ART / AFRIQUE
le nouvel atelier

Article publié dans la Lettre n° 435
du 10 juillet 2017


 
Pour voir le parcours en images de l'exposition « Les Initiés », cliquez ici.
 
Pour voir le parcours en images de l'exposition « Être-là », cliquez ici.
 
Pour voir le parcours en images de l'exposition « Collection de la Fondation Louis Vuitton : une sélection d'œuvres africaines », cliquez ici.

ART/AFRIQUE, le nouvel atelier. Pour faire connaître un art africain contemporain auquel les collectionneurs et institutions du monde entier ne se sont intéressés que récemment, la Fondation Louis Vuitton présente dans le magnifique édifice de Frank Ghery, deux expositions ainsi que des œuvres appartenant à sa propre collection.

Dans la première exposition, « LES INITIES », nous avons une sélection d’œuvres de la collection d’art contemporain africain de Jean Pigozzi, héritier du constructeur automobile Simca. Après avoir vu l’exposition « Magiciens de la terre » en 1989, ce collectionneur, qui n’a jamais posé le pied en Afrique, a chargé André Magnin, un défricheur de cet art africain contemporain, de lui constituer une « collection unique au monde » avec des œuvres d’artistes qui devaient être originaires d’Afrique noire, y vivre et y travailler. Cette collection, qui compte aujourd’hui 15 000 œuvres, renvoie dans sa diversité à l’un des visages de la création contemporaine en Afrique, de 1989 à 2009.
Quinze artistes sont exposés avec, pour chacun d’entre eux, un ensemble d’œuvres qui permet de comprendre leurs motivations, leur style et leurs moyens d’expression. Nous sommes accueillis par une installation faite de pierres colorées de Pascale Marthine Tayou, La Colonisation, créée pour cet évènement. Au fil des salles, nous revoyons avec plaisir les installations et maquettes de Body Isek Kingelez (1948-2015, Congo), les toiles sur les problèmes contemporains de Chéri Samba (1956, Congo), les dessins de Frédéric Bruly Bouabré (1923-2014, Côte d’Ivoire), les photographies de Malick Sidibé (1935-2016, Mali), tous présents dans l’exposition « Vivre » (Musée de l’Immigration, 2016) ainsi que les extraordinaires portraits photographiques de Seydou Keïta (1921-2001, Mali) (Grand Palais, 2016). Parmi les autres artistes, nous remarquons les masques faits avec des bidons en plastique et divers objets de Romuald Hazoumè (né en 1962, Bénin), les maquettes de Rigobert Nimi (né en 1965, Congo), les grandes sculptures en terre cuite, évoquant la fécondité, de Seni Awa Camara (née en 1945, Sénégal), les étranges sculptures entourées d’épines de porc-épic de John Goba (né en 1944, Sierra Leone) ou encore, les dessins de systèmes et machines complexes et mystérieuses de Abu Bakarr Mansaray (né en 1970, Sierra Leone).

La deuxième exposition « ÊTRE LÀ », est consacrée à « l’Afrique du Sud, une scène contemporaine ». Ce pays est le plus vivant du continent. Une vingtaine d’artistes le représente. La plupart vit et travaille à Johannesburg, quelques-uns à Cape Town et deux à l’étranger. Ils sont regroupés en deux ensembles, ceux des générations 1930-1970 et ceux de la génération 1980. Parmi les premiers, on ne peut manquer Infantry with Beast de Jane Alexander (née en 1959), un bataillon de 27 figures, mi-animales, mi-humaines, face à une bête qui les observe ; les immenses compositions en bois, cuir, rubans, etc. de Nicholas Hlobo (né en 1975) ; ou encore le mur de photos de Zanele Muholi (née en 1972). Dans la même salle que ces derniers, nous avons une imposante installation de Keman Wa Lehulere (né en 1984), Reddening of the Greens or Dog Sleep Manifesto (2015) composée de valises pleines de pelouse, surveillées par des chiens, rappelant cette loi de 1913 qui privait les noirs de leurs terres et, du même artiste, en écho à cette installation, un immense dessin à la craie sur un mur noir, Cutting Corners (2017), qui fait référence lui-aussi au droit de propriété.

À côté de ces deux expositions majeures, nous pouvons voir des œuvres d’art africain contemporain appartenant à la Collection de la Fondation Louis Vuitton. Seize artistes sont représentés. Plusieurs comme Chéri Samba, David Goldblatt, Zanele Muholi, Kudzanai Chiurai, etc. étaient déjà dans les sections précédentes. L’ensemble de photos décrivant l’histoire sociale de l’Afrique du Sud de David Goldblatt (né en 1930) est tout à fait intéressante, comme le sont les autoportraits de Zanele Muholi où elle se photographie avec des coiffures outrancières renvoyant aux stéréotypes de la féminité africaine. Parmi toutes ces œuvres, la plus étonnante est cette sorte de cage, Plateaus de Rashid Johnson (né en 1977), remplie de plantes exotiques, de livres de littérature afro-américaine, de buste en beurre de karité, de néons et de matériel radio, renvoyant aux origines de l’artiste, qui travaille à New York. Un ensemble d’expositions qui donne toute leur place aux artistes africains contemporains. R.P. Fondation Louis Vuitton 16e. Jusqu’au 4 septembre 2017. Lien : www.fondationlouisvuitton.fr.


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