Parcours en images de l'exposition

« À TOI APPARTIENT LE REGARD ET (…)
LA LIAISON INFINIE ENTRE LES CHOSES »

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°507 du 16 septembre 2020




1 - Préambule. Sixsixsix, Samuel Fosso (2015-2016)
 
Pouvons-nous percevoir le monde par les yeux des autres ? Jusqu’où les expériences visuelles proposées par les artistes peuvent-elles nous transporter, ou nous ramener à nous-mêmes ?
L'exposition propose un cheminement parmi les œuvres de vingt-six artistes utilisant la photographie, l'image en mouvement, la vidéo, l'installation d’images. Le parcours fonctionne comme une mise en relation d’univers propres qui interrogent notre rapport aux images et à leur perception. Ces artistes mènent des recherches qui permettent de faire ré-émerger l'Histoire et les histoires, dans des questionnements géographiques. Travaillant depuis dix-huit pays différents, ils proposent non seulement des œuvres éclairantes mais également des points de vue précisément localisés.
L’œuvre The black photo album /Look at me [L’album photos noir/ Regardez-moi] de Santu  Mofokeng pose, en vis à vis d'un portrait, une question centrale : « qui regarde? ». La question du point de vue et du regard comme action consciente figure dans la phrase « À toi appartient le regard et à toi appartient la liaison infinie entre les choses », issue d'un texte de l'écrivain allemand August Ludwig Hülsen (1765-1809). Décrivant, en 1800, son expérience visuelle des chutes du Rhin lors d'un voyage en Suisse, il y souligne la capacité de l'œil à recomposer une unité dans un paysage étranger perçu jusque-là par fragments. Transposée ici, cette évocation nous incite à traverser ces œuvres contemporaines de façon libre et intuitive. Elle est une invitation à se laisser porter et surprendre par des œuvres trop rarement vues. Elle nous rappelle que les significations que nous pourrons tirer de ces rencontres dépendent aussi de l’attention que nous leur accorderons, et comment nous les regarderons.
Affiche de l'exposition.
 
Texte du panneau didactique.
Samuel Fosso. Sixsixsix, 2015-2016. Vue partielle.
Samuel Fosso a construit, depuis ses premiers autoportraits à la fin des années soixante-dix, une œuvre où la transformation de sa propre apparence est primordiale. Il a considérablement approfondi le genre de |’autoportrait. Sa pratique toujours renouvelée lui a permis d’incarner des archétypes, des figures historiques mais aussi de réinterpréter des épisodes difficiles de sa propre vie. On peut observer sur l’ensemble de son œuvre une oscillation entre des images de métamorphose et d’autres qui relèvent plutôt de modifications subtiles. La pièce monumentale dans laquelle il apparaît ici est réalisée sans maquillage ni accessoires. Centrée sur le visage de l’artiste, elle place le visiteur dans un face à face actif qui ne livre pas une clef de signification immédiate. Elle est ainsi une introduction à l’exposition sous une forme interrogative et ouverte aux interprétations. Dans cette forme si photographique du portrait, qui regarde qui ?
 
Texte du panneau didactique.
 
Samuel Fosso. Sixsixsix, 2015-2016. Détail.
Samuel Fosso. Sixsixsix, 2015-2016. Vue partielle.


2 - L'image est-elle un coup d'œil arrêté ?


Photographie. Suffit-il de regarder attentivement pour créer une image ?
Comment la photographie découpe-t-elle un fragment dans le réel ?
Dans cette première partie, Cinthya Soto revisite les grands parcs naturels argentins, cadres d'innombrables cartes postales. Elle y photographie le moment du cadrage en montrant l'appareil photographique. Daniela Edburg s'interroge sur un autre type de prélèvement dans la nature: face à l'interdiction de prendre quelque élément à l'intérieur d'espaces protégés, elle en produit de nouveaux artefacts. Brindilles de coton et cailloux tricotés reprennent place dans le paysage photographié. La relation avec la nature apparaît également dans les images de Lek Kiatsirikajorn. Elles replacent les anciens habitants de la lisière de Bangkok dans cette zone devenue un univers intermédiaire entre l’urbain et le rural. Jo Ractliffe effectue une archéologie photographique des paysages anciennement militarisés aux frontières de l'Afrique du Sud, de la Namibie et du Botswana. Guy Tillim ouvre des fenêtres au cœur des villes de Harare, Luanda, Addis-Abeba et Nairobi. Ces plongées dans les foules contrastent avec l'univers post-catastrophe du Japon de l‘écrivain Kenzaburo Oé, visuellement réactivé par José Luis Cuevas.
 
