ALBERT EDELFELT (1854-1905)
Lumières de Finlande

Article publié dans la Lettre n°545 du 13 avril 2022



 
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ALBERT EDELFELT (1854-1905). Lumières de Finlande. Après les rétrospectives consacrées aux suédois Carl Larrson et Anders Zorn (Lettre n°438) et l’exposition « l’Âge d’or de la peinture danoise » (Lettre n°511), le Petit Palais poursuit son exploration des artistes nordiques avec cette monographie dédiée à Albert Edelfelt, unanimement célébré à son époque, tant en France, où il s’installe de manière permanente de 1874 à 1889, que dans le reste du monde occidental.
Edelfelt naît à Porvoo, sur la côte méridionale de la Finlande. Son père, d’origine suédoise, est architecte, sa mère est issue d’une famille de marchands. À la mort de son père en 1869, il se retrouve à vivre dans un univers exclusivement féminin avec sa mère, ses trois sœurs et une vieille servante. On peut voir des portraits de ceux-ci dans la première section, « L’Arcadie familiale », ainsi que dans les suivantes. Après une formation à Helsinki, il obtient une subvention du gouvernement finlandais, qui veut un peintre capable de promouvoir l’histoire nationale. Cela lui permet d’étudier à Anvers (1873-1874).
Désireux de mener une carrière dans le « grand genre », à savoir la peinture d’histoire, il se rend à Paris et intègre en 1874 l’École des beaux-arts dans la classe de Jean-Léon Gérôme. Cela lui permet de rencontrer des confrères finlandais, comme on le voit dans le tableau de Birger, Un déjeuner chez Ledoyen, le jour du vernissage (1886). Il se lance ainsi dans une grande composition historique, Blanche de Namur, reine de Suède, et le prince Haquin (La Reine Blanche), qu’il présente au Salon de 1877 et récidive l’année suivante avec une toile d’une forte intensité dramatique, Le Duc Charles insulte le cadavre de son ennemi Klaus Fleming, 1597. Citons aussi Service divin au bord de la mer, Finlande (1881), premier achat par l’État français d’une œuvre finlandaise.
A Paris, Edelfelt fait également la connaissance de peintres gravitant autour de Jules Bastien-Lepage, chantre du pleinairisme. Dans cette veine, il peint Le Convoi d’un enfant, Finlande et son joyeux pendant En route pour le baptême, où il remplace le cercueil du petit enfant par un bébé que l’on va baptiser, En mer, golfe de Finlande et aussi Enfants au bord de l’eau, consolidant ainsi sa notoriété.
En 1885, Edelfelt rencontre Louis Pasteur par l’intermédiaire de son fils Jean-Baptiste, qui lui suggère d’exécuter son portrait. L’artiste représente le savant en plein travail dans son laboratoire. Ce portrait fait sensation au Salon de 1886, éclipsant celui de François Lafon, très conventionnel, acquis par l’État en 1884, ou encore celui de Léon Bonnat (1886 également). L’État achète ce tableau et décerne à son auteur la légion d’honneur. Edelfelt conservera des liens d’amitié avec la famille Pasteur dont il fera plusieurs portraits dont celui de Madame Pasteur en deuil (1899).
Edelfelt s’intéresse beaucoup aux « scènes de la vie moderne ». Il fait des portraits de parisiennes dans diverses situations, incarnées par Virginie, son modèle favori, qu’il représente écrivant une lettre, lisant, jouant du piano, posant avec un éventail, etc. Tous ces tableaux sont ravissants et les personnages très élégants. Il peint aussi des portraits plus officiels comme celui de la grande cantatrice finlandaise Aïno Ackté, l’un à la ville, l’autre dans le rôle d’Alceste sur les rives du Styx, ou encore les portraits de Michael et Xenia, enfants du tsar Alexandre III (1882).
Si Edelfelt est tenté par l’Impressionnisme comme le montre Toits de Paris sous la neige, (1887), il ne s’y consacre pas et préfère la peinture naturaliste comme en témoignent les nombreuses toiles qu’il peint ou prépare en Finlande, où il retourne chaque été. Il est plein de tendresse pour ses concitoyens, que ce soit les enfants (Petite fille tricotant une chaussette ; Les Constructeurs de navires ; Apprentis tailleurs dans un asile d’enfants, Finlande), les marins (Mouillage à Copenhague III) ou encore les ouvriers (L’Heure de la rentrée des ouvriers, Finlande). Que d’émotion dans Chagrin, ou dans Vieille paysanne finlandaise, portrait de la vieille servante de la famille. Les paysages ne sont pas oubliés et feront école auprès de la nouvelle génération de peintres finlandais comme Akseli Gallen-Kallela.
Le parcours se termine avec des tableaux montrant l’engagement d’Edelfelt dans la promotion de la Finlande et dans sa lutte pour l’indépendance face à l’impérialisme russe. Cela est particulièrement visible dans sa toile Pêcheurs finlandais où les trois personnages scrutent l’horizon avec un air farouche et déterminé. Une exposition qui rend hommage, dans une belle scénographie, à un peintre très célèbre en son temps, dont on ne parle pratiquement plus. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 10 juillet 2022. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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