L’ART DE LA PAIX. Secrets et trésors de la diplomatie. On parle  plus souvent d’« art de la guerre » que d’« art de la  paix » et pourtant, comme on nous le montre ici, la paix ne se fait  pas toute seule. Il faut des connaissances et de la pratique pour parvenir à  cet état. La présente exposition, la première du genre, organisée par le  ministère des Affaires étrangères et du Développement international, nous  explique cet art bien particulier, comme on le verra.
                Dans l’entrée, une tapisserie des  Flandres du XVe siècle célébrant les exploits guerriers d’Alexandre le Grand, un  tableau de Georges Leroux intitulé Aux  Eparges, soldats enterrant leurs camarades au clair de lune (1915) et un  film diffusé à la télévision à l’occasion du 50e anniversaire  d’Hiroshima, évoquent l’effroi de la guerre et les raisons de la paix. 
                La première salle « La paix  des princes, une affaire de famille » rappelle qu’après le partage de  l’empire de Charlemagne entre ses trois petits-fils, l’Europe conserve la  nostalgie de l’unité, gage de paix. Pour contrecarrer cette dispersion du  pouvoir, l’Eglise crée la « paix de Dieu », garantie par des  sanctions spirituelles. De leur côté, les familles princières tentent d’étendre  leur pouvoir tant par la guerre que par des alliances et des mariages. Un grand  nombre d’œuvres d’art illustrent ces propos. Citons un tableau du XVe siècle  représentant Philippe le Bon et Isabelle  de Portugal ; les Noces de  Catherine de Médicis avec Henri II de France, de Jacopo Chimenti l‘Empoli  (vers 1600) ; le moulage du bas-relief du Camp du drap d’or de l’Hôtel  de Bourgtheroulde à Rouen ; François Ier  et Charles-Quint se réconcilient sous l’impulsion du pape Paul III (1538),  peint en 1687-1688 par Sebastiano Ricci ; la Paix de Nimègue, bas-relief  en bronze de Martin Van den Bogaert, dit Desjardins ; l’Allégorie de la Paix d’Amiens, par Anatole Devosge ; l’Apothéose de Napoléon Ier par Ingres  (vers 1853). On le voit, les sujets ne manquent pas ! Le plus intéressant  dans cette salle (et les suivantes) sont les traités originaux signés dans  toutes sortes de circonstances : le Traité  de paix entre Louis IX et Jacques Ier d’Aragon (11 mai 1258) ; le  « honteux » Traité de Troyes entre la France et l’Angleterre (21 mai 1420) ; la Confirmation du traité de paix d’Arras (5 janvier 1436) ; le Traité de paix entre la France et l’Espagne (Nimègue,  17 septembre 1678), etc. Le traité le plus original est  la Grande Paix de Montréal (4 août 1701)  entre la France et des nations indiennes, celles-ci ayant signé avec des  symboles.
                La salle suivante « L’idéal  de paix » présente divers tableaux et sculptures représentant la Paix, la  plupart du temps sous des formes allégoriques, comme ces colombes de Vénus  installant leur nid dans le casque de Mars ! Néanmoins, la Paix ainsi  représentée se définie face à l’allégorie de la Guerre et, finalement,  symbolise avant tout le triomphe des vainqueurs…
                Avec « La paix, mode  d’emploi », on entre de plain-pied dans le domaine de la diplomatie. À  partir du XVIe siècle, les souverains limitent leurs déplacements et renoncent  peu à peu aux rencontres au sommet. Des spécialistes font leur apparition dans  les négociations et la rédaction des traités. Des livres enseignent l’art de la  diplomatie (Le Parfait Ambassadeur,  1709). Les cadeaux diplomatiques font leur apparition comme ce magnifique  service de Sèvres offert par Louis XV à la princesse des Asturies, future reine  d’Espagne, et surtout cette Table de  Breteuil dite de Teschen, offerte par l’électeur de Saxe au baron Breteuil,  médiateur français de la paix de Teschen. Cette table fut acquise en 2014 par  le Louvre, grâce au mécénat public, pour la somme de douze millions d’euros.
                Dans cette salle on trouve aussi  un tableau avec seize « artisans de la paix » allant de Richelieu à  François Mitterrand et divers objets et manuels permettant le chiffrement des  communications, comme le fut cette imposante et fameuse Dépêche du père Joseph à Richelieu (22 août 1630).
                Dans cette salle les commissaires  montrent aussi l’importance de la ville de Paris dans les négociations  internationales, depuis le traité de 1259 jusqu’à la COP21, illustrée dans la  dernière salle par le petit marteau vert utilisé par Laurent Fabius pour clore  la conférence, en passant par le traité de la CECA, ancêtre de la Communauté  européenne, ou la fin de la guerre du Viêt-Nam, en 1973, qui ne concernait pas  la France. 
                On entre alors dans une petite  salle où sont exposés les « Trésors de la diplomatie ». Dans un ordre  chronologique, allant du Cartulaire de  Christophe Colomb (1502) jusqu’à un traité avec la Chine du 28 février  1946, sont exposées de véritables œuvres d’art, avec de splendides  calligraphies, des illustrations soignées et une profusion de sceaux comme sur  ce parchemin scellé de 120 sceaux de cire rouge par lequel la noblesse polonaise  élit roi Henri de Valois (23 mai 1573). Parmi tous ces trésors, la Lettre du roi du Siam à Napoléon III (17  mars 1861) écrite sur une feuille d’or, est la plus surprenante.
                Dans la dernière salle,  « Ordre et désordre international », l’exposition évoque les efforts  faits un peu partout en faveur de la paix, aboutissant à la Société des Nations,  puis à l’ONU. Un tableau nous présente, cette fois, treize « Penseurs de  la paix » depuis Saint Augustin jusqu’à Stéphane Hessel. Les commissaires  nous montrent aussi l’importance des intellectuels, tels que Victor Hugo,  Lamartine, Daumier et ses caricatures sur le congrès de la paix de 1849,  Verechtchaguine et son effroyable Apothéose  de la guerre (1871) ou encore le douanier Rousseau avec Les représentants des puissances étrangères  venant saluer la République en signe de paix (1907). Nous voyons aussi le  bureau plat attribué à Cressent (vers 1725-1730), sur lequel les allemands ont  proclamé l’Empire allemand en 1871 et signé le traité de 1919, ainsi que le  traité instituant la CEE (1957) et le traité de Maastricht (1992), tous deux nettement  moins artistiques, avec leurs milliers de pages, que ceux vus dans les salles  précédentes. Une exposition passionnante grâce à tous ces documents historiques  dont les noms ont bercé notre enseignement, avec une scénographie très soignée. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 15 janvier 2017. Lien: www.petitpalais.paris.fr.