Texte du panneau didactique.
 
José Luis Cuevas. Portrait of a young student, Tokyo, 2017-2018. © musée du quai Branly– Jacques Chirac. Photographie tirée de la série
« A kind of chronic disease » réalisée dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly – Jacques Chirac.
Scénographie
 
Cinthya Soto. Paysage (re)trouvé. À la recherche du paradis perdu : Fitz Roy, 2010-2011. © musée du quai Branly – Jacques Chirac. Programme réalisé avec le soutien de la Fondation Total dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly – Jacques Chirac.
 
Cinthya Soto. Paysage (re)trouvé. À la recherche du paradis perdu : Iglesia Abandonada, 2010-2011. © musée du quai Branly – Jacques Chirac. Programme réalisé avec le soutien de la Fondation Total dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly – Jacques Chirac.
Daniela Edburg. Projet échantillons, Islande, 2013-2014.
- Vapeur prélevée à Haukaddur, oct-2013
Bouleau prélevé à Harnafoss, oct-2013
Roches de lave noires prélevées à Reykjafjördur, oct-2013.
Tirages jet d’encre. Musée du quai Branly – Jacques Chirac.
 
Daniela Edburg. Projet échantillons, Islande, 2013-2014. Vapeur prélevée à Haukaddur, oct-2013.
Tirages jet d’encre. Musée du quai Branly – Jacques Chirac.
Scénographie
Jo Ractliffe. Zones frontalières, 2011 - 2014. Épreuves gélatino-argentique. © Centre national des arts plastiques.
 
Jo Ractliffe. Template for digging graves, Pomfret, 2011 - 2014. Épreuve gélatino-argentique. © Centre national des arts plastiques.
 
Jo Ractliffe. Drying grapes, Riemvasmaak, 2011 - 2014. Épreuve gélatino-argentique. © Centre national des arts plastiques.
Lek Kiatsirikajorn. Tirages issus de la série Lost in Paradise, 2012 - 2013. © musée du quai Branly – Jacques Chirac. Programme réalisé avec le soutien de la Fondation Total dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac.
 
Lek Kiatsirikajorn. Tirages issus de la série Lost in Paradise, 2012 - 2013. © musée du quai Branly – Jacques Chirac. Programme réalisé avec le soutien de la Fondation Total dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac.
José Luis Cuevas. Photographie tirée de la série « A kind of chronic disease » réalisée dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly – Jacques Chirac. © musée du quai Branly– Jacques Chirac.
 

José Luis Cuevas. Portrait d'homme avec des modifications corporelles artificielles, Tokyo, 2017-2018. Photographie tirée de la série « A kind of chronic disease » réalisée dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly – Jacques Chirac. © musée du quai Branly– Jacques Chirac.

 
Guy Tillim, Museum of the Revolution, Nairobi 2016. Photographies issues de la série Museum of the Revolution. Programme réalisé dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac. © musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Guy Tillim. Photographies issues de la série Museum of the Revolution. Programme réalisé dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac. © musée du quai Branly - Jacques Chirac.
 
Guy Tillim, Museum of the Revolution, Harare 2016. Photographies issues de la série Museum of the Revolution. Programme réalisé dans le cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac. © musée du quai Branly - Jacques Chirac.


