1940
LES PARISIENS DANS L'EXODE

Article publié dans la Lettre n°502 du 29 avril 2020



 
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1940, LES PARISIENS DANS L’EXODE. C’est la première exposition temporaire présentée dans ce musée, depuis son transfert en 2019 du quartier de la gare Montparnasse, où il était peu visible, sur la place Denfert-Rochereau, dans un bâtiment situé au-dessus du QG du colonel Rol-Tanguy. Le sujet est d’actualité puisque nous allons commémorer cette année le quatre-vingtième anniversaire de cet épisode douloureux de la Seconde Guerre mondiale, l’exode.
Le 1er septembre 1939, les Allemands franchissent la frontière polonaise. En conséquence, le 3 septembre, la Grande-Bretagne puis la France déclarent la guerre à l’Allemagne … et attendent, faisant confiance à la ligne Maginot et à la neutralité des Pays-Bas, de la Belgique et du Luxembourg. Pendant des mois il ne se passe rien. Durant cette « drôle de guerre », ayant en mémoire les conflits passés, les autorités préparent les Parisiens à la défense passive : couvre-feu, masques à gaz, exercices de secours, itinéraires d’évacuation, protection des monuments, mise en lieux sûrs des œuvres d’art, envoi des petits parisiens à la campagne, etc.
À la surprise générale, le 10 mai 1940, les troupes du Reich lancent l’attaque. Bombardement des Pays-Bas, de la Belgique et du Luxembourg, manœuvre sur les Ardennes, réputées infranchissables, remontée le long de la Somme jusqu’à la mer, qu’ils atteignent le 20 mai. Les britanniques rembarquent leur contingent. La panique gagne les populations. Les Parisiens qui ont observé la fuite des Belges et des Hollandais sont à leur tour touchés le 3 juin par les bombardements et comprennent que les Allemands progressent vers la capitale. Le 10 juin ceux-ci ne sont plus qu’à 30 kilomètres de Paris et le gouvernement se replie sur Tours. Le 13 juin, les habitants apprennent que Paris, déclarée « ville ouverte », se rendra sans combattre. Il faut quitter Paris au plus vite.
Entre le 10 et le 14 juin, ce sont deux millions de Parisiens qui fuient la ville en voiture, en train, en vélo, à pied, dans la confusion la plus totale, s’ajoutant sur les routes aux six millions de Belges et de Hollandais qui sont déjà partis de chez eux depuis la mi-mai. Le chemin est difficile. Il faut abandonner les voitures quand il n’y a plus d’essence et les pousser dans les fossés pour qu’elles n’entravent pas le flot des fugitifs. Ceux-ci subissent les bombardements et les mitraillages. L’accueil dans les villes où ils passent, souvent vidées de leurs habitants, est compliqué. À Chartres, le préfet Jean Moulin, l’un des rares préfets encore à son poste, tente de trouver de quoi les nourrir, d’éviter les pillages, de secourir les personnes en détresse mais il ne peut endiguer le flot de ces populations qui, pour la plupart, ne savent pas où aller. On croise même des gens qui vont dans l’autre sens. Des familles sont éparpillées dans la cohue. 90 000 enfants sont perdus. Il faudra des mois pour qu’ils retrouvent leur famille quand celle-ci existe encore.
Le 14 juin, les premières troupes du Reich font leur entrée dans la capitale. Le 16 juin un nouveau chef de gouvernement est nommé. C’est le maréchal Pétain. Connu et respecté, le vainqueur de Verdun est âgé de quatre-vingt-quatre ans. Le lendemain, il annonce qu’il faut cesser le combat et qu’il va demander l’armistice (ce qui a l’avantage de dédouaner l’armée !). La population est abasourdie. En quelques semaines le pays a connu un bouleversement sans précédent, perdant ses institutions, ses cadres, ses repères.
Que faire ? L’armistice a pour conséquence une partition de la France, la captivité de  1 800 000 soldats français et l’obligation de faire revenir chez eux ceux qui sont partis. La plupart des réfugiés décident de rentrer, souvent aussi chargés qu’à l’aller, avec les mêmes moyens de locomotion. Mais en outre, il y a maintenant de nombreux obstacles tels que les contrôles le long des routes et en particulier à la ligne de démarcation, une véritable frontière. De retour dans leurs foyers, les Parisiens découvrent une nouvelle réalité, avec des Allemands qui dirigent tout.
Pour décrire cet épisode tragique de la guerre, les commissaires ont eu recours aux quelques documents qui nous sont parvenus. En effet, personne n’a gardé la poussette, la voiture, le vélo ayant servi à ce moment-là. Peu avaient le cœur à faire des photos. Néanmoins il existe encore des affiches, des journaux, des photos de reporters, des témoignages, des lettres telles que celle de Jean Moulin à sa mère et à sa sœur, qui permettent d’illustrer le parcours chronologique en sept sections de cette exposition. Parmi ces documents, nous avons des dessins d’enfants de cours complémentaire, faits au printemps 1941 à la demande de leur enseignante. Ce sont des témoignages saisissants de cet exode qui reste comme un « mauvais souvenir », effacé du récit national. Une exposition passionnante permettant aussi de visiter le musée et le QG de Rol-Tanguy. R.P. Musée de la Libération de Paris - Musée du Général Leclerc - Musée Jean Moulin 14e. Jusqu’au 30 août 2020. Lien : www.museeliberation-leclerc-moulin.paris.fr.


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