ANDERS ZORN. Le Maître de la peinture suédoise. Le Petit Palais a réuni près de 150 œuvres de cette grande figure de la peinture suédoise, mondialement connue au tournant des XIXe et XXe siècles, toujours très populaire en Scandinavie, célébrée avec succès à San Francisco et New York en 2013 et 2014, mais ignorée en France depuis 1906 !
Dans une magnifique scénographie, le parcours thématique évoque les différents aspects de ce peintre et graveur de talent. Après une introduction sur sa vie, où l’on explique qu’il venait d’un milieu pauvre et avait été abandonné par son père, avant de connaître la gloire et la fortune, le parcours commence par ses grandes aquarelles. Sa virtuosité dans ce domaine s’exprime pleinement dans son art de représenter l’eau. Nous voyons des aquarelles peintes au cours de ses nombreux voyages, en Espagne, en Turquie, en Grèce, en Afrique du Nord, à Londres, à Paris, aux Etats Unis et bien sûr en Scandinavie, où il traite ce thème avec des personnages qui ne servent souvent que de faire-valoir.
Vient ensuite, avec « La décennie parisienne », un vaste ensemble de toiles et d’aquarelles représentant des scènes de la vie parisienne (Omnibus, 1892 ; Effet de nuit, 1895 ; Le Tub, 1888 …). Zorn envoie chaque année de nombreux tableaux au Salon en tant que sociétaire étranger. Il reçoit en 1900 la Médaille du Grand Prix, tant pour ses tableaux que pour ses gravures. En effet Zorn est un dessinateur et graveur hors pair. Dans cette section, nous voyons plusieurs de ses gravures. Citons Albert Besnard et son modèle, 1896 ; Ernest Renan, 1892 ; Paul Verlaine, 1895 ; Auguste Rodin, 1906. Toutes ces personnalités sont ses amis, ce qui montre l’importance d’Anders Zorn à Paris à cette époque.
Son talent de portraitiste est reconnu par tous et les grands de ce monde veulent leur portrait peint par lui. La section suivante, « Les portraits de société », nous montre, à travers une douzaine de grandes toiles, quelques-unes des personnalités qu’il a portraiturées, comme Elisabeth Sherman Cameron (1900), somptueux portrait peint en onze jours seulement ; Mrs Richard Howe, 1900 ; Oscar II, 1898 ou encore Un Toast à la société Idun, 1892 et même Le Chien des Rikoff, 1891. La plupart du temps, il se rendait chez le modèle pour mieux saisir sa personnalité.
Dans la salle suivante, nous voyons une sélection de gravures représentant des portraits (Zorn et sa femme, 1890 ; Carl Larsson, 1897) ou des sujets divers (Joueuse de billard, 1898 ; La Guitare ou Souvenir, 1895). On y voit aussi des gravures reprenant le sujet d’une toile comme Le Toast (1894) ou La Vénus de la Villette (1893), vue dans la troisième section, dont la toile fit scandale au salon de 1893 et fut retirée précipitamment. Parmi les 288 numéros de son œuvre gravée, la Bibliothèque nationale de France en possède 212 grâce à des dons, y compris de Zorn lui-même. Toutes les gravures présentées ici proviennent de la BNF.
En 1896, Zorn et sa femme quittent Paris pour retourner s’installer à Mora, dans la province de Dalécarlie, au bord du lac Siljan. Mora est un village où le peintre trouve, dans la réalité quotidienne les sujets de nombreux tableaux. C’est l’objet de la section « La Suède traditionnelle » où l’on voit par exemple, Le Marché de Mora, 1892 ; La Petite Brasserie, 1890 ; Margit, 1891 ; Pétrir le pain, 1889 ou encore Danse de la Saint-Jean, 1897, la toile dont il était le plus fier.
Avec « Nus et baigneuses » le parcours se termine par l’un des sujets de prédilection d’Anders Zorn. A partir des années 1880, il commence à peindre sur le motif des nus en plein air, sans prétexte mythologique quelconque. Ses nus ont parfois été comparés à ceux de Renoir. Zorn met surtout l’accent sur le traitement de la peau de ces corps nus. Avec une dizaine de toiles (Reflets, 1889 ; Jeune femme nue se coiffant, 1907 ; Frileuse, 1894 …) et quelques gravures, nous n’avons qu’un tout petit échantillon de ses toiles, tant sa production fut abondante, surtout à la fin de sa vie. Une exposition éblouissante qui nous permet de bien connaître ce grand artiste. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 17 décembre 2017.
Lien: www.petitpalais.paris.fr.