3 - Se reconnaître dans une image

Comment nous identifions-nous à des personnalités via des images ?
De quelles façons ces modèles sont conçus, transmis, et ré-interprétés ?
La deuxième partie s’articule autour de l’œuvre de Santu Mofokeng, The black photo album / Look at me [L’album photos noir / Regardez-moi]. Reproduisant des photographies historiques de la bourgeoisie noire sud-africaine du début du 20e siècle, collectées par l'artiste, et accompagnées de commentaires, cette pièce souligne le peu de visibilité de ces images. African Spirits [Esprits africains] de Samuel Fosso agit selon un autre processus en constituant un panthéon visuel de personnalités noires historiques par la réactualisation de photographies fameuses ou mal connues. L'installation Editor Solitario [Éditeur solitaire] d'Oscar Muñoz évoque elle aussi la projection possible de chacun dans des figures modèles, le choix individuel qui préside à ces identifications, ou à leur effacement. De l'identification aux héros historiques à la répétition de codes iconographiques, la recherche de Che Onejoon attire notre attention sur le processus d’importation de modèles statuaires et architecturaux entre la Corée du Nord et l’Afrique.
 
Texte du panneau didactique.
 
Samuel Fosso. Autoportrait en Martin Luther King, tirage issu de la série African Spirits, 2008. Tirage argentique sur papier baryté. Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Samuel Fosso. African Spirits, 2008. Tirages argentiques sur papier baryté. Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Oscar Muñoz. Editor Solitario, projection vidéo sur table, papier. © Oscar Muñoz - Mor Charpentier, Paris.
Santu Mofokeng. The black photo album / Look at me, 1997. Projection de 80 diapositives de 35 mm, noir et blanc. Durée : 5 min 40 s, en boucle. Tate, Londres, Royaume-Uni. © Santu Mofokeng. Courtesy MAKER, Johannesburg, and The Walther Collection.
Onejoon Che. A Monumental Tour [Une tournée des monuments], 2013. Tirage jet d'encre. Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
 
Onejoon Che. Musée du mémorial de l'Indépendance (construit par la Corée du Nord), Namibie, 2013. Tirage jet d'encre. Musée du quai Branly - Jacques Chirac.
 
Onejoon Che. Le monument des Trois Dikgosi (construit par la Corée du Nord) Gaborone, Botswana, 2013. Tirage jet d'encre. Musée du quai Branly - Jacques Chirac.


4 - Les images se pensent entre elles


Montages et enchaînements. Dans cette section, se déploient plusieurs œuvres et l'association des images entre elles intervient de façon privilégiée. Des formes de récits non linéaires sont explorées ici.
Les œuvres de Katia Kameli, Le roman algérien I et II, évoquent subtilement la possibilité de se remémorer des faits et des personnes grâce à la faculté des images à engendrer une parole, simple et directe ou savante. Dans leurs installations, Dayanita Singh et Dinh Q. Lê utilisent le matériau photographique en relation avec une mémoire intime des lieux, en recréant des espaces d'images. Les récits sont construits à partir d'images trouvées ou de sélections de fragments filmiques : réflexions savantes de Ho Rui An mêlant le cinéma hollywoodien à des images d'actualité, ruptures entre les projections et le dessin en néon dans l'œuvre Horizon de Brook Andrew. D'autres œuvres associent différents espaces-temps fragmentés qui permettent une relecture poétique des passés. Ainsi, Mariana Castillo Debal évoque les réapparitions de divinités aztèques depuis les excavations archéologiques, Rosângela Rennó associe des éléments d'albums de famille à des images de manifestations historiques. Carlos Garaicoa transforme les photographies en objets à multiples couches. Creusant littéralement le tirage, il y insère des mots et des structures fictionnelles qui créent un territoire hypothétique.

 
Texte du panneau didactique.
 
Dinh Q. Lê. Crossing the Farther Shore, 2014. Photographies anciennes, papiers manuscrits, fils (détail). Courtesy de l’artiste et Shoshana Wayne Gallery, Los Angeles.
Scénographie
Dinh Q. Lê. Crossing the Farther Shore, 2014. Photographies anciennes, papiers manuscrits, fils.
Courtesy de l’artiste et Shoshana Wayne Gallery, Los Angeles.
Dinh Q. Lê. Crossing the Farther Shore, 2014. Photographies anciennes, papiers manuscrits, fils.
Courtesy de l’artiste et Shoshana Wayne Gallery, Los Angeles.
 
