L’ART DU PASTEL
DE DEGAS A REDON

Article publié dans la Lettre n° 450
du 14 mars 2018


 
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L’ART DU PASTEL DE DEGAS A REDON. Le Petit Palais possède quelque 200 pastels entrés dans ses collections grâce à des dons des artistes ou de leurs familles et à quelques achats de la Ville de Paris. Compte tenu de leur fragilité, ils ne sont ni exposés ni prêtés. Avec une sélection de 130 d’entre eux provenant de ses collections, le Petit Palais nous permet donc d’admirer ces œuvres raffinées et élégantes, faites avec rapidité grâce à ces bâtonnets de couleur. Si le pastel est souvent associé au XVIIIe siècle, il a aussi été utilisé au cours des siècles suivants, en particulier par les impressionnistes, et cela jusqu’à nos jours comme le montre les trois œuvres d’Irving Petlin, pastelliste américain né en 1934 et vivant à Paris, exposées ici. La plupart des pastels du Petit Palais datent des années 1860 à 1920.
Le parcours de l’exposition se déploie en cinq sections dans une magnifique scénographie. Celles-ci suivent un ordre à la fois chronologique et thématique. Dès l’entrée, on voit le délicat portrait de la Princesse Radziwill (1800-1801), par Élisabeth Vigée-Lebrun. Il symbolise l’âge d’or du pastel évoqué dans cette première section « Avant le renouveau du pastel ». A côté de ce portrait, on voit des esquisses de scènes religieuses pour des églises, telles que Zacharie et Ezechiel (1843), de Jean-François Brémond, ou encore La Mort de saint Joseph (1870), de Jean-Baptiste-Auguste Leloir ; un paysage de Constant Troyon, Paysage boisé (non daté) et d’autres portraits comme le Portrait de Mademoiselle Ehrler (1861) en petite fille au cerceau, par Léon Riesener ou La Belle Bouquetière (1888) par Norbert Goeneutte, inspiré du Portrait de la marquise de Pompadour en bergère, de Carle van Loo.
Vient ensuite « Le pastel naturaliste ». Là, sont exposés des tableaux d’artistes allant au contact de la nature avec ce matériel léger que permet le pastel, ou bien croquant des sujets de la vie moderne qui réclament un traitement neuf, simple et spontané. Parmi les premiers, nous trouvons Félix Bouchor (Soleil et neige, avant 1915), Léon Clavel dit Irwill (Le Soir ; Paris sous la neige, 1892), Alexandre Nozal (L’Embâcle de la Seine entre Asnières et Courbevoie, 1891), Léon Lhermitte (Les Lieuses de gerbes, 1897), etc. Parmi les seconds, citons Paul-Albert Bartholomé (Tête de mendiante, 1882), Guillaume Roger (Petite fille hollandaise, avant 1916), Louise Breslau (Retour du marché, avant 1907) et bien sûr Fernand Pelez (Danseuse mettant son collant, 1905) dont le Petit Palais possède un grand nombre d’œuvres (Lettre n°302).
La section suivante, « Le pastel impressionniste » nous montre quelques tableaux de Mary Cassatt (Sara avec son chien, vers 1901), Edgar Degas (Madame Alexis Rouart et ses enfants, vers 1905), Auguste Renoir (Portrait de Berthe Morisot et de sa fille, 1894), Gauguin (Le sculpteur Aubé et son fils Émile, 1882), Berthe Morisot (Dans le parc, 1874), etc. On voit tout l’intérêt de ce médium, idéal pour travailler en plein air et pour s’accorder à leur esthétique (suggestion du mouvement, effets de lumière …), pour ces artistes.
A la fin du XIXe siècle, le pastel convient parfaitement à cette vogue du portrait mondain, objet de la quatrième section. Les artistes, y compris les femmes qui s’emparent de cette technique plus accessible et moins coûteuse que l’huile, réalisent des portraits virtuoses de grands formats. Souvenons-nous de l’exposition [Lettre n°408] consacrée ici-même à Albert Besnard, dont on voit Buste de femme (avant 1896). Parmi les autres artistes représentés ici, mentionnons la Princesse Marie Eristoff-Kasak (Portrait de fillette, 1898), James Tissot (Le Journal, vers 1883 ; Berthe, vers 1882), Victor Prouvé (Femme étendue sur un divan, 1899), Jacques Émile Blanche (Portrait de Marie-Blanche Vasnier, 1888), etc. Le pastel est également parfaitement adapté au rendu des carnations féminines. On le constate avec quelques nus plus ou moins audacieux d’Antonio de La Gandera (La Femme au voile, vers 1910), Pierre Carrier-Belleuse (Sur le sable de la dune, 1896) ou encore Alfred Roll (Démoniaque, vers 1904).
Avec la dernière section, « Le pastel symboliste », on abandonne les portraits et les scènes de la nature pour se consacrer aux sujets rares, allégoriques ou mythologiques et aux climats de mystère et d’étrangeté, propices à la rêverie. Cette section est illustrée par des pastels d’Alphonse Osbert (Le lyrisme de la forêt, 1910), de Lucien Lévy-Dhurmer (Feu d’artifice à Venise, vers 1906), de Ker-Xavier Roussel (Scène bucolique, non daté) et surtout d’Odilon Redon dont on voit cinq œuvres dont Le Christ du silence (vers 1890), Sphinx ailé accoudé à un rocher (1892-1895) et La Naissance de Vénus (vers 1912). On l’aura compris, il s’agit d’une exposition vraiment rare et magnifique. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 8 avril 2018. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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