, une certaine idée du destin.
Première rétrospective des films d’Artavazd Pelechian en Occident présentée à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris. À cette occasion, paraît dans Le Monde une conversation exceptionnelle entre Artavazd Pelechian et Jean-Luc Godard, fruit d’une rencontre à Paris organisée par Jean-Michel Frodon.
Publication en français du texte théorique d’Artavazd Pelechian, Le montage à contrepoint, ou la théorie de la distance, issu de son livre Moyo Kino, dans le deuxième numéro de la revue Trafic, créée par Serge Daney.
1993
Vie | Life. Film 35 mm, couleur, 7 min, Arménie / URSS.
Vie célèbre l’instant de la naissance à travers des images de femmes en travail et de nouveau-nés. Véritable hymne à la vie, le film fait référence à l’iconographie religieuse pour évoquer le mystère de la mise au monde.
2000
Il est récompense par le prix SCAM (Société des Auteurs Multimédia) de Télévision pour l’ensemble de son œuvre.
2001
La Fondation Cartier présente le film Les Saisons à l’occasion de l’exposition Un Art populaire. C’est le début d’une relation durable avec le cinéaste, qui se prolonge a l’occasion d’expositions présentées à Paris (notamment Ce qui arrive, conçue par le philosophe Paul Virilio, 2002) ou à l’étranger. Depuis, quatre films d’Artavazd Pelechian ont intègre la collection de la Fondation Cartier : Les Saisons, Les Habitants, Notre Siècle
Et La Nature. À partir de 2014, le film Les Habitants est l’élément central d’une série d’expositions que l’artiste argentin Guillermo Kuitca imagine à partir de la collection de la Fondation Cartier à Paris (2014), Buenos Aires (2017) et Milan (2021).
2005
La Fondation Cartier et le ZKM Filminstitut commandent à Artavazd Pelechian la réalisation d’un nouveau film. Le réalisateur rédige alors un synopsis, dont l’original est présenté dans cette salle, qui décrit précisément la construction visuelle du film, intitule La Nature.
2014
A l’occasion du trentieme anniversaire de la Fondation Cartier, l’artiste et musicienne Patti Smith imagine une soiree de concert intitulée Swans, Un hommage à Artavazd
Pelechian, en présence du cinéaste.
2015
Publication en versions russe et anglaise de My Universe and Unified Field Theory [Mon Univers et ma théorie du champ unifie]. Artavazd Pelechian y développe une réflexion sur les notions d’espace et de temps en lien avec ses conceptions cinématographiques. Il fait ainsi écho à ce qu’il écrivait plusieurs décennies auparavant dans son texte Le Montage à contrepoint.
2020
La Nature, Nature. Film numérique, noir et blanc, 62 min, France / Arménie / Allemagne.
Le nouveau film d’Artavazd Pelechian met en scène une nature puissante et souveraine, capable de dompter les communautés humaines et leurs réalisations. La Nature offre une vision saisissante de l’issue probable du désordre écologique en cours.