Dinh Q. Lê. Crossing the Farther Shore, 2014. Photographies anciennes, papiers manuscrits, fils (détail). Courtesy de l’artiste et Shoshana Wayne Gallery, Los Angeles.
 
Carlos Garaicoa. Frases. Héliogravure avec inscription en creux, calque imprimé d’un texte en noir. © Carlos Garaicoa, musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Brook Andrew. Horizon, 2020. Vidéos, son, tubes néon. Créé à la demande du musée du quai Branly – Jacques Chirac.
Rosângela Rennó. Opération Araignée / Araponga / piège. Opération A3-13, 2016. Impressions numériques, papier de soie, acrylique, plexiglass, lentilles objectifs. Photographies de Rose Inacio Parente (Rio de Janeiro, 1968), Rosângela Rennó (Belo Horizonte, 1984) et Cia de Foto (São Paulo, 2013).
Katia Kameli. Le Roman algérien chapitre 1, 2016, vidéo, couleur, son - durée : 16 min 35 s. Courtesy de l’artiste.


5 - Histoires des paysages


Comment renouer le fil des histoires non dites ? Retrouver du sens dans des configurations géographiques complexes ? Les artistes présentés ici pratiquent souvent comme méthode l'enquête approfondie dans les interstices de l'Histoire.
À la suite d'une recherche sur les traces actuelles de l’urbanisme colonial en République démocratique du Congo, Sammy Baloji réalise un rigoureux constat de l’enchevêtrement actuel de cet héritage. Remontant le temps un peu plus en arrière, Heba Y. Amin reprend à son compte les outils de surveillance des corps dans l'espace. Elle situe ces représentations et notamment celles des migrants dans l'histoire des récits de voyage et les relie à celui du géographe Al-Bakri au 11e siècle. De Bagdad à Mexico, les minutieuses enquêtes de Mario Garcia Torres font apparaître des interrogations subtiles sur la manière dont l’histoire peut se recomposer en filigrane des images et sur la question des rapports de force entre le local et le global. En écho à ces réflexions, Dinh Q. Lê pointe l'actualité des appropriations de ressources et de territoires via la postérité du Guano Island Act nord-américain. Shiraz Bayjoo restitue et mêle les voix du colonisateur et du colonisé dans le paysage visuel et sonore malgache. Sur le site d'un lycée désaffecté, Gosette Lubondo convoque les silhouettes fantomatiques d'étudiants fictifs qui réinvestissent imaginairement les lieux.

 
Texte du panneau didactique.
 
Mario Garcia Torres. La façon dont ils se sont regardés, non daté. Vidéo, couleur, son. Durée : 30 min 30 s. Jan Mot, Bruxelles.
Dinh Q. Lê. La colonie, 2016-2019. Vidéos, couleur, son. Courtesy de l'artiste.


Cette œuvre est le fruit d'une enquête sur la postérité du Guano Island Act de 1856, par lequel les États-Unis s’étaient octroyés le droit de prendre possession de toute île inhabitée contenant du guano. Ce puissant fertilisant généra au 19e siècle une industrie considérable et fut la source de conflits territoriaux internationaux. L’artiste a cherché à connaître l’histoire mais aussi l’actualité de cette ressource. Il filme la récolte du guano au Pérou, les habitations et les gestes des travailleurs qui occupent temporairement ces lieux coupés du monde.
Sammy Baloji. Essay on urban planning, 2013. Tirages numériques, texte, 328 x 367,5 cm.
© musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris.
 
Sammy Baloji. Essay on urban planning, 2013 (détails). Tirages numériques, texte, 328 x 367,5 cm.
© musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris.
 
Dayanita Singh. Le musée des cuisines industrielles, 2016-2017.
Installation photographique, structure en teck, 31 épreuves numériques à l’encre pigmentaire.
Centre national des arts plastiques.
Gosette Lubondo. Imaginary trip II. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, 2018. Programme réalisé dans le
cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac.
 
Gosette Lubondo. Imaginary trip II. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, 2018. Programme réalisé dans le
cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac.
 
Gosette Lubondo. Imaginary trip II. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, 2018. Programme réalisé dans le
cadre des Résidences photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Heba Y. Amin. The Earth is an Imperfected Ellipsoid, 2016. Impressions pigmentaires noir et blanc sur papier, textes gravés au laser sur bois. Courtesy de l’artiste et de Zilberman Gallery, Berlin.
Heba Y. Amin. The Earth is an Imperfected Ellipsoid, 2016 (détail). Impressions pigmentaires noir et blanc sur papier, textes gravés au laser sur bois. Courtesy de l’artiste et de Zilberman Gallery, Berlin.
Shiraz Bayjoo. Un appel, 2019. Vidéo, couleur, son, écran, meuble en bois de sapele, peinture acrylique et résine.
Impression sur papier Hahnemühle. Durée : 7 min 6 s.
Courtesy de l’artiste.
 
Heba Y. Amin. La pupille de l’œil du moustique, 2016. Vidéo, noir et blanc, muet. Courtesy de l’artiste et de Zilberman Gallery, Berlin.
 
Heba Y. Amin. Fenêtres sur l’ouest, 2019. Tissu Jacquard en laine tissé à la main. Courtesy de l’artiste et de Zilberman Gallery, Berlin.


6 - Passages dans le temps


Les œuvres rassemblées ici évoquent plusieurs temporalités décalées.
La représentation de l’altérité dans un univers hors du temps est une figure habituelle du primitivisme. Pour autant, ces images primitivistes sont elles-mêmes inscrites dans une histoire des représentations et obéissent à des stratégies formelles qui peuvent être datées. On peut ainsi observer des variations cycliques dans la représentation d'un exotisme dont on ne sort jamais totalement. Les artistes présentés ici manient l'ironie comme moyen de souligner les signes involontairement persistants de ces représentations.
Jose Alejandro Restrepo confronte des scènes de remerciements actuels avec les recommandations rédigées aux 16e et 17e siècles par les jésuites présents au Brésil. Alexander Apóstol revisite la villa Planchart conçue par Gio Ponti dans les années cinquante et souligne les dispositifs qui y mixent éléments de modernité et monde sauvage. Yoshua Okón propose une relecture ironique de la performance de Joseph Beuys en 1974 I like America and America likes me [J’aime l’Amérique et l’Amérique m’aime]. Il observe dans The Indian Project [Le projet indien] la logique de perpétuation des processus d'appropriation culturelle. Enfin Paso del Quindio I [Le passage du Quindio I] de José Alejandro Restrepo évoque la succession de plusieurs voyages à travers un passage montagneux exploré en 1801 par le savant Alexander von Humboldt, puis par l’artiste dans les années quatre-vingt-dix. L'œuvre crée des échos entre ces voyages, via une fragmentation et une recomposition évoquées dans le titre de l’exposition.

 
Texte du panneau didactique.
 
José Alejandro Restrepo. Le Dr Koch entouré de phosphènes, 2019. Panneau central du tryptique. Impression numérique, dessin et poudre de coca (mambe). Courtesy de l'artiste.
Yoshua Okón. Coyoteria, 2003. Vidéo, couleur, son, foin et objets divers. Durée : 16 min 54 s.
Yoshua Okón. The Indian Project : Rebuilding History, 2015. Vidéo, couleur, son, durée : 15 min 13 s.
© Yoshua Okón, courtesy Galerie Mor-Charpentier.
Alexander Apóstol. Les quatre cavaliers, 2005-2007. Vidéo, couleurs, son. Durée : 6 min 53 s.
José Alejandro Restrepo. Paso del Quindío I, 1992. Installation vidéo composée de 17 moniteurs, sons.
The Museum of Fine Arts, Houston, Museum purchase funded by the Caribbean Art Fund and the Caroline Wiess Law Accessions Endowment Fund, 